Adrien | Chapitre 21
Je suis...dans la merde jusqu'au cou.
Ma tête me fait horriblement souffrir, j'ai l'impression que des milliers d'oiseaux sont en train de me picorer le crâne. Couché sur ce qui semble être de l'herbe, je récupère peu à peu les sensations de mon corps endolori. J'ai encore du mal à comprendre ce qu'il s'est passé. Tout ce dont je me rappelle, ce sont les moqueries de Nathaniel, son jugement sur mon comportement puis une énième phrase blessante que je lui ai balancée. A peine ai-je détourné les yeux de ce type que quelque chose m'a percuté. J'ai perdu connaissance pendant un petit moment. En ouvrant les yeux, je me suis retrouvé sur cette ferraille gelée et sale.
Puis mes yeux ont capté ce train, mes membres vibraient par l'arrivée imminente, mes oreilles entendaient le klaxon me sommant de déguerpir au plus vite et mon nez, enfin, sentait le danger qui pouvait me coûter la vie. Malgré cette brusque prise de conscience, je ne parvenais pas à bouger, mon corps ne répondait plus à mes ordres. Il n'y avait qu'une seule issue: me transformer à Chat Noir.
- Plagg, transforme-moi!
Après ma transformation, c'est le noir total, j'ai été tellement secoué que ma super forme n'a pas suffise pour me garder conscient.
La douleur s'estompe, je parviens à me redresser sur mon fessier et jette un oeil autour de moi. Là, je croise une paire de perles bleues presque exorbitées, sa bouche est ouverte en un grand O.
- P-Princesse?
Ma voix la tire de ses pensées. Elle cligne enfin des yeux et me jauge de la tête au pied. Je ne comprends pas directement la cause de la surprise. Sa présence ici, dans cette situation, me paraît irréelle.
- Est-ce que tu vas bien? Je demande, inquiet.
Ses lèvres se mettent à trembler.
- T-Tu es...Adrien.
...Merde. Quel idiot, tout s'éclaire maintenant. Je me suis transformé sous ses yeux alors qu'elle venait me sauver. Je ne pouvais pas savoir! Je viens de briser malgré moi le secret de mon identité. Si Ladybug était là, elle m'aurait découpé sur place. J'exprime immédiatement des excuses.
- J-Je ne savais pas! Désolé, je voulais juste me sauver. Je te promets, je ne voulais pas! Tu n'as absolument rien vu!
Ses yeux sont toujours fixés sur moi comme si elle voyait un fantôme. Je me sens coupable, responsable de l'avoir mise dans un tel état. J'esquisse un geste avenant pour la prendre dans mes bras mais elle recule. Cela me blesse, après ce que nous avons partagé sur sa terrasse...
Je dois partir d'ici mais je ne peux décemment pas laisser mon amie dans cet endroit reculé, dangereux. Marinette a l'air aussi secouée que moi, j'aimerais savoir ce qu'il s'est vraiment passé mais je me refuse de profiter de son état de choc. Dans l'espoir de renouer le contact avec la jeune fille, je me lève et m'approche d'elle, main tendue pour l'aider à se remettre.
- Allez, viens. Je dis doucement.
Mari fixe ma main puis remonte jusqu'à mon visage. Je me sens mal à l'aise, nous allons devoir avoir une petite conversation. Finalement, je n'attends pas qu'elle réagisse et attrape moi-même son poignet pour la relever. C'est l'occasion de la prendre dans mes bras mais elle se refuse à mon étreinte.
- Rentrons.
Sa voix est monocorde, dénudée de toute jovialité qui la caractérise. Mon cœur en prend un nouveau coup. Cependant, j'obéis. Si elle veut que je la ramène chez elle dans le silence, alors je le ferai. J'ai le sentiment que je lui dois énormément aujourd'hui. Une main sur son dos et l'autre au creux de ses genoux, je l'emporte avec soin, de toits en toits. Pour éviter de croiser mon regard, Marinette a déposé son menton au niveau de ma clavicule, surveillant mes arrières.
A chaque rue que nous traversons, j'hésite à lui sortir une phrase rassurante ou trouver un moyen de prendre la température mais je me ravise aussitôt. J'ai fait assez de dégâts, je ne veux pas courir le risque que Marinette soit akumatisée. J'atteins aisément le quartier de la boulangerie Dupain-Cheng et plus particulièrement la terrasse où je dépose Marinette. Nous nous tenons à l'endroit-même où je l'ai embrassée.
Sans un mot, la jeune fille tourne les talons en direction de l'entrée de sa chambre. Je ne peux me résoudre à accepter ce silence.
- Mari, tu es mewerveilleuse.
Pas de réaction. Bon, j'ai pour habitude de sortir des jeux de mots meilleurs que celui-là mais il ne méritait pas un tel silence!
- Bonne soirée, Chat.
Elle veut clairement que je la laisse tranquille. J'accepte son choix à contrecœur et m'élance sur le toit d'un voisin pour rentrer chez moi.
La réaction de Nathalie ne s'est pas fait attendre: je suis arrivé en retard pour mon cours d'escrime. Mon père, fraichement rentré de voyage d'affaires, ne manque pas de me réprimander pour mon comportement irresponsable et amateur. J'oublie volontairement de lui remémorer mon âge et l'endroit dangereux où je me trouvais cette après-midi.
Par conséquent, j'ai eu droit à un cours particulier en escrime, deux fois plus long qu'à l'accoutumée. Autant dire que les muscles ont souffert aujourd'hui.
Je n'apprends que très tardivement que le Dessinateur hante Paris. Plusieurs œuvres d'art ont été subtilisées et la statue en l'honneur de Ladybug et Chat Noir a mystérieusement disparu sans laisser de traces.
- Toi qui disais vouloir lui régler son compte. Dit Plagg en fixant l'écran de télévision.
- Je parlais d'un règlement de compte court et bref, pas de le retrouver à provoquer la terreur dans tout Paris.
Sans Ladybug, je ne vais pas pouvoir l'empêcher de nuire. Je lui ai envoyé un message tout à l'heure mais elle ne répond pas, silence radio de son côté aussi.
- C'est la pire journée de ma vie, je gémis en m'affalant sur le canapé.
J'ai mal partout, je ne vais même pas pouvoir sortir dans cet état. Et puis même si c'était le cas, pour aller où? Mari ne veut plus m'adresser la parole, je lui ai tout de même laissé un message plein de bonnes intentions. Elle n'a sûrement pas pris la peine d'allumer son téléphone...
J'aimerais savoir la raison pour laquelle elle m'en veut le plus: parce que je l'ai embrassée sous une autre identité? Parce que j'ai toujours nié être Chat Noir? Elle devrait comprendre qu'un super héros implique des super responsabilités. Je n'imagine même pas la correction que je vais prendre quand Ladybug sera au courant de ma bourde.
- Tu ne m'en veux pas toi? Je demande à l'attention de Plagg.
Le kwami glouton avale son bout de fromage, insensible à mon désarroi.
- Tu t'es transformé dans l'unique but de sauver ta vie. Je n'ai rien à dire là dessus et je ne pense pas que le Grand Maître t'en voudra s'il l'apprend.
Plagg a raison. Dans l'absolu, je n'ai rien à me reprocher, j'aurai pu mourir si je ne m'étais pas transformé! Bien qu'au final, je crois que c'est Marinette qui m'a sauvé la vie.
La nuit est à l'image de la journée: interminable. Mon téléphone affiche minuit passé, je navigue à travers mes différentes applications puis verrouille le mobile avant de l'allumer pour cause d'insomnie. Marinette n'a pas encore vu mon message, je vais devoir prendre mon mal en patience. Soudain, une nouvelle bulle de conversation surgit sur mon écran.
DJ Nino: "Yo mec, je te réveille?"
Adrien Agreste: "Yo Nino, non ne t'en fais pas, je n'arrive pas à fermer les yeux."
DJ Nino: "Moi non plus...Je me fais du souci pour Alya. C'est étrange que Ladybug et Chat Noir ne se soient pas encore montrés."
Alya? Il lui est arrivé quelque chose?
Adrien Agreste: "Raconte-moi."
DJ Nino: "En vérité, Alya et moi sommes sortis ensemble un petit moment mais au final, nous avons décidé de rester amis pour le moment pour des raisons personnelles. Mais ce n'est pas son genre de ne pas répondre à ses messages dans les cinq minutes. Alors j'ai demandé à Marinette si elle avait des nouvelles et elle m'a dit que le nouveau vilain de la ville l'a effacée temporairement."
Le Dessinateur a effacé Alya? Mais c'est horrible! Pourquoi sommes-nous ici à essayer de dormir alors que nous devrions chasser ce type?!
Adrien Agreste: "Je suis désolé mec...Je ne savais pas. Il faut absolument que Ladybug et Chat Noir s'en occupent!"
DJ Nino: "C'est ce que je pense aussi, demain je vais sécher les cours pour trouver ce type."
Adrien Agreste: "Je mènerai des recherches de mon côté, tu peux compter sur moi."
DJ Nino: "Mais tu ne vas pas te faire disputer par ton père? Tu m'as dit que ce n'était pas la joie en ce moment. Il risque encore de t'interdire de venir à l'école."
J'ai du mal à reconnaître Nino quand il est inquiet. D'habitude, il m'aurait dit d'envoyer mon père se faire voir ailleurs.
Adrien Agreste: "Ca ne sert à rien d'aller à l'école si vous n'y êtes pas tous les trois."
DJ Nino: "C'est cool mec, merci d'être là. Bon, je vais essayer de me reposer, essaie de dormir aussi. Il faut qu'on soit en forme demain."
Je lui souhaite une bonne nuit et verrouille une énième fois mon portable. Cette fois, je l'engouffre sous mon oreiller et ferme les yeux, sommant intérieurement le marchand de sable de m'emporter.
Sept heures trente du matin. Un petit déjeuner dans l'estomac, une présentation correcte et un sac en bandoulière pesant sur ma clavicule, je suis prêt à partir en direction de l'école. Du moins, c'est ce que croient Nathalie et le Gorille. Leur demander de me laisser marcher jusqu'à l'école piquerait leur curiosité ainsi j'agis comme un enfant parfait et attends impatiemment dans la limousine.
DJ Nino: "C'est Nathaniel l'akumatisé c'est ça?"
Adrien Agreste: "Je pense oui. Tu as du nouveau?"
DJ Nino: "Le Louvre a été volé hier après-midi. On devrait garder un œil sur les informations, on ne sait jamais qu'il cambriole d'autres musées."
Adrien Agreste: "Ça marche. Je t'appelle si j'ai du nouveau."
- Nous sommes arrivés, Adrien.
Nathalie a insisté pour nous accompagner, peut-être se doute-t-elle que quelque chose se trame dans son dos.
- Bonne journée! Je m'exclame en sortant rapidement du véhicule.
Je pénètre dans la cour sans attendre, la limousine a patienté un moment sur le trottoir avant de libérer la place. Je veille à ce qu'elle quitte mon champ de vision pour ressortir de l'enceinte de l'école.
Cependant, au moment de dévaler les escaliers de l'entrée, je croise une silhouette familière au pantalon rose.
- Coucou Mari. Je la salue en espérant capter son attention.
Elle relève son visage vers le mien. Visiblement, elle n'a pas plus dormi que moi.
- Bon...jour Adrien, souffle-t-elle épuisée.
Je suis partagé entre la dissuader d'aller en cours pour qu'elle retourne se reposer ou partir immédiatement à la recherche du Dessinateur. Malheureusement, elle s'éclipse avant même que je ne prenne ma décision.
- Marinette, je te promets que dès que j'ai ramené Alya, je m'excuserai en bonne et due forme.
Pas de temps à perdre, au détour d'une ruelle, je me cache et appelle Plagg.
- Combien de fois dois-je te répéter que je n'ai pas envie de me fatiguer pour rien?
- Tu râleras plus tard. Plagg, transforme-moi!
Mon corps s'imprègne des couleurs du chat noir. Je brandis mon bâton et l'allonge pour me hisser en haut du toit de l'école.
- Ladybug n'a toujours pas répondu à mon message vocal. Le temps presse, tant pis.
Je sais pertinemment que ma lady déteste être harcelée de messages de ma part mais la situation est grave.
- Coucou ma Lady, c'est Chat Noir. Tu m'as l'air beaucoup occupée ces temps-ci mais Paris a vraiment besoin de toi. Ta fan Alya, tu sais celle qui tient le Ladyblog, elle a été effacée par le Dessinateur et j'ai absolument besoin de ton aide pour la faire revenir. Sonne-moi quand tu peux, je vais faire le tour des galeries d'art de Paris.
Je termine le message vocal et lui envoie. En attendant que la coccinelle pointe le bout de ses antennes, j'aimerais bien trouver ce vilain pour une petite partie de Chat perché.
Deux heures à me balader de toits en toits n'a rien donné. La police a bouclé le périmètre de chaque musée mais ça n'a pas empêché une dizaine de tableaux de disparaître mystérieusement.
Tout à coup, mon bâton émet une petite sonnerie. Je l'ouvre pour répondre à l'appel vidéo, ça ne peut provenir que d'une personne.
- Chat Noir?
Voir Ladybug, même derrière un écran, continue de me provoquer des frissons.
- Oui Buguinette?
Elle grimace.
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça.
- Tu m'en vois désolé demoiselle coccinelle.
- J'ai récolté des informations sur le Dessinateur et je pense avoir trouvé un moyen de l'attirer dans un piège.
- Je t'écoute.
- Nathaniel a des sentiments pour une de mes amies. Marinette, je te l'ai déjà montrée je pense.
- Oh oui, ce nom me dit vaguement quelque chose.
Et c'est peu dire...
- Je lui ai demandé d'envoyer un message à Nathaniel. Il va croire qu'elle l'invite à voir son nouveau projet et qu'elle lui propose son aide. Pendant ce temps, on lui tiendra un piège pour trouver son point faible et s'en débarrasser une bonne fois pour toute. Je t'envoie l'adresse.
Ladybug raccroche. Je n'ai pas le temps de protester: Marinette est trop fatiguée pour servir d'appât.
Mais bon, ai-je vraiment le choix?
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