Chapitre 22

-Leia-

octobre 2023

« - Tu sais, que tu m'avais fait penser à moi le soir où on s'est rencontré.

               Je regardais Ken intrigué. Où voulait-il en venir ? Voyant mes sourcils froncés, il entreprit de m'expliquer.

-       Ça m'a ramené a il y a six ans, lors de ma rupture avec Riley. J'étais, moi aussi, parti dans les rues de Paname.

-       Oh...

-       Je ne pouvais pas rester en place. Elle m'avait quitté. Pourtant, je savais que c'était de ma faute. J'avais été absent. Mais elle était jalouse maladive. À chaque fois que j'essayais d'être là, de la soutenir, de la chérir, elle me prenait la tête, faisait des crises, disant que j'utilisais sa notoriété.

               Je fixais Ken sans savoir quoi dire. Je connaissais l'histoire par cœur maintenant. Il m'avait tellement bassinée avec Riley pendant une période qu'on ne faisait que se disputer. Contrairement à Tarik, on avait su rebondir, parler, trouver des solutions, des compromis, au lieu de se refermer et rejeter l'autre. Et puis... je ne pouvais rien dire, moi aussi, je l'avais assommé avec Tarik.

-       Elle m'avait demandé si je faisais ça pour briller. Je lui avais rétorqué qu'elle était folle, puisqu'elle était mille fois plus connue que moi.

               Je faisais le même regard que d'habitude. Ken comprit.

-       Oui, tu ne la connaissais pas et comme beaucoup aussi. Mais dans le milieu de la mode, c'était quelqu'un, une grande égérie. Sortit-il.

Je faisais encore plus les gros yeux.

-       Je sais que tu n'aimes pas quand je parle de Riley, mais c'est pareil pour moi avec Tarik. Enfin, non, ça m'embête moins, car je sais que ce n'est pas comme avec ton premier vrai amour, ton ex-là... Naël. Alors que Riley, pour moi, c'est la première femme que j'ai aimée comme ça.

-       Oui... Après, je comprends. Tu as besoin de parler d'elle de temps en temps. Et je fais la même chose, donc je ne peux pas te jeter la pierre, en sois...

-       Viens-là. » Dit-il m'ouvrant ses bras.

               Je refusais dans un premier temps boudant, j'étais une vraie gamine. Mais je finissais toujours par céder. Il se moquait toujours de mon air boudeur. Il obtenait toujours mon sourire, le seul témoin de sa victoire. C'était toujours pareil. Et je sais, que même s'il avait vécu cela avec elle, je n'étais pas Riley. Nous nous aimions. Nous étions Leia et Ken. « Kenia » comme dirait Doums, cela le faisait rire, car cela faisait « Kenya »...

Ah, la, la...

octobre 2021

« - Seul face à mon reflet, c'était là que j'avais compris que je lui faisais du mal, tu vois ? Me demanda-t-il.

-       Hum.

-       Je crois que je n'ai jamais été aussi mal... Il se reprit. Si, en fait, j'ai déjà été plus mal que cela. Mais bon... Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas été autant.

J'écoutais Ken attentivement même s'il m'avait compté l'histoire un milliard de fois. Du moins, j'essayais...

-       J'ai rendu la seule qui m'aimait triste. Celle qui s'était éprise de mes tristes débris. Mes regrets m'avaient alors étripé, car j'ai vu mes écrits la détruire, la déprime l'amaigrir. Elle n'était plus que le reflet d'elle-même. Je culpabilisais tellement que j'ai écrit Humanoïde et O.D.

Kaji s'arrêta et me regarda, les yeux en peine. Je ne savais pas quoi dire.

-       Kaji, aujourd'hui, elle va bien. Riley vit de sa passion et est en bonne santé. Tu devrais te concentrer sur toi. Surtout que ce n'est pas que de ta faute dans cette histoire. Tu l'as dit toi-même, elle faisait beaucoup de crise. Elle ne voulait pas que tu partes en tournée de peur que tu ne la trompes avec une fan ou une meuf du staf.

-       Je sais bien... Mais l'amour ça m'avait rendu aigri. Comme la fin d'un monde où le soleil mourant est gris.

-       Je sais Ken, tu me l'as déjà dit. Répondis-je, un peu agacée.

-       Désolé... Je fais que me répéter.

-       Oui...

-       Après, tu peux dire toi avec Tarik. Me lança-t-il comme pique.

Oh. Wow. C'était bas, ça, Ken.

- Ken, cela fait plus de quatre ans que c'est fini avec Riley. Moi, cela fait seulement un an. C'est encore tout frais. Tu ne peux pas comparer.

- Tu parles, tu es sortie avec Tarik, quoi, trois mois avec ?

- Non. Dis-je en grinçant des dents.

Je marmonnais dans ma barbe, rageant.

-       Quoi ?

-       On est sorti ensemble bien plus que ça...

-       Genre six mois tout au plus.

-       Huit mois. Déclarais-je.

-       Ouais, donc même pas un an. Tu ne peux pas comprendre. Je suis sorti avec Riley pendant quatre ans. Je pensais que j'allais me marier avec et avoir des enfants.

-       Ce n'est pas parce qu'avec Tarik, je n'avais pas encore ce genre de projets, que notre amour était moins fort.

Il allait répliquer, je l'interrompis.

-       Je sais, on ne se remet pas facilement d'une relation comme tu avais avec Riley. Tu étais très amoureux d'elle. Je ne remets pas cela en cause, ni la douleur et le temps qu'il t'a fallu pour t'en remettre, au contraire. C'est juste, qu'en ce moment, surtout après toutes ces semaines où tu t'es remis à parler d'elle, cela me pèse sur le dos. J'ai l'impression d'être une merde comparée à elle. Que si elle revenait, tu quitterais tout pour te remettre avec elle. Et j'ai aussi l'impression qu'avec cette conversation, que tu dis que Tarik et moi cela n'a pas compté. Alors que non, Tarik et moi, c'était très sérieux, même si on n'est pas resté longtemps ensemble. Je l'aimais plus que tout.

Et là, sans que je ne puisse rien contrôler, je me mise à pleurer à chaudes larmes. C'était trop. J'accumulais trop de choses. Me disputer avec Ken, c'était tout sauf ce que j'avais besoin en ce moment. Au contraire, j'avais besoin du soutien de Kaji, et lui aussi d'ailleurs. Je n'aimais pas quand on se tirait comme ça dans les pattes.

-       Pardon Leia. Ça ne va pas en ce moment. Du coup, ça se répercute sur mon humeur et mon comportement. Mais ce n'est pas une excuse, je ne devrais pas être comme ça...

Ken me serra fort contre lui, puis s'écarta pour mieux me regarder dans les yeux. Je n'arrivais pas à soutenir son regard à travers mes larmes qui continuaient de couler.

-       Tu n'es pas une merde Hoshi. Bien sûr, tu n'es pas Riley, mais c'est pour ça que je t'aime. Car tu es toi : Leia Paoli. Cela n'a pas marché avec Riley pour mille et une raison. Mais tu n'es pas elle, et je ne suis plus le Ken qu'elle a connu. Tu n'es pas une merde Leia. Tu es quelqu'un d'incroyable. Désolé si en ce moment la période me fait repenser à mon ancienne relation.

Mes pleurs avaient beau commencé à se calmer, j'étais traversé de hoquets interminables. J'étais sur les nerfs, prêt à exploser encore plus. La main de Ken caressait la mienne, comme pour essayer de me rassurer et de m'apaiser.

-       Ce n'est pas parce que j'ai eu du mal à me remettre de Riley que je dois t'imposer cela. Surtout que toi aussi, tu as beaucoup à gérer. Tu n'as pas à supporter encore le poids de mes souffrances. C'est moi qui ai l'impression d'être une merde à t'imposer cela.

-       Non, Ken. Tu n'es pas une merde non plus. Aucun de nous, n'est une merde.

-       C'est vrai. Nous sommes le fennec et la lionne, le feu et l'étoile.

-       Oui. Jusqu'à ce que l'amour nous sépare. Tu m'aimes ?

-       Je t'aime, jusqu'à ce que l'amour nous sépare.

Je me détendais de plus en plus, comme soulagée et consolée.

-       Si Riley revenait, pour rien au monde, je quitterais tout pour me remettre avec elle. Aujourd'hui, c'est toi et moi, Leia.

-       Hum. Arrivais-je tout juste à dire.

-       Et je n'ai jamais voulu te donner l'impression avec cette conversation que Tarik et toi cela n'a pas compté. Bien sûr que vous deux, c'était très sérieux, même si vous n'êtes pas resté longtemps ensemble. J'imagine mal Ademo sortir aussi sérieusement avec une meuf pour le fun. S'il s'était engagé, c'est que cela représentait beaucoup.

-       Alors pourquoi tu as dit ça ?

-       J'étais en colère.

-       Pourquoi ?

-       Je ne sais même pas. Je voudrais revoir quelqu'un. Je suis toujours en colère à cette période. J'ai jamais compris pourquoi...

-       Ken ?

-       Oui ?

-       Promets-moi qu'on va tout faire pour la vivre notre histoire. Promets-moi qu'on va essayer, qu'on va parler, trouver des solutions, s'aider, s'aimer...

-       Je te le promets, jusqu'à ce que l'amour nous sépare.

-       Jusqu'à ce que l'amour nous sépare. »

octobre 2023

« - Désolée.

-       De quoi ? Me demanda Ken, paumé.

-       De ne pas avoir assez écouté et été assez patiente avec toi, lors de cette période compliquée pour toi.

-       Tu sais Leia, c'est du passé. Et toi aussi, tu passais une mauvaise période. Tu galérais à trouver du taf dans ta branche, tu bossais comme une ouf à DoMc avec tous tes projets à côté, Addison t'a tourné le dos, les QLF aussi, même Nabil. Et en plus de tout ça, ton grand-père est mort...

-       C'est vrai. » Dis-je les larmes me montant aux yeux.

Quand je pensais à certaines périodes de ma vie, surtout quand c'était frais, je ne pouvais m'empêcher de ressentir les mêmes émotions qui m'avaient traversées à ce moment-là. Bien évidemment, quand j'avais bossé sur ces événements, pris du temps pour moi, évoluant, mettant du recul sur ces situations, je m'en fichais. Ce serait triste et dur de rester accrocher au passé. Mais cette période, dont la mort de mon grand-père, était encore récente. Cela me tuait, je passais à autre chose, faisait mon deuil de certaines relations ou lieux, mais non la vie te rattrape toujours...

Même si mon babbone était malade depuis des années –moins que mammona- son cancer à la base était plus facilement soignable, il y avait de grandes chances de guérir. Sauf que le temps est passé et la maladie s'est aggravé. On ne pouvait rien faire. Mon babbu était de plus en plus mal de voir son père comme ça... Heureusement, j'avais profité de lui. J'étais allé le voir lors de mes visites en Corse avec Nabil, Tarik ou encore avec Tonia. Je l'avais appelé souvent.

Le jour de sa mort, je n'ai pas pleuré. À l'enterrement non plus. J'étais comme vide quand ma mammona m'avait appelé. Mon babbu s'est écroulé à côté de moi. Mon ziu s'était remis à fumer.1 Ma zia, quant à elle, s'était à nouveau effondrée, le décès lui rappelant la perte de son père quelques années plus tôt.2 Je n'y arriverais pas. Je me rassurais en me disant que j'étais moins proche de lui, que je ne réalisais pas, ou alors que c'était pour rester forte pour ma famille. Je m'en suis voulu, de ne pas pleurer sa mort. Surtout moi, Leia Paoli, la fille la plus sensible de la famille. Je crois que je me suis forcée.

Ce n'est que des mois après, lors d'un détail anodin. Une exposition de tableaux en son hommage, en voyant ses peintures et en me rappelant qu'il ne m'avait jamais fait sa critique sur ma peinture. Celle que je leur avais offerte l'année d'avant, pour Noël. Il m'avait dit qu'il me ferait cette explication plus tard, un jour où il irait mieux. Sauf qu'il a fait séjour sur séjour à l'hôpital. Je n'ai rien pu faire... Il a fallu tous ces mois, ce détail anodin, pour que je mette à pleurer, au point de chialer toute la nuit sur un vieux son de Nolwenn Leroy : Brest.

Cette nuit-là, Ken et moi, on s'est réconcilié sur l'oreiller comme deux ans auparavant. J'ai pleuré toute la nuit dans ses bras, de tristesse, de bonheur et de plaisir. Ken lui pleurait à l'intérieur. On a longuement parlé après nos ébats, posés sur les chaises de la terrasse de notre appartement, avec comme seule compagnie la lune.

Jusqu'à ce que l'amour nous sépare.

1 ziu : toton, oncle en corse.

2 zia : tata, tante en corse.

Bonsoir ! 🌇

J'espère que vous avez passez une bonne semaine ☺️

Qu'avez-vous pensez du chapitre ?

La dispute entre Leia et Ken ? 🥺

Riley vous pensez qu'elle était comment ?

Ken avec Leia ?

Leia ?

La mort de son grand-père ?

La fin du chapitre ?

Vous pensez qu'il va se passer quoi dans les futurs chapitres ?

Je vous souhaite à tous une très belle semaine ! ✨

Prenez soin de vous 🙏🏼

A vendredi soir pour le prochain chapitre !

Saphira 💙