~Chapitre 11~
6 Mars 2 222
Il est maintenant bientôt 16 heures, l'heure tant attendue, l'heure libératrice ou condamnatrice suivant ce que je découvrirais, ce que me dévoilera Zayre. Concernant mon contrôle de ce matin, je dois dire que je m'en suis plutôt bien sortie, enfin je crois. Reste plus qu'à savoir si le prof est du même avis que moi, ou pas.
Enfin bref, c'est loin d'être le plus important pour moi en ce moment. Je ne sais pas encore trop ce que je vais dire à Zayre, mais il faut que je trouve, et vite, le cours se termine dans 5 minutes. Je commence déjà à ranger dans mon sac les affaires qui ne me serviront plus, et je vois que Kaeya en fait autant. Pour une fois, je n'aurais pas à lui demander de se dépêcher pour ne pas être en retard visiblement. Plus que 3 minutes. Je commence doucement à sentir le stress monter, la crainte des réponses qu'il va me donner, réponses aux questions que j'ignore encore. Je sais seulement que je suis complètement perdue et que je veux savoir ce que deviendront les robots une fois désactivés, c'est bien les seules choses dont je sois sûre. Plus que 2 minutes. Kaeya me pose une question, mais je ne parviens pas à la comprendre, à distinguer les mots, ce n'est qu'un bruit de fond pour moi. Je suis obnubilée par l'horloge au-dessus de la porte de la salle, par le tic-tac de l'aiguille des secondes. J'ai l'impression que mon cerveau a beugué sur cette horloge murale. Plus qu'une minute. Je me demande ce qu'il faudrait que Zayre me dise pour me rassurer, pour me convaincre de rester dans l'équipe. J'espère simplement qu'il trouvera les mots.
La sonnerie retentit enfin. Je range rapidement le peu qu'il restait sur ma table, Kaeya fait la même chose. J'ai hâte et je redoute en même temps, c'est assez bizarre comme mélange de ressentis. J'ai peur que ce soit le dernier rendez-vous auquel j'assiste. Si jamais c'était le cas, si je prenais la décision de tout arrêter là, est-ce que je ne finirais pas par le regretter ? Je l'ignore, mais en l'état actuel des choses, je ne supporte plus ma situation, il faut qu'elle change, dans un sens ou dans l'autre.
On arrive enfin à la salle 17, comme d'habitude. J'hésite un instant à franchir le pas de la porte et Kaeya le remarque.
- Hey, qu'est-ce qui ne va pas ? D'habitude, tu es toujours pressée d'être à ces rendez-vous, la première à entrer...
- Oui je sais, mais il faut que je parle à Zayre et je ne sais pas trop quoi lui dire, ni comment il réagira et ce qu'il me répondra.
- Dis-lui simplement ce que tu penses, ce que tu ressens. Tu sais, je ne croyais pas trop en toute cette histoire au début, mais grâce à toi, Zayre et tout ce qu'on a découvert, je sais que c'est exactement ce qu'on doit faire. Si j'ai été convaincu, ne doute pas maintenant, me rassure-t-elle. Je connais les raisons de ton hésitation, je suis passée par là aussi. Au début, j'étais dans le même état que toi maintenant, j'avais peur pour ma famille, peur de la défaite. Cependant, au fur et à mesure de nos rendez-vous, je me suis aperçue qu'ils méritaient beaucoup mieux que cette vie-là, ils méritent la liberté, comme chaque individu sur cette planète. Même s'ils ne le savent pas ou s'ils ne s'en rendent pas compte, cette vie n'en est pas réellement une, Zayre a raison, on ne vit qu'à moitié. Et si on venait à échouer, je pense que la mort leur apportera quand même la paix et la liberté. Je pense qu'ils comprendraient pourquoi je me suis battue, et je pense qu'ils seraient fiers de moi, fiers d'avoir une fille capable de réfléchir par elle-même, finit-elle d'une voix tremblante. Tu vois, continue-t-elle une fois ses émotions maîtrisées, tu vois, je suis passée exactement par le même passage compliqué que toi, seulement, je l'ai fait plus tôt, contrairement à toi qui t'es emballée tout de suite. Tout ça pour dire que je sais ce que tu ressens.
Moi qui craignais qu'elle renonce si je lui en parlais, si j'avais su, je l'aurais fait plus tôt. Je m'aperçois alors que je n'ai pas été là pour elle quand elle en avait besoin, trop absorbée par ma joie de participer à cette grande aventure. Je n'ai pas vu qu'elle allait mal et je m'en veux pour ça.
- Kaeya, je suis tellement désolée, j'aurais dû être là pour toi.
- Ne t'en fais pas, je ne te le dis pas pour que tu culpabilises, si je le fais, c'est pour que tu vois que nous faisons ce qu'il faut, ce que les autres n'osent pas faire. Fais confiance à Zayre. En plus, on a une super équipe, pourquoi tu veux qu'on échoue ?
- Alors les siamoises, vous comptez rentrer ou rester dehors ? Nous rejoins Zayre
Kaeya me regarde, me faisant comprendre que c'est à moi de répondre. Je réfléchis à cent à l'heure, est-ce que j'ai encore vraiment besoin de lui parler après ce que m'a raconté Kaeya ?
- Il y a un problème ? Finit-il par demander
- Non, aucun, je réponds alors que ma meilleure amie s'apprêtait à le faire.
J'ai répondu sans réfléchir plus, en suivant mon instinct. Je choisis de le suivre car, jusqu'à présent, il m'a rarement trompé.
- Très bien, alors entrons !
Nous le suivons à l'intérieur, en même temps que les autres qui viennent d'arriver.
- Bon alors, on va directement aller à l'essentiel, comment reprogrammer les robots, car ce qui vous attends est n'est pas forcément simple à assimiler pour tout le monde.
- A propos, j'avais une ou deux questions, j'interviens
- Oui, vas-y, je t'écoute.
- Qu'est-ce que nous allons faire des robots après ? Et surtout, comment allons- nous faire pour ne pas nous faire remarquer ? Parce que si nous désactivons les robots présents chez nous, ils sauront que c'est nous.
- Alors, très bonnes questions, j'allais répondre aux deux plus tard, mais vu que tu demandes, je vais te donner les premiers éléments de réponse et la suite après pour que vous puissiez comprendre. Premièrement, les humanoïdes ne bougeront pas du logement dans lequel ils sont, et deuxièmement, nous n'allons pas en désactiver seulement 5 ou 6, nous allons désactiver tout ceux se trouvant à Jersey City.
- Et comment on va faire ce petit miracle ? Interroge Ryder, visiblement sceptique, comme nous tous
- Je vais vous expliquer, patience. Comme je vous l'ai dit, j'ai quelques notions en robotique et en physique.
- Qu'est-ce que la physique vient faire ici ? S'exclame Kaeya, incrédule
- Laissez-moi parlez et vous le saurez ! J'ai donc trouvé la faille dans leur système. Une certaine fréquence d'onde électromagnétique peut créer une interférence dans leur système central et nous pourrons ainsi désactiver la liaison avec Maestro.
- Euh, on pourrait avoir la traduction ? Suggère Thalira
- Ah oui, bien sûr. En gros, ils sont en permanence reliés aux contrôleurs en émettant des ondes électromagnétiques. Chaque onde a une fréquence, c'est-à-dire le nombre d'oscillations de l'onde par seconde. Pour faire simple, ajoute-t-il devant nos regards perdus, si vous visualisez une onde dans votre tête, ce ne sera pas un tracé plat, il monte et redescend, et ceci à l'infini, c'est ce qu'on appelle des oscillations. La fréquence est donc le nombre de ces oscillations par seconde. Je ne sais pas si c'est clair pour vous ?
- C'est déjà mieux, et donc ? Je réponds
- Oui, en connaissant cette fréquence, on peut créer une interférence, tout simplement ! S'exclame-t-il, fier de sa déduction.
- "Simple" n'est pas exactement le terme que j'utiliserais, j'interviens
- Et comment allons- nous faire concrètement ? Demande Kaeya
- Avant ça, c'est quoi une onde électromagnétique ? Questionne Thalira
- Pas tous en même temps, s'il vous plaît ! Reprend-t-il, visiblement content de notre intérêt. Une onde électromagnétique est une onde périodique, donc qui se répète, qui propage une perturbation électrique et magnétique sans nécessité de matière solide. Elle se trouve donc dans l'air si vous voulez. Par exemple, le système de message aérien. Il s'agit d'une onde créer par votre stylo, qui envoie un signal à une antenne, puis à une autre et ainsi de suite jusqu'à la plus proche de votre destinataire. Enfin, le message est capté par le stylo de la personne que vous contactez. En très gros, c'est ça, vous avez compris ?
- Oui Merci, répond Thalira
- Ensuite, pour te répondre Kaeya, une onde électromagnétique peut en perturber une autre, c'est ce que nous allons faire. Nous allons envoyer une onde à une certaine fréquence, pendant un certain temps. Les contrôleurs n'auront alors qu'une réponse entre-coupé de la vidéosurveillance des robots de la ville, comme vous quand vous regardez un film et qu'il grésille. Ensuite, une personne de l'autre groupe en profitera pour pirater leur réseau fragilisé et détruire leur programme espion et la liaison contrôleur-humanoïde. Et tous ces derniers ne bougeront pas de leur habitation, leur famille ne se rendra même pas compte du changement.
Voilà la première mission de notre groupe, la première étape vers un monde plus libre.
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