Day 131
Musiques à écouter en lisant : Change my mind-One direction./ Delicate-Taylor Swift.
Samedi 25 janvier.
Debout au milieu du couloir où se trouvent les portes des appartements, Livaï me fixe, la bouche légèrement entrouverte. J'imagine qu'il ne s'attendait absolument pas à ce que je le confronte, moi qui ai cette habitude de fuir constamment. Il demeura silencieux tandis que je fermais la porte et m'adossais à la rambarde du couloir qui donnait sur la cour de la résidence. Mes yeux suivirent un chat qui sautait partout, traquant peut-être un insecte qu'il avait vu bouger sur le sol. Je n'avais pas la force de lever la tête vers les étoiles. Mon cerveau était embrumé d'idées noires et la lumière de la lune risquait de m'aveugler.
-"Tu voulais discuter non ? Et bien vas y, lâche tout ce que tu as sur le cœur, je suis toute ouie."dis-je.
Livaï adopta la même posture que moi, bien que lui était complétement tourné dans ma direction et que deux bons mètres devaient nous séparer.
-"Tu as mauvaise mine"
-"C'est surprenant venant de toi. Normalement tu aurais dis que j'ai une sale gueule, ou une face de merde, ou que je suis une merde tout court."
-"Je suis sérieux."
-"Oh mais moi aussi. Qu'est-ce qui te fais croire le contraire ?"
Il se passa une main sur la nuque et soupira.
-"ça se voit que quelque chose ne va pas. Tu n'as pas répondu à mes messages ou à mon appel alors que tu n'as pas l'air d'avoir eu quelque chose de plus palpitant à faire."
-"Pourquoi tu m'as spammé d'ailleurs ?"
-"à ton avis ? Tu crois que j'ai oublié cette histoire avec Eren ?"
-"Tu veux avoir une réponse ? Ok, je te la donnerais, mais pourquoi tu fais une fixette dessus à ce point ?"
Il sembla soudain mal à l'aise. C'était drôle. Pour une fois que j'étais prête à l'affronter, il n'avait pas du tout l'air confortable.
-"Je sais pas moi. Comme par hasard, au même moment où il t'entraine à part pour te parler, tu commences à m'éviter quand on est au lycée pour des raisons débiles. Genre, sérieusement, qui prétexte qu'il doit partir aux toilettes pour refaire ses lacets ? Y'a pas d'excuse plus foireuse."
Sa remarque m'arracha un petit rire.
-"C'est vrai que c'était très débile. Je commençais à manquer d'idées alors j'ai dû improviser."
-"Donc tu avoues m'avoir éviter."
-"Pas vraiment. Je ne t'évitais pas, je ne voulais juste pas que les autres nous voient ensemble."
Un "Hein" indigné lui échappa. J'imagine qu'il ne s'attendait pas à une telle réponse, lui que tout le monde désire avoir.
-"Les gens parlent. Ils disent plein de choses, comme par exemple que je t'ai volé à Petra. Et disons qu'il font en sorte de me transmettre leur ressenti vis à vis de tout ceci dans des échanges... houleux pour dire le minimum."
Il ne dit rien, et je ne sus pas si c'était car il avait besoin de digérer l'information ou car je venais de confirmer ses doutes. Après tout, Livaï était très observateur.
-"C'est quoi ce bordel encore..."dit-il en se détournant de moi pour regarder le ciel. Le chat s'était arrêté et jouait en plantant ses griffes dans le tronc épais d'une plante.
-"Tu l'as bien dit."
-"Mais où ils vont chercher ces idées de merde au juste ?"
-"Au fond peut-être que ce n'est pas si merdique que cela. Vous êtes probablement les personnes les plus populaires du lycée. Tout le monde aime Petra et tout le monde t'admire. Tu es un peu le bad boy d'une histoire et elle la reine du lycée. Vous faites la paire. C'est limite naturel que vous soyez ensemble. Alors que moi, je ne suis qu'une tâche dans le tableau qui se fait remarquer pour la première fois après que vous ayez cassé. Les gens vont se faire des idées."
-"Se faire des idées ? J'ai l'air d'être le type de mec qu'on vole ? ou toi du type qui court derrière les mecs des autres ? C'est du gros foutage de gueule. Ils sont juste cons."
Un moment de silence s'en suivit.
-"Oui, ils sont cons. Oui, ils racontent des trucs débiles. Mais ça fait mal, tu sais. Même si je sais que toutes ces choses qu'ils me balancent à la gueule sont insensées, ça ne change rien à la situation, mais bon-"
J'avais envie d'ajouter ce "on finit par s'y habituer" que je me répétais sans arrêt dans ma tête pour me convaincre, mais il m'interrompu avant que j'en ai l'occasion.
-"Et tu comptes faire quoi à propos de cela ?"
-"Rien. J'ai fait ce que je pouvais mais ils n'ont pas arrêté."je marquais un temps d'arrêt, "Honnêtement, ta réaction me surprend un peu. Je m'attendais à ce que tu réagisses un peu plus violemment en sachant qu'on te mêle à ce genre de conneries."
Il secoua la tête et ses yeux retombèrent à leur tour sur le chat qui s'était allongé.
-"Moi, je m'en fous. Leurs conneries ne me touchent pas. Mais si ça te fait du mal, peut-être qu'une petite correction s'impose." Alors que je croyais qu'il en avait fini, il reprit, "Même si je ne sais pas trop si ça va t'aider en quoi que soit. Je peux leur fracasser la gueule. Je le ferais même avec plaisir, ça les fera certainement taire. Sauf qu'il faut penser aux dégâts déjà commis."
Encore une fois, le silence retomba. Il avait raison, et je ne trouvais rien à ajouter.
-"Alors tu comptes continuer à faire comme s'il n'y a rien entre nous jusqu'à ce qu'il finissent par y croire ou ça se passe comment ?"
Je sautais presque sur l'occasion. J'en avais marre d'hésiter à lui poser la question à chaque fois, c'était le moment ou jamais. Dans un geste brusque, je me dégageais de la rambarde et il en fit de même. Nous étions face à face maintenant.
-"Ce qu'il y'a entre nous ? Qu'est-ce qu'il y'a entre nous au juste ? Tu te rappelles de ce que tu m'avais dit quand j'étais venu te voir le soir de ton anniversaire ? Tu m'avais blâmé car je ne nommais pas l'attraction qu'il y'avait entre nous. Mais au fond, toi non plus tu n'as jamais rien nommé. Oui, on se plait. Je le sens certes, mais ce n'est pas suffisant. Tes gestes parlent pour toi, mais je n'ai jamais compris pourquoi tu te montrais aussi entreprenant sans jamais avoir essayé d'éclairer la situation entre nous."
Il fronça légèrement les sourcils et après un moment de réflexion fit un pas dans ma direction.
-"Peut-être parce que jusque là, les mots n'ont jamais été assez."
Je secouais la tête. Je n'avais pas envie de beaux discours, je voulais que tout soit clair.
-"Ce n'est peut-être pas suffisant, mais ça aide énormément. Tu n'es jamais explicite dans tes propos, tu nuances toujours tout et tu laisses le doute planer. Tu-"
-"Je veux me mettre avec toi. C'est assez explicite à ton goût ?"
Ses paroles me laissèrent bouche bée. Je parlais d'être direct, mais il me choquait quand même.
-"Tu me plais. Je me sens bien avec toi. Je te veux. Choisis la variante que tu préfères."
Un autre pas.
-"Ce qui compte réellement, c'est que tu sois prête. Les sentiments sont là, Il ne manque plus qu'à s'engager, mais en fuyant constamment, tu ne me donnes pas vraiment l'impression de le vouloir."
-"Ce n'est pas ça. Je... J'avais peur d'aller trop vite. Puis quand cette peur est partie, il y'a eu cette histoire au lycée avec tous ces jugements et ces médisances. Et puis, j'avais aussi peur que toi même tu ne veuilles pas de plus, ou qu'il te faille du temps pour oublier Petr-"
Il laissa échapper un "tch" agacé qui retentit fort dans le calme de la nuit.
-"Tu ne peux pas oublier ce qu'il y'a eu entre elle et moi deux secondes ? C'est de nous qu'on parle là. Je suis prêt à me jeter à l'eau si c'est ce que tu as envie d'entendre, du moment que tu t'en sens capable aussi. Tu te focalises trop sur le passé, sur les autres, alors que c'est nous. Nos sentiments, notre relation. Ne te compliques pas l'existence plus que raison. Ne pense pas trop à un truc que même les idiots sans neurones du lycée ont remarqué. Pour moi, on sort ensemble depuis ce soir où on a dansé tout les deux. Mais si ça va te rassurer, alors je peux très bien te le demander clairement. Tu veux sortir avec moi ?"
-"Je..."
Et voici le retour à la normale : Livaï, si sûr de lui qui est le total contrôle de la situation et moi qui balbutie comme une idiote.
-"Oui. C'est tout ce que j'avais besoin d'entendre."
-"Et pourquoi ?"
-"Parce que maintenant, quand j'enverrais un connard balader, ses paroles se feront éclipser par ce que tu viens de me dire. Mon cerveau n'aura plus à s'inventer des justificatifs pour se convaincre."
Un léger sourire étira ses lèvres.
-"Et bien, j'espère que maintenant tu ne vas plus te mettre à fuir toutes les deux secondes."
Je lui souris aussi. Je me sentais remonter du gouffre en m'accrochant à lui.
-"Crois-moi, tu devrais plutôt espérer que je te foutes la paix maintenant."blaguais-je.
Son bras s'étendit et il prit ma main pour me tirer vers lui.
-"Tu ressembles vraiment à Hanji en fait. Tu es extrêmement chiante, mais une fois que tu es entrée dans ma vie, je n'ai plus envie de te laisser partir."
-"Rien ne t'y obliges. Je ne compte pas m'en aller de toute façon."
Un dernier sourire échangé et après avoir contemplé ses iris sublimes, je pus lever les yeux vers le ciel.
-"The moon is beautiful, isn't it ?"Murmura t-il.
La lune est belle, pas vrai ?
-"Ouai, elle l'est vraiment."
Je ne m'attendais pas vraiment à ce que la première fois où quelqu'un me demandera de sortir avec lui se passera comme ça, dans le couloir d'une résidence sans la moindre discretion, alors que je ne ressemble à rien et que je viens de faire le plein d'idées noires, mais il faut croire que la vie ne va pas toujours comme on s'y attend.
Il n'y a pas de calme uniquement avant la tempête, mais aussi après.
ALORS ALORS ALORS.
VOUS SENTEZ LES EMMERDES ARRIVER ?
Nan je blague, ils méritent d'être heureux quelques temps. Soulignez le "quelques temps".
Merci de toujours suivre cette histoire et à bientôt 🖤.
~Caporal Neko
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