Zelyan n'était pas un Homme à avoir la langue dans sa poche, ce n'était d'ailleurs pas un Homme du tout, aussi n'éprouvait-il aucun remord à rabaisser sa descendance louve. Magni, Thor et Odin en faisaient les frais. Les insultes et moqueries dignes des bas-fonds des enfers pleuvaient sans discontinuité. L'immortel montrait à tous l'étendue de son vocabulaire outrancier et rien ne semblait pouvoir stopper ce flot d'immondices verbales, ni les grognements des aînés, ni les gémissements plaintifs du petit, ni même les suppliques d'Ereyne qui supportait avec peine tant de méchanceté gratuite.

— Quoi ? tiqua Zelyan qui se tourna brusquement vers elle. Ai-je mal entendu ma douce ? Qu'as-tu osé dire à propos de Caron ?

Il avait basculé vers la méchanceté en quelques secondes et réchauffé la pièce de sa fureur. Ereyne ne se démonta pas pour autant et lui tint tête.

— J'ai dit que lui non plus ne répondait pas à tes critères de force et de puissance mais qu'il n'en demeurait pas moins l'une de tes meilleures créations. Les aléas de la Nature nous façonnent mais ne nous hiérarchisent pas.

— Celui-là ressemble sacrément à un caniche déplumé, lui fit remarquer l'immortel en désignant le jeune du pouce. « Mère » Nature ne l'a pas aidé. On dirait que sa louve l'a vomi au lieu de le mettre au monde.

Ereyne soupira puis leva les yeux au ciel. Zelyan concentrait parfois les pires défauts de l'humanité. Elle le regarda, lui sourit et claqua des mains. Elle annonça la fin du dîner et ordonna à tout le monde de regagner ses quartiers.

— Maintenant !

Vampires et loups s'enfuirent avant que Zelyan ne donne un contrordre. Ils gagnèrent les escaliers centraux et montèrent vers leurs ailes respectives en silence. Ils se jetèrent quelques coups d'œil en biais mais aucun ne se risqua à faire une remarque. John n'avait pas de descendant et se trouvait fort peu affecté par la scène qui s'était déroulée sous ses yeux mais Zeus, patriarche au même rang qu'Odin avait également dans sa lignée quelques... originalités, dont un vampire allergique à l'hémoglobine ou un autre allergique au soleil. Le moindre rayon le rendait aussi rouge qu'une écrevisse.

Les groupes se séparèrent sur le palier du second étage. Les jeunes partirent dans leurs appartements respectifs mais les trois fils de Zelyan ne bougèrent pas. Ils attendirent la disparition de la descendance puis John se décida à briser le silence.

— J'ai un bon whisky écossais dans ma chambre.

Ce n'était le breuvage préféré qu'aucun des deux autres mais ils hochèrent la tête en signe d'accord et suivirent le loup dans sa tanière. Résident permanent, John vivait dans de grands appartements de l'aile nord. Son lieu de vie était composé d'un grand salon, d'un petit boudoir, de deux chambres et d'une grande salle de bains. L'ensemble était décoré dans des tons rouges, bruns et or avec un mobilier datant pour la plupart de l'époque où John s'appelait encore Iain. Le Moyen-âge était bien présent dans ces pièces, un peu agrémenté d'un discret confort moderne.

Le loup les invita à s'assoir dans un large sofa placé face à un large foyer où brûlait un bon feu, allumé par un serviteur aussi peu bruyant que vivant, tandis qu'il disparaissait derrière un meuble pour en réapparaître quelques instants après, trois verres et une bouteille à la main.

En bon hôte il servit ses invités puis lui-même. Ils trinquèrent à la santé d'Ereyne et burent silencieusement, regardant les flammes crépiter dans l'âtre. Ils restèrent ainsi un long moment puis, le seul vampire rompit l'atmosphère calme. Il pencha légèrement la tête vers Odin et lui demanda.

— De toi à moi, murmura-t-il. Magni... Vous n'avez pas songé à l'abattre à la naissance ?

Odin quitta son verre des yeux et plongea son regard vers celui du vampire.

— Si, mais le temps d'aller chercher une épée il avait déjà égorgé la sage-femme et craqué les os de son thorax pour dévorer son cœur. Lâche ce truc sur un escadron de saints et admire les dégâts...

— Cool.

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Merci d'avoir lu ce chapitre !!

Axel.