5 Février 2 222

- Nous présenter serait déjà un bon début, qu'est-ce que vous en pensez ? Juste votre prénom.

- Kaeya

- Aesha, répondons-nous en même temps, avant de nous regarder en rigolant.

- Parfait les siamoises, et vous deux ?

- Thalira

- Et moi, c'est Ryder.

- Enchanté. Donc qu'est-ce que vous savez déjà de notre société ? A part ce que je vous ai déjà dit ?

- Bah on va dire que finalement nous ne savons pas grand-chose je crois, je déclare en interrogeant du regard les autres, qui acquiescent en silence.

- Bon on va commencer par le début dans ce cas. Je suppose que c'est le cas, mais est-ce que vous savez ce qu'il s'est passé en 2 200 ?

- Maestro est arrivé au pouvoir ? Tente Ryder

- Tout à fait, il est arrivé au pouvoir par la force et a acheté peu à peu la confiance des habitants en leur offrant une vie plus confortable, plus agréable, grâce aux robots. Cependant, les gens ne se sont pas rendu compte de leur dépendance croissante à l'égard de ces robots. Il pouvait alors grignoter des libertés et des droits par-ci par-là, sans que personne ne trouve quoi que ce soit à redire. Il parvenait à chaque fois à les convaincre qu'il agissait pour leur bien et tout le monde croyait. Ils le voyaient comme un sauveur, ne remarquant pas qu'il était encore pire que tous les différents prédécesseurs du monde entier réunis. Pour eux, il les avait sortis des inégalités, il leur avait permis d'être à l'abri du besoin en créant un emploi pour chaque personne, et surtout, il avait arrêté ceux qui appauvrissaient leur population ou encore opprimaient les personnes différentes. Le monde l'aimait, lui faisait confiance et il en a profité. Personne n'a jamais vu qu'il était exactement comme ceux qu'il a arrêté, comme ceux dont il prétend nous avoir sauvé.

- D'accord, mais ce n'est pas la première fois que quelqu'un prend le pouvoir par la force et supprime les libertés. Le monde a bien survécu puisque nous sommes là, je réplique.

- Certes il y en a eu d'autres. Toutefois, personne n'a jamais réussi à le faire à l'échelle mondiale. Et oui le monde a survécu, mais à quel prix ? Vous ne vous rendez sûrement pas compte à quel point la liberté est importante pour un individu. Puis comment tu crois qu'ils sont partis ces personnes ? Tu crois que c'est en laissant un bouquet avec un petit mot disant qu'il abandonnait tout, qu'il s'excusait du mal commis et en souhaitant bonne chance au suivant ? Non, à chaque fois des gens se sont battus pour récupérer leurs libertés. Des personnes courageuses ont perdu la vie dans cette bataille, mais ils se sont donnés jusqu'au bout. C'est pour eux qu'il faut aujourd'hui reprendre le combat, pour qu'ils ne soient pas morts pour rien. Par ailleurs, une fois vos libertés retrouvées, vous verrez pourquoi vous vous êtes battus, vous verrez que tout ceci en valait la peine.

- Donc vous dites qu'une guerre va arriver et qu'on va devoir y prendre part, c'est bien ça ? Demande Thalira

- Pas exactement, vous n'êtes pas des soldats.

- Alors qu'est-ce que vous attendez de nous ? Je reprends, un peu perdue quant à notre présence ici

- Je veux dans un premier temps vous mettre au courant de tout ce qu'il se passe, vous pourrez ensuite soit espionner, soit saboter quelques trucs, mais nous reviendrons plus tard sur ce sujet. C'est seulement dans un second temps que la bataille commencera. Malgré ce que vous pensez, il y a beaucoup de monde qui souhaite revenir à l'ancien système. Ce sont ces personnes qui seront en première ligne. Ils s'entraînent pour être en mesure d'affronter les défenses de Maestro. Vous les rencontrerez le moment venu et encore une fois, j'aborderais plus en détails ceci plus tard. J'ai conscience que c'est un gros changement pour vous. Si vous avez des doutes, je vous invite à chercher tout ce que vous pourrez trouver sur la vie avant Maestro. Vous ne trouverez pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout. Oula ! S'exclame-t-il après avoir regardé sa montre, il est déjà l'heure de se quitter. Je sais que la confiance se gagne, mais laissez-moi au moins une chance de vous montrer que je dis la vérité. J'aurais aimé pouvoir vous en dire plus, mais nous sommes pris par le temps. Alors, qui est partant pour continuer l'aventure ?

Chacun de nous se regarde dans les yeux, décidément c'est une habitude, puis se tourne vers le prof, lui signifiant qu'on est tous prêts à continuer afin de savoir tout ce qu'il sait. Prêt aussi à envoyer valser tout ce qu'on a toujours connu pour l'inconnu. J'ai l'impression d'être soit un soldat se préparant au combat, soit une fourmi sur le point de se faire écraser par plus gros qu'elle, par quelque chose qui la dépasse complètement. La deuxième option me fait bizarrement beaucoup plus peur.

L'autre fille, Thalira, baisse rapidement les yeux vers le sol, attrape son sac et s'en va sans dire un mot. Elle a l'air timide, je ne l'ai jamais entendu prendre la parole, que ce soit en cours ou avec ses amis. Maintenant qu'on est tous dans le même bateau, il va falloir qu'on se serre les coudes. Malgré tout, elle est décidée à continuer, donc à nous de la mettre à l'aise. Je la comprends, peut-être même mieux que ses amis, tout simplement parce que je suis comme elle. Même si je n'en ai pas forcément l'air, je suis quelqu'un de très timide, j'ai juste appris à passer au-dessus. Je sais à quel point c'est dur, mais une fois qu'on est parvenu à le surpasser, c'est tellement libérateur. Je vais essayer de tout faire pour qu'elle se libère aussi, si elle veut bien évidemment.

Enfin bref, j'ai tellement hâte de connaître la suite ! Je ne regrette pas du tout d'être restée, malgré tout ce qu'on vient d'apprendre. Je pense que j'aurais fini par m'en vouloir si je ne l'avais pas fait. Je ne sais pas totalement dans quoi je me suis embarquée, mais je sais que c'est important, et surtout, ce qu'on va faire va changer le monde, si on arrive au bout bien entendu. Je me surprends à imaginer ce qu'il pourrait nous raconter la prochaine fois, des robots soldats, la fin du monde, la mort par un simple regard, les animaux qui deviennent fou, sous le contrôle de Maestro, et nous tuent tous... Je sais, j'ai beaucoup d'imagination, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit, à moins que ce ne soit parce que j'ai regardé trop de films sur la fin du monde. M. Diranor me ramène vite à la réalité :

- Ah et j'allais oublier, pouvez-vous me donner votre adresse pour que je vous tienne au courant du lieu et de la date du prochain rendez-vous. Ne vous en faites pas, je ne viendrais pas vous cambrioler cette nuit, ajoute-t-il sur le ton de la plaisanterie, sûrement pour détendre l'atmosphère devenue insoutenable au fur et à mesure que le prof parlait.

Chacun de nous donne son adresse, avec un léger sourire pour certains. Quand je parle d'adresse, c'est notre adresse postale comme vous l'avez peut-être remarqué, les mails n'existent plus depuis un bon moment, remplacés par ce nouveau moyen de communication. Pour faire simple, on écrit dans l'air notre message avec un stylo spécialement prévu pour puis on dit à haute voix l'adresse de la personne à qui le message est destiné. Ce dernier disparaît alors pour apparaître instantanément à l'adresse concernée. Le message restera, flottant dans l'air, jusqu'à ce que la personne l'ait lu et ait soufflé dessus, après quoi il se volatilise. Voilà, c'est aussi simple que cela. On peut également le faire apparaître dans une pièce précise de la maison, il suffit de le dire avant d'annoncer l'adresse. Comme vous vous en doutez, c'est vraiment génial !

- Merci, je vous enverrai ça d'ici une semaine, un soir, reprend Diranor après avoir collecté toutes les adresses. Rentrez-bien chez vous et surtout ne parlez à personne de notre discussion, pas même à votre ou votre sœur. Je me fiche de savoir que vous lui dites tout, vous commencerez aujourd'hui, faut bien un début à tout n'est-ce pas ! Les seules personnes à savoir doivent faire partie de ce groupe. Je vous fais confiance, tâchez d'essayer d'en faire autant. Et si l'un de vous croise Thalira, demandez-lui son adresse et essayez de me la donner le plus tôt possible. Si je vous ai déjà envoyé le message, transmettez-le-lui. Allez, à la prochaine les jeunes !