~Chapitre 10~
6 Mars 2 222
Chapitre contenant un passage violent, pouvant choquer.
Le réveil n'a pas encore sonné quand je sors du sommeil. J'ai très mal dormi, l'esprit torturé par mon dilemme. J'ai fait cauchemars sur cauchemars le peu que j'ai dormis, voyant ma famille se faire tuer devant moi, avant que l'arme ne se tourne vers moi. J'ai les yeux asséchés, comme si j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps. Je me lève difficilement, les muscles endoloris par le manque de sommeil. Je vais directement à la salle de bain me préparer et dissimuler les dégâts de cette nuit. Mon reflet dans le miroir me ferait presque peur si je n'étais pas convaincu que c'est moi cette personne au teint fantomatique. Je cache mes cernes et ma pâleur sous du fond de teint et je me maquille comme tous les jours. Une fois prête, je descends rejoindre mes parents et Charly au rez-de-chaussée. Au menu ce matin : des œufs brouillés avec des tartines à la confiture de fraise, tout ce que je préfère.
- Merci Charly, ça sent super bon !
- Merci Aesha, je l'ai fait spécialement pour toi, pour te donner du courage pour ton contrôle de ce matin.
Quand je vous dis qu'il sait tout !
- Merci beaucoup ! Je lui réponds avec un grand sourire, ou du moins le maximum que je peux
- Tout va bien ? Tu es malade ?
- Oui tout va bien et non je ne suis pas malade, je n'ai simplement pas assez dormi, sans doute le stress du contrôle.
Désolée Charly, mais je ne peux pas te dire la vérité cette fois-ci. Enfin ce n'est qu'un demi-mensonge, c'est vrai que je n'ai pas assez dormi, certes pas pour la raison donnée, mais bon, ils n'ont pas besoin de le savoir.
- Tu es sûr, tu as mauvaise mine. Et c'est la deuxième fois que tu me dis que tu es fatiguée, il faut que tu te mettes moins la pression ma chérie. Tu n'as pas de problème à la fac au moins ? Intervient mon père
- Je sais papa, et non aucun problème ne t'inquiète pas.
Bon d'accord, là c'est totalement faux.
J'engloutis rapidement le contenu de mon assiette puis je file dans ma chambre. Il est presque l'heure de partir. Je choisis alors de m'allonger sur mon lit en attendant que le temps passe.
Quand je rouvre les yeux, je suis dans une vaste pièce, que je ne connais pas du tout d'ailleurs. Je regarde partout autour de moi, c'est très lumineux, la lumière se reflétant sur les murs blancs. La pièce est ronde, avec des colonnes de marbre blanc, d'une distance équivalente entre chacun. J'essaye d'avancer, mais je manque de perdre l'équilibre. Je me rattrape juste à temps et baisse les yeux sur mes pieds, attaché l'un à l'autre par une corde noire, comme mes mains dans mon dos. La panique commence à m'envahir, je ne sais pas ce qu'il se passe, je ne comprends pas. Un soldat s'approche de moi. Son uniforme noir ressort, comme si un halo de lumière blanche l'entourait. Puis je vois mes parents derrière lui. Ils sont couverts de sang. Mes yeux commencent alors à se remplir de larmes, je ne peux rien faire, je ne peux pas les aider.
- Aesha Ahkzer, vous êtes accusé de tentative de rébellion en bande organisée. Pour ce crime, vous, ainsi que vos parents, êtes condamnés à mort.
Ce dernier mot résonne dans ma tête inlassablement. Je ne sais pas quoi faire. J'entends mes parents pleurer et supplier de me laisser la vie sauve, alors que je suis la seule fautive.
- C'est ma faute, laissez-les partir, je vous en supplie, je tente auprès du soldat face à moi.
Il ne me répond pas. Je le vois sortir son arme, puis la pointer vers ma mère. Le coup de feu part. Ma respiration s'arrête et le corps de ma mère tombe au sol, inerte. Ce n'est pas possible, ça ne peut pas se finir comme ça. L'arme se dirige ensuite vers mon père. Je l'entends faiblement me dire qu'il m'aime avant de rejoindre ma mère au sol, dans une mare de sang. Les larmes abondent maintenant sur mes joues, ma vue se brouille quand l'arme finit par se tourner vers moi. J'entends le bruit de la balle libérée. "Libérée", c'est le mot. Finalement, la mort sera notre libération. C'est la fin, tout est terminé.
Je me réveille en sursaut dans mon lit, tremblante. La sonnerie de mon téléphone sonne encore, il m'a sorti de cet enfer. Heureusement pour moi que j'avais pensé à le mettre avant de me rendormir. Je l'éteins et tente de calmer le rythme effréné des battements de mon cœur. Je me lève, tenant faiblement sur mes jambes, j'attrape mon sac, puis sors de la maison sans dire un mot. Dans la rue, le froid me saute au visage et me ramène à la réalité. Je me félicite d'avoir pensé à prendre mon écharpe et mes gants, mais je crois qu'un bonnet en plus ne m'aurait pas fait de mal, je sens déjà mes oreilles rougirent et picoter. Pitié que le bus ne tarde pas ou il me trouvera métamorphosé en véritable glaçon. De la buée s'échappe de ma bouche à chaque expiration, je plonge mes mains dans mes poches afin de les protéger au maximum du froid. J'avance doucement pour éviter de glisser sur les plaques de verglas, tant qu'à faire, autant éviter de finir les fesses dans la neige. Cette dernière recouvre encore les champs et les toits des maisons. J'adore cette saison, les paysages sont tellement beaux, recouvert d'un magnifique manteau blanc, scintillant comme un million de diamants. Je m'assois sur le banc congelé de l'abri de bus, situé au pied de mon immeuble, Dieu merci.
Après une demi-heure de trajet, j'arrive enfin à la fac. J'ai dû attendre à peine 5 minutes que le bus arrive et j'ai eu le temps de me réchauffer une fois à l'intérieur, et de réviser mon contrôle accessoirement. Je sais qu'il est plutôt déconseillé de le faire une heure avant l'évaluation au risque de se mélanger les pinceaux, mais c'est plus fort que moi, et ça me rassure.
Je descends rapidement sans remercier le conducteur puisqu'il n'y en a pas, le trajet étant enregistré. Je me précipite ensuite dans l'enceinte de l'établissement rejoindre Kaeya, tout en restant prudente bien sûr. Je la retrouve devant son casier. Elle a l'air relativement posée à côté de moi qui commence à stresser pour l'évaluation démarrant dans quelques minutes, comme d'habitude. En plus de ça, mon cauchemar de ce matin est toujours bien présent dans mon esprit. Le fait de repenser à cet enfer personnalisé, mes mains recommence à trembler. Je m'empresse de les plonger dans mes poches, ne tenant pas spécialement à ce que tout le monde ne s'en aperçoive.
Pour en revenir au contrôle, Kaeya peut être sereine, elle a toujours d'excellentes notes, alors que moi, je stationne à une moyenne générale de 17, ce qui pourrait être génial si on se trouvait dans une autre fac. Ici, il faut systématiquement être la meilleure, ou dans les premiers. Même si je ne surpasserais jamais mon génie de meilleure amie, je voudrais au moins être deuxième. Cependant, deux personnes me séparent de cette place pour le moment. Il faut que je me reprenne, que je travaille encore plus.
- Salut toi ! Me lance-t-elle, toute joyeuse.
Pourquoi est-elle dans cet état ? Sincèrement, elle est contente de passer ce contrôle ou quoi ?
- Salut.
- Oula, tu as une mine affreuse, tu vas bien ? Tu veux m'en parler ?
- Merci, ça fait toujours plaisir ! Et non, ne t'inquiète pas, j'ai mal dormi, c'est tout.
- D'accord, mais si jamais tu sais que je suis là.
- Oui je sais, merci, tu es la meilleure
- Ouais je sais, on me le dit souvent !
J'hallucine, elle n'arrête donc jamais ? A côté de cela, je préfère garder pour moi mes cauchemars. Cette fille est vraiment une perle rare.
- Et sinon, tu te sens prête pour le contrôle ? Me demande-t-elle
- J'espère, il faut que je remonte ma moyenne.
- Ne t'en fais pas, tu vas tout déchirer, tu as bossé trop dur pour le louper, me rassure-t-elle.
- Oui, mais on ne sait jamais, il suffit que le sujet tombe sur un truc que je ne maîtrise pas et c'est foutu.
- Mais non, respires profondément et calmement et tu verras plus clair dans les questions, fais-toi confiance.
- C'est facile à dire pour toi, c'est dans tes gènes, toute ta famille fait ce boulot.
- Je ne dois mes notes qu'à mon travail, les connaissances ne sont pas héréditaires au cas où tu l'aurais oublié. Tu peux en faire autant, encore une fois, ais confiance en toi.
- Ouais, la confiance et moi, ce n'est pas trop ça.
- Pense à cette après-midi alors, à Zayre, la programmation des robots, tout ça.
Mon stress monte encore d'un cran, je ne savais même pas que c'était seulement possible. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure des idées.
- Ouais faut que je parle à Zayre aussi.
- Ah bon ? A propos de quoi ? Tu ne veux pas arrêter au moins ?
- C'est compliqué, je veux m'assurer de plusieurs petits trucs, et non rassure-toi.
- D'accord.
Je préfère rester évasive sur mes interrogations, je ne veux pas l'affoler. Je sais que c'est égoïste, mais j'ai peur qu'elle quitte le groupe. Je ne lui ai pas menti en lui disant que je ne compte pas quitter le groupe, c'est encore d'actualité, je ne sais juste pas jusqu'à quand encore. J'espère que Zayre parviendra à me rassurer, que j'aurais les réponses que je veux, et non celle que je redoute.
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