À lire en écoutant : Wish you were sober - Conan Gray / Ma go - Moji Sboy / End of the day - One direction.

Mardi 4 février

Le jardin est très vite devenu aussi plein que l'intérieur. Si on a pu tenir plus d'une heure avec Livaï, on a fini par en avoir marre et partir se réfugier dedans, croisant au passage le flot interminable des invités fuyant la maison.

Sauf que l'intérieur n'est pas meilleur. Entre les jeux, les bavardages et le c*n qui continue à lancer des immondices de ses haut-parleurs, impossible d'entendre un mot de l'autre ou de trouver un minimum d'intimité.

Je ne connais pas très bien la maison des Jeager. Enfin si, j'y suis venue parfois. Jamais seule, vu qu'on faisait un saut chez eux principalement après une nuit chez Mikasa. Accompagnée de mes trois amis, je n'étais jamais seule pour pouvoir jouer les explorateurs. Pas que ça me tente particulièrement non plus. La curiosité, très peu pour moi. Je savais alors où se trouvaient les toilettes, la cuisine, la chambre d'Eren et celle des invités, autrement dit Mikasa. Et au vu des nombreuses portes que je n'avais jamais ouvertes, il y'avait encore bon nombre de pièces à visiter.

Tandis que j'essayais de retrouver dans un recoin de mon esprit une quelconque mention d'un lieu où on pourrait avoir un peu de calme, mon regard s'égara sur l'horloge murale. Minuit dix, et maman n'a toujours pas répondu à mon message lui demandant quand nous allions rentrer. J'avais l'impression d'avoir cinq ans.

La main de Livaï, qui avait emprisonné la mienne pendant que nous traversions le salon pour ne pas être séparés, nous entraîna dans l'escalier.

-"Si tu veux me kidnapper, tu peux faire preuve de plus de subtilité."

Il me lance un regard amusé et au lieu de s'arrêter au premier étage comme je m'y attendais, il continue à monter.

-"Tu sais où on va au moins ?"

-"boucles là deux secondes, tu veux bien ?"

-"Hep, hep, hep ! Déjà que tu me fais faire de l'activité physique non sollicitée en me faisant monter ces marches, mais en plus, tu me prives de ma liberté d'expression ? Quand es-tu tombé si bas Ackerma-?"

Pour me faire taire, il ouvre une lourde porte métallique et me balance presque de l'autre côté. En me réceptionnant de justesse, j'ouvre les yeux et fixe avec ahurissement l'endroit où je me trouve, à savoir le toit.

-"Qu'est-ce que- comment tu connais ça toi ?"lui demandais-je, impressionnée, en découvrant le lieu. L'arrière donne sur le jardin alors que de l'autre côté, une vue ordinaire sur la rue mais imprenable sur le ciel s'offre à nous.

-"C'est le même design que la maison de Mikasa, donc je me suis dit qu'il devait avoir un toit pareil aussi."

Il entre à son tour et entrebaille la porte avant de me rejoindre. Après m'avoir toisé un instant, il prend place sur le bord.

-"Eh ! Mais tu es fou ?! Tu veux mourir ou quoi ?!"couinais-je en le tirant pas le bras pour le faire bouger. C'était beaucoup trop dangereux !

-"J'ai l'habitude des hauteurs, ça ne me fait pas peur."dit-il sans pour autant se dégager, "Oh, mais c'est que tu as peur que je crève."

-"Bien évidemment ! Non seulement je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience, mais ça risque aussi d'être sacrément chiant sans toi dans le coin."

Je finis pas m'acouder au bord où il est assis, non sans lui lancer des regards inquiets de temps en temps, ce qui le fait paraître plus grand que moi. Ça me fait bizarre, mais ce n'est pas déplaisant.

-"T'es sûr qu'on a le droit d'être là ?"

-"En considérant que non, ce qui n'aura pas de sens, qu'est-ce qu'on risque ?"

-"Bah on va se faire gronder."

-"Et ?"

-"T'as envie qu'on te gueule dessus ?"

-"Qu'est-ce que ça peut me faire ?"

-"T'as pas de dignité ?"

-"Le rapport ?"

Je grogne de frustration.

-"Argh, laisse tomber. T'es trop con."

-"Avoue aussi que t'as juste les boules car tu n'as pas pu me convaincre."

Je ne dis rien et fixe le vide en bas de nous. C'est... à la fois engoissant et libérateur. Mes yeux finissent pas se poser sur le ciel et détailler les étoiles.

-"C'est fou quand même le nombre de gens qui s'entassent comme des sardines dans le jardin."lance t-il après un moment de silence.

-"Je pense que ça a un truc spécial. Genre, dans les histoires, c'est toujours là où, au milieu d'une soirée pourrie, on tombe sur la personne. Si ça se trouve, tout le monde espère que ce soit lui, l'héros auquel ça arrive."

Il hausse les épaules et lève le menton vers le ciel. Puta*n qu'il est beau.

-"On a pas eu besoin d'un truc revisité vingt six mille fois pour se croiser pourtant."

-"Si, on a eu notre premier échange dans le bus. Tu crois que ça arrive à quel fréquence que l'héroïne trébuche et tombe dans les bras du héros ? Certainement plus que tu ne le crois."

-"N'empêche qu'on se connaissait avant."

-"Mais on n'a jamais réellement interagi ensemble, pas vrai ?"

-"C'est parce que tu avais l'air chiante. Remarque, tu l'es vraiment."

J'hésite à lui donner une tape amicale puis ressonge à sa posture. Pas que j'ai assez d'audace pour prétendre avoir assez de force pour le faire tomber, mais je préfère éviter de prendre des risques.

-"T'en as de la chance quand même..."soupirais-je en laissant mes yeux se balader sur son visage sublimé par la lune.

Il tourna ses yeux métalliques vers moi et haussa un sourcil. Ses yeux ne me quittent plus mais je ne sens pas capable de soutenir son regard. Je reste concentrée sur le ciel étoilé sublime.

-"Tu t'en fous de tout. J'aimerais être comme ça aussi. Pouvoir faire tout ce qui me chante sans penser aux conséquences, ça doit te faire sentir libre."

-"Et qu'est-ce qui t'en empêche ?"

-"Je pense trop. À ce que diront les gens, ce que penseront mes potes, la façon dont ça impactera la manière delaquelle me voient mes parents, de l'effet que ça aura sur mon entourage. J'ai l'impression d'être enchaînée en permanence."

-"Et là, si tu pouvais faire n'importe quoi, qu'est-ce que tu ferais ?"

Je n'eus même pas besoin d'y penser. La réponse me paraissait comme une évidence.

-"Fuir. J'irai loin, loin de tout, sans que personne ne le saches. Là où je pourrais enfin me sentir libre d'être moi même."

-"Seule ?"

Son regard agit en cet instant comme un aimant et je commence à le détailler avec un petit sourire.

-"On n'est pas obligés d'être seul pour se sentir capable d'être nous même, sans filtre."

Il se retourne et fait passer ses pieds de mon côté, dos au vide. J'en fais de même et il me tire vers lui. Ça fait bizarre de me retrouver contre le torse de Livaï, moi qui me baissait pour laisser reposer ma tête contre son épaule. Il en profite pour déposer un baiser sur mon crâne et je me sens fondre.

Je me dis alors que c'est le moment, que je dois me confesser, de lui dire que ce n'est plus que de l'attirance physique, que ça ne l'a jamais été. Je sais qu'il on est conscient, mais j'ai cette envie, ce besoin de lui dire que je l'aime. À peine ai-je ouvert la bouche qu'il m'interrompt.

-"Alors, ça fait quoi de devenir la petite dans la relation ?"

-"C'est pas terrible. Je pourrais y prendre goût. Peut-être que je devrais aller chercher un mec plus grand que moi."

Et une pichenette sur le front.

-"Parce que tu crois trouver mieux que moi ?"

Je pouffe légèrement.

-"Espèce de narcissique, va."

-"Mais tu aimes ce narcissique, gamine chiante."

-"Mais tu aimes cette gamine chiante, Minimoys."

Un doigt d'honneur se dresse devant moi.

-"Quel romantisme Ackerman."

Il ne répond rien et me tend une écouteur après avoir mis "End of the day" de One direction. Je me mis à chantonner en me laissant un peu plus aller contre lui, oubliant pendant un instant qu'il risquait de tomber.

-"All I know at the end of the day, is you want what you want, and you say what you say, and you follow your heart, even though it'll break sometimes. All I know at the end of the day, is you love who you love, there ain't no other way. If there's something I've learned, from a million mistakes, you're the one that I want at the end of the day."

Sous le clair de lune, entre ses bras rassurants, je ne peux que consentir aux paroles, car je sais ce que je veux  et que je suis prête à suivre mon coeur jusqu'au boût, quelque soient les risques.

J'avais publié cette partie avant de me souvenir que je n'ai pas mis de petits mots à la fin. Et même je n'ai rien à dire j'ai annulé la publication pour ajouter cette partie totalement inutile. Merci et à bientôt !

~Caporal Neko