19h15
Il devait être midi, lorsque la salle du grand tribunal de Bordeaux s'ouvrit. Malgré le fait que d'extérieur, le bâtiment avait une apparence moderne, avec ses grandes baies vitrées, la salle de jugement ressemblait aux grandes salles, faites de marbres et décorés luxueusement. L'allée où passait l'accusé pour se rendre a la barre était faite de dalles marbres, un peu jaunie par le temps et les passages, qui faisaient claquer les talons de chaque personne. Des deux côtés , de grands bancs en bois s'élançaient comme des ailes pour toucher les autres murs de la salle. Et devant cette allée, se dressait le promontoire menaçant de la justice, là où résidait les représentants de celle-ci. Le juge au milieu, entouré de deux autres personnes. En face, l'accusé, aux milieux de tous, subissaient le regard de tous. Un regard cruel, compatissant, curieux. Qu'importe, tout le monde portait un regard sur cette personne.
Et justement, la femme qui traversait cette allée baissait la tête comme honteuse du pourquoi-du-comment elle était arrivé ici. C'était une femme d'environ quarante ans, d'une chevelure brune, avec quelques cheveux blancs, un teint grisonnant. D'une taille moyenne, et d'une petite carrure, ses épaules étaient voûtées, et ses mains étaient menottées. La plupart des personnes se demandaient bien ce qu'elle avait bien pu faire, en tout cas d'apparences. Elle était si chétive, que personne ne pensait a la raison de sa présence, en tout cas d'apparence. Et pourquoi dans cette salle, la moitié des personnes présentes étaient des journalistes, ici pour enregistrer et diffuser le procès qui avait secoué la presse, si on suivait la logique de son apparence.
Finalement, après cette longue traversée durant cette allée, vers l'enfer du jugement, elle arriva a la barre en bois qui lui était réservée. Elle déposa par la suite ses mains liées sur le bois, d'une certaine nonchalance, qui contrastait a son apparence chétive et peureuse. Son visage, dure, et fatiguée, contrastait avec le calme et la confiance qui régnaient dans ses prunelles noisettes. Ses vêtements de " prisonnières ", grisâtres, n'étaient surement pas ce qu'elle portait a l'origine, pourtant, quand elle se tenait droite, on avait l'impression que ceux-ci reprenaient de la couleur, de l'allure et la prestance, lui donnant un charisme certain. Et ce contraste en choqua plus d'un, alors que quelques secondes auparavant, elle n'en menait pas large.
C'était cette prestance qu'était venu chercher la presse nationale, et c'était le dénouement, l'histoire de cette affaire, qui avait secoué la France sans précédant encore une fois. Et celle-ci pouvait être sœur a celle de Xavier Dupont de Ligonnès, tant elle était sordide sur certains points.
Après qu'une rafale de flash se soit abattue sur l'accusé, le juge en face d'elle, un homme en bonne condition physique, brun et grisonnant lui aussi, frappa son marteau contre le bois de son bureau avant de prendre la parole d'une voix forte.
" - Je déclare l'audience du 21 mai 2024 ouverte à midi. Accusée, présentez vous a la cour.
- Je m'appelle Milène Dubois, et j'ai quarante ans, Votre Honneur.
- Mademoiselle Dubois, savez vous pourquoi êtes vous ici ?
- Oui, Votre Honneur. C'est pour le meurtre de ma famille. Dit-elle d'une voix froide, étrangement froide pour quelqu'un dont la famille avait été assassiné."
Le calme était retombé sur toute la salle, qui avant palpitait, chuchotait pendant le début de l'échange, s'était tue, pour écouter l'histoire qui allait suivre, car par les nouvelles législations, on demandait a l'accusée de décrire sa version des faits devant l'assemblée avant de prononcer s'il était coupable ou non de son point de vue. Cela permettait parfois d'éviter de longs échanges d'avocats, puisque souvent, devant une aussi grande cour, les coupables perdaient leurs mots, et révélaient des incohérences vis-à-vis de ce qu'ils avaient raconté à la police. Et c'était exactement ce qui allait suivre.
" - Mademoiselle Dubois, pouvez nous, nous racontez la soirée du nouvel an, de la nuit du 31 Décembre 2023, au 1er Janvier 2024 s'il vous plaît."
La femme hocha alors la tête alors qu'elle se raclait doucement la gorge. Elle se mit dans une posture qui la mettait un peu plus à l'aise, comme si elle se préparait à raconter une histoire à ses neveux et nièces, mais malheureusement, celle qu'elle allait raconter, était beaucoup moins enchanteresse et féerique que celles qu'elle avait l'habitude de raconter. Enfin, elle passa sa main dans ses cheveux, pour les rejetés en arrière avant de commencer son récit.
" - J'étais, et je suis toujours, la tante de deux nièces, Abby et Rose et d'un neveu Thomas. J'ai deux frères, Jason et Charlie qui ont chacun une femme, nommées respectivement Claire et Violette, ce qui me fait deux belles sœurs. Ce jour là, le 31, ils étaient encore vivants, ainsi que mes parents, Mike et Julie, et ma grand mère Alma. Nous avions prévu ce jour-là une réunion de famille, comme à chaque nouvelle an. C'est souvent aussi l'occasion de fêter Noël. Mais étrangement cette année, tout le monde avait réussi à être là, et tout le monde, ou en tout cas une majorité de ma famille souhaitait refaire quelque chose pour la nouvelle année.
Nous avions donc convenu que l'on se rendrait chez la doyenne de ma famille, et qui est par ailleurs ma grand mère Alma. La maison de ma grand mère se trouve dans la campagne, a une vingtaine de minute de Bordeaux.
- L'adresse de cette maison est 27 rue d'Aquitaine ? Interrompit alors le juge pendant le récit de Milène.
- C'est exact Votre honneur. Permettez de moi de continuer. J'arrivais donc a cette maison, une maison que j'aimais bien, et dans laquelle j'avais des souvenirs. Elle a vieilli avec le temps, et fait souvent peur aux petits à cause de sa face, avec du bois un peu vieillis, ou même un peu pourris. Elle est largement habitable, mais la façade fait un peu peur. De la mousse pousse sur le toit, l'ambiance est un peu sinistre l'hiver et surtout de nuit. De plus les bruits de la rivière ne sont pas des plus rassurant. Elle ne gèle pas, elle est assez profonde et épaisse pour ne pas que cela arrive, et le bruit de l'eau tumultueuse qui s'écrase contre les rochers, eux légèrement gelés, n'est vraiment pas rassurant. J'étais arrivée la dernière ce jour-là. Je vous avouerai que je n'étais pas là bas par bonté de cœur. Juste pour faire acte de présence, et passer un peu de temps avec mes neveux et nièces adorés. Je suis donc arrivée vers 19h15, et l'ambiance était déjà glaciale, comme la température extérieur. Et je savais que cette soirée allait être longue. Le problème dans notre famille, c'est que certains ne sont pas très ouvert.
Pour vous expliquez, ma nièce, Abby, a dix-sept ans, et à déjà un bébé en route, avec son petit ami, Chris. A l'origine ce n'était qu'un accident, et cela aurait dû être réglée discrètement, sans que autre que les parents, et les amis de ma nièce, voir que ses amis, mais elle a décidé de le garder et d'en faire une sorte de fierté. Elle assumait, elle et son petit ami de le garder. Et cela a grandement dégrader les relations intra-familiales.
Moi, je suis un peu le vilain petit canard de la famille, j'ai quarante ans, je n'ai pas d'enfant, pas de mari, pas de ... vie de famille propre. J'ai pas non plus un grand travail, qui pourrait justifier l'absence de cette vie de famille. Mais si avant les remarques étaient dirigés vers moi, elles étaient désormais dirigés vers ma chère petite Abby. Et elles étaient aussi virulentes, voir même plus qu'elles l'avaient envers moi. Dans tout ce merdier, sa seule amie, était son arrière grand-mère, et ma grand mère Alma, qui avait été aussi mon alliée.
Je savais donc que cette soirée allait être des plus... glaciales. Et comme prévu, elle le fut, le début en tout cas. J'arrivais donc dans le séjour, ou ma grand-mère et Abby discutait paisiblement dans un coin, et de l'autre côté de la pièce, le reste de la famille avec les deux autres petits. On désignait ma grand-mère comme folle, en la pointant du doigt, disant qu'elle soliloquait et qu'elle devrait vraiment se fai-"
Un raclement de gorge interrompue la femme dans son récit, dans lequel elle semblait totalement plongée. Elle avait réussi aussi l'exploit de captiver dans son récit toute la salle, et pas un bruit, pas un flash ne l'avait déranger, du moins jusque là. Elle se tourna alors vers le juge, qui était l'auteur de ce dérangement volontaire, à son plus grand étonnement.
L'homme en face d'elle se redressa alors l'air a la fois dur et un peu perdu, comme celui qu'abordait son neveu, Thomas, et cela la fit doucement sourire, comme si une nostalgie douce et chaleureuse la traversait.
" Madame Dubois pouvez vous expliquer a la salle en quoi consiste le fait de soliloquer. Je vous rappelle que tout le monde doit comprendre ce récit, et que tout mot qui sort du langage courant et qui est même inconnu pour la plupart doit être éviter, ou sinon expliquer. "
Milène comprit alors l'origine de cet air perdu et elle ne pu alors que sourire, ne se rappelant encore plus l'image de Thomas, en face d'elle. Et une attitude inconsciente s'empara d'elle, prenant alors une voix plus douce et plus maternelle pour expliquer le mot.
" Soliloquer veut dire se parler a soi-même, tout simplement. J'aime les beaux mots malgré que je ne peux les utiliser souvent. "
Après cette petite explication, la jeune femme reprit finalement son discours, expliquant comment avait commencé la soirée, avec les remarques cruelles mais malheureusement habituelles de sa famille envers sa nièce, même sa petite sœur s'y mettait, et le jeune adolescent qu'était Thomas n'avait malheureusement ni la force, ni le courage d'intervenir. Et de toute façon une quelconque intervention n'aurait fait qu'aggraver la situation. Elle ne pouvait rien faire et au fil de la soirée, la jeune femme n'en pouvait déjà plus. Et c'est peut être ça qui a fait basculer la soirée. ce fut d'ailleurs la question posée par le juge.
" Madame Dubois, alors comment en êtes vous arrivez a tout ces meurtres ? "
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro