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Chapitre 31
-Leia-
Fin mai 2022
Ça y est. On y était. Le concert n'avait pas été repoussé une énième fois. J'allais aller au concert de PNL avec mon petit frère, Thomas.
J'alternais entre l'euphorie d'y être, de vivre enfin ce moment si spécial avec la chair de ma chair, de voir nos idoles sur scène. Et entre le stress et la tristesse de voir Tarik et Nabil. Parmi ces milliers de personnes en fosses à Bercy, me verraient-ils ? Surtout si j'étais aux premières loges... Mon ventre se noua à cette idée. Cela faisait déjà bientôt deux ans...
Ken m'avait bien évidemment laissé y aller. Je lui envoyais un message pour lui dire que nous étions bientôt arrivés sur place. Il me répondit qu'il était rassuré et qu'il me souhaitait un beau concert, qu'il savait que j'étais forte et qu'il croyait en moi. Les larmes me montèrent aux yeux, mais j'arrivais à les contenir. Je ne voulais pas ruiner mon maquillage ni me montrer dans cet état-là devant mon frère, même s'il avait assisté à bien pire. Tumasgiu prit ma main, remarquant mon changement d'attitude, il plongea son regard dans le mien et me transmis sa force. Il savait parfaitement ce que cela faisait. Car même si aujourd'hui il était avec Lydia, le fantôme de Clémence sera toujours en lui. Il ne l'oubliera jamais d'une certaine manière. Pourtant, ils ne se remettront jamais ensemble, comme moi et Tarik. Maintenant, j'ai Ken.
Devant l'immense salle de concert, une masse s'était formée chantant les musiques les plus connues par cœur. Les gens étaient excités, et avaient hâte de voir les deux rappeurs. Certains couraient s'étant trompés de porte d'entrée de la mythique salle de Bercy, maintenant appelée l'AccorHotels Arena. L'odeur de la clope envahit mes narines. Dans la queue le public fumait. Je n'en revenais pas, j'allais les voir seulement pour la première fois en concert. Je resserrais le papier de ma place de concert au creux de ma paume, et me pinçais. Non, ce n'était pas un rêve. Avec le Covid et la fin de notre relation, je n'avais jamais eu l'occasion de les voir sur scène, mais aujourd'hui, j'étais là. J'avais les mains moites et le ventre noué. Mais j'étais là.
On passa la sécurité sans problème. J'avais arrêté de fumer pour Ken, mais ce concert serait une exception. Alors j'acceptais la blonde que me tendit mon frère. Je la savourais jusqu'au bout. J'observais ce tube blanc et orange se consommer dans mes mains. Je fermais les yeux. J'entendais déjà la voix des deux frères dans ma tête. C'est comme si j'y étais déjà. Une fois nos deux clopes dans le cendrier, nous nous rendîmes vite fait à la boutique, avant qu'elle soit prise d'assaut à la fin de la représentation. Je n'étais pas en VIP, mais en incognito. Je ne savais toujours pas si je voulais qu'ils sachent que j'étais là, dans la salle. Après, je me doutais qu'ils finiraient par le savoir. Je fis une story de la salle. Malgré notre arrivée tardive sur place, nous étions seulement au troisième rang. Des potes réagissaient à mon post éphémère me souhaitant un bon concert. Je les remerciais et remis mon téléphone dans ma poche, je voulais économiser ma batterie. Mon tout nouveau t-shirt PNL tour était doux. Je l'avais noué autour de ma taille, ainsi que mon fidèle sweat Thrasher. On ne changeait pas une équipe qui gagne.
Dans la fosse en attendant DTF, une odeur de shit avait envahi la salle. Puis, ils arrivèrent, Karim avec une béquille due à l'accident de bus de la tournée. Samy le suivait, commençant les notes de Me Gusta, nous les suivirent en criant. J'ai bien cru qu'on n'aurait personne avant PNL, pourtant ils étaient là. Ceux avec qui j'avais passé tant de soirées à rigoler, parler de Vikings, de One Piece et bien d'autres choses. Ceux avec qui j'avais sauté dans la piscine en Corse, qui m'avaient fait couler. Ceux avec qui j'avais fait des batailles d'oreiller, ceux qui avaient été là dans le mal, comme dans le bien.
« - Je suis à deux pas de la Terre, à deux pas de la mort.
À deux pas de l'enfer, possédé par un monstre.
À deux pas de l'hypocrisie, à deux pas d'la trahison.
À deux pas du soleil, pressé d'quitter cette vie sombre.
À deux pas d'te dire "je t'aime", à deux pas de te dire "va te faire enculo".
À mille lieues sous la mer, comment ne pas avoir la tête sous l'eau ?
À deux pas de la peine, à deux pas de la haine, à deux pas de mon règne. »
Un pincement au cœur le traversa en les voyant comme ça. Je chantais les paroles par cœur. Je souriais, mais mon cœur saignait. On ne se parlait plus. Je sais que je ne suis plus avec Tarik, mais n'étais-je pas la famille ? N'étais-je pas QLF ? N'étais-je pas leur reuss ? J'avais dû me tromper...
Je me concentrais sur mon frère qui était beaucoup trop content quand après plusieurs chansons Comme tu veux se lança. Tout le monde dans la salle hurlait, nous étions sauvages, libres, connectés comme jamais aux QLF.
Ensuite, ayant fini leur prestation en balançant une exclue, DTF partit, nous laissant à l'entracte qui aurait dû durer seulement vingt minutes. Pourtant, notre attente fut bien plus longue. Au de plus d'une heure, l'écran s'alluma, les lumières s'éteignirent et nous pûmes observer la capsule atterrir sur Terre. L'écran devint noir pour laisser seulement deux petites lumières et pourtant bien plus grandes par leur symbolique, rose et bleu, elles portaient les couleurs de l'album Deux Frères.
L'une rose pour le feu, la passion, l'amour, la chaleur, la haine, l'agressivité et la douceur : Ademo, Tarik.
L'autre bleu pour la glace, la lucidité, le calme, l'indifférence, la dureté, l'ardeur, l'humilité et la bienveillance : N.O.S., Nabil.
D'un coup ils étaient là, sur scène. C'était la première fois que je les voyais depuis ma rupture avec Tarik. J'avais le cœur qui battait à deux cents à l'heure. Savaient-ils que j'étais là ? Même si j'avais un pincement dans la poitrine, la chaleur m'envahit, j'allais enfin les voir chanter leurs sons en concert. Un sourire se dessina sur mon visage, je croisais le regard de mon frère euphorique. J'étais heureuse, car Thomas l'était, et je savais que j'allais kiffer, peu importe mon passé avec les QLF.
Un grondement de cris sauvages, tels des gorilles, envahit l'habitacle. Nous étions N'DA. Des Z faits avec des mains illuminèrent le plafond. Nous étions là, pour eux. Nous étions QLF. J'étais QLF. Peu importe qu'ils ne me parlent plus. Je le savais au fond de mon cœur que je faisais toujours partie de leur famille. On ne peut pas renier totalement sa propre chair. Et même si mon sang ne coulait pas dans leurs veines, c'était tout comme. En tout cas, leurs sons affluaient dans tout mon corps. Je pensais PNL. J'écoutais PNL. Je chantais PNL. Je dansais PNL. J'étais PNL.
« - Bonsoir Paris ! S'écria AD.
Pas de Tarik sur scène ce soir, Ademo était là. C'était la première version de Tarik que j'avais rencontré, et c'était la dernière partie de lui que j'avais vue avant de partir. Celle qu'il avait décidé de choisir. Pourtant, quelque chose avait changé en lui, comme s'il laissait Tarik venir un peu sur scène avec lui. Il ne portait pas ses lunettes de soleil, nous laissant voir son âme. Que lui était-il arrivé ?
- Vous êtes prêts ? Demanda son frère.
Nous hurlâmes tous en chœur. Nos voix raisonnant dans toute la salle.
- On va passer une bonne soirée ensemble la famille. On va kiffer. Merci beaucoup.
- Ce soir on est à domicile. Ça fait plaisir. Rajouta Tarik. »
Deux frères commença. Je n'étais plus moi-même. Les musiques défilaient. J'étais transcendée, hurlant les paroles comme si j'étais possédée. Je me laissais aller, lâchant tout, toute ma rage, ma tristesse, mon amour. Car je les aimais toujours. Ils étaient ma famille et ça pour toujours. Alors, je dansais, chantais, me laissant porter par le beat.
Lors d'Autre monde, mon côté nostalgique m'envahit. Je vis devant moi tous nos souvenirs défilés. Je revis le concours, ma rencontre avec eux, nos conversations avec « le mec que tu s préféré à moi », notre rencontre à lui et moi... Puis les excuses de Nabil, celles de Tarik, les fois où il est venu à mon appartement, quand je l'ai sorti de chez lui après que Tarik se soit enfermé trois jours dans sa chambre sans manger. Je me remémorais la première soirée QLF, les nombreuses conversations sur les balcons, sur les toits, quand Nabil et moi, on était parti en Corse pour voir son père. Je me souvenais aussi des articles de presse, les fois où il m'a emmené en cours, nos scènes d'amour, nos disputes, puis quand il s'est éloigné, quand il s'est refermé sur lui-même et que je n'ai rien pu faire. Et forcément, je pensais à quand on s'est séparé. Une larme roula sur ma joue droite, je l'essuyais machinalement. Je tournais vers la tête vers Thomas, il ne m'avait pas vu. Je soupirais de soulagement.
Tempête commença. Je me laissais aller, voulant juste profiter du concert. C'était dur, car la présence de Tarik, de mon côté de la salle, me ramenait sans cesse à nos souvenirs. Alors je fermais les yeux, et je chantais.
Profite Leia. Profite comme s'ils n'avaient jamais fait partie de ta vie. Profite comme si tu étais une fan random.
Cela marcha. Je bougeais au rythme de la musique. Rouvrant parfois les yeux pour croiser ceux de mon frère rieurs. Je filmais parfois, voulant garder une trace. Les paroles sortaient naturellement de ma bouche, les connaissant par cœur. J'étais transcendé. Surtout quand je vis la prestation incroyable de mon frère de cœur, Nabil, sur Onizuka. C'était comme si il était possédé, happé par sa propre musique. Je hurlais à m'en déchirer la voix. Ma gorge me tiraillait, mais ce n'était que le début de ce que je donnerais. Car PNL, avant de les rencontrer, était déjà tout pour moi. Alors, forcément entendant ensuite le rythmé très summer de 91's, je dansais, criais accompagné du public et de la main de Thomas dans la mienne. On kiffait juste. J'avais oublié le temps d'un instant ma tristesse intérieure.
Pourtant, ce fut de courte durée, car dès les premières notes de Chang, mon cœur se brisa une nouvelle fois. C'était la chanson de Nabil. Celle qui lui allait le mieux, sa couleur. Quand il chanta son couplet, les larmes coulaient autant intérieurement, qu'extérieurement. Car je savais tout ce qu'impliquaient les mots qu'il nous confiait. Je comprenais ses rêves, ses peurs, sa tristesse, sa colère, son amour. Je me consolais en me rappelant que Nabil aujourd'hui n'était plus le même, car il était heureux avec Anna. Il allait bientôt se marier. Il avait avancé, comme Tarik. Cela se voit dans la manière dont ils dansent, parlent, chantent, et rigolent sur scène. Ce n'était plus les mêmes que lors de la tournée de Dans la légende. Alors je hurlais avec les larmes ruisselant le long de mes joues, les maux de mon frère de cœur :
« - Une chance qu'ils aient pas détruit mon bâtiment.
P't-être qu'un jour, j'pourrais l'montrer à mes enfants.
Où avec Tarik, papa, Sarah j'ai di-gran, là où j'étais qu'un fils de dit-ban.
Là où j'avais la confiance même avec les grands.
Parce que mon papa, c'était le plus méchant.
Laisse-moi toucher c'que t'as touché, laisse-moi aimer c'que t'as aimé.
Et dans l'œilleton d'la porte j'aimerais passer.
Pour juste une fois ressentir le passé.
Revenir là où tout a commencé, car on était aussi heureux, je le sais.
J'aimerais toquer à la porte et voir ton visage.
Sans les rides sur ton visage.
Te prévenir de ce qui te fera du mal pour ne pas te voir souffrir toute ma vie.
P't-être que ça m'permettra de devenir quelqu'un d'autre.
P't-être que j'aurais plus de lumière pour les nôtres.
Mais bon j'suis drogué, capuché, la porte va pas s'ouvrir.
Le présent m'chuchote "poto tu vas souffrir".
Donc mes enfants, j'leur mentirai que j'suis heureux.
Qu'ils soient jamais comme moi, jamais dans les ténèbres. »
Je hurlais ce moment précis. Car je me reconnaissant dans cette phrase. Ce n'est pas pour rien que j'ai toujours eu un lien avec les deux frères. J'ai cette noirceur, ces secrets, ce passé. Bien évidemment, je n'ai pas connu la misère, je n'ai pas vécu la moitié des souffrances qu'ils ont côtoyées. Mais, je sais, j'ai cette rage, cette haine qu'à AD. J'ai cette mélancolie, cet acharnement qu'à N.O.S. Je suis le M, d'une certaine manière. Et pourtant j'ai grandi, je suis plus apaisée. Mais une partie de moi sera toujours sombre, celle qui peut me faire basculer dans mes plus gros retranchements, celle qui abrite les pires côtés de mon âme. On dit souvent que je suis trop gentille, c'est parce qu'ils n'ont jamais côtoyé la noirceur de mon âme, celle que je ne montre jamais, et que je ne veux pas faire ressortir. Car quand je suis dans cet état-là, je ne me reconnais plus. Je suis un démon s'abattant sur mes proches, sur mes démons, sur moi-même, détruisant tout dans son passage. Je ne voulais plus me tuer à petit feu.
« - Sur cette chaise, dans ce hall, j'me sens si bien.
Ça me rappelle quand j'avais des rêves en chien.
J'aime trop mon zoo, tu comprends pas, pas l'même amour.
Grâce à mon Dieu ils ont pas cassé ma première tour.
Le paillasson a pris quinze ans comme moi poto.
Sauf que moi, j'vais partir, lui, il restera dans le ghetto. Peur de changer de vie, peur de désillusion.
J'aimerais revenir dans le passé toquer à la maison.
Ouvre-moi la porte que j'prenne Tarik dans les bras petit.
Que j'lui chuchote "ton frère sera toujours là, petit"
Ils m'prennent pour un fou au grand cœur, comme papa, mais en beur.
Et j'r'viendrai quelques fois regarder la porte, sans toquer, sans sonner, jusqu'à ma mort.
Et j'r'viendrai quelques fois regarder la porte, sans toquer, sans sonner, jusqu'à ma mort. »
J'étais possédée par les anciens maux de mon frère, celui qui m'a aidé, m'a fait confiance, qui m'a poussé à donner le meilleur de moi-même, celui qui m'a défendu, qui s'est battu pour moi. Mais voilà, aujourd'hui, notre relation n'était plus. Alors je lâchais quelques larmes en plus, je n'étais plus à ça près.
Et alors comme pour Onizuka Nabil ressortit N.O.S., il était transcendé par sa prestation. C'était devenu une tout autre personne, rampant à genouillé telle une bête sur la passerelle, c'était sauvage. Je grondais, feulais presque. La lionne en moi sentit leurs appels. Je laissais ma bête intérieure ressortir, et attendais avec impatience le couplet de Tarik. C'était ce moment dans le clip qui m'avait vraiment fait crusher sur lui, avec sa petite salopette graouuu. J'avais tout oublié. Qui étais-je ? Je ne savais plus. Je ne faisais plus que ressentir ce grondement qui nous traversait tous pendant que Nabil continuait de nous secouer par son interprétation brutale de Blanka. Aux premiers mots d'AD, j'hurlais comme si ma vie en dépendait. Mais c'était son moment, c'était notre moment. Je me rappelais de soirée où l'on chantait sur leurs sons, et qu'il me regardait en rigolant au milieu du salon, une clope derrière l'oreille et moi qui dansait et récitait par cœur leurs mots. Je mimais au milieu du public la chorégraphie que Tarik interprétait dans le clip.
Sur Kuta Ubud, notre côté animal ne nous lâcha pas. Nous étions N'DA. Mais tout se calma pour interpréter la sublime ballade À l'ammoniaque. Mon cœur se serra encore plus que tout le reste du concert. Il l'avait écrit avec Nab bien avant de me rencontrer. C'était plus la chanson d'Anna. Mais c'était aussi un peu la mienne, m'avait confié Tarik. Il me l'avait donné, je me l'étais approprié. Puis comme l'histoire de cette chanson, nous nous sommes empoisonnés à l'ammoniaque. Notre amour s'est envolé tel du sable pris dans une tempête. Même si l'image de Ken n'arrêtait pas de s'afficher dans ma tête, je ne pouvais cesser les tonnes de souvenirs qui m'envahissaient. J'entendais la voix de Tarik dans mon crâne. Quand je fermais les yeux, je pouvais sentir ses doigts caressant ma peau. Pourtant, cela fait plus d'un an et demi que nous avons cessé tout contact. Je pensais être passé totalement à autre chose, mais ce concert faisait remonter tous mes anciens sentiments à la surface : l'amour, la déception, la tristesse, la colère, l'admiration. Je me détestais pour être venue, pour ressentir tout cela. Je ne pouvais pas. Je n'avais pas le droit. J'étais en couple avec Ken. C'est lui que j'aimais. Tarik ne m'aime plus. Moi non plus. Nous sommes passés à autre chose. Nous ne pourrons jamais nous remettre ensemble. Cela ne marcherait pas. Nous finirons par nous empoisonnés de nouveau à l'ammoniaque.
Mais les deux frères ne me laissèrent pas le temps d'aller trop à mes démons, me stoppant avec la bonne humeur et les nombreuses références aux jeux vidéo via Shenmue. Bien évidemment, je pensais à notre amour commun de Zelda, mais cet amour me ramenait aussi à mon petit frère, à Thomas. Je croisais son sourire, il me filmait avec son téléphone. Je rigolais en voyant ça. On aurait tellement de choses à raconter à babbu et mamma. J'avais hâte de leur parler de notre concert, rien que tout le deux, entre frère et sœur.
Puis la chanson qui me liait à ma sœur QLF : Tonia. Celle qui me comprenait le mieux avec mon frère et Ken. Clément aussi, ainsi que Mei et Jeanne. Mais Tonia, elle, côtoie les QLF, elle fait partie de la mif. C'est la copine de Sabri, sa future femme. C'est une femme, brillante, courageuse, créative et droite dans ses bottes. Sans elle, je ne sais pas comment j'aurais pu traverser toutes ces dernières difficultés. Elle a été mon pilier lors de ces années sombres, surtout lors de ma rupture avec Tarik. Quasiment tout le monde m'a tourné le dos, sauf elle. Elle est restée, fidèle à ses valeurs, à ses amis, à sa famille. J'aime sa loyauté poufsouffle, même si c'est une serpentard. Je l'appelais en FaceTime et chantais avec elle les paroles, ou plutôt hurlais ces dernières, entouré de moi frère et connectée avec Tonia. J'étais bien, vraiment bien.
Puis le drapeau algérien, apparu sur l'écran de la passerelle, suivi de mon drapeau, celui qui représentait ma patrie : Corsica. Je sais que cela faisait référence à leurs propres origines, mais c'était comme un clin d'œil aux miennes. Je souris et montrais le tissu affiché à mon frère qui me sourit, c'était chez nous.
Après avoir la chanson de Nabil, j'eus celle de Tarik : Zoulou Tchaing, sa couleur, ses maux, ses plus grandes peurs. Il se dévoilait bien plus que dans ses autres musiques. Je sais ce qui se cache derrière ses mots. Alors quand ce fut le couplet de Tarik, je le fixais intensément, chantant les paroles de tout mon cœur. La paume sur ma poitrine pour appuyer mes pensées, je ne le quittais pas des yeux. Tellement que j'ai cru ne serait-ce qu'un instant que ses pupilles avaient croisées les miennes. Mais j'avais dû rêver...
Les deux frères ne nous laissaient jamais trop longtemps dans la mélancolie, je n'avais pas eu le temps de me remettre de mes émotions, de ses illusions que je m'étais imaginé, que l'instru' de Comme pas deux se lança. Le public connaissait toutes les paroles. J'avais l'impression d'être connecté à des milliers de vies, que nos vies étaient toutes liées par une seule et même chose : PNL. Ces hommes ont changé tellement de choses. Ils sont talentueux et ils niquent tout. Ils n'en ont rien à faire. Ils font leur bails, et ils le font bien. En vrai, ils ne s'en fichent pas de tout, ils restent juste fidèles aux leurs, et à leurs valeurs. J'avais ce trait de personnalité. Comme eux, je ne déviais jamais. Je suivais mon cœur, je continuais d'être moi-même.
Nabil, ce soir, m'impressionnait, dans son habitude, sa prestation, son sourire, ses high notes. Je frissonnais de tout mon être de voir mon frère de cœur comme cela. Il a eu beau me virer de sa vie, j'étais heureuse pour lui, de le voir comme cela aussi rayonnant. C'était un soleil ce soir. Anna le faisait briller de mille feux. Je ne la connaissais pas, mais je l'aimais déjà.
Au couplet de Tarik sur Comme pas deux, je ne pus m'empêcher de penser toutes les fois où lui et moi avions goûté à notre chair, se dévorant tels des bêtes sauvages. Je nous vis dans mon ancien appart sur mon clic-clac, dans ma douche, aux Tarterêts sur leur vieux canapé en cuir, dans sa chambre, dans son appartement à Paris. Partout là-bas, nous avions redécoré le bien, baptisant chaque pièce. Nous l'avions aussi fait dans son Audi noire. Bref, dans beaucoup trop d'endroits. Je me revoyais enfoncer mes ongles dans son dos, sa bouche dans mon cou déposant des suçons et mordillant ma jugulaire, je sentais à nouveau ses mains sur mes fesses, mes seins, je me voyais lécher son torse. Je nous rappelle nus comme des vers avec de la peinture partout. Je revois le désir dans son regard, je revois la rage, je revois l'amour et la confiance qu'il me portait.
Même après tous ces mois, je ne comprends toujours pas comment il a pu rejeter toute cette confiance qu'on avait mise entre nous. Pourquoi m'avait-il repoussé et s'était renfermé sur lui-même ? Je ne le saurais jamais, et c'est peut-être mieux comme ça...
« - Merci à la misère. Merci à ceux qui ont plus de moyens. On vit tous le même combat. Et on vit tous une belle vie. On est heureux. On a de la chance. Profitez de la vie, soyez vivant. Commença Nabil.
- On en profite pour parler, pour dire des choses, faire passer un message.
- Kiffez la vie la famille. Et aimez les vôtres. »
Comme une évidence, La misère est si belle commença. Nous chantions encore tous en chœur. J'avais l'impression de savoir de nouveau pourquoi j'étais sur cette Terre.
« - La misère est si belle (zoo). La misère et si belle (God). La misere et si belle (7G). La misère est si belle (bât' C). La misère est si belle (D5). La misère est si belle (D4). La misère est si belle (RER D). La misère est si belle (RER C). La misère est si belle (Ivry). La misère est si belle (Corbeil). La misère est si belle (Paname). La misère est si belle (ouais, bât' C). La misère est si belle (Nabil). La misère est si belle (Karim). La misère est si belle (Goku). La misère est si belle (Milwaukee) ; La misère est si belle (mes cafards). La misère est si belle (ma cave). La misère est si belle (mon hall). La misère est si belle (mon toit triste). La misère est si belle (Baba). La misère est si belle (Habiba). La misère est si belle (ma lionne). La misère est si belle. La misère est si belle (à ma vie). »
Est-ce que Tarik venait-il de dire ma lionne ? Avais-je bien entendu ? Parlait-il de moi ? C'était moi, sa lionne, non ?
Thomas me regarda aussi interloqué que moi. Alors il avait compris la même chose que moi. Pourtant, j'en venais à douter, à tout remettre en cause. Car cela ne pouvait pas être possible, non ?
Puis le murmure du public, montant dans les tours, commença à gronder comme le tonnerre, une tempête se préparait. Alors tous ensembles sans les deux frères, nous chantèrent le début de Le monde ou rien. Ce concert voulait ma mort. C'était trop d'émotions pour mon petit cœur fragile. Certes, je m'étais blindée, mais je restais humaine, et hyper sensible. J'étais faible face à mon ex. Avais-je réellement bien fait de venir ? Cela faisait remonter trop de souvenirs.
Les deux frères nous firent refaire le même manège pour Au DD, c'était un peu leur chanson far, que même les mamans venues accompagner leurs enfants chantaient sur le bout des doigts. Là, à Paname, chez eux, dans cette salle mythique, PNL étaient les rois du monde.
« - Avant d'interprété la dernière chanson de la soirée, on voulait faire passer un autre message. Commença Tarik au milieu de la passerelle.
L'écran descendait, il allait bientôt les entouré, les cachant du monde entier.
- On voulait dire je t'aime à nos proches, car on le dit pas assez.
- Ouais, c'est important de dire à votre famille, vos amis que vous les aimez, on ne sait jamais ce demain sera fait. Profitez de la vie et d'eux. Ajouta l'homme que j'avais aimé plus que ma propre vie.
- On voulait dire je t'aime à baba, Sarah, Yanis, Talya, Marouane et Anna. Ainsi qu'à Lucas, Karim, Samy, Sabri, Tonia.
- Mess, Moha, Amine, Jet, Sensei, Larry, David, et tous les autres, mais surtout à
- Notre lionne. Dirent-ils en chœur.
Automatiquement les larmes coulèrent le long de mes joues. Thomas attrapa ma main, alors que j'étais traversée de soubresauts. Je ne pouvais m'arrêter c'était trop dur.
Les fans autour de moi me fixaient étrangement s'écartant un peu. Des filles chuchotaient.
- On sait que tu es dans la salle ce soir. On pense à toi. On ne t'a pas oublié. Désolée de ne plus te parler, mais on t'aime. Reprit Nabil.
- Je ne t'ai pas oublié. Tu seras toujours dans mon cœur. Avoua Tarik.
- Maintenant la famille, on va vous demander de déconnecter. Coupez tout. Arrêtez tout et profitez.
Encore sous le choc, presque au sol, la main enserrant ma poitrine, j'éteignis mon portable difficilement, et me redressais avec l'aide mon frère.
- Vous allez bien ? Demanda un QLF.
- Ça va aller... Dis-je difficilement. Je suis juste émue.
- Tu penses que c'est l'ex de Tarik, celle des magazines ? »
Je ne répondis rien en attendant l'une des filles qui chuchotaient tout à l'heure.
Thomas me prit dans ses bras alors que l'instru' de Déconnecté se lança. Les deux frères disparurent derrière l'écran de la passerelle. Ils chantaient cette musique qui me rendait folle à chaque fois, me plongeant automatiquement en transe. Ce concert allait finir par m'achever.
Je suis perdue. Je ne sais plus ce que je ressens. Et alors qu'ils finirent la chanson, nous laissant seuls dans cette salle, je repensais à Ken.
Ken.
Ken.
Putanna Ken !
Je suis une merde.
Je ne peux pas ressentir ça.
J'ai envie d'arracher mon cœur, pour encore ressentir toutes ces choses pour mon ex.
Je croyais être passée à autre chose, me serais-je trompée ?
Est-ce que j'aime toujours Tarik ?
Mais non, j'aime Ken.
C'est forcément ça.
Putanna ! Je déteste les triangles amoureux, je veux ne pas en être ! Déjà, ce n'est pas un triangle, c'est un putanna de pic ! Car Tarik n'est pas amoureux de Ken, ni Ken de Tarik. Donc, voilà.
Je suis pathétique.
Je suis en train de retomber amoureuse de mon ex, alors qu'un homme incroyable m'attend à la maison.
Pourquoi vous avez dit ça au concert ?
Pourquoi vous êtes allé dans mon sens ?
Je vous déteste.
Tarik, je te déteste.
Bonsoir ! 🌆
J'espère que vous allez bien !
On s'est retrouvé pour ce fameux chapitre sur le concert des deux frères.
Avez-vous aimez ?
Leia ?
Thomas ?
Nabil ?
Tarik ?
Le concert en lui-même ?
Les réflexions de Leia ?
La déclaration des deux frères ?
Passez une bonne semaine et à vendredi prochain !
Ou en attendant sur mon insta saphirabluesharkwttpd 🥰
Saphira 💙
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