6ème Chapitre (2/2)
Au fur et à mesure de leur marche, leurs futures actions prenaient forme. Ils avaient chacun un rôle à jouer, il restait à définir le moment opportun. Ils n'auraient droit qu'à une seule chance, le moindre faux pas coûterait sa liberté à Vay et, dans le pire des cas, leur travail à tous les six. Ils ne savaient pas à quel point l'ancienne cobaye était importante pour la section expérimentale ni ce qu'ils risquaient à la protéger. Kley le souleva sans vergogne, personne ne se rétracta. Ils iraient au bout.
Plus ils s'éloignaient de l'arbre argenté, plus les irrégularités de l'affiche et du système se faisaient rares. Rinual remarqua que la connexion de sa montre et de sa lentille se rétablissait, il eut accès à ses mails et décida de regarder le prioritaire qu'il avait reçu près du feuillu. Ce dernier parlait effectivement de Vay, relevant qu'elle était dangereuse, imprévisible et inestimable. En lisant ça, le chef secoua la tête. La vérité était si facile à déformer, il avait bien vu à quel point la jeune femme était fragile et désorientée. Elle ne méritait pas d'être à nouveau enfermée, il s'assurerait qu'une telle chose ne lui arrive plus jamais.
- On y est presque. Le centre doit être à environ cinq minutes d'ici. Qu'est-ce qu'on fait, chef ? On y va ou on attend ?
Rinual jeta un coup d'œil à l'horizon, le ciel commençait à s'éclaircir.
- On y va. Le soleil va bientôt se lever.
À peine sa phrase fut finie que Sheyn, Gehilts, Roy et Abzerver partaient devant. Le chef et son second patientèrent avec Vay dans la forêt, leurs collègues revinrent quelques minutes plus tard en compagnie d'un imposant chariot. Un tissu blanc cachait l'espace en dessous du plateau à la vue de tous, tandis que des machines d'analyses reposaient dessus. Rinual plaça doucement la jeune femme sous le drap, elle gémit quand il la lâcha. Sheyn prit quelques échantillons et lança les appareils afin de donner le change, ils entourèrent ensuite l'équipement et rentrèrent au centre. La première difficulté consistait à pénétrer dans le bâtiment sans être questionnés, ils eurent de la chance et ne croisèrent personne jusqu'à la porte de service. Se séparant, Roy s'occupa du matériel, Ab à ses côtés. La deuxième étape commençait, ils devaient rejoindre une salle de maintenance inutilisée au dernier étage, le plus près possible de la station. Ils comptaient sur les connaissances de l'édifice de la technicienne et l'heure matinale pour éviter de rencontrer quelqu'un.
Au moment où les portes de l'ascenseur s'apprêtaient à se refermer, une main les retint. Essoufflée, une personne monta avec les deux scientifiques et leur bagage. Il suffit d'un instant au chasseur pour la reconnaître, il s'agissait de la cheffe de la deuxième équipe de la section technologie. Leurs bureaux se situaient au deuxième étage, que pouvait-elle bien faire au bas du bâtiment ?
La cabine commença à s'élever, lentement. Une tension palpable flottait dans l'air, Roy était nerveuse. Elle espérait que la femme aux courts cheveux blond vénitien ne remarque pas son stress ni ne pose de questions sur leur chargement, elle risquait de mal lui répondre. Heureusement pour elle, la cheffe ne semblait pas leur prêter d'attention particulière. Elle se contenta de se servir d'un miroir de poche pour se recoiffer. L'ascenseur ralentit, puis s'immobilisa. Une sonnerie retentit, les portes s'ouvrirent.
- Vous ne sortez pas ? demanda-t-elle sans aucune arrière-pensée.
Sa simple question fit sursauter la technicienne, qui faillit perdre tous ses moyens. Ab prit en main la situation, il acquiesça en direction de la cheffe avant de se saisir du chariot et de quitter la cabine, suivi par une Roy dépassée. Les battants se rabattirent sur la femme aux talons hauts, l'écran signala que l'ascenseur montait jusqu'au toit. Un soupir s'échappa des lèvres de la rousse, elle se ressaisit aussitôt et indiqua la direction à emprunter au chasseur. Ils parcoururent le plus silencieusement possible divers couloirs, pour finalement pénétrer dans le local de maintenance laissé à l'abandon. Ils s'assurèrent que la porte était bien refermée derrière eux avant de soulever le drap. Ab transporta Vay, il l'allongea sur une table après que Roy eut enlevé sans délicatesse toutes les affaires qui prenaient la poussière dessus. Un rapide contrôle lui indiqua que la fièvre de la jeune femme avait encore augmenté tandis que sa peau restait glacée. Ses blessures à la main droite n'avaient pas empiré.
- Je préviens les autres, on passe à la phase trois.
Un message sécurisé plus tard, Roy quitta la pièce. Elle tenait dans sa main une feuille sur laquelle différents résultats d'analyses faites par les machines figuraient. Elle rejoignit la salle de réunion de la troisième équipe de recherche sur la flore du pas le plus naturel qu'elle pouvait faire dans cette situation. Quelques minutes après son arrivée au rez-de-chaussée, Rinual et Kley s'en allèrent. Ils échangèrent leur place avec Ab, qui se remit au travail comme si de rien n'était.
- Bon, troisième étape réussie. L'alarme n'a pas été donnée, c'est déjà bien. On fait comme on a dit pour la quatrième ?
- Il nous faut un sac, fut la seule réaction du chef à la question de son second.
Ils commencèrent à fouiller la pièce, cherchant une housse suffisamment longue et large pour que Vay tienne dedans. Un gémissement leur parvint, le grand homme blond alla s'assurer que la jeune femme allait bien. En arrivant à proximité, il vit ses yeux orange papillonner. Son regard vitreux fixait le vide, il n'était pas sûr qu'elle ait vraiment repris connaissance. Ne voulant pas la brusquer sans raison, il se baissa et prit sa main en guise de soutien muet. Son souffle se fit plus lent, elle sembla sombrer dans un profond sommeil.
- Trouvé ! s'exclama Kley en revenant avec un grand sac gris sale.
Ils le nettoyèrent du mieux qu'ils le purent avant de le déposer par terre. Ils firent quelques trous afin que Vay puisse facilement respirer, puis Rinual la plaça doucement dans la housse. Son second remonta la fermeture-éclair, le chef se saisit des lanières et souleva l'imposant bagage.
- Allons-y.
Le plus dur restait à venir. Ils empruntèrent l'ascenseur pour atteindre le toit. Une fois en haut, ils se dirigèrent vers le poste de sécurité et appelèrent un gardien, il fallait s'adresser à lui avant de pouvoir monter dans une navette.
- C'est pour quoi ?
Comme ils en avaient convenu, Kley ignora l'agent pour s'en prendre à Rinual.
- Se re-po-ser. Tu connais pas ? C'est quand t'as beaucoup bossé, après tu t'reposes. Genre tu dors, tu fais c'que t'aimes, tu profites quoi.
- Ne me fais pas la morale, tu travailles tout juste assez pour faire tes heures.
- Parce que j'profite d'la vie ! Y a pas que l'boulot.
Le gardien se racla la gorge, visiblement perdu. Le patron se tourna vers lui.
- Une navette. Dès que possible.
- Va falloir que je...
L'agent n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il se fit couper par Kleymer.
- Non mais là t'abuses ! J'veux bien qu'tu sois l'chef, mais quand même, ça veut pas dire qu'tu dois prendre d'la paperasse chez toi ! D'jà qu'plus personne utilise de papier à part nous, en plus faut qu'tu veuilles tout prendre chez toi pour bosser après les heures de travail... N'importe quoi.
- Ce n'est pas parce qu'on vient de faire une excursion de nuit que je vais mettre de côté cette paperasse, comme tu dis. Ces documents sont importants, je ne peux pas les laisser traîner n'importe où. Tu devrais le savoir, pourtant.
- Ouais, ben j'comprends pas qu'tu puisses prendre un sac complet de doc pour le ramener chez toi. Tu vis dans un autre monde, j'te jure.
- Elle vient, cette navette ?
À court de mots, le gardien bafouilla une réponse avant d'en appeler une. Les deux hommes face à lui continuèrent à se disputer, détournant habilement son attention du véritable contenu de la housse. Ils ne s'arrêtèrent qu'au moment où la porte de la capsule se refermait sur Rinual et son bagage. Leur plan était un succès.
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