Day 174
A lire en écoutant : Back to you - Selena Gomez / Meet me at our spot - Willow, The Anxiety, Tyler Cole / Rewrite the stars - Anne Marie & James Arthur / Die alone - Finneas.
Dimanche 8 mars
À force de courir partout et de m'amuser comme une folle, toutes les friandises que j'ai grignoté se sont révélées incapables de combler ma faim. On aurait pu s'aventurer plus loin jusqu'à atteindre la ville la plus proche et manger quelque chose là bas, mais il faisait déjà trop tard, et de toute façon Livaï insistait pour qu'on rentre aussi tôt que possible.
Comme monsieur avait apparemment tout prévu, on a dégusté deux sandwichs qu'il avait préparé à la belle étoile. En plus d'avoir un tas de qualités, il cuisinait extrêmement bien.
-"Voilà pourquoi j'aime pas l'hiver."m'exclamais-je en pointant le ciel d'un doigt couvert de sauce.
-"Hein ?"
-"Il n'y a pas d'étoiles ! Que des nuages !"
Livaï sembla penser longuement à ce que je venais de lui dire.
-"Parfois ça ne compte pas trop. Il y'a des nuits assez belles pour que l'absence des étoiles passe au second plan."
-"Comme celle ci."soupirai-je en posant brièvement ma tête sur son épaule. Je revins à ma position initiale assez vite car faut pas déconner, j'ai un délicieux sandwich à finir moi, "Tu veux bien me donner un indice sur ce qui va suivre ?"
-"T'as qu'à faire le lien avec tout ce qu'on a fait jusque là."
-"Hein ? Tu te fous de moi ? T'as cru que j'étais Sherlock Holmes moi ? J'ai le QI des Springles réunis et crois moi, ça ne fait pas beaucoup."
Il esquissa quelque chose qui ressemblait à un sourire avant d'hausser les épaules.
-"C'est quelque chose que tu voulais. J'espère que c'est toujours le cas."dit-il en se relevant et en se dirigeant vers la voiture. Il en sortit un paquet de lingettes et en m'essuyant les mains, je tentais de me souvenir de ce que j'avais bien pu lui dire. Le soucis, c'est que je parle beaucoup. Tellement que j'en oublie ce qui a bien pu sortir de ma bouche.
-"Tu vas te débrouiller pour que je rencontre les One Direction ? Parce que je te promets pas que je resterais fidèle une fois que j'aurais croisé Louis Tomlinson."
-"En considérant que ce souhait doit dater, tu y es presque."
-"Mais depuis quand tu te la joues Dumbledore ? Tu peux pas parler clairement ?"
Il m'ignore et s'installe sur le siège passager.
-"Tu t'es trompée de place mon beau."lui dis-je.
-"Non. Tu vas conduire."
-"Toi, soit tu as mangé un truc dans cette fête qui t'es monté à la tête, soit t'as envie de mourir en cette belle nuit où on se gèle les ovaires."
-"Suis le GPS, il n'y aura pas grand monde en une heure pareille. Les seuls personnes que tu risques de tuer sont nous deux."
-"Qui t'as dit que je veux mourir moi ? Je suis encore jeune, j'ai encore tant de choses à faire sur cette terre."
-"Comme finir le devoir maison de Shadis ?"
-"Tout compte fait, crever n'est pas si terrible."
Je m'assis dans le siège conducteur et la peur me saisit d'un coup.
-"T'es sûr de toi ?"
-"Honnêtement, j'en ai tellement marre de conduire que je suis prêt à prendre le risque."
Au frais de mille efforts et de mille crises de panique, nous arrivâmes enfin à la périphérie de la ville, et je refusais d'avancer plus.
-"Non mais parce que conduire dans le désert quand on a pas de permis, ça passe un peu, mais compte pas sur moi pour le faire là où on risque de croiser des gens."
Il prit ma place en grognant et au fur et à mesure qu'il avançait, le trajet me semblait de plus en plus familier.
-"C'est moi ou on part au..."
Sa grimace se transforma en sourire en coin, ce qui me fit comprendre que je n'étais pas au bout de mes surprises.
-"Je doute que le restau' soit encore ouvert à cette heure."
-"Qui t'as dit que c'était notre destination ?"
J'essayais de repenser à tout ce qui se trouvait aux environs de notre établissement fétiche : le théâtre, fermé depuis un bon bout de temps et pas vraiment sécurisé, le parc, inaccessible à cet heure et la galerie d'art, elle aussi close.
Soit Livaï n'a toujours pas appris sa leçon concernant les méfaits de braver la loi et de s'infiltrer un peu partout, soit il a autre chose en tête.
Pourtant, il s'arrêta effectivement devant le restaurant, ce qui me surprit. Je repensais à son indice. Nous revenions pour la seconde fois dans ce même quartier, et nous étions en plein rendez-vous. Un peu comme notre tout premier date. Qu'est-ce que j'avais bien pu lui dire et qu'est-ce qu'il avait en tête.
Il ne dit plus rien, descendant et prenant ma main dans le sienne avant de s'infiltrer dans la ruelle d'en face, entre le théâtre et une pharmacie, surprise : fermée !
-"Euh Livaï ? Tu sais quand j'ai demandé si tu n'avais pas bouffé un truc empoisonné, j'étais sérieuse."
Il ne dit rien, ce que je trouvais particulièrement énervant. La rue était loin d'être la plus accueillante de la ville. C'était le type d'allées sombres dans lesquelles les héroïnes ne tenant pas tant que ça à continuer leurs vies paisibles sans histoires de mafia s'aventuraient. Le genre d'acte si con et débile que je roulais les yeux à chaque fois qu'une scène apparaissait.
Et me voici maintenant au plein milieu d'une de ces scènes. Yes.
Je suis joie.
-"Je pense pas que t'as saisi, mais les délinquants ne m'aiment pas trop..."murmurais-je en voyant un groupe très suspect nous fixer du coin de l'œil comme si nous étions leurs ennemis de toujours.
-"Tu n'as pas de soucis à te faire."
-"Wow ! Tu viens de résoudre tous mes problèmes existentiels !"
Et le voici à nouveau plongé dans son mutisme.
-"Livai. Sérieusement, qu'est-ce qu'on fout là ? J'ai encore du mal avec les virées tardives dans des coins douteux."insistai-je la voix chevrotante.
Il ne répondit rien à nouveau, ce qui commençait à me taper sur le système. Avec la peur qui grimpait en moi, je me sentais sur le point de céder à la pa nique.
Mais monsieur décida enfin de réagir en m'attirant vers lui. Il passa un bras autour de ma taille et attrapa une de mes mains de l'autre. C'était la seule façon de m'étreindre sans que ça ne gène notre marche, et honnêtement, j'avais envie de dégager de là au plus vite.
-"Rien ne t'arrivera. Je suis avec toi."
-"Et si tu devais partir encore une fois ?"demandai-je sans vraiment réfléchir. Ma question sembla cependant l'interpeler vu qu'il ralentit un moment avant de reprendre son rythme pressé, le regard dans le vague.
Mon regard quant à lui s'égare un peu trop. Et à force de détailler les environs, mêmes les bras de Livaï ne semblent plus aussi rassurants que d'habitude. J'enfonce alors ma tête dans son cou et ferme résolument les yeux, priant silencieusement pour qu'on quitte cette allée avant que je ne fasse une crise.
Je le sens ouvrir une porte et à le refermer derrière nous. Ce n'est qu'à ce moment que je me calme un peu. Quelques secondes plus tard, quand j'accepte enfin de le libérer de mon étreinte que la peur a rendue étouffante, je sens une odeur familière me chatouiller les narines. Une sensation de bonheur inexplicable s'empare de mon être. Le même type de joie qu'on ressent quand on goûte un met qui nous rappelle une sucrerie de notre enfance.
-"On n'est quand même pas dans le théâtre là ?"Je demande incrédule. La panique c'est évaporée, laissant place à une curiosité que je prends soin d'étancher en examinant chaque recoin de l'endroit où on se trouve. C'est impossible.
-"Surtout ne te gêne pas, fais comme chez toi."Se moque t-il en me voyant arpenter les couloirs et ouvrir toutes les portes qui se présentent à moi. Enfin, l'une d'elles me permet d'accéder à l'entrée du théâtre que j'ai traversé des dizaines de fois plus jeune. Livaï qui tâtonnait le mur sembla trouver ce qu'il cherchait vu qu'il appuya sur un interrupteur et que la salle s'illumina sur le champ.
-"Non..."Je laisse échapper en peinant à contenir mon sourire alors que je tourne sur moi même, admirant ce lieu magique à mes yeux.
Le lieu est comme dans mes souvenirs à quelques différences près. Il semblerait que les travaux n'ont pas beaucoup avancé.
-"Comment t'as fait pour avoir l'accès ? Il est interdit au public, même aux employés. Il y'a juste quelques architectes et les personnes responsables du projet qui y ont droit."
-"De la même manière que les dizaines de délinquants qui viennent fumer des trucs douteux ici. Les travaux sont en pause et le lieu est à nouveau rempli de drogués. Comme ils ne dérangent personne vu qu'il n'y a pas grand chose à détruire ou voler, on les laisse en paix."
-"Et comment as-tu réussi à les chasser ? tout le monde évite ce coin à cause d'eux la nuit."
-"J'ai une sacré réputation dans le coin. Ils savent qu'il vaut mieux faire ce que je dis."
Sous mon regard où le reproche se mêle à mon émerveillement, il lève les bras en défense.
-"C'est du passé, mais autant profiter de mes erreurs, non ?"
Il avance avec nonchalance vers l'une des salles et m'ouvre la porte. Livaï qui agit en gentleman, c'est un spectacle à ne pas rater.
-"Après vous mademoiselle."
-"Et ben dis donc..."
Je lui lance un regard moqueur et il m'offre un doigt d'honneur.
-"Je serais toi, je profiterais et je garderais mes remarques pour moi."
Je lui offre mon plus grand sourire et pénètre dans la grande pièce. Je ne sais pas si les pièces de mon enfance se jouaient là où si toutes les salles se ressemblent, mais j'ai l'impression d'y être déjà venue une centaine de fois. Les mêmes sièges rouges entre lesquels j'ai tant couru à la recherche de la meilleure place, les marches qui avaient entrainé mes chutes répétitives dont je garde une minuscule cicatrice au menton, la scène où j'ai toujours rêvé de monter, les rideaux majestueusement grands, le balcon qui à mes yeux de petite fille était réservé à l'élite.
Cela faisait du bien de revenir ici.
Je me sentais si perdue récemment. J'avais perdu mes repères habituels, j'avais osé sortir de ma zone de confort, j'avais souffert, muri, ri, pleuré et aimé. J'avais vécu à un rythme effréné que la [t/p] que je connaissais était incapable de tenir. Je l'avais semé en route à force de vivre plus dans le futur et ses craintes que le présent, bien que je veuille me convaincre du convaincre. Me tenir là, à fixer le lieu qui avait bercé mes fantaisies et mes rêves d'enfant me permettait de renouer avec elle. Un peu comme un checkpoint où je prenais une pause pour m'assurer qu'elle ne s'était pas trop égarée, qu'elle pouvait toujours me rattraper.
Puis il y'a ces souvenirs qui se bousculent dans ma tête. Les moments en famille qui me manquent tant, nos sorties les week-end, mes parents. Des images parfois insignifiantes, parfois énormes, mais tout aussi inestimables les uns que les autres.
-"Encore une fois, j'ai pas pu réaliser ce que tu voulais à cent pour cent. Ce n'est peut-être pas grand chose mais-"
Je me retourne pile au moment où il s'interrompt, se grattant la nuque comme il le fait à chaque fois qu'il est nerveux, ce qui aussi rare qu'émouvant. Il a dû interpréter mon manque de relation pour autre chose que l'immense gratitude et la joie que je ressens.
-"Non non, ce n'est absolument pas grand chose, ce n'était pas comme ci tu viens de m'emmener dans l'endroit le plus marquant de mon enfance en te débrouillant je ne sais comment pour nous garantir l'accès alors qu'il est fermé au public et que je croyais ne plus jamais y revenir."
Il me fixe un instant et secoue la tête avant de descendre les marches qui nous séparent pour enrouler son bras autour de mes épaules et me serrer contre lui.
-"Où est-ce que tu veux t'asseoir ?"
-"Pourquoi est-ce que ça compte ?"
-"On est dans un théâtre. Les gens y viennent pour regarder des trucs aux dernières nouvelles. Bon, il y'a une limite à ce qu'un mec de vingt peut faire donc on devra se contenter de l'écran de mon téléphone, mais c'est déjà ça."
-"Partons en haut alors !" dis-je après avoir serré sa main dans la mienne pour calmer un peu sa nervosité apparente.
-"Il y'a une raison derrière ce choix ?"
-"Quand j'étais enfant, j'ai toujours voulu m'assoir là-bas sans jamais pouvoir le dire à mes parents. Me demande pas pourquoi, je n'en ai pas la moindre idée."
Après s'être installés, Livaï sort quelques trucs à grignoter qu'il avait attrapé à l'entrée sans que je ne m'en rende compte. Pendant que je pense à à quel point je suis chanceuse de l'avoir, il ouvre le lecteur vidéo et lance le film. "Stardust", un de mes préférés. Même la nourriture et essentiellement constituée de ce que je passe mon temps à bouffer entre les cours. Il a vraiment pensé à tout.
Je pose ma tête sur son épaule et ne bouge que quand une des scènes que je connais par cœur vu le nombre de fois que j'ai visionné le film me fait réagir. Livaï esquisse de temps en temps de légers gestes, mais il est cent fois plus discret que moi. Au moment où je commence à me douter qu'il commence à s'ennuyer, je tourne le tête vers lui pour le voir concentré à fond sur l'écran. Les rares fois où il en dévie son attention sont les quelques secondes pendant lesquelles je sens ses iris me scruter.
Une fois notre séance improvisée terminée, je prends le temps de tracer chaque recoin de la salle dans mon esprit. Cette fois, je vais devoir saluer mon cher théâtre pour de bon, mais au moins, j'ai eu la chance grâce à Livaï de le faire en bonne et due forme.
Après quelques clichés pris de l'endroit, de nous deux et de ce moment magique, on descend les marches pour sortit de l'autre porte. En passant près de la scène, je fixe longuement les rideaux jusqu'à remarquer que quelques uns des pompons de décoration se sont détachés avec le temps. J'en prends deux et en tend un au brun.
-"C'est quoi ça ?"Demande t-il en attrapant avec beaucoup, beaucoup de réticence la petite décoration poussiéreuse. C'est à peine s'il la touche.
-"Un souvenir. Les photos, c'est joli, mais rien ne vaut un objet pareil."
Il hausse les épaules en ricanant et continue sans chemin vers la porte en le glissant dans sa poche. Après un moment de considération, je laisse un billet sur le sol, histoire d'avoir la conscience un peu plus légère. Comme ça au moins, je n'aurais pas trop l'impression d'avoir volé.
En sortant enfin, le vent me fouette le visage et me sort un peu brutalement de ma rêverie. Livaï nous a fait sortir par une porte différente et la ruelle que nous traversons est cette fois déserte. Quand nous atteignons la voiture, Livaï reste un instant debout devant à réfléchir.
-"Tu as sommeil ?"
Je secoue la tête pour lui signaler que non.
-"Ca te dit d'aller voir un lever de soleil à la mer ?
En lançant un regard à l'heure sur mon téléphone, je me rends compte qu'il ne reste effectivement plus trop longtemps, ou peut-être que si. Je m'en fous. Du moment que je vais passer du temps avec lui, le reste m'importe peu.
Alors on se met en route vers la plage privée où il m'avait conduite ce soir où je me sentais spécialement mal, et nous passons des heures à discuter. Deux, trois, peut être quatre. L'important est qu'on est ensemble, à parler de tout et de rien et à guetter le soleil.
Quand il pointe enfin le bout de son nez, mes paupières commencent à s'alourdir et le sommeil que j'ai sans cesse repoussé devient inévitable. Le brun me tend alors sa main pour m'aider à me lever et me raccompagne chez moi dans un trajet rythmé par mes bâillements répétitives. Où sont parties mes années d'expertise en nuits blanches où je lisais tout ce qui me tombait sous la main jusqu'à pas d'heure ?
Mon lit ne m'a jamais semblé aussi attirant.
Mais encore, c'est la même phrase que je me dis chaque nuit.
-"Merci Livaï. Merci pour tout. C'était vraiment incroyable."Lui dis-je en le saluant avant de descendre de la voiture. J'ai tant de choses à lui dire mais le sommeil a raison de ma langue.
-"C'était la moindre des choses. Dors bien, tu en as besoin."
Je le remercie une nouvelle fois, le serre furtivement dans mes bras à travers la vitre et m'en vais. Après un dernier signe de la main, j'entre dans la résidence et j'entends son moteur vrombir.
Au moment même où j'entre dans mon appartement, je me sens devenir un robot avec pour seul vocation de se jeter au lit, sauf qu'au moment où j'enlève mon manteau, je sens que quelque chose pèse dans la poche. Après une rapide inspection, je trouve une boite glissée près du pompom et essaie de me rappeler de son origine. Si ça trouve, Livaï l'a glissée là-bas pendant notre dernière étreinte. Alors je reporte mes retrouvailles avec mon lit chéri et l'ouvre.
Comme tu sembles les aimer. Comme ça, si l'envie te prend de commencer une collection, t'auras par quoi commencer.
Livaï
Au fond, un magnifique briquet Zippo simple d'un gris métallique qui me rappelle les iris de mon beau brun est caché. Je le prends entre mes doigts et frémit à son contact froid.
On dirait que je vais devoir redoubler d'efforts avec lui.
En attendant, avant de dormir, j'ai deux nouvelles possessions importantes à ranger.
Plus que 11 chapitres.
EEEEEEET C'EST LE RETOUR DES COURS POUR MOI. Et c'est aussi le retour par conséquent des écarts de publication des chapitres. Mais comme l'histoire approche de la fin, vous n'aurez plus à supporter ça longtemps. Je vous aime énormément, merci de votre soutien et à bientôt !
~Caporal Neko
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