
1er décembre
— Non, non, non. Pas cette année, j'ai déjà donné l'année dernière. Ces pitreries de louveteaux ne m'intéressent guère. Ce sera sans moi cette année.
Zeus, du haut de ses millénaires, se drapa dans sa dignité et son manteau de fourrure. Il toisa la foule du regard et dédia un clin d'œil enjôleur à Aphrodite qui lui de la même manière. Autour de lui, les olympiens l'écoutaient d'une oreille distraite. Ils étaient habitués aux frasques de leur père et maître. Zeus était coutumier de ces crises mélodramatiques. Fardé, les yeux enluminés de paillettes dorées, le vampire se déplaçait lentement devant eux, sa traîne de soie rouge glissait légèrement derrière lui. Il avança un pied devant l'autre, passa devant Héra et évita soigneusement le regard impassible de son épouse. Elle n'avait pas digéré l'orgie de la veille et d'avoir trouvé Zeus et deux jolies nymphes dans son dressing. Que le vampire copulât avec tout être vivant capable de gémir passait encore, mais la reine des dieux était très fière de sa collection de robes et bijoux qui égalait presque celle d'Ereyne. Héra, prise d'une de ses crises de folie, avait écartelé les nymphes et jeté leurs membres déchiquetés dans l'une des auges à primaires de la basse-cour.
Il vint ensuite vers Poséidon, son comparse de toujours. Le cadet était encore sous l'effet du sang de roumain qu'ils avaient bu la veille. De fait, il était dans l'incapacité de comprendre la moindre parcelle de son discours. Quel inutile.
Hadès était plus moqueur, il n'y avait pourtant pas de quoi. Le maître des enfers n'en avait que le nom. Zelyan régnait sans partage sur les mondes souterrains et le second vampire engendré par Zeus n'y avait jamais mis les pieds. « L'enfer » qu'il possédait était une grotte sous l'Olympe par laquelle transitait les âmes qui se rendaient dans les limbes et gagnaient le Styx et Caron. La raison de cette supercherie était une légende contée de banquets en banquets, le récit variait mais la stupéfaction et la déception de Perséphone en découvrant l'étendue de l'arnaque persistait dans les mémoires. Zeus en pleurait de rire à chaque fois.
Lorsqu'il passa devant ce fils dont les mythes avaient fait son frère, Zeus eut une idée. Il se tourna vers le vampire, tout de noir vécu, victorien des bottines jusqu'au colleret en dentelle, et lui sourit.
— Hadès, mon fiston adoré.
— Non père, c'est l'hiver, répondit le vampire aux longs cheveux noirs. Perséphone m'a assigné un planning très chargé.
— Fils, susurra Zeus au creux de son oreille. Quelle drogue as-tu ingérée pour penser que tu pourrais te soustraire à un ordre direct de ton père ?
Il se redressa et éclata de rire avant de se reprendre aussitôt et de réajuster sa perruque poudrée. Autour de lui des soupirs de soulagements se firent entendre, la victime était toute trouvée, les autres étaient sauvés.
— Silence ! ordonna le vampire avant de reprendre son discours. Hadès, tu seras notre représentant cette année dans l'histoire de Noël. Je compte sur toi pour être digne et faire rayonner notre aura dans cette histoire.
Hadès leva un bras pour intervenir mais Zeus ne lui en laissa pas l'occasion. Il balaya toute objection d'un revers de la main.
— Si c'est comme l'année dernière l'histoire se finira avant même de commencer. Axel. n'est pas fiable. Profite de ta gloire éphémère Hadès et fais-nous honneur !
Heureux de s'être déchargé de sa tâche annuelle, Zeus laissa ses enfants et partit d'un pas aérien vers les terrasses. Il monta au sommet de son palais et regarda les étoiles. Il était libre de toute obligation pour un mois entier. Pas de célébration de Noël pour lui cette année, il était né bien avant le juif de toute manière. Pas de réunion de famille avec les chiens sauvages à l'haleine de hyène, pas de comparaison avec Izanagi le parfait et Ysun le rebelle, oui Zeus allait être libre. Certes Ereyne allait lui manquer, mais l'immortelle serait tout aussi agréable et charmante lors de sa prochaine visite, en janvier ou en août. Oui, Zeus était heureux.
Puis, un esclave humain vint détruire sa joie. Il y en avait quelques dizaines sur l'Olympe, tortures perpétuelles pour les vampires qui étaient condamnés à une mort très lente et très douloureuses s'ils mordaient ces humains gorgés de poison. Zeus jouait avec ses enfants avec le même sadisme qu'il jouait avec sa nourriture. L'homme avait un message pour lui. Zeus le prit et le renvoya avant de découvrir la mauvaise nouvelle inscrite à l'encre bleu nuit dans une belle calligraphie. Scott, le secrétaire de Darkwood castle, l'informait de la nécessité de sa présence au château pour les fêtes de noël. Sa « personne » était requise, et non son sang. Ce maudit Scott avait bien choisi ses mots.
Zeus regarda la lune, et hurla.
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Hello !
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Cela fait longtemps n'est-ce pas ? J'espère que vous allez bien.
Je ne sais pas trop si je ferai mieux que l'année dernière mais je vais essayer.
L'actualité étant loin d'être drôle, voire totalement destructrice, délétère et ignoble, digne des pires heures de l'Histoire, le récit de cette année sera le plus léger possible.
Prenez soin de vous.
Axel.
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