CINQ
L'ascenseur est vide, lorsque je monte à l'intérieur, alors je m'appuie contre la paroi pour me donner du courage. Tu vas y arriver, je me dis à moi même.
Dans ma fuite, la seule chose que j'avais songé à emmener, était mon téléphone que ma tante m'avait rendu la veille de mon mariage. Le téléphone qui était soigneusement caché dans les tonnes de vêtements que je portais.
Je baisse mes yeux sur mes mains et remarque mon anneau de mariage, symbole de l’engagement éternel d’un homme qui est pour moi un parfait inconnu.
Selon Google, un mariage dure en moyenne cinq à huit ans, et plus de la moitié s'achèvent en divorce. Moins d'une journée en étant marié, il m'a fallu plus longtemps pour visionner tout les épisodes d'Élite sur Netflix que pour préserver mon mariage.
Le plan de Kaïs est simple ! Très simple !
Étape 1 : Demander à Safi l'adresse d'Harry.
Fait !
Étape 2 : Aller chez lui.
Fait ! Je suis maintenant derrière la porte de son appartement, profitant de cet instant simplement apaisant avant de frapper et de lui faire face.
Étape 3 : le supplier de m'écouter.
A faire ! Il ne me reste plus qu'à espérer que ce type soit plutôt sympa, qu'il comprendra ma situation et qu'il m'accordera le divorce dans 3 mois.
Étape 4 : Faire qu'il accepte ma proposition et les règles qui en découlent.
A faire ! Et ça c'est la tâche la plus difficile à entreprendre.
J'ignore si c'est par désespoir, mais cette proposition semble tenir debout. Tout en restant assez folle pour marcher.
Dès que la porte s'est ouverte, je me retrouve à nouveau en face de lui. Il me regarde comme quand on remarque quelqu'un pour la première fois, puis pose les yeux sur ma robe de mariée. C'est un grand classique, j'avais pris la première robe que la vendeuse m'avait proposé, une robe de mariée princesse en blanc neige sans trop de froufrous, ni dentelle, ni même des manches, elle possède un jolie bustier.
Il laisse échapper une expression étonnée.
Harry est très différent de Kaïs. La première fois, que je vis Kaïs,
Habillé de façon décontractée, en pull en col V et jean. la coupe de cheveux ingénieusement négligée, il avait un truc de très attirant.
Il y avait dans cet homme d’aura quasi surnaturelle que très peu de personnes ont. Je ne sais pas si cela aurait été une vérité pour tout le monde mais, moi, depuis que j’avais posé les yeux sur lui, je me sentais comme hypnotisée.
Il illuminait la pièce à lui seul.
Pourtant, il avait cette attitude que j’aurais un peu associée à celle d’un mauvais garçon : froid, fermé, distant, un peu renfrogné, rentre dedans et impertinent.
Était-ce dû son à ses lèvres magnifiquement dessinées ? Ou à son regard de braise ? Ou bien, encore, à cette mâchoire carrée, encadrant les traits de son visage, réguliers et pourtant très virils ?
Il était beau. Je le trouvais très beau. Et incroyablement bien foutu ; torse bien taillé, ventre bien musclé et plat, épaules carrées mais pas à l’excès…
Je restais quelques secondes à l’épier en toute discrétion.
En théorie.
Sur le papier, Harry est beau, d'une beauté nette et soignée : bien faite. Il est jeune, grand de taillé, instruit, regard perçant, des sourcils naturels et bien structuré, et un nez droit. Il ne doit pas passer inaperçu auprès des femmes avec ces pommettes aristocratiques et cheveux gominés. Le moindre de ses gestes et mouvements sont gracieux. Son costume de marié est étudié dans tous les détails pour donner une impression de bon goût.
Harry est tout ce que Kaïs et Sam, tout ce qu'aucun des hommes que je côtoie, ne seront jamais.
Une grâce, un chic et une allure que seul ton statut social et ton éducation d'aristocrate, peuvent te conférer.
La beauté de noble.
Sur le papier, il est parfait.
Mais je ne peux pas rester là femme un morceau de papier.
On est censé se marier avec un homme de chair et de sang. Un homme qu'on aime, et ça, j'en suis pratiquement certaine.
Se rend-il compte du charme qu'il dégage en lui ? J'en doute, si non, il n'aurait pas accepter un mariage arrangé puisqu'il peut avoir toutes les filles qui veulent.
Ce genre d'union morphologique s'accompagne naturellement d'une personnalité hautaine et vaniteuse.
De toute façon même si c'est un bel homme, je ne veux pas de lui de la même façon que je ne voulais pas être sa femme.
Mon mari aurait peut être le titre mais jamais, il gagnerai mon corps et surtout pas mon cœur, et j'étais bien résolu à le lui faire comprendre dès aujourd'hui.
Il se frotte les yeux vérifiant peut être que j'étais bien là devant sa porte.
— Ida ?
Il est surpris de me voir là, et je le comprends.
— Il faut que l'on parle tout les deux.
Je le lui dis d'un ton suppliant. Pas assez suppliant à mon goût.
Il se met à me fixé, je voulais qu'il lit dans les traits de mon visage de la tristesse mais également de la détermination.
— Pourquoi vous êtes ici ? Demande-t-il.
— Vous voulez que je parte ?
En guise de réponse, il pousse un grand soupir, comme si tous les problèmes du monde lui tombaient sur les épaules.
— Il faut qu'on parle, je répète.
— Si tu veux, déclare-t-il d'un air agacé.
Ah tiens, on se tutoie maintenant.
Les pupilles ambrées d'Harry se posent finalement sur les miennes, il demeure à la fin de ces paroles, silencieux, attendant peut être mes réponses à ces questions non formulées.
Cependant je n'ai dit mot.
Il se recule enfin de quelques pas et me regarde des pieds à la tête, et à cet instant, je peux très bien déchiffrer l'expression de son visage, il est dégoûté.
Je ne sais pas à quoi je m'attendais. Des larmes de joie, des applaudissements, n'importe quoi sauf cette expression.
A quoi ! Je m'attends.
Il s'éloigne de la porte sans rien dire de plus et va s'asseoir sur le canapé. Il m’observe, les bras croisés, sans dire un mot.
Il me laisse debout devant sa porte, sans m'invité à entrée.
Je m'avance, un peu timide.
Sitôt le seuil franchi, révélant une pièce luxueuse, je comprends pourquoi Harry avait eu le coup de foudre pour cet appartement : Non, seulement il était vaste, la pièce lumineuse, avec des murs blancs, et de très hauts plafonds, mais il y avait du plancher dans toute la pièce. Le mobilier semblait élégant, luxueux et moderne. Je me trouve dans un vaste séjour avec un téléviseur à écran plasma géant, une cheminée à gaz encastrée dans un mur, des canapés blancs, un billard dans un coin de la pièce et un bar.
J'entre et referme la porte derrière moi, je reste debout en face de lui.
— Je ne sais pas, si tu te rends compte de ce qu'il s'est passé aujourd'hui...
Je ne prête pas attention à la note de suffisance dans sa voix, parce que cette phrase me ramène à la journée que je viens de passer.
— Je sais, j'ai fait une erreur, dis-je, le précédant.
Il désigne le canapé voisin d’un geste de la main.
Sans même me laisser le temps de répondre. Il tapote le fauteuil à côté de lui pour accentuer son invitation. J'hoche vivement la tête de droite à gauche.
— Non, merci, ça va aller. Je suis très bien, debout.
Il me regarde de travers.
— Je veux juste que nous discutons. N'est-ce pas pour cela que tu es là ?
Sans rien dire de plus, je m'exécute et viens me placer à quelques centimètres de lui.
— Pourquoi me détestes-tu ? Me Demande-t-il, comme si il était las d'entendre des choses qu'il juge inutiles.
Cette question me paralyse pendant un long Instant.
Mes yeux s'écarquillèrent, surpris.
Je suis si choquée par sa question que je ne réponds même pas. Je ne m'attendais pas du tout à ce que la conversation soit portée là-dessus.
Je le déteste ?
La rage, la colère qui était censé être réservées à mon père cette haine. Bizarrement, je la transfère sur lui.
— J'attends toujours la réponse, j'ai la nette impression que c'est une vengeance venant de mes ex.
Le ton sur lequel il dit ces mots, tout comme son sourire obstiné, me fait comprendre qu'il est une sorte de Don Juan, convaincu de pouvoir exercer son charme sur toutes les femmes qu'il rencontre.
— Je pense que ma question était assez claire, insiste-t-il d'un ton qui paraît dur.
Gêné, je m'empresse de préciser :
— Non, ce n'est pas ça, Je ne te déteste pas mais je ne t'aime pas non plus parce que j'en aime un autre.
— C'est normal ! C'est un mariage arrangé, je sais bien que tu ne m'aime pas, moi non plus, je ne t'aime pas. On ne se connaît pas assez, le peu que l'on sache l'un de l'autre vient de nos proches. Il faut nous laisser une chance de réussir, ce mariage, même si ça semble difficile. Avec le temps je tomberai amoureux de toi et toi de moi.
Il est si sérieux dans ce propos que si Kaïs n'avait pas fait partie de ma vie, j'aurais pu positionner.
— C'est impossible, comme je viens de le dire, j'aime quelque d'autre et ça ne changera pas.
Il se tait et me regarde.
— Et pourquoi m'avoir épousé, alors ? Demande Harry, furieux.
Il saisit mes mains, et le contact de ses doigts me surprit. Il les presse tendrement.
— On avait prévu de fuir avant la signature mais ce plan a échoué, c'est comme si mon père avait deviné mes intentions. La garde était trop rapproché à l'intérieur de la salle.
Il me fixe avec une expression de vide. Il fronce alors le sourcil puis prend une grande inspiration, comme pour rassembler tout son courage. Cela prend une éternité avant qu'il ouvre sa bouche et les mots se bousculent lorsque il essaie de parler.
— Aussi... Aussi... Sûr que tu en aimes un autre. Qu'est-ce que tu attends de moi ? Qu'est-ce que tu es revenu faire à dans mon appartement ?
Une rage sombre, qui monte sans prévenir, lui déforme la voix.
Il s'avance, se penche et, d’une main sous mon menton, me lève le visage et pour que je le regarde droit dans les yeux. Dans son regard, je vois de l'incompréhension.
— J'ai un plan.
Harry lâche mon menton et se laisse retomber sur le siège.
— Comment lorsque tu avais un plan à la cérémonie ?
Sans attendre ma réponse, il poursuit :
— Non ! C'est hors de question. Je te remercie de t'être déplacé. Va le rejoindre. Dès demain, je commencerai les procédures du divorce. Tu connais le chemin de la sortie. Me dit-il d'une voix si basse et si vaincue. Il semble à nouveau las d'entendre des choses qu'il juge inutiles.
— Non.
Il chasse une mèche noire de mon visage et tente de la glisser dans le chignon sur ma nuque.
— Non, dit Harry d'une façon inquiétante.
— Oui, lui ai-je dit un peu plus confiante.
— Oui, non… Décides-toi, Ida !
Ni lui, ni moi, ne dit mot pendant quelques secondes qui semble durer une éternité. Et pendant ces quelques secondes, j'espère simplement qu'il va dire oui à ma proposition future.
— Non ! Mais pourquoi devons-nous continuer ainsi ? Tu es parti, tu ne veux même pas qu'on essaye d'arranger les choses.
Il se tait un instant.
— Ça va aller, dit-il doucement, me tamponnant les joues avec un mouchoir.
Je ne me suis pas rendue compte que je pleurais jusqu’à ce qu'il essuie mes larmes.
Puis il met le mouchoir dans ma main et se recule.
Laissant ma surprise de côté, je me tourne vers lui et découvre qu’il me tient toujours ma main gauche. Il la relâche avec un léger haussement d’épaules.
J'avais besoin de pleurer, c'était complètement stupide mais là toute de suite, c'était agréable alors que je n'étais pas du genre à réagir ainsi. Ce n'était pas moi.
Du moins, ce n'était pas la femme que j'étais hier. Manifestement, aujourd’hui, je ne suis plus la même. Je laisse mes larmes couler. Pour moi en ce moment, c'était la seule chose à faire. Je n'avais pas du tout envie de rester avec lui durant trois mois, ni même de devoir des explications à sa famille et la mienne. Je voulais juste être dans les bras de Kaïs.
En voyant partir Harry, je prends conscience d’une chose.
J'ai besoin de lui.
~22 Novembre~
Cheveux gominés : Mouillés et plaqués.
Merci à LoloLoane pour la correction.
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