~Chapitre 5~
20 Février 2 222
J'attends avec impatience depuis maintenant deux semaines le message aérien de Diranor, c'est comme ça qu'on les appelle. J'ai tellement hâte que Kaeya doit me détester étant donné le nombre de fois où je lui en ai parlé, évoquant des théories, toutes aussi insensées les unes que les autres. Quinze jours sans nouvelles du récit de Diranor, c'est très long. Je crois que je suis légèrement obsédé par ce truc, je ne pense qu'à ce projet, tout le temps. Ses cours sont tout ce qu'il y a de plus normal, sans aucune allusion, c'est le plus dur, ce comportement. Il fait tellement bonne figure que je serais persuadée d'avoir rêvé si Kaeya n'était pas là. J'en viens à croire que c'était juste une grosse blague. J'essaye de me rendre à l'évidence, et Kaeya fait tout pour me ramener sur Terre :
- Aller, c'est mieux comme ça, me chuchote-t-elle discrètement pour ne pas se faire remarquer pendant le cours. Tu t'attendais à quoi ? Partir en croisade avec un mec révolutionnaire ? C'est le meilleur moyen de se faire tuer et tu le sais au fond de toi.
- Oui je sais que tu as raison.
Et c'est la vérité, malgré tout, je n'arrive pas à dissimuler ma déception.
Ce soir-là, je rentre chez moi, toujours dans le même état d'esprit maussade. Je ne parviens pas à me sortir de la tête tout ce qu'il nous a déjà dit, il avait l'air si sincère. Soudain, une peur m'envahit, celle disant qu'il s'agissait peut-être d'un piège pour savoir qui pourrait essayer de démanteler le réseau de Maestro. Je m'arrête nette, sous le choc de cette possibilité. Mon père remarque vite mon désarroi, il sait que quelque chose ne va pas.
- Hey, tu vas bien ? Qu'est ce qui ne va pas ?
- Hein ? Oh non rien ne t'en fais pas, je suis juste fatiguée, je réponds, sans faire grandement attention à ce que je dis
- Tu es sûr ? Tu n'as vraiment pas l'air dans ton assiette.
- Oui oui t'inquiète pas. Je monte dans ma chambre faire mes devoirs, à tout à l'heure.
Une fois arrivé à destination, je sors mes cours et je commence à travailler, la tête ailleurs. Je me pose alors contre le dossier de ma chaise, ferme les yeux et souffle un bon coup pour chasser cette pensée inquiétante de mon esprit. Quand je retrouve la vue, un message est devant moi, un message du prof. Le soulage se propage alors rapidement dans chacune de mes veines, comme une potion apaisante. Les lettres sont toutes mélangées. Il a mis un code, astucieux. Pour voir le contenu, je dois le trouver, il aurait pu nous le donner quand même ! Réfléchissons, ça doit être un truc logique. Et si c'était Maestro ? Après tout, c'est la raison de l'existence de notre groupe, ce contre quoi nous allons nous battre. Je tente alors en disant ce nom à haute et intelligible voix. J'attends, pleine d'espoir, mais rien ne se passe. Bon, ce n'est pas Maestro, faut trouver autre chose. Je me lance alors dans une récitation de tous les mots me passant par la tête ayant un rapport plus ou moins évident avec lui quand j'ai un éclair de génie, oui ça peut arriver parfois. Pourquoi pas 2 222 ? C'est l'année où tout va se passer, où tout va changer pour nous, que ce soit bénéfique ou non. Je m'empresse donc d'essayer, et, devant mes yeux ébahis, les lettres se remettent dans le bon ordre. J'ai trouvé ! Je découvre alors le message, d'une belle écriture bleu ciel, disant :
"Bonjour à toutes et à tous, j'espère que tout va bien pour vous. Bravo, si vous lisez ceci, c'est que vous avez réussi à le décoder. Tout d'abord, je voudrais m'excuser pour ce long silence. Je vous avais dit une semaine maximum, mais faire en sorte de ne pas se faire prendre n'est pas aussi simple que ce que vous croyez. Enfin bref, concernant notre prochain rendez-vous, je pensais au 25, donc dans cinq jours, durant la pause entre les cours de la matinée, au même endroit que la fois dernière.
Merci à tous
Zayre Diranor"
Après l'avoir lu et relu plusieurs fois afin de m'assurer qu'il est bien réel, je souffle dessus puis le regarde se volatiliser. Enfin ! Je reprends espoir. Je me surprends à imaginer la suite, tout ce qu'il pourrait nous dire : peut-être des caméras cachées nous espionnant à longueur de journée, ou une armée prête à attaquer n'importe qui sur un coup de tête du Maestro. Oula, il faut que je me calme, je tombe dans la théorie du complot beaucoup trop facilement là. Je ne sais pas trop faire là, je suis nettement trop excitée pour me concentrer sur mes cours. Finalement, je décide d'envoyer un message à Kaeya :
"Tu as vu le message ? C'est génial, tu ne trouves pas ? On va enfin pouvoir en savoir plus ! Tu vois, j'avais raison d'espérer ! Tu penses qu'il va nous dire quoi ?"
Mon message transpire clairement l'enthousiasme à haute dose. J'ai à peine le temps de redescendre que sa réponse apparaît déjà devant moi :
"Oui j'ai vu, il aurait pu nous mettre au courant du code quand même ! J'ai passé plus de 10 minutes pour le trouver. Enfin bon, tu n'es pas obligé d'être aussi excitée tu sais. Je te rappelle qu'on n'est même pas sûr qu'il nous dise la vérité alors calme toi et respire s'il te plaît. Et je n'en sais rien du tout moi, c'est plutôt à toi qu'il faut poser la question, je suppose que tu as déjà réfléchi à plusieurs possibilités, toujours plus farfelues les unes que les autres. D'ailleurs, je ne suis même pas sûre de vouloir les connaître... En fait si, dit-moi, j'ai envie de rire un peu !"
La mauvaise langue, je ne suis pas non plus ultra-excitée, juste contente. Bon d'accord, éventuellement super enjouée. Je ne sais pas si je devrais lui faire part de mes théories ou les garder pour moi. Je sais déjà ce qu'elle me dirait : "Tu es complètement folle ma pauvre !" Alors oui mes idées sont très...comment dire...issu du jamais vu. Mais en même temps, après tout ce qu'on a déjà découvert, pourquoi ce ne serait pas réel aussi ? Je me laisse donc aller à une solution alternative :
"Ne t'en fais pas, je suis juste contente, et non surexcitée ou je ne sais quoi d'autre comme tu te l'imagine. Je suis très calme, tu me connais, le calme incarné. Oui j'ai réfléchi, et je vais te faire part d'une seule de mes idées, c'est bien parce que c'est toi hein. J'avais pensé à des caméras cachées nous espionnant 24 heures sur 24. Je sais que dit comme ça, c'est totalement débile, mais si tu réfléchis un peu toi aussi, tu verras que pas tant que ça. Ce serait même logique en partant du principe que Maestro veut empêcher toute forme de rébellion. Alors, qu'est-ce que tu en penses ?"
J'attends patiemment sa réponse, lui laissant le temps de se rendre compte que c'est possible, que j'ai peut-être raison. J'adore quand elle me le dit, c'est tellement rare ! Après plusieurs minutes, sa réponse arrive enfin :
"Bon d'accord, tu pourrais avoir raison. Après tout, j'ai l'impression que tout est possible maintenant. D'ailleurs, à ce sujet, j'en profite pour t'annoncer officiellement que je tout plaquer pour aller coloniser Jupiter ! Non je rigole, mais c'est vrai que je suis de plus en plus perdue. Moi aussi je me demande ce qu'on va découvrir cette fois. Bon je dois te laisser, il faut que je bosse un peu, bisous."
Je la comprends parfaitement, je suis aussi perdue qu'elle. Et elle a raison, il faut que je bosse aussi si je ne veux pas être engloutie par le travail après et si je ne veux pas me ramasser au prochain contrôle. Je lance ma musique, Kamal, un groupe de rock qui fait fureur en ce moment et que j'adore. La musique m'aide à me concentrer, j'enregistre en général beaucoup mieux mes leçons de cette manière. Je finis ensuite rapidement un compte rendu pour la neurologie, puis je descends rejoindre mes parents dans le salon.
- Tu as enfin terminé tes devoirs ? Me demande mon père
- Oui, pourquoi enfin ? Je n'ai pas passé 5 heures dessus non plus.
- Cinq heures non, mais pas loin de trois heures, réplique ma mère
- Quoi ! Mais non c'est pas possible ! Je m'exclame
Je regarde l'heure sur ma montre, un peu plus de 21 heures. Sachant que je suis rentrée à 18h35, je suis restée 2 heures et demi enfermée dans ma chambre. Je crois que j'ai finalement rêvassé un peu plus longtemps que ce que je croyais. Je n'ai vraiment pas vu le temps passer, ma passion grandissante pour notre petit groupe et son projet m'a pris plus de temps que ce que j'avais cru. Je pensais être restée 1h30 tout au plus, mais non.
- Bon maintenant que tu es là, nous allons peut-être pouvoir manger, annonce mon père.
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