2 Janvier 2 222

Mon appartement est un duplex, c'est-à-dire qu'il est composé de deux étages. La répartition est relativement simple, les chambres et la salle de bain sont à l'étage et le salon, la cuisine et la salle à manger au rez-de-chaussée, par rapport à l'appartement bien sûr, sinon on est au 19ème étage. Lorsqu'on entre chez moi, il y a un énorme escalier blanc menant à l'étage en face de nous, le salon tout autour, avec le coin télé du côté gauche et celui lecture avec une grande bibliothèque de l'autre. En passant derrière les escaliers, on arrive dans la cuisine, ouverte sur la salle à manger. Elle est super moderne, tout en blanc, et un buffet la sépare de la salle à manger à droite. En empruntant les escaliers, on tombe sur un long couloir avec plein de photos de famille sur les murs, chaque porte ouvrant sur une chambre toujours plus grande que la précédente jusqu'à la salle de bain tout au fond. La première à droite est celle de mes parents, puis l'ancienne de mon frère à gauche car il a déménagé dans son propre appartement il y a quelques mois, la mienne à droite et enfin une chambre d'ami à gauche. Concernant ma chambre, elle est juste sublime, avec des murs peint couleur taupe, un lit blanc deux places au fond à droite, longeant le mur sur la longueur, avec une petite table de chevet, et un bureau, blanc encore de l'autre côté. Deux grandes bibliothèques remplies sont disposées de chaque côté de la porte afin d'entreposer tous mes livres. Enfin, une porte menant sur un dressing est située entre le bureau et la bibliothèque, du côté gauche. Voici la chambre dans laquelle je suis sur le point de me réveiller, difficilement comme tous les matins.

Il est 6 heures quand mon réveil sonne, comme partout dans le monde, suivant les différents fuseaux horaires évidemment. Toutes nos vies sont réglées comme du papier à musique : 6h réveil, 8h cours ou travail, 12h pause déjeuner, 14h reprise, 18h retour chez soi et 20h extinction des feu, toute la ville s'endort, chaque lumière dans les immeubles, chaque lampadaire s'éteint et le continent sombre dans les ténèbres.

Je me lève donc non sans mal et me dirige rapidement vers la salle de bain en ayant récupéré au préalable mon uniforme dans le dressing. Une fois enfilé, je me maquille légèrement, en suivant les directives de ma fac. Les plus égaux possibles, jusque dans l'apparence, ce qui évite les moqueries au sujet des vêtements ou autres. Tout le monde a un uniforme différent en fonction de sa place dans la société : étudiant, collégien, lycéen, commerçant, médecin... Vu de l'extérieur, oui ce système fonctionne, tout le monde a sa place et doit s'y tenir. Toutefois, il est parfois dur à supporter de l'intérieur.

Une fois prête, j'attache mes cheveux bouclés en queue de cheval haute. Je descends ensuite prendre un jus d'orange où je croise mes parents.

- Bonjour ma chérie, me salue ma mère

- Bonjour, je réponds, encore à moitié endormie

- Alors, prête pour ta rentrée ? Me demande mon père

- Ouais, pas trop le choix de toute façon, faut bien passer par là.

Aujourd'hui, je rentre en troisième année de psychologie dans l'une des facs les plus prestigieuses des Etats-Unis. J'ai la chance d'habiter pas loin, je peux donc rester vivre chez moi, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.

J'avale mon jus d'orange et je remonte dans ma chambre en attendant l'heure fatidique d'aller prendre le bus. Je vérifie que j'ai bien pris tout ce qu'il me faut, puis je me tourne vers une des bibliothèques, puis l'autre, puis je retourne vers la première. Je fais ainsi plusieurs aller-retours, je ne sais pas trop quel livre prendre, c'est le risque quand on en a autant, on ne sait plus lequel choisir. Après avoir hésité un certain temps, je me décide pour un livre fantastique : La Chute, de Calwin Ferthrah. Je le plonge dans mon sac et referme ce dernier. Je commence doucement à stresser, comme à chaque rentrée depuis ma plus tendre enfance, ou du moins d'aussi loin que je me souvienne. Le trajet va pouvoir me faire penser à autre chose en une demi-heure. C'est pour cela que j'aime autant lire, j'oublie mes problèmes, tout ce qui pourrait me stresser, je me plonge dans un autre univers. Je tente quand même d'ores et déjà de me rassurer, je me dis que Kaeya, ma meilleure amie, sera forcément avec moi. En fait, je ne sais même pas pourquoi j'angoisse autant, il n'y a rien de fou, seulement le directeur qui fait son éternel discours de rentrée et on va directement dans notre salle, mais c'est plus fort que moi.

7h20 approche, je prends donc toutes mes affaires et je descends dire au revoir à mes parents qui me souhaitent une bonne journée. Ouais, comme si c'était possible. Je sors dans la rue et le froid me glace le sang. Je ressers mon manteau et mon écharpe autour de moi dans une vaine tentative de bloquer la fraîcheur hivernale.

J'arrive devant la fac 10 minutes avant le début des cours, comme d'habitude. Je me dirige rapidement vers le bâtiment principal pour me mettre au chaud et prendre ce qu'il me manque dans mon casier. La fac est composée de trois bâtiments, le principal avec tous les casiers et les amphithéâtres, le deuxième, un peu plus petit, pour tous les cours pratiques, et le dernier, encore plus petit, pour les réunions. Une fois toutes mes affaires récupérées, je pars à la recherche de Kaeya. Elle est grande avec une longue chevelure rousse, ça ne devrait pas être trop dur de la trouver. Après quelques minutes, je la repère finalement, dehors, la folle, assise sur un banc devant son téléphone. Elle est tellement absorbée pas cet appareil électronique qu'elle ne me voit même pas m'approcher. Je m'assois doucement à côté d'elle et elle sursaute.

- Waow ! Tu m'as fichu une de ces trouilles ! S'exclame-t-elle, la main sur le cœur pour se calmer.

- J'ai vu ça, tu as fait un de ces bonds ! Je dirais au moins trois mètres.

- Haha, c'est très drôle ! Bonjour à toi aussi, en tout cas il faut qu'on parte, c'est bientôt l'heure, ajoute-t-elle en me jetant un petit coup de coude dans les côtes pour que j'arrête de rire, peine perdue.

On entre dans le bâtiment principal puis on se dirige directement vers l'amphithéâtre 1 pour le discours. Je sens mon stress refaire surface.

- Ne t'en fais pas, tout va bien se passer, me rassure Kaeya.

- Je sais, et c'est vrai, c'est ça le pire, je ne devrais pas stresser pour ce discours.

On s'assoit vers le milieu, le directeur est quant à lui déjà en place, prêt à démarrer l'année. C'est parti pour une heure chiante à mourir !

Après ce qui me paraît être une éternité, il annonce enfin nos salles respectives. Je me lève avec Kaeya et nous allons à l'amphithéâtre 5, comme il vient de le dire. Une longue journée s'annonce.

On entre dans la salle et on se dirige instinctivement vers notre place habituelle depuis trois ans maintenant, autrement dit tout au fond, la place des gens qui dorment. Le prof arrive, pas de retard toléré ici. Ah oui j'allais oublier, tous les profs sont humanoïdes. Je ne sais pas trop pourquoi, mais au moins on est sûr de toujours avoir cours.

Ce jour-là, quelque chose d'inhabituel se passa, un des profs robotique est absent, ce qui est normalement totalement impossible. Ils ne peuvent bien entendu pas être malades, mais ils sont aussi programmés pour ne jamais être absent et toujours faire leur job, quoi qu'il arrive. S'ils sont vraiment incapables d'assurer leur fonction, ils envoient un signal, je ne sais pas trop où ni à qui, afin que le cours puisse être repris par un autre humanoïde. Donc imaginez la surprise générale quand on a vu arriver un véritable humain à sa place. Comment tout cela pouvait-il être réel ? Aucun humain n'avait jamais eu le droit d'exercer ici, comment celui-là pouvait-il avoir été accepté ? Et pourquoi ? Pourquoi était-il là, debout devant nous comme si tout était parfaitement normal ?