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Dix-neuf heure

Je l'ai surpris, je le sens. Ses sourcils se haussant sur son front me l'indiquent, sa bouche formant une petite moue adorable me le prouve. Il ne s'attendait certainement pas à ma réaction, à mon assurance, et je peux comprendre pourquoi.

Son aveu m'a ébranlé, je ne le nie pas. Il n'a presque rien décrit, son récit reste flou, percé de nombreux trous pourtant rien n'enlève l'émotion qui s'en dégage. Je l'ai comprise, devinée, aperçue, sa souffrance, et cela m'a retourné l'estomac. Que les silences qui ont ponctué son discours n'étaient pas volontaires, mais la preuve de sensations enfouies remontant à la surface, qu'il ne pouvait ni réfréner, ni accepter. Juste encaisser, le souffle court. Peut-être est-ce grâce à mes études, ou mon inutile prédisposition à la voyance, mais j'ai compris. Bien plus que les scènes qu'il ne peut décrire, qu'il ne se souvient probablement même pas, mais de la culpabilité qui le ronge, de ce mal-être causé par une sensation de faiblesse, de dépossession de son propre corps, de cette honte envers lui-même de n'avoir su se défendre, réagir ou appeler à l'aide, de ce cercle vicieux vous isolant du monde, et où la seule chose qui vous fait sentir vivant est la douleur physique qui demeure. Je l'ai étudié certaines fois en cours, la théorie seulement, mais y faire face n'a rien à voir. C'est poignant, c'est déchirant, ça vous arrache vos croyances et votre optimiste, ça vous donne envie de retourner votre appartement de fond en comble autant que de s'effondrer en larme, de vous terrer au plus loin pour ne plus faire face à quelque chose de semblable. J'ai envie, presque besoin, de le serrer fort dans mes bras, lui transmettre tout ce qui m'habite pour lui dire, quelque chose comme « je compatis, je suis avec toi, je te soutiens. » mais cela serait futile. Il le sait que je pense cela, auquel cas il ne m'aurait rien confié du tout. Et je ne peux pas me permettre de pleurer, de me montrer faible. Je dois le soutenir moralement, et si sur ses joues dévale la preuve de son émoi, le mien ne doit pas apparaître. C'est comme ça.

Mes pensées sont brumeuses, embrouillées par mes ressentis, ensevelies sous une tonne de rage et je ne saurais mettre des mots exacts dessus tellement je les perds de vue. C'est pour cela que je dois rester focalisé sur mon but, le seul qui me permette de ne pas perdre pied : porter plainte.

Je dois le convaincre, autant pour lui, pour que son esprit soit apaisé de savoir les crimes de son ex compagnon punis, que pour moi de le savoir en sécurité.

« - De quoi ? murmure-t-il après plusieurs secondes de flottement. »

Il s'éloigne instinctivement de moi, comme si mes idées novatrices avaient la capacité de le menacer, de faire s'écrouler la balance sur laquelle il se maintient depuis tout ce temps, entre son ignorance délibérée et ses phobies. Sa main se retire de sous la mienne et son corps même semble s'écarter du mien. Je sais que ce n'est pas volontaire, qu'il ne veut pas me signifier que je deviens un danger pour lui, pourtant je ne peux m'empêcher de le comprendre ainsi et de m'en sentir blessé.

Je balaye mes tracas d'un revers de la manche imaginaire et me recule moi aussi sur ma chaise, instaurant ainsi plus de distance entre nos peaux et je l'espère, plus de confiance de fait.

« - Il faut que tu portes plainte, au commissariat, j'affirme. »

Cette fois ce n'est plus juste une supposition déroutante qu'il imagine, mais bien la réelle proposition que je lui soumets, et cela le terrifie. Il se recroqueville sur le matelas qui forme un creux sous sa personne dû à la faible qualité de son rembourrage, renferme son torse entre ses bras malingres et enfouit son menton au centre de ses genoux. Ainsi tenu, il renvoie l'image d'une personne brisée, ce qu'il est, mais aussi incroyablement faible, ce qu'il n'est plus. Il s'est blindé, il est capable de ce qui lui semble impossible. Je suis là pour le lui prouver.

Yoongi se met à secouer sa tignasse brune comme un démené, pour retirer toute trace de l'absurdité qu'il a entendu. Je ne veux pas qu'il se défile ainsi, on a déjà trop tardé. Plus on repoussera l'échéance, moins son témoignage aura de poids.

« - Il le faut Yoongi, même si tu ne souhaites pas. Il faut qu'il paie, il faut qu'il se rende compte de ce qu'il t'a infligé.

-Tu ne comprends pas... chuchote-t-il. »

Si, je comprends, beaucoup mieux que ce qu'il semble penser. Je sais qu'il souhaite juste oublier cette histoire définitivement, tourner la page et commencer un chapitre trop longtemps resté en suspens, et j'espère faire partie de cette suite, de tout mon cœur, sauf que ça ne peut être aussi simple. Il ne peut pas juste le décider pour que les démons repartent dans leurs trous et que les névroses s'annulent, sinon voilà bien longtemps qu'il aurait recouvert entrain et sourire. C'est un processus long et semé d'embûches, qui passe tout d'abord par l'acceptation, et l'information que son cerveau n'a toujours pas intégrée est celle de son innocence. La culpabilité le ronge et le tuera à force. Elle gravira une à une les strates de sa conscience pour infecter jusqu'à la moindre parcelle de son inconscient, s'étaler de toute sa laideur putréfiante et venir annihiler toute volonté et estime, ne laisser qu'une carcasse de remords. Je ne peux accepter que la situation pourrisse ainsi, et la seule solution s'offrant à moi est de l'emmener jusqu'à un banc de tribunal où Minhyun sera condamné. Lui fournir la preuve irréfutable que sa flagellation n'a pas lieu d'être, que la tristesse et la rage sont légitimes, salvatrices, épuratrices, mais que rien n'est de sa faute, qu'il n'a rien à se reprocher.

« - Tu te sentiras mieux, je te le promets.

-Tu ne comprends pas, répète-t-il, plus bas. »

J'aimerais tant lui prouver le contraire. J'ai une voix, là, tout à côté du cœur, qui lui hurle mes pensées.

Mais je ne lui laisse pas la place, alors elle se débat, bientôt rejointe par la colère noire que j'éprouve envers son ancien petit ami. Si je l'avais de nouveau en face de moi, ce rejeton infect d'une société pourrie jusqu'à la moelle, je l'utiliserais bien en tant que punchingball pour extérioriser la violence pure qui coule dans mes veines, comme catharsis de mes pulsions bestiales. Mais je n'ai rien sous la main qui puisse faire l'affaire, alors je sers le tissu de mon pantalon jusqu'à m'en blanchir les articulations.

« - Si. Tu ne veux pas faire ressortir cette histoire, avoir à la raconter en détails à de parfaits inconnus, ou plutôt à la raconter tout court, parce que tu ne veux plus souffrir de ça, et c'est totalement compréhensible. »

Je fais une pause dans mon discours, réfrénant la fureur qui y transperce. Je ne sais même plus ce qui me met dans cet état second, les horreurs infligées par Minhyun, le déni que fait preuve mon vis-à-vis ou ma propre inutilité qui me harcèle. Trop de choses en même temps, un enchevêtrement de sentiments oubliés. Cela fait fort longtemps que je n'ai pas ressenti autant de choses, ma vie ne comportant aucune surprise, aucun pétillement de nouveauté avant de le rencontrer, tout était réglé, prévu à l'avance, chaque comportement analysé au crible fin, interprété, désamorcé, détourné pour faire avancer la situation là où je voulais qu'elle aille, ne laissant plus de place au doute et à l'excitation de l'inconnu. Il m'a forcé à renouer avec toute cette agitation que je tenais au loin, peut-être bien pour me protéger, car la vie est rassurante quand on sait déjà ce qui va se dérouler, et les personnes qu'on y rencontrera. Seulement je ne sais plus gérer l'imprévu, réagir, et je me laisse déborder par mes émotions et par toutes ces voix qui prennent la parole dans ma tête, la comblant de piaillements incessants. Je ne vois plus clair et mon front me lance.

Rester concentré. C'est cela qu'il faut faire. Rester concentré sur la tâche que je me suis assigné.

« - Mais, je reprends d'un ton exagérément doux, la seule manière que j'ai trouvé pour me calmer ; il faut passer par là pour que tu te reconstruises, il faut que tu fasses face à ce qu'il s'est produit pour avoir l'opportunité de repartir. Tu ne peux faire ça à partir de rien, à pédaler dans le vide, hum ? »

Je serre les dents, me révulsant de mes propres paroles. Me voilà retourné à la case précédente, celle où je le considère comme une victime inapte à se confronter au monde réel encore trop douloureux pour elle. Incapable d'accepter la vérité, je lui brouille mes intentions et mes arguments sous de jolies images. J'agrippe encore plus fortement mon bas, griffant ma cuisse au travers du coton, la douleur courant sur ma peau. Je comprendrais totalement s'il en vient à me balancer ma lâcheté au visage comme à notre dernière confrontation, je l'aurais bien mérité, pourtant il ne fait rien de tout cela, se contentant de psalmodier :

« - Tu ne comprends pas. »

Cette répétition allume un feu en moi, un lion qui rugit sa fureur et sa violence. Je ne voulais pas que ça se passe comme cela, devoir le forcer à accepter, je ne voulais pas imposer ma pensée par la force mais l'emmener à me faire confiance et à entreprendre lui-même les démarches, je ne voulais pas me lever ainsi à faire basculer mon tabouret jusqu'au sol dans un bruit résonnant, frappant à la porte du malheur, pourtant c'est ce que je fis.

Ma bouche s'ouvre sans mon approbation, répondant au brasier qui s'élève en mon sein et consume mon bon sens.

« - C'est toi qui ne comprends pas, j'hurle en le surplombant de toute ma hauteur. Tu ne te rends pas compte de ce qu'il t'a infligé, de ce qu'il a fait de toi ?! »

Mes mots sont injustes et je le sais. Mes mots sont violents et dévastateurs, j'en suis conscient et regrette à l'instant même où ils dépassent la barrière de mes lèvres de les avoir prononcés. Lui avoir renvoyé au visage l'aval et le pouvoir qu'il eut sur lui est l'équivalent d'un buffle lui rentrant en plein dans la poitrine. C'est douloureux, choquant, rien de plus.

Je suis le buffle et continue ma course effrénée, poursuivant le tissu rouge de ma fureur.

« - Il faut qu'il soit puni ! Il ne peut pas juste s'en sortir comme ça ! »

Yoongi se referme un peu plus sur sa propre personne, plongeant sa tête entre ses jambes pour n'avoir plus à contempler ma folie catastrophique et entendre mes propos causant mille ravages sur leur passage. Il s'enferme dans une bulle, protégé de moi-même par son corps afin de garder sa constitution intacte, que je n'impacte pas la fragile feuille de protection qu'il est parvenu à dresser piteusement, presque honteusement, autour de ses sentiments durant ces deux ans écoulés.

Mais loin de me peiner, de me freiner sur l'autoroute de l'absurde, sa réaction me révolte d'autant plus. Une part de moi voudrait sortir de ce cauchemar dans lequel je me suis empêtré, englué, et me jeter à ses pieds, réclamer son indulgence, mais une autre partie, majoritaire, hurle. Qu'il ne doit pas se protéger ainsi, qu'il n'a rien à craindre de moi, que je ne suis pas comme lui.

Je ne suis pas comme lui.

JE NE SUIS PAS COMME LUI.

Je lui attrape les épaules fortement, les lui serrant de mes doigts semblables aux serres d'un rapace en chasse, lui faisant redresser la tête, la terreur pure se lisant dans ses yeux, son corps prit de soubresauts.

« - Il t'a violé bordel ! »

La claque est partie si vite que je ne l'ai même pas sentie. Juste entendu un claquement sec se répercutant contre chaque mur de mon appartement comme une boule de flipper et une impression de brûlure étendue contre ma joue.

Mon emportement s'est soufflé, disparu, fondu. Il me fallait bien ça pour me calmer, bien un geste aussi puissant pour stopper la folie qui avait pris commande sur mon être. Maintenant plus aucun animal n'abrite mes gestes, juste les puissants remords du genre humain.

Mais ce n'est pas la claque qui est douloureuse. La douleur physique n'est rien comparée à ces yeux qui me poignardent, à ces pupilles dilatées par la révolte tournées vers ma personne, à cette déception que je lui inspire. Yoongi a le visage rouge, rouge de colère et de tristesse, la main toujours levée, prête à réitérer.

Je sens ma poitrine qui fut gonflée de moults vents contraires se rétracter, se rabougrir, se friper comme une grappe de raisin trop mûr, m'étouffant, me coupant le souffle. C'est le poids de ma faute qui me pèse autant, le boulet que je trainerai.

« - Yoongi, je tente dans un murmure.

-Tais-toi ! Tais-toi ou je ne pourrais plus te voir. »

La peur me glace le sang, gèle mes membres. Je suis immobilisé par ses mots qui m'épinglent au mur de son jugement, qui m'imposent de suivre ses directives.

Sa respiration anarchique vient frapper contre mes lèvres, son torse se soulevant à un rythme inquiétant effleurant le mien. Son corps entier est tendu comme un arc, prêt à se battre contre toute attaque que je pourrais mener ou fuir au loin, déguerpir de mon espace pour ne plus jamais y apparaître. Et la deuxième alternative me terrifie bien plus. Je préfère qu'il me frappe, encore et encore, fasse saigner mon corps plutôt que mon cœur en disparaissant de ma vie.

« - Tu crois que je ne le sais pas, tu crois que je ne sais pas ce que je devrais faire ?! Tu ne penses pas que je suis le mieux placé pour savoir de quoi je parle ? »

Mon orgueil, ma fausse-compassion, mon hypocrisie, tout m'est renvoyé à la figure et mon assurance s'effondre comme un soufflé, ne laissant que la pâte creuse et insipide. Comment ai-je pu croire tout connaître de ce qu'il a vécu et ressenti ?

« - Tu ne penses pas que c'est à moi de savoir ce qui est le mieux pour moi ? »

Comment ai-je pu croire avoir la solution pour apaiser ses plaies ? Est-ce le seul fait d'avoir séché ses larmes qui m'a donné une arrogance de six pieds de long ?

« - Tu ne penses pas que j'y ai trop pensé, retourné la situation dans tous les sens, l'ai observé sous toutes les coutures pour ne pas savoir exactement ce dont j'ai besoin ? souffle-t-il tout bas, sa rage s'étant éteinte. »

Sa main est retombée contre sa cuisse et son regard a glissé de mon visage jusqu'au sol, abattu par la fatigue morale que les hommes qu'il côtoie lui génère. Aucun de ceux qui l'entourent n'est à la hauteur de cette peine lancinante qui le tourmente. Personne n'a su le réconforter, lui retirer ce fantôme des affres passés de son regard constamment mélancolique. Ni la douceur de Jimin, ni la compassion de Namjoon. Ni ma vivacité.

« - Alors de quoi as-tu besoin ? »

Qu'est-ce que je pourrais t'offrir qui sera à la hauteur de ce gouffre ? Quel est le dernier geste que je pourrais faire pour toi, avant que la mine d'or ne me glisse entre les doigts ?

« - Qu'il reste loin de moi, renifle-t-il. Que je ne puisse plus jamais le croiser, que je fasse ma vie en paix sans avoir besoin de mêler quiconque à cette histoire. J'ai besoin de me sentir en sécurité, non pas parce que durant quelque temps il restera incarcéré, mais parce qu'il n'aura plus de raison de s'en prendre à moi. Jusqu'à ce que j'aie retrouvé ce qu'il m'a volé. »

S'il ne souhaite pas mêler la police à cette affaire, alors il ne me reste qu'un conseil à lui soumettre. Et même si ces mots me coûtent, me brûlent la gorge lors de leur traversée, m'arrachent les dents, je me force à les prononcer, pour lui.

« - Alors pars. »

~~~

Tant de rebondissements x)

Au départ, Yoongi ne devait pas du tout se montrer violent, mais lorsque j'ai écrit ce passage, j'en ai eu marre de le décrire toujours en train de pleurer, et je me suis dit que ça suffisait et qu'il était temps qu'il s'affirme, qu'il fasse comprendre à Hoseok que non, il ne sait pas tout de lui et surtout pas ce qui est le mieux pour lui. Et vous, quel est votre avis ? C'est vraiment important pour moi, tous vos retours sur cette fiction car je suis toujours incertaine quant à la marche à suivre, donc si vous avez des critiques, positives et négatives, je suis preneuse !

Merci à ceux et celles qui le font spontanément, je vous luv. (et à tous les autres aussi, évidemment, lecteurs fantômes, les votants, merci d'accorder de votre temps à cette fiction.)

Et puis on est passé à 2K, c'est juste énorme pour moi !

Et un merci tout special à -taesthyk comme d'habitude ❤️

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