Day 74
Vendredi 29 novembre
Pendant que j'emballais les quelques colis que la librairie devait faire livrer dans la semaine, mon téléphone sonna. Je déposais l'exemplaire de "Fangirl" de Rainbow Rowell que je tenais en bas de la pile, et je répondis avec un grand sourire en voyant le nom d'Hanji sur l'écran.
-"Hola !"cria t-elle.
-"Sweetie ! Ça va ? Tu te sens mieux ?"
L'état de la brune s'était certes amélioré, mais elle était encore fatiguée et n'assistais qu'aux cours qu'elle ne pouvait pas se permettre de rater. Je passais la voir quotidiennement et la voir reprendre du poil de la bête me faisait vraiment plaisir.
-"Beaucoup ! Je me sens si bien que j'ai envie de faire une soirée karaoké ! Tu passes à l'appart' ?"
-"Tu es sûre ? Ton voisin de la dernière fois ne va pas se plaindre à nouveau ? Remarque, c'était vraiment très impoli de notre part."
-"Ce n'était même pas onze heures du soir. Et il a déménagé, so we are free !"
-"Pourquoi pas... Ça m'a beaucoup manqué. Par contre rien n'est sûr, il me reste quelques trucs à faire au boulot et je ne sais pas si je pourrais trouver un taxi jusqu'à chez toi quand j'aurais fini."
-"Oh t'inquiètes, tu bosses au quartier Mers, pas vrai ?"
-"Oui, pourquoi ?"
-"Livaï doit être dans les parages. Je lui ai demandé de m'apporter un ou deux trucs du supermarché avec lui, alors il va venir chez moi, je vais lui dire de passer te prendre avec lui."
-"Tu veux me faire gober que Livaï va passer au supermarché, venir jusqu'à chez toi et accepter de me déposer avec lui ?"raillais-je en calant le téléphone entre mon oreille et mon épaule pour reprendre ma tâche. Que c'est inconfortable !
-"Oh, je sais m'y prendre avec lui. Je te tiendrais au courant par message. À plus !"
-"Hanji je-"
Et elle m'a raccroché au nez.
Quelques minutes plus tard, je reçois un message de sa part. Le noiraud est en effet tout près et a accepté miraculeusement de venir me chercher.
Et bah bonne chance pour l'éviter.
Une seconde. Livaï va venir me prendre avec lui, donc je vais monter sur sa moto. Alors je vais devoir...
[T/p] ! Les épaules existent aussi !
Je me ressaisis et tente de finir mon travail sans pouvoir éviter de penser à lui. Une douce chaleur m'envahit à sa pensée et je ne peux m'empêcher de sourire.
Il n'est qu'un crush.
Il ne peut être qu'un crush.
Il ne doit être qu'un crush.
Quand il pousse la porte et que mon regard croise le sien, des ailes me poussent et je me sens planer.
Ses yeux ont une terrible emprise sur moi. Une emprise que je savoure tout de même.
-"Salut ! T'es venu plus tôt que prévu ! Il me reste quelques colis à emballer et des livres à ranger. Fais comme chez toi. Remarque, je ne devrais pas dire ceci. Si le boss m'entend, il va me foudroyer du regard. Il a les yeux marrons. Ils sont petits et ridés. Ça non plus il n'aimerait pas l'entendre."
Existe t-il une façon plus évidente de montrer que je perds mes moyens face à lui ?
Un peu surprise d'avoir prononcer autant de mots sans balbutier, je le suis des yeux tandis qu'il s'adosse au comptoir.
-"Tu as une sale dégaine."
Ouch.
-"Il n'y a quasiment pas eu de clients aujourd'hui, alors je me suis mise à l'aise."
-"En attachant tes cheveux en un tas de merde ?"
-"Eh ! Ça s'appelle un "messy bun". C'est supposé être mignon. J'imagine qu'il faut avoir un visage qui va avec."
Je me retourne un instant pour observer mon reflet dans le petit miroir dont je n'ai jamais saisi l'utilité. À quoi un tel truc peut-il servir dans un endroit pareil ?
J'ai vraiment l'air de rien.
Il n'y a pas meilleur que moi pour ruiner des chances déjà inexistantes.
Je replace aussi discrètement que possible des mèches rebelles -soit la moitié de ma tignasse [c/c]- derrière mes oreilles et essaie de me rendre un peu plus présentable.
Fail complet.
Il faut vraiment que j'arrête de tout oublier quand je vois des livres.
-"C'est assez sympa."dit-il en fixant les étagères et la décoration où prédominent le bronze et le bleu.
-"Beaucoup. Je m'y suis sentie à l'aise dès mon premier jour."
Il enlève ses mitaines en cuir, se débarasse de sa veste et se retourne pour me faire face.
-"T'as vraiment l'air d'aimer les bouquins."
-"Et comment ! Il n'y a rien de mieux qu'un bon livre lu au chaud avec une tasse de thé fumante et quelques gâteaux !"
-"Je ne peux qu'être d'accord avec la partie sur le thé."
-"Tu l'aimes beaucoup dis donc."
-"Disons que c'est l'une des rares choses que j'apprécie dans ce monde."
Je saute sur l'occasion. Livaï ne parle presque jamais de lui.
-"Et quelles sont ces rares choses ?"
Il hésite une seconde et après m'avoir longuement toisé se décide enfin à répondre.
-"Le thé, les motos et le sport."
-"Le ménage aussi, non ?"
-"T'as pas tord."
Avec un énorme sourire, je m'accoude au comptoir derrière lequel je suis assise et me penche dans sa direction.
-"C'est moi ou est-ce que je commence à te connaitre un peu ?"
-"Va savoir."
-"C'est un oui ?"
-"Pas vraiment, mais si c'est ce que tu veux entendre..."
Je gonfle les joues et avec mes cheveux qui ressemblent plus à un buisson qu'à autre chose, je ne dois pas vraiment correspondre à la définition d'adorable.
-"C'est pas ma faute si tu ne parles jamais de toi."
-"Ça ne vient pas comme ça. Toi, par exemple. Essaye de me trouver un truc qui te plait maintenant, en quelques secondes."
Toi.
-"Mec, on est dans une librairie. Tu as vraiment choisi le pire endroit possible."Je balayais la salle du regard avant de faire attention à la pile que je dois toujours emballer, "Ça par exemple. C'est un de mes livres préférés."m'exclamais en lui mettant l'exemplaire de "Fangirl" sous le nez.
-"Pourquoi ?"
-"J'ai l'impression de vraiment comprendre le personnage principal. Elle me ressemble sur plusieurs aspecs alors ça rend la lectre plus agréable. Puis, c'est un roman d'amour si léger, si... heartwarming. Vraiment une perle, ce bouquin. Je pourrais en parler des heures. Attends... C'est toi qui étais supposé parler de ce que tu aimes, pas moi !"
-"Moi même je ne sais plus en ce moment..."soupire t-il sans que je ne comprenne ses paroles, "T'as bientôt fini ?"
-"Donne moi une minute."
-"Et donne moi un peigne."
-"Comme si tu vas savoir t'y prendre !"rigolais-je pour masquer mon embarras.
-"Allez, s'il y'a bien une chose que j'ai du mal à supporter, c'est voir quelqu'un avoir l'air aussi négligé par pur flemme."
-"Ce n'est pas de la flemme. Et puis c'est pas si terrible que cela..."répliquais-je un peu contrariée. Il ne mâche vraiment pas ses mots.
Il tendit sa main avec un regard décidé et je farfouillais dans mon sac un instant. C'était vraiment le fruit du hasard que j'en ai un, moi qui l'oubliais à chaque fois.
Il l'attrapa et d'une main experte détacha mes cheveux et les démêla en un temps record après que je l'ai rejoins près des étagères.
-"Comment tu as fait ?! Ça me prend presque toute la matinée ! Et ça, c'est quoi mes cheveux veulent coopérer !"
-"Tu l'as dit toi même ce n'était pas si terrible que cela."
Il les attacha en une natte avant de me rendre ma brosse, l'air satisfait du résultat.
-"Laisse moi corriger, ce que je n'aime pas, ce n'est pas la négligence -enfin pas que-, c'est le potentiel gâché."
Quoi ?
Livaï a l'air aussi surpris de ces propres mots que moi. Il ne perd pas son assurance pour autant et me désigne les livres qui m'attendent toujours de la tête. Je balbutie comme je le fais la moitié du temps que je passe avec lui et finit mon travail maladroitement. Putain putain putain.
-"J'ai fini. Je prends mon manteau et j'arrive."
Je profite de ma petite escapade à l'arrière de la boutique pour me calmer et reprendre mes esprits. Ce n'était qu'un simple compliment à la Livaï. Calme toi. Essaie de contrôler ton idiot de coeur qui s'affole pour un rien.
Quand je retourne enfin près de lui, il est en train de remettre sa veste. Je me sens toute chose en le voyant. Je ressens mille et une émotions que je ne saurais nommer. Il faut que je m'éloigne de lui avant que mon coeur ne l'emporte sur mon cerveau.
Ses yeux se posent sur moi, et ma volonté s'effrite.
-"Tu sais, j'étais vraiment convaincue que tu n'allais pas venir."
-"Faut croire que je peux être un bon pote quand je le veux."
-"Hanji t'a proposé quoi en échange ?"le taquinais-je.
-"C'est si évident que je ne veux pas spécialement être içi ?"
Incapable de supporter plus longtemps le fait d'être si proche de ce garçon près duquel mes résolutions volent en éclats, je tente de revêtir un masque stoïque et me dirige en coup de vent vers la porte. Livaï semble l'avoir interprété autrement, croyant probablement que j'étais vexée.
Il attrape ma main et me tire vers lui pour m'empêcher de sortir. Son contact me fait frissonner et me fait oublier mes desseins. Inconsciemment, je m'approche de lui, et inconsciemment, il en fait de même.
Avant de s'éloigner brusquement.
Quand il monte en me tendant un casque, je l'attrape à contre coeur et m'accroche à ses épaules. Son large dos me cache la route et je ne sens pas l'envie de voir la ville défiler.
J'ai l'impression d'être un jouet qu'il manipule à sa guise. Un être qu'il contrôle selon son humeur. Quelqu'un avec qui il s'amuse. Et ça me consume à petit feu.
Car il faut bien se rendre à l'évidence, je suis entrain de tomber amoureuse de Livaï Ackerman, si je ne le suis pas déjà.
Quand on arrive enfin en bas de l'immeuble d'Hanji et qu'on atteint la porte, aucun de nous ne parle. J'ai l'impression que l'ombre de Petra planne autour de nous. J'ai l'impression d'agir sans d'états d'âme, alors que je fais tout mon possible pour ne pas succomber.
Hanji ouvre la porte, et avant qu'elle ne prononce un mot, je m'engouffre dans l'appartement, les laissant en plan.
Cette fois, je ne me rapprocherais plus de garçon.
Il est trop dangereux pour moi.
Pourquoi est-ce que mes chapitres finissent toujours autrement que prévu ? Ah, et nouveau record. 1700 mots. YAS.
~Caporal Neko
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro