-23-
Chapitre 23
-Leia-
octobre 2023
Je garais ma voiture le long de la station essence, du bon côté de la trappe. Je coupais le moteur, sans oublier avant d'arrêter mes feux de positions et mon chauffage. Je l'avais mis au minimum, mais j'avais cédé. Il commençait à faire de plus en plus froid, surtout dans ma région natale. J'étais rentrée depuis une petite semaine pour mon anniversaire. La musique s'était coupée en même temps que mon moteur, après avoir retirée mes clefs. C'était encore et toujours un des albums des gars qui tournait. Quand on aime, on aime passionnément... ou un truc du genre.
Je sortais de l'habitacle avec un mouchoir en main, ma carte bleue dans l'autre. J'avais ouvert ma trappe. Je déposais le bouchon sur le sol, en attendant. J'insérais ma carte bancaire dans la machine. Je tapais mon code, ainsi que gazole. J'avais investi dans une New Beetle diesel, laissant ma vieille Fiat 500 à essence qui consommait beaucoup trop. Elle vidait mon compte en banque à une vitesse folle. Alors ma nouvelle coccinelle me sauvait la vie. J'étais tombée amoureuse de sa couleur bleu marine. Elle était plus foncée que mes cheveux quand je refaisais ma teinture. Je l'aimais déjà beaucoup. En un an et demi, elle m'avait bien servie. Pendant que je remettais le gazole dans ma voiture, je fixais les stickers sur mon pare-brise arrière :
Corsica ferries 22
Corsica ferries 23
J'étais partie avec Tonia et Jeanne l'année d'avant avec ma coccinelle, ainsi que l'année suivante avec mon frangin, sa nouvelle copine, pas Clémence... mais Lydia. J'étais quant à moi, j'étais venue avec Ken. On avait évité les coins touristiques et était partie en hors saison. Cela avait été tendu, mais nous avions réussi à passer entre les gouttes des paparazzis ou des fans.
Dire que deux ans auparavant, j'avais seulement mon permis, après toutes ces années à me battre pour l'avoir. J'avais eu la réponse quasiment le jour de mon anniversaire. J'avais vu cela comme un cadeau de la vie, un peu d'espoir après toutes les merdes qui m'étaient arrivé à cette époque.
octobre 2021
« - Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire Leia ! Joyeux anniversaire ! » Chantèrent tous mes proches en chœur.
J'étais touchée de les voir tous ici, dans la salle des fêtes de mon village, dans ma région natale. Elizabeth, Tonia, Larry et David avaient pu venir de Paris. Bien évidemment, il y avait toute ma team, même si certains habitaient loin aujourd'hui à cause de leurs études. Je les regardais : Clément, Mei, Jeanne, Maya, Éric, Alice, Martin et Lou. Les petits nouveaux étaient l'entourage de mon fennec : Ken, évidemment, Idriss, Théo, Hakim, Mikael, Mohamed, Mamadou, Alpha, Mathieu, ainsi que leurs copines : Margaux, Pauline, Amina et Juliette.
Encore cette année, Nabil ne serait pas là. Ni Tarik, bien évidemment, mais avec le temps, ce n'était pas mon ex qui me manquait le plus, mais bien les QLF, surtout Nabil... Lucas, Moha et Amine aussi. La plupart m'avaient unfollow sur les réseaux.1 Personne n'avait osé m'enlever de la conversation WhatsApp, à force d'avoir les notifs de ces gens auxquels je ne parlais plus, à mon plus grand regret, j'avais quitté moi-même le groupe. Chaque petit point rouge sur mon téléphone était un couteau tournant dans mon ventre. Malgré les mois passés, ma plaie était toujours ouverte. Pourtant, je constatais qu'elle s'était presque refermée. Mais cela faisait toujours aussi mal. Parfois, Moha ou Lucas réagissaient à mes stories, mais très rarement. Sûrement, à cause de Tarik, je ne pensais pas qu'il leur avait ordonné de me tourner le dos, ils l'avaient fait eux-mêmes, fidèle à leur famille : QLF.
Alors, oui, Nabil me manquait énormément. Cela avait été très dur d'aller en corse cet été avec Tonia. J'avais passé de merveilleuses vacances, pas comme celle avec Addison, mais me souvenir de Nabil et moi, ici, sur l'île de Beauté. Cela avait été une torture. Néanmoins, je n'étais pas dupe et me rappelais des paroles de Deux frères :
« Papa nous a cogné tête contre tête. Nous a dit "j'veux un amour en fer". J'veux personne entre vous, même pas moi, même pas les anges de l'Enfer. J'ai aimé mon frère plus que ma vie comme me l'a appris mon père. »
« Rien ne nous séparera, même pas nos bitchs.2 »
Je ne me considérais pas comme une bitch, non, loin de là. Mais je savais que son frère était plus important que tout, plus que moi... Pas que je les sépare, mais je pense que Nabil ne voulait pas se mettre son frère à dos ou le blesser en continuant à me fréquenter. Cela me rendait triste. Mais c'était comme ça, c'était la vie... Il allait bien falloir que je m'y fasse, à mon plus grand désarroi.
Les gars m'apportèrent mon gâteau au chocolat. L'un de mes préférés avec celui au yaourt à la fleur d'oranger et aux pépites de chocolat. Je n'avais pas cuisiné celui-là. Je pencherais soit pour Jeanne, soit pour Elizabeth. Elles me souriaient toutes les deux.
Allez relaxe toi Leia, c'est ton jour aujourd'hui. Oui, il manque des personnes comme Addison ou Nabil. Mais ça ira. Tu es bien entouré. Les vrais sont restés, et l'entourage de Ken s'est rajouté, aujourd'hui, faisant partie du mien.
Je souriais, les larmes me montaient aux yeux. J'étais heureuse d'être entourée de ces personnes, en ce jour, pour mon anniversaire. Je fixais la lueur des bougies avant de souffler, non sans avoir fait un vœu juste avant.
Je veux être heureuse.
Oui, je voulais être heureuse plus que tout. Cela aurait été bête de demander que ma situation avec les QLF s'améliore. Au moins, je voyais sur qui je pouvais réellement compter, pensais-je en regardant Tonia, David et Larry.
Aujourd'hui, j'avais les gars, avec ma team de toujours, ainsi que ma famille. Ken me couvait du regard, un sourire aux lèvres, un cure-dent au coin de la bouche. Cette vieille habitude lui venait de son ancienne addiction : la cigarette. J'avais arrêté de fumer un peu après avoir rencontré Ken. Je savais que pour lui, c'était dur de sentir ou voir quelqu'un cloper devant lui. J'ai senti que cela allait encore plus se corser, surtout si je venais vivre chez lui lors du deuxième confinement. Alors j'avais fait un choix. En soi, cela ne changeait pas grand-chose à ma vie, puisque je ne fumais qu'occasionnellement, principalement en soirée.
Quand on y pensait tout était allé si vite entre Ken et moi. Pourtant, nous avons mis un certain temps avant de se mettre ensemble. Néanmoins, l'attirance entre nous avait été instantanée. Il m'avait fallu du temps pour digérer cette rupture, pleurer Tarik, le détester, lui pardonner, pour enfin passer à autre chose. C'est à ce moment-là que j'avais compris que j'étais dans le déni face à mes sentiments pour Ken. Je les avais ignorés, enfouis au fond d'un trou. Mais Kaji les a déterrés me montrant l'évidence. Je le kiffais, lui aussi, nous n'avions plus rien à perdre, alors nous avons tenté. Et nous voilà aujourd'hui, ensemble, avec tous ses frères et sœurs dans la salle des fêtes de mon village natal pour fêter mon anniversaire. C'est fou. « Comment on a pu en arriver là ? Malgré une infinité d'trajectoires possibles, le destina choisi d'nous mener à cet instant précis dans l'univers. Qui aurait pu prévoir c'que le passé nous réservait ? » dirait Nek.
Je me le demandais vraiment...
Une sonnerie stridente, ainsi que des haussements de voix me sortirent de mes réflexions. J'étais en train d'ouvrir mes cadeaux. Tout le monde me regardait, rigolait, tendait leur paquet à tour de rôle. J'avais été gâtée, ils avaient vu juste. Mais voilà, lorsque je pensais en voyant la magnifique lampe manga 3D de Jiraya et Naruto que l'on m'avait offert, on me coupa.
« - Leia ? M'appela Framal.
- Hm...
- Quelqu'un te demande à l'entrée de la salle.
- Je vais aller voir. »
Qu'elle ne fut pas ma surprise quand je vis Addison devant la porte de la salle. Elle poussait un hurlement parce que Doums ne voulait pas la faire rentrer sans le mot de passe. Il n'y avait pas de mot de passe. Il s'amusait ? Je n'avais pas le temps de réfléchir à cela. Que voulait-elle ? Allait-elle enfin s'excuser ?
Lorsqu'elle me vit, Addie arrêta de hurler et me fixa durement depuis le porche.
Ok. Non, elle ne s'excusera pas. Elle est là pour autre chose. Cela va mal se passer.
« - Ah ! Te voilà !
- Pourquoi tu es venue Addison ? La questionnais-je, le dos droit pour une fois.
Je voulais lui montrer que je n'étais plus pareille. Je ne me laisserais pas faire, surtout pas après une trahison pareille.
- Pourquoi ?! Tu ne m'avais pas invité, si ?
- Oui... Mais tu ne pouvais pas, tu te rappelles ?
- Oh ! C'est un reproche ? Demanda-t-elle de façon sarcastique.
- Non, j'aurais compris. Depuis cet été, quelque chose s'est brisé. Nous sommes différentes, nous nous sommes éloignés. Mais je n'avais pas apprécié ton « on a toujours le choix ». Dis-je avec fermeté.
- En même temps, c'est vrai. On a toujours le choix. S'esclaffa-t-elle.
- Oui, mais cela n'empêche pas que cela peut être difficile. Alors tu m'excuseras si cela ne te convenait pas que je vous prévienne tous seulement une semaine avant. Mais j'ai préféré prioriser la santé de ma mamma, ainsi que le moral de mon babbu. Si tu n'es pas capable de comprendre cela, tu alors perdu toute l'empathie et l'humanité qui te caractérisait auparavant. Dis-je attristée.
- Tu es toujours aussi indécise, tu ne sais même pas prendre un choix aussi logique. Dit-elle d'une amertume acide.
- Ce n'est pas parce que tu détestes ta mère, que toutes les mamans sont comme ça. Je savais que beaucoup de gens ne pourraient pas être là. Pourtant, les meilleurs sont venus, ils ont fait le déplacement depuis des villes ou pays différents. Mais tu n'es pas capable de faire ça pour ta meilleure amie à ce que je vois.
- Parce que tu me considères encore comme cela ? Cracha-t-elle.
- Cet été, malgré ces vacances et les propos que tu as tenus, je t'aurais peut-être répondu « oui », mais aujourd'hui, bien évidemment que « non ». Tu pensais vraiment que ce que tu m'as fait allait passer comme une lettre à la poste. Dis-je échauffée.
- Pourtant, tu parles bien à Jeanne ?!
- Jeanne, Jeanne, pourquoi faut-il que tu ramènes toujours tout à elle ? Tu es jalouse ? M'énervais-je.
Depuis que j'avais pardonné à Jeanne, elle ne s'en remettait pas. Et déjà avant, elle n'avait jamais supporté notre amitié. Addison avait peur que je la préfère à elle. Aujourd'hui, je chérissais et estimais tous mes autres amis plus qu'elle. Addison avait tout gagné à s'être comporté de façon désobligeante. Elle récoltait la monnaie de sa pièce.
- Pff. N'importe quoi... Depuis que tu traînes avec des rappeurs, tu te prends pour je ne sais pas qui ! Redescends sur Terre, tu n'es personne ! Tu n'arrives même pas à trouver un travail dans ta branche !
Outch. Forcément, elle connaissait toutes mes faiblesses, mes doutes, mes hontes et mes secrets les plus lourds après ces vingt années d'amitié...
- Ah, ah. Tu ne dis plus rien, tu es comme tes rappeurs, cela fait la belle, menace, fait quelques rimes, quelques punchlines, mais après, en vrai, il n'y a plus personne.
- Répète ce que tu as dit ? Débarqua Ken.
- Oh, ton preux chevalier vient te sauver ? Tu n'es même pas capable de te défendre toi-même. Fulmina-t-elle.
- Tu sais quoi, Addison ? Certes, je ne trouve pas de travail dans ma branche, mais je suis toujours pleine d'humanité, contrairement à toi. Parce que tu n'écoutes que tes nouveaux putains d'amis. Reste avec eux alors. Il y a aucun problème, puisque je ne suis plus sur la même longueur d'onde que toi. Puisque que je ne te comprends plus, que je ne te reconnais plus, non. Parce que je ne me traiterai jamais aussi mal. Tu me fais détester cette ville. J'ai encore de la dignité contrairement à toi, car je ne parle pas de toi sur Internet. Depuis ce qu'il s'est passé, je n'ai jamais rien dit de mal à personne. Mais là, tu ne me laisses pas le choix. Parce que cette merde est embarrassante, tu étais tout pour moi, ma meilleure amie, ma sœur, ma mère, ma confidente, mon modèle. Et tout ce que tu as fait, c'est me rendre putain de triste. Alors ne perds pas le temps que je n'ai pas. N'essaye pas de me faire me sentir mal. Tu as tout gâché. Putain laisse-moi tranquille.
- Te laisser tranquille ? Laisse-moi rire... Dit-elle jaune.
- Oui, car tu vois, tu as raison, on a toujours le choix. Et mon choix, c'est que dégage de ma vie. Claquais-je.
- Ça tombe bien, car moi non plus, je ne veux plus de toi dans la mienne. Pouffa-t-elle.
Je n'en revenais pas. Cela ne pouvait pas être Addison devant moi. Je vois défiler tous nos souvenirs ensemble, de la maternelle, en passant par la primaire et le collège, pour finir avec le lycée et les études supérieures. Que lui était-elle arrivée ? Comment avait-elle pu autant changer ? Les gens changent, grandissent, mûrissent, n'ont plus les mêmes valeurs, mais là ? J'étais en pleine incompréhension... Je ne reconnaissais pas celle qui avait été tout pour moi. Qui était cette femme devant moi ?
Ken à mes côtés tenait fermement ma main. Quand il avait entendu ses dires à propos de ma défense, il avait tout de suite compris. Il m'avait alors laissé répliquer, sans s'en mêler. Il savait que c'était à moi de faire face à Addison. Pourtan,t il me broyait presque les doigts, je sentais son cœur battre dans son poignet. Ses veines étaient ressorties. Il était fou de rage. Il n'allait pas tenir aussi longtemps, surtout si elle en rajoutait une couche. J'avais envie de le rassurer, de le remercier, de lui dire que je gérais, que cela irait. Mais ce serait tendre une perche à Addison. Et une partie de moi, sentait au fond, que cette rupture amicale, cette dispute allait briser encore mon cœur. Pourtant, je m'y étais préparée ces dernières semaines.
- Il ne dit plus rien ton chevalier servant ? Éructa-t-elle.
- C'est toi qui dis ça alors que tu es censé être féministe ? Ken n'est pas mon chevalier, encore moins mon prince. C'est une personne à part entière, comme ma propre personne. Nous ne dépendons pas de l'autre. Si tu veux t'en prendre à quelqu'un, je suis là devant toi. Éclaircissais-je.
- Si je suis là, c'est parce que je tiens à Leia. Parce que je vois qui elle est pleinement. Je ne lui ai jamais manqué de respect contrairement à toi, qui est censé être sa meilleure amie, n'as-tu pas honte ? Critiqua Ken.
- Non, ça va. Je me porte plutôt bien. Surtout face à deux anciens dépressifs, fous.
Oh. Elle avait osé.
Elle avait osé me rappeler mon harcèlement scolaire, les rumeurs qui traînaient sur mon état mental. Les gens disaient que j'étais folle.
Et elle avait osé s'en prendre à Ken sur son passé dépressif, sur son ancienne tentative de suicide.
Non, la femme devant moi n'était pas mon ancienne meilleure amie. C'était quelqu'un dénué de cœur.
- Dégage. Fit une voix rauque derrière moi.
Je me retournais surprise. J'allais dire la même chose que... Hakim ? Mekra était là, derrière moi. Il m'avait défendu alors qu'on se détestait, qu'on se prenait la tête H 24 ? Cela devait être parce qu'Addison s'en était prise à Ken.
- Quoi ? Fit-elle faussement innocente.
Hakim l'impressionnait davantage. Oui, si j'étais elle, face à cet ours des cavernes furieux, j'aurais peur. Je fuirai loin, très loin...
- Dégage. Je ne me répéterais pas kehba.
- Et pourquoi ça ? T'es venue secourir la princesse toi aussi ?
Elle devait être folle pour provoquer Hakim comme ça, ou suicidaire.
Hakim s'avança le regard sombre.
Oh. Oh.
Cours Addison. Cours.
Avant qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, ni dire le moindre mot, Mekra l'a pris par le col.
- Tu touches encore une fois à un membre de ma famille, y compris Ken et Leia. Je te défonce, c'est clair ? » Dit-il durement.
Elle hocha la tête difficilement. Elle tremblait au bout du bras d'Hakim. Il la relâcha non sans lui avoir lancé un regard de tueur.
Alors ces rappeurs étaient-ils toujours aussi ridicules ?
Addison s'enfuit le regard hagard et apeuré.
Quand elle disparut au coin de la rue, je poussai un soupir de soulagement. Puis je me mis à pleurer. J'avais beau être pleine de colère et m'être blindé ces derniers mois, je craquais enfin. C'était trop. Ken se précipita vers moi. Il me prit dans ses bras, il chuchotait des mots doux au creux de mon oreille pour me consoler, me rassurer. Je ne les entendais pas. Ces mots dans ma tête étaient bien trop bruyants pour que je ne comprenne quoi que ce soit. J'avais envie de hurler, de taper le sol de toutes mes forces, de m'arracher la peau, de... J'étais tellement folle de rage. Je tremblais, soufflais, bouillonnais. Je n'étais plus moi-même. Du sang coulait le long de mes mains et de ma gorge. Mes ongles étaient enfoncés dans mes paumes, et mes dents dans ma langue. J'allais imploser si cela continuait. J'attrapais mon cou le tachant de rouge carmin.
Je... Comment respirer ? Pourquoi ? Pourquoi elle ? Non... PUTANNA !
« - Respire. Leia, respire. Suis mon rythme. Inspire. Un, deux, trois. Expire. Un, deux, trois. Inspire à nouveau.
La main de Ken avait attrapé la mienne pour la caler sur sa poitrine qui se gonflait d'air et se vidait au flux de sa respiration.
- Concentre-toi Leia. Inspire. Un, deux, trois. Expire. Un, deux, trois. »
Inspire. Un, deux, trois. Expire. Un, deux, trois.
Peu à peu, je reprenais le contrôle de mon corps. Les battements de mon cœur ralentissaient. J'y voyais plus clair. Une larme perla le long de ma joue. Mais j'étais calme. C'était la dernière larme que je verserais pour elle...
Je me redressais. Remerciais Ken en l'embrassant avec une fougue et une douceur torrentueuse. Puis je mettais un masque sur mon visage, d'abord, dur et froid, puis chaleureux et doux.
Hakim me fixa fortement, ne pouvant détourner le regard. Quant à moi, je marchais en direction de la salle des fêtes.
Rien, ni personne, gâchera mon anniversaire.
*
« - Si tu veux aller fumer, je ne t'en tiendrais pas rigueur. Déjà, parce que tu fais ce que tu veux, mais aussi, sache que cela ne me gêne pas. En plus, c'est ton anniversaire et avec ce qu'il s'est passé... Me confia Kaji.
- C'est gentil. Je t'avoue que ce n'était pas forcément dans mes plans. Mais là, m'en griller une ne me ferait pas de mal. Soupirais-je.
- Je sais. Commença-t-il. C'est pour ça, ne te gêne pas pour moi.
Je fixais l'homme que j'aimais intensément. Ses yeux caramel brillaient. Son bouc et sa moustache me faisaient complètement craquée.
Je me penchais et embrassais mon feu ardent : Ken Samaras. Mes doigts vinrent naturellement chercher ses cheveux auburn pour s'y glisser.
- Merci. Tu es si bon pour moi, trop. Affirmais-je.
- Non, tu mérites tout ça, et bien plus Leia. »
Je hochais la tête. J'avais fait du chemin, mais je n'avais pas encore une totale bonne opinion de moi-même. Pourtant, petit à petit, je me reconstruisais. Et ce n'était pas parce que certaines personnes ou événements cassait une partie du mur que j'étais en train de bâtir que je n'y arriverais pas, au contraire.
Je sortais un moment, après avoir piqué une cigarette à David et trouvé un briqué dans mes poches. J'en avais bizarrement toujours un, même à l'époque où je ne fumais pas encore. Je fixais ce tube blanc et orangé me demandant quand j'avais consommé ce poison la dernière fois... Il y a un an quasiment, juste avant que je ne squatte l'appartement de Ken lors du deuxième confinement.
Malgré le froid qui commençait à s'installer depuis quelques semaines, l'air frais me faisait un bien fou. On mourait de chaud à l'intérieur... Je m'adossais contre le mur, près de l'entrée. Je glissais mon pouce contre la roulette du briquet et faisais apparaître le feu.
« C'est pas l'Homme qui a créé le feu, c'est la foudre ».
Je prenais une bouffée de cette toxine et soupirais de bonheur. Je n'étais pas addict à cette substance pour mon plus grand bonheur. J'avais plutôt des problèmes avec la bouffe ou mon téléphone. Mais j'ai toujours fait attention à ne pas tomber dans ce genre de drogue.
« - Passes ton feu.
Ce n'était pas une question, mais bien un ordre. Je me tournais vers la voix grave qui avait ordonné cela.
C'était Hakim. Pourquoi cela ne m'étonnait pas ?
- Tiens. Dis-je en lui tendant le boîtier métallique.
- Ci-mer. »
Le silence s'installa. Je sentais le froid mordre la moindre parcelle de ma peau apparente. Je faisais moins la fière de mettre mise en bombe. Heureusement, que j'avais pensé à mettre mon sweat Thrasher par-dessus ma robe bleu azur.
La cigarette se consomma vite, trop vite à mon goût. Je savourais chaque bouffée de cette fumée toxique, laissant entrer la nicotine dans mon corps me détendant. Je me laissais glisser sur le mur crépi pour tomber au sol. Les jambes repliées devant moi, je fixais la nuit. Les réverbères étaient encore illuminés. Ils ne tardaient pas à s'éteindre. C'était plus écologique, mais surtout, cela faisait des économies pour la mairie du village.
« - Tu m'as impressionné tout à l'heure. Lâcha Mekra.
Je ne dis rien, perturbée par la remarque d'Hakim.
- Ce que tu as dit sur Ken, c'était bien.
- C'était normal. Dis-je penaude.
J'étais démunie face à cette conversation. Je ne m'y attendais pas du tout, surtout venant de lui. Mais voilà, il était là. Voulait-il s'excuser ? Pourquoi au final, on se déteste déjà ?
- Smeh.
- C'est rien.
- Accepte-les.
J'imaginais ce que cela lui avait coûté de me dire ses excuses. Il avait toujours été comme ça, un homme fier.
- Je les accepte.
Voyant que ma cigarette s'était éteinte, il m'en proposa une de son paquet.
- Je sais que tu as arrêté pour lui. »
Au lieu de penser que c'était un test, un piège, comme d'habitude. Je compris que c'était de la reconnaissance pour ce que j'avais fait pour Ken. Je pris alors une de ses roulées déjà préparées. Il fit de même. J'allumais la sienne, puis la mienne. Il hocha la tête en guise de remerciement.
Nous restâmes là, dans le froid, devant la salle des fêtes, de longues minutes, sans rien dire.
Peut-être que tout n'était pas perdu ?
1 unfollow : se désabonner d'un compte ou d'une newsletter en anglais.
2 bitch : insulte à caractère sexiste, chienne en anglais.
Bonsoir ! 🌙
J'espère que vous avez passez une bonne semaine 🖤
Qu'avez-vous pensez du chapitre ?
Leia qui a enfin le permis ?
L'ambiance de son anniversaire ?
Sa peine par rapport aux QLF, et surtout à pour Nabil ?
Addison qui vient perturbé la fête ?
Leur dispute ?
Addison ? 🤬
Ken qui intervient ?
Mekra aussi ?
Leia qui après tout ce temps finit par craquer ?
Ken qui l'a rassure et calme sa crise d'angoisse ?
Le rapprochement entre Mekra et Leia ?
La fin du chapitre avec lui ?
Vous pensez qu'il va se passer quoi dans les futurs chapitres ?
Je vous souhaite à tous une très belle semaine ! 💕
Prenez soin de vous 🙏🏼
A mardi soir pour une petite surprise! 🎉
Saphira 💙
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