Day 31
Jeudi 17 octobre 2019.
Je chantonne joyeusement en traversant la rue marchande de la ville. Aujourd'hui, j'ai dix-huit ans. Aujourd'hui, je deviens majeure.
En temps normal, cela m'aurait fait terriblement peur. Quand on devient adulte, les responsabilités s'accumulent, mais j'ai l'habitude.
La seule chose qui m'effraie, c'est que j'aie un an de plus. Je m'éloigne de plus en plus de l'enfance et cela me noue les tripes. Mon corps est en croissance, mais mon cœur sera toujours celui d'une petite fille de cinq ans. Rêveuse, obstinée, optimiste et bien décidée à réaliser ses rêves. Sauf que c'est très inquiétant de savoir que je ne fais plus partie de ce monde, mais d'un autre où tout est morne, où tout obéit à une routine ennuyeuse et fade, où je ne serais plus libre d'être moi.
Syndrome de Peter Pan, quand tu nous prends...
Pourtant, la journée s'annonce très agréable. Le soleil rayonne, le ciel est bleu et les fleurs ont l'air plus épanouies que jamais. Je sens que je suis en parfaite symbiose avec mon entourage et que la ville qui se réveille lentement n'a aucun secret pour moi.
En ce jour, je sens que tout est à ma portée.
Probablement à cause de mon magnifique sweat à capuche zippé aux couleurs de mon équipe de football préférée. Ma mère a su choisir le meilleur cadeau.
Dire qu'un bout de tissu change tant de chose. Une robe qu'on veut depuis longtemps, des chaussures pour lesquelles on a craqué, un jean qu'on a depuis longtemps mais qu'on aime toujours autant, un voile qu'on a choisi de porter, un short qui ne veut plus rentrer dès qu'il atteint nos hanches mais dans lequelle on se sent si belle. Un assemblage de fils peut porter un sens plus profond que des milliers de mots parfois.
Je me suis réveillée d'une si bonne humeur que j'ai préféré appeler le chauffeur du bus pour lui dire que ce n'était pas la peine de passer me chercher. J'avais envie de découvrir la vraie fourmilière dans laquelle je vivais. Sortir pour une fois de ma zone de confort, de ma petite garçonnière et de mon parc.
À mon arrivée au lycée, je rencontre Sasha. Après une dizaine d'appels elle a finalement accepté de répondre et nous avons parlé de cette histoire. Enfin, elle avait surtout passé deux bonnes heures à insulter Connie, mais cela l'a un peu calmé. Elle me souhaite un joyeux anniversaire avec un grand sourire et me prend dans ses bras. Connie sort de je ne sais où et ils se mettent à me tirer à travers toute la cour et à crier à des gens qu'on ne connait même pas que c'est ma fête aujourd'hui.
Même si d'un côté j'aurais aimé me transformer en une de ces feuilles mortes qui jonchaient sur le sol, je devais avouer que c'était très gentil de leur part. Je me suis longtemps senti seule, isolée, incomprise. Puis ils sont apparus et m'ont rappelé à quel point c'est bien d'avoir des amis.
Hanji m'avait appelé à minuit tapante. J'étais en train de me préparer pour aller au lit et sa voix enjouée m'a permis de dormir avec un sourire niais. Jean, Marco, Christa et Ymir me l'ont souhaité quand je suis entrée en classe. Nous n'étions pas les gens les plus proches, mais nous nous apprécions assez pour cela.
De son côté, Moblit m'a longuement charrié avant de m'offrir un grand sourire accompagné d'un des "joyeux anniversaire" les plus sincères que j'ai pu entendre.
Armin m'avait téléphoné peu après Hanji. Quoi que je dise, je ne serais jamais capable d'exprimer ma gratitude envers ces deux-là.
Eren avait commencé à me taquiner en disant que je vieillissais, le bras négligemment posé sur mon épaule. Il ne semblait pas savoir qu'un combat intérieur faisait rage en moi. Une part de mon cœur ronronnait de plaisir alors qu'une autre guettait la porte d'entrée, attendant de le voir entrer, avec sa carrure athlétique, ses cheveux d'ébène, son attitude nonchalante et son air blasé.
Mikasa m'avait serrée dans ses bras et c'était plus que suffisant de sa part. Elle avait longtemps essayé de trouver les mots avant d'enfin me souhaiter un joyuex anniversaire, comme si elle ne savait pas comment s'y prendre.
Livaï n'était arrivé qu'après le début du premier cours de la journée. N'ayant pas pu lui parler, j'avais fait mon maximum pour créer l'occasion idéale, mais il semblait avoir oublié. Que ce soit au self, quand je me suis assise à la table d'à côté, sur le bord, ou quand j'ai failli le renverser dans le couloir, il me regardait à peine.
À la fin des cours, Hanji avait rassemblé notre petit groupe pour aller au Karting comme nous l'avions initialement prévu. En chemin, j'avais tout fait pour lui parler à part.
-"Livaï n'est pas avec toi ?"
-"Il était supposé venir ?"demanda t-elle, perplexe.
-"Non, non, c'est juste que tu le traines de force un peu partout. Je croyais le voir te suivre en grognant."
Le brune éclata de rire.
-"Monsieur déménage aujourd'hui dans une nouvelle maison."
Je me retins de poser davantage de questions. Hanji n'est pas dupe, elle finira par comprendre si j'insiste.
Après un après-midi inoubliable, j'avais fini première au terme de notre course. Jean était deuxième, Connie et Sasha ex aequo à la troisième place. Hanji a fait son propre parcours, ignorant ce que les moniteurs s'étaient tués nous expliquer sur la sécurité et la route à suivre et percutant Eren de plain fouet à plusieurs reprises en faisant ainsi échouer ses tentatives pour gagner. Mikasa, qui n'était jamais très loin du brun, les suivaient, se foutant bien de finir ou non sur le podium. Ymir, Christa, Marco et Moblit n'avaient pas voulu participer, se contentant de nous regarder en lançant quelques commentaires sarcastiques.
Au moment de la remise des prix, je m'étais réfugiée dans un coin reclus. Mon téléphone sonnait et un numéro inconnu s'affichait sur l'écran.
-"Allo ?"
-"Livaï ?"
-"Perspicace dis-donc."
-"Ça va ?"
-"Ouai. Pas la peine de te le demander. Avec les bruits d'éléphant que fait quat'z'yeux, j'imagine que tout va très bien."
Effectivement, même si je m'étais éloignée autant que possible, on pouvait entendre Hanji crier distinctement.
-"Joyeux anniversaire [t/p]."
Mon coeur bondit dans ma poitrine.
-"Merci Livaï."
Je me sentais d'humeur à le taquiner un peu.
-"Si c'est pour que Monsieur se donne la peine de m'appeler, je veux bien fêter mon anniversaire chaque jour."
-"Pourquoi ? Tu aimes entendre ma voix tant que ça ?"
Un silence gênant s'en suivit. Que... quoi ?
-"Remarque, ce serait con. Avoir un an de plus chaque jour."lanca t-il en changeant de sujet.
-"Un peu. Mais imagine qu'on puisse avoir deux cents ans en deux cents jours ?"
-"Relou. Tu n'auras quasiment pas profité."
-"Tu sais, en deux cents jours, il s'en passe des choses."
-"Et en deux minutes, ton chat a largement le temps de déchiqueter ton nouveau fauteuil. Je dois y aller avant qu'elle ne s'attaque aux rideaux. On dirait une Hanji miniature doublée d'une Isabel surexcitée."
-"Je te laisse galérer alors !"
-"Sympa... à plus."
-"Encore merci, Livaï."
-"hum."
Et il raccrocha.
J'avais envie de jeter mon téléphone par terre et de courir partout. Sauf qu'on ne déconne pas avec les téléphone, alors je le glisse doucement dans ma poche avec un grand sourire.
Je me précipite vers mes amis qui semblant tous révoltés à l'idée de partir aussitôt.
-"Et si on refaisait une autre course ?"proposa Eren, "Cette fois, je vais tous vous écraser !"
-"Ne parle pas trop vite petit con. Je compte bien prendre ma revanche sur [t/p]. Tu viens ?"
-"Oui, oui !"assurai-je en courant vers eux.
C'était sans aucun doute le meilleur anniversaire que j'ai passé.
Quand tu ne fais pas tes exercices de science pour écrire un chapitre de 1200 mots car tu sais que tu es très en retard... Désolé les petits Nekos, mais deux semaines d'exams, c'est exténuant ! À bientôt pour la suite 🖤.
~Caporal Neko
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