Le couple immortel ne quitta pas rapidement la salle à manger vidée des loups et autres vampires. Ereyne s'était rapprochée du feu tandis que Zelyan se servait un verre de sang bio avant de l'y rejoindre. Autour d'eux les serviteurs rangeaient et nettoyaient la table. Il ne resta bientôt plus que l'odeur des plats pour rappeler que quelques minutes plus tôt un dîner avait été consomme dans cette pièce.

Le Diable passa un bras autour du ventre de sa compagne et la serra contre lui mais elle l'ignora, concentrée sur le mouvement des flammes dorées.

— Ma douce, vas-tu bouder pour un louveteau raté ?

Elle ne répondit rien et resta fixée sur l'âtre. Zelyan glissa sa main le long du corps de sa compagne dissimulé sous quelques couches de satin rouge sang. Cette couleur lui allait à ravir. Il remonta jusqu'à cette longue cascade dorée qu'elle avait noué en une longue tresse et la caressa tendrement. Ereyne avait les cheveux de sa mère mais elle les portait bien mieux qu'Eve qui ne s'était jamais attachée à ces choses futiles telle que l'apparence, la tenue ou les ornements. Sa fille au contraire rayonnait à chaque apparition. Pas une mode vestimentaire n'avait eu raison de son élégance naturelle. L'Humanité masculine tout entière lui enviait cette compagne et Zelyan ne se privait pas de cette satisfaction.

— Ma douce, reprit-il tout en déposant des baisers sur ses tempes entre deux gorgées de sang. Tu ne peux me tenir rigueur de chaque éclat, je suis zelyanique, c'est dans ma nature.

— Je devrais, lui répondit Ereyne en lui offrant le plaisir de briser son silence. Tu justifies chacun de tes actes ignobles par ton statut infernal comme si cela excusait le tout.

— Je ne m'excuse de rien, ma douce, j'explique. Hors de question que je me repente pour un loup vexé, qu'en serait-il après ? Devrais-je regretter d'avoir broyé une jambe ? Tué un vieil homme ? Rasé une cité ? Non, non, hors de question que tu m'ôtes les petits plaisirs de la vie en surface.

Ereyne n'argumenta pas, il était aussi buté qu'un mur. Elle voulut se dérober mais Zelyan n'en avait cure. Il lui retint le bras et l'emmena dans un petit boudoir noir du sol au plafond en passant par les meubles d'ébène et les tentures damassées de fils d'argent. Seules les bougies aux chandeliers et la cheminée apportaient un peu de couleur.

Zelyan referma la porte derrière eux et invita sa compagne à s'asseoir avec lui. Ereyne jetait des coups d'œil circulaires dans la pièce et s'assit, peu rassurée.

— Tu sais que j'ai horreur de cette salle, gémit-elle avant de sursauter et de se retourner pour suivre une ombre.

Elle se rapprocha de Zelyan et agrippa son bras.

— J'aimerais partir, lui dit-elle.

— Mais je t'en prie ma douce, la porte est là, lui désigna l'immortel en ricanant.

— Zelyan, tu sais.

— Quoi donc ma douce ?

— Les fantômes de cette pièce sont partout, ils ne me laisseront pas sortir.

Zelyan lui saisit le visage entre ses mains, lui sourit et l'embrassa.

— Je sais ma douce, ils te terrifient. Ils font battre ton cœur et libèrent ton adrénaline. Ta sueur d'apeurée te donne une odeur exquise atrocement excitante. J'adore t'emmener ici.

Ereyne lui cria qu'il l'enquiquinait au plus haut point, se releva, bondit vers la sortie et se retrouva nez à nez avec une âme sombre déchirée à qui il manquait des morceaux. Elle tomba au sol, inconsciente.

Zelyan lâcha un soupir et se leva à son tour. Il repoussa les âmes d'un geste de la main et souleva sa compagne qu'il porta jusqu'à leur chambre.

— Je préfère lorsque tu t'accroches à moi ma douce, dit-il à la forme évanouie qu'il déposa sur leur lit. Je doute que tu me considères comme ton sauveur demain matin.

Il eut la délicatesse de lui retirer ses talons qu'il jeta négligemment par terre avant de se ressaisir et de les reprendre. Il s'en fut dans la grande salle où sa compagne stockait ses vêtements et entreprit de retrouver leur boîte. La douceur d'Ereyne avait ses limites. Elle lui pardonnerait facilement de l'avoir enfermée avec des fantômes, mais si par malheur il abîmait ses escarpins...

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel.