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Chapitre 10

~ Madeleine ~

Les doigts de Jäger m'enserraient le poignet avec force. Tout se passa très vite. Trop vite. Louis amorça son mouvement avec rage pour le faire lâcher. Son coude me revint en plein dans les côtes. Le souffle me manqua brutalement. Mais il continua son mouvement. Et sa main m'atteignit de plein fouet au niveau de l'oreille. Je vacillais sous l'impact, un court instant désorientée. Je me retins à l'armoire à mes côtés, soudain libérée des deux hommes. Mais un crissement me fit grimacer sans que je n'identifie le bruit. 

- Madeleine ! 

La voix de Danielle se mélangea à celle de Verhoeven. L'inquiétude des deux cris me tendit. Et l'armoire en fer forgé amorça sa chute, droit sur moi. Les premiers objets me tombaient déjà dessus lorsque j'amorçais un mouvement de recul trop tardif. Je n'eus d'autre choix que de me protéger de mes bras, essayant d'absorber le plus gros du choc comme je pus. Une main s'abattit brutalement sur ma taille lorsque le fracas des bocaux en verre commença. Je fermais les yeux en cherchant à me soustraire à la scène lorsque le reste de l'armoire rejoignit le sol. Le vacarme fut assourdissant. Mais le poids attendu n'arriva pas. 

Je me forçais à rouvrir les yeux sans comprendre, le souffle court. Et découvris Louis au-dessus de moi, les mains sur les battants en fer. Verhoeven s'était rapproché aussi mais ne bougeait pas, visiblement indécis. Quand à la main sur ma taille.. Jäger serra les lèvres en croisant mon regard. La douleur se mélangea à la colère alors qu'il faisait toujours barrage de son corps entre l'armoire et moi. 

- Madd, sors de là ! Me pressa Louis.

Son souffle court me rappela son asthme et j'acceptais l'aide de Jäger sans rechigner. Ce dernier courbé en deux au-dessus de moi s'occupa de nous redresser, son bras maintenant enroulé autour de ma taille. Verhoeven sembla se mettre en mouvement et aida Louis à redresser l'armoire, nous permettant de nous redresser entièrement. Les deux hommes - maintenant de chaque côté du duo que nous formions avec Jäger - se regardèrent sans savoir par quoi reprendre. Verhoeven tenait toujours son arme. Je tournais lentement la tête vers Louis en entendant le sifflement de son souffle, l'inquiétude balayant ma peur. 

Je m'arrachais à l'étreinte de Jäger pour me rapprocher de lui alors qu'il s'écroulait au sol, le front couvert de sueur. Son dos heurta brutalement le mur, le soutenant à peine. Son corps s'affaissa lorsque je me penchais sur lui, le redressant avec peine. Sa mère me tendit presque aussitôt son inhalateur. Louis accepta mon aide sans sourciller, à bout de force. Ses yeux se fermèrent à demi mais son souffle sembla se calmer lorsqu'il inhala une première fois son médicament. L'isoprénaline l'apaisa en une courte minute. Lorsqu'il se redressa, ses doigts vinrent caresser mon visage avec remords. Je lui attrapais les doigts en me forçant à sourire, la boule pourtant au ventre.

- C'est rien..., murmurais-je. Respire calmement.

Il acquiesça lentement alors que des bottes crissaient sur le verre brisé dans mon dos. 

- Madeleine.

Louis releva les yeux sur Jäger avant de revenir rapidement sur moi, inquiet.

- Il t'a..., croassa-t-il.

Je lui fis les gros yeux pour le dissuader de continuer sa phrase. Puis me redressais pour passer dans son dos et l'aider à se redresser. Jäger lui lança un regard impassible, une colère froide pourtant figée sur le visage. Je restais un court instant dans le dos du français jusqu'à ce que je sois sûre qu'il soit stabilisé puis glissais un bras autour de sa taille avec angoisse. Il laissa le sien entourer mes épaules, me regardant toujours avec la même vague de remords. Avant que je ne puisse le rassurer, Jäger reprit la parole.

- Je devrais vous tuer. Pour de multiples raisons, siffla-t-il. 

Je tournais brusquement la tête vers l'officier en resserrant mes bras autour de Louis. Ce dernier fit de même, soudain silencieux.

- La perte de votre frère est tragique, reprit Jäger. Mais ça ne vous donne pas le droit de blesser mon infirmière, parce qu'elle l'est , appuya-t-il. Et certainement pas de vous attaquer à un officier de l'armée allemande ! 

Le grondement sourd de sa voix ne m'annonçait rien qui vaille. Jäger était le plus haut placé dans son bataillon. Si son ordre tombait, rien ni personne ne pourrait le contrer. A moins de trouver un officier de la SS. Ou plus élevé que lui dans la Wehrmacht. Avec le risque qu'il exécute Louis sans chercher à comprendre. Je retins soudain mon souffle sans oser le regarder. 

- Que proposez-vous donc ? Aboya-t-il pour Louis. 

- Et vous ? Souffla le français.

Le silence revint. Je relevais enfin les yeux sur Jäger sans savoir quoi proposer pour sauver mon ami. Mon presque frère. Mais une nouvelle fois, ce dernier fut plus rapide que moi.

- Sortez, Madeleine.

Je me redressais aussitôt, les yeux exorbités. J'expirais brusquement sans savoir quoi faire. Et sans savoir ce que lui, allait faire. 

Ausführung ! Claqua-t-il. Hauptmann Verhoeven... (Exécution ! Capitaine Verhoeven). 

Verhoeven s'avança vers moi et me prit doucement le bras, me forçant à lâcher Louis. Je me tournais vers le français, l'angoisse figée sur les traits. Il essaya de me rassurer d'un sourire mais les conséquences de ses actes semblèrent enfin se rappeler à lui. Il ne chercha pas à lutter lorsque je fus contrainte de m'éloigner de lui. Je cherchais à croiser à nouveau le regard de Jäger mais ce dernier resta concentré sur Louis. Il m'adressa pourtant une dernière mise en garde.

- Si vous ne sortez pas immédiatement, je vous jure que je l'exécute sur le champ...

- Madeleine, souffla Verhoeven en continuant de me tirer vers la sortie. Ecoutez-le.

- Louis..., murmurais-je en me tournant vers le français. 

- Vous ne pouvez plus rien faire pour lui, me pressa encore l'allemand. Faites-lui confiance et sortez !

Je m'exécutais sans savoir si je pouvais lui faire réellement confiance. Verhoeven me demandait de croire en Jäger alors que je n'aspirais qu'à rester avec Louis. Pourtant, nous nous comprîmes sans mal. Lorsque nous nous retrouvâmes sur le pas de la porte, je me mis à faire les cent pas en laissant les larmes m'échapper. Elisabeth se précipita vers moi avec inquiétude mais je fus incapable de parler.

- Son ami nous a attaqué, résuma Verhoeven. 

- Que va-t-il lui arriver ? S'alarma la jeune infirmière.

Verhoeven haussa les épaules en grimaçant, barrant toujours l'accès à la mercerie. Je lui jetais un regard angoissé en m'arrêtant un court instant. Puis repris de plus belle ma marche. 

- Vous ne comprenez pas..., murmurais-je. Paul était toute sa vie ! 

Ma voix vira dans les aiguë sur cette dernière phrase, ravivant mes souvenirs.

- Il n'acceptera jamais sa mort..., repris-je sans me préoccuper de la réponse de Verhoeven. Il le fera seulement si on lui rend la dépouille de son frère. Et je... ne crois pas que ça arrivera un jour. Enfin, peut-être. Je ne veux pas dire que... Paul était dans l'armée de l'air, soupirais-je en m'arrêtant à nouveau. Son avion a pu exploser en vol... Il y a tellement de choses qui...

- Madeleine, me coupa Verhoeven. J'entends tout ce que vous me dites. Mais je ne peux rien faire.

- Alors, laissez-moi aller les lui dire ! Criais-je en désignant la boutique.

Verhoeven secoua la tête sans bouger d'un millimètre.

- Si vous passez cette porte, votre ami est un homme mort.

- Cet homme fait partie de ma famille ! M'énervais-je.

- Laissez le colonel régler ça, insista-t-il. 

Au même moment, Danielle sortit avec deux sacs plein à craquer. Elle me lança un regard tendu qui me fit blêmir.

- Ta commande, Madeleine. 

- Et Louis ? 

Elle secoua la tête en posant les sacs et repartit dans la boutique en silence. Evidemment. S'il m'avait fait sortir, ce n'était pas pour me donner des nouvelles aussi tôt. 

- Chargez les sacs, m'ordonna Verhoeven. 

- Allez au diable ! M'énervais-je. 

- Arrêtez de vous rebeller, m'intima-t-il en prenant un premier sac pour le glisser dans le mien. Le colonel risque d'être d'une humeur massacrante et je vous déconseille de lui tenir tête après ça, Madeleine.

- Maddy, on devrait l'écouter..., souffla Elisabeth. 

Je fus incapable de bouger pendant de longues secondes. Je fus incapable de répondre. De réfléchir correctement. La douleur dans les côtes se raviva au même moment, me faisant grimacer. La porte s'abattit soudain contre le mur, laissant sortir un Jäger glacial. Il reprit son sac en silence, m'incitant à faire de même en réprimant mes questions. Son soldat chargea le second sac de la mercerie dans celui d'Elisabeth et nous força à nous mettre en mouvement. 

Jäger nous devançait déjà de plusieurs pas, empêchant toute conversation. Il jura dans sa barbe sans que je ne comprenne, fusillant du regard la moindre personne sur son passage. Je me contentais donc de marcher à ses côtés, m'adaptant difficilement à sa cadence. Le trajet se fit dans un silence pesant. Lorsque nous passâmes les portes de l'hôpital, nous fûmes accueillis par les visages inquiets de Jeanne et Anne. La mère infirmière s'avança aussitôt vers Jäger, les sourcils froncés.

- Tout s'est bien passé, colonel ? 

- Oui, claqua-t-il. Faites ranger tout ça, siffla-t-il. Madeleine, allez à l'infirmerie. 

- C'est.. Ça va, soufflais-je. 

- C'est un ordre ! Claqua-t-il sans un regard. 

- Qu'est-ce que tu as ? S'inquiéta aussitôt Jeanne.

Je gardais le silence, le temps de retirer mon sac. La manœuvre me fit serrer les dents, mes côtes me lançant à nouveau. J'interceptais trop tard le regard réprobateur de Jäger. Il fit demi-tour sans plus de cérémonie en faisant claquer ses talons. Je suppliais silencieusement Verhoeven du regard qui hocha imperceptiblement la tête. Il me désigna l'infirmerie dans mon dos avant de suivre les traces de son colonel. 

- Wilhem... ! L'interpella-t-il en passant la porte du bâtiment.

La réponse ne me parvint pas. Alors, mon angoisse grimpa en flèche. Au même titre que ma colère.

~ Wilhem ~

Je jurais une nouvelle fois en grimpant les escaliers menant à ma chambre. Cette étagère m'avait fait un mal de chien ! Je serrais les dents en retirant déjà les boutons de mon col. Ludwig sur les talons, je ne ralentis pourtant pas la cadence. Je n'avais pas besoin qu'on me plaide la cause de qui que ce soit pour l'instant. Hoffman apparut au bout du couloir mais je lui lançais un regard assassin en finissant de déboutonner ma veste. 

- Nicht jetzt ! (Pas maintenant) Le rembarrais-je.

- Mein Oberst... (Mon Colonel)

Je le fusillais à nouveau du regard pour toute réponse. Il se joignit à Ludwig et entra dans ma chambre en même temps que mon plus proche capitaine. Je jurais en retirant ma veste puis ma chemise. J'étouffais un juron en sentant le tissu me frotter le dos. J'aurais dû l'envoyer aux SS ! Un aller simple pour Natzweiler-Struthof lui aurait fait comprendre le respect, nom d'un chien ! 

- Oberst Jäger !... (Colonel Jäger), s'écria sombrement Hoffman. 

- Ruhe ! (Silence) Jurais-je en faisant volte-face. 

Le tout, incluant ma casquette, finit jeté sur les draps, en désordre. L'air frais me fouetta la peau, m'arrachant un juron. Un bref coup d'œil à mon reflet dans la vitre me confirma ce que je savais déjà. Deux striures de trois bons centimètres me courraient le long des omoplates. 

- Tu sais bien que.., commença mon ami et officier.

- Je me fous de savoir ce qu'il voulait faire, Ludwig. 

- Ce que je veux dire, c'est qu'elle n'y est pour rien, insista-t-il pourtant. Elle est en droit de savoir, Wilhem. 

- Depuis quand la défends-tu ? Sifflais-je en percutant son regard. Est-ce qu'elle a cherché à t'adoucir ou n'as-tu même pas besoin qu'elle le fasse pour céder devant son visage innocent ?! Crachais-je injustement. 

Mon ami le comprit et s'abstint de me tenir tête en voyant ma colère prendre le dessus. 

- Colonel, si je peux faire quoi que ce soit pour vous..., insinua Hoffman. Est-ce à cause de l'infirmière Madeleine ? 

Je lui jetais un regard acerbe en serrant les mâchoires. 

- Je croyais t'avoir déjà dit de laisser mes infirmières tranquille, Franz ! 

- Mais elle vous a blessé, colonel ! S'insurgea-t-il. Elle devrait....

- Et comment aurait-elle fait ? Ricana Ludwig en le coupant. Tu es obnubilé par Madeleine à en perdre ta lucidité, mon pauvre ami. 

- Je n'ai pas de leçons à recevoir de l'homme qui l'a mis dans son lit, ricana-t-il en réponse. Cette française..., cracha-t-il avec dédain. 

Je pinçais à nouveau les lèvres en me massant brusquement les tempes. 

Ça suffit ! M'écriais-je. Foutez-moi le camp, tous les deux ! 

- Je dois te parler, me rappela Ludwig.

- Et ça ne peut pas attendre demain ? M'agaçais-je. 

- Pas vraiment, mon colonel. 

La mention de mon grade me fit tiquer. Hoffman n'attendit pas un nouvel ordre pour disparaître après m'avoir salué. Je lui rendis la pareille, le dos pourtant douloureux. Ludwig s'avança jusqu'au broc d'eau sans attendre ma permission et trempa un bout de ma serviette avant de me faire signe de m'asseoir sur ma chaise de bureau. Je soupirais avec frustration en obtempérant pourtant.

- Tu es resté dans ma chambre pour t'occuper de moi, Ludwig ? Ricanais-je. Ne m'en veux pas mais je préfère la compagnie de nos infirmières. 

- Surtout de l'une d'entre elles, nuança-t-il. 

Ma colère afflua à nouveau au souvenir de la jeune française. Cette écervelée... Ludwig ricana en posant le tissu sur ma peau douloureuse. J'étouffais un grognement en attrapant les rebords du bureau. 

- Je veux seulement m'assurer que tu n'as pas de plaie ouverte vu que tu n'es pas décidé à aller te faire soigner.

- Je n'ai pas besoin de soins, grommelais-je.

Pour toute réponse, mon ami appuya davantage la serviette contre mon dos, me faisant jurer copieusement. Lorsque je lui lançais un regard furibond, il tenta de contenir son rire, les yeux rieurs. Son manège dura encore une dizaine de minutes avant qu'il ne reprenne la parole.

- Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu ne l'as pas exécuté.

- Comment peux-tu en être persuadé ? 

- Ton uniforme n'est pas sali, répondit-il comme dans une évidence.

- J'aurais pu le pendre, grognais-je.

- Mais tu ne l'as pas fait.

- Non. 

Le silence revint dans la pièce. Des bruits dans le couloir nous empêchèrent de reprendre. Mes soldats devaient surement regagner leurs quartiers pour la nuit. Ludwig s'éloigna pour reposer la serviette à côté de mon broc, haussant les épaules.

- Tu as quelques éraflures. Tu devrais aller la voir. 

- Je t'ai dit que j'allais bien, Ludwig ! 

- Et j'ai entendu, sourit-il sans me regarder. 

- Alors, la discussion est close ! Soupirais-je de frustration. 

Un coup à la porte le fit se retourner et je me jurais sans me redresser. La porte s'entrouvrit avant que je n'en autorise l'entrée, ravivant ma colère. 

- Hauptmann Hoffman ! Ich habe es dir gesagt... (Capitaine Hoffman ! Je vous ai dit...)

Je me figeais alors que le battant s'ouvrait entièrement. Ludwig retint un nouveau rire en se mordant la lèvre inférieure. S'il osait...

- Je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne nuit, mon colonel.

Je voulus répliquer mais il arrivait déjà sur le pas de la porte et poussa doucement mais fermement l'infirmière indécise dans ma chambre avant de refermer le battant dans son dos. Cette dernière se tourna à nouveau vers moi, les joues rougies. Elle baissa promptement les yeux, évitant mon regard. Je soupirais bruyamment en me redressant pour attraper ma chemise. Et me retrouvais inévitablement dos à elle. Son cri étranglé me rappela mes marques alors que j'avais seulement voulu repasser ma chemise pour ne pas la mettre mal à l'aise. 

Je me figeais en l'entendant se rapprocher, observant son reflet dans la vitre de la chambre. Les dernières lueurs du soleil laissaient un peu de lumière dans la chambre. Elle y remédia en allumant une bougie à côté de mon broc et reprit la serviette que Ludwig avait utilisé auparavant. Elle la trempa presque entièrement au contraire de mon ami et m'invita d'un signe à retourner sur la chaise. Lorsqu'elle comprit que je n'avais pas l'intention d'obéir, elle se contenta de repasser dans mon dos pour poser le tissu contre mes omoplates. Je grinçais des dents en me courbant légèrement.

- Asseyez-vous, colonel..., me souffla-t-elle.

Cette fois, je ne me le fis pas dire deux fois. Elle me fit m'asseoir face au bureau, le dossier sur ma droite. Elle se remit dans mon dos et reprit ses soins. Elle attrapa une crème dans l'un des tiroirs du bureau sans que je ne sache ce que c'était. Lorsqu'elle me la passa sur la peau, la fraîcheur du produit m'arracha un frisson. Devant nos silences respectifs et l'ambiance de plus en plus pesante, je me décidais à faire un pas vers elle. 

- Que faites-vous là, Madeleine ? 

- Je vous soigne, répondit-elle prudemment. 

- Qu'êtes-vous venue faire dans ma chambre ? Reformulais-je aussitôt.

Sa réponse ne vint pas aussi vite, cette fois. Elle hésita et je sentis ses doigts se crisper sur ma peau. Elle reposa la crème, me donnant l'occasion de lui attraper le poignet. Je me tournais vers la gauche pour l'avoir en face de moi, la rapprochant de la chaise d'une pression de la main. Elle s'arrêta lorsque son genou frôla ma cuisse. Son regard était hésitant, ravagé par une question muette qu'elle n'arrivait pas à formuler. 

- Répondez-moi, grondais-je.

- Je voulais..., commença-t-elle. 

Mais elle ne finit pas sa phrase. Son visage se contracta, laissant apparaître de nouvelles émotions. La peur. Le chagrin. La colère. Et Dieu que j'avais envie d'attiser cette dernière. Je devais admettre que son insolence commençait à me manquer. Mes propres sentiments avaient laissé place à une sensation beaucoup plus primitive. Cette femme allait me rendre fou. 

- Je ne veux pas que vous pensiez que...., reprit-elle soudain en fronçant les sourcils. Enfin, je n'avais pas l'intention de m'opposer à vous. Tout à l'heure. 

- Mais vous étiez inquiète pour votre ami. 

- Louis est comme mon frère, rectifia-t-elle aussitôt. 

Une jalousie féroce m'enserra soudain la poitrine, me faisant tressaillir de surprise devant mes propres réactions. Madeleine releva des yeux aux mille questions vers moi, me mettant au supplice. J'avais besoin de changer de sujet. J'avais besoin de savoir si elle m'en voulait. Si elle m'en voudrait quand elle saurait. 

- Je ne lui ai rien fait, laissais-je alors tomber. 

Ses épaules se délièrent d'un coup alors qu'un long soupir lui échappait. La serviette lui échappa des mains de soulagement avant que ces dernières ne se mirent à trembler. Elle chercha à le cacher en récupérer le bout de tissu, le serrant convulsivement contre sa poitrine. Si seulement ton foutu uniforme ne me gâchait pas la vue... Je m'arrachais à cette vision en me redressant brusquement. Erreur monumentale. 

Madeleine sursauta et voulut s'écarter mais ma cuisse heurta sa jambe. Je la retins vivement par le bras alors que ses mains se plaquaient sur mon torse pour chercher à se stabiliser. Un long frisson me fouetta le sang, ravivant mes bas instincts. Mon regard chercha le sien, incandescent. Elle voulut rompre le contact mais je plaquais durement son corps contre le mien, l'empêchant de me fuir. Pas maintenant, mon trésor. Je n'en ai pas fini avec toi

- Mais je lui ai interdit de vous revoir. Pour le moment. 

Elle écarquilla les yeux d'incompréhension en cherchant à reculer. Je raffermis ma prise dans son dos, le regard dur. 

- Ne cherchez pas à me fuir, Madeleine. 

- Mais... pourquoi ?! 

- Parce que je vous l'interdis ? Raillais-je sombrement.

- Je.. Quoi ?! S'écria-t-elle. Mais je ne parlais pas de ça, sombre idiot ! 

Elle chercha à me frapper au torse avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de dire. Elle osa hausser les épaules en revenant plonger dans mon regard. Je dus donc me résoudre à lui répondre. 

- C'était soit ça, soit l'exécution, Madeleine. Je sais que vous tenez à ce crétin... 

- Ce n'est pas un crétin ! Le défendit-elle dans un cri. 

Et en m'interrompant. Je ne relevais pas mais ne pus m'empêcher de la prendre à son propre jeu, la jalousie m'assaillant à nouveau. Bon sang ! Reprends-toi ! 

- Pour s'en prendre à un officier gradé de l'armée allemande, il faut l'être un minimum, vous ne croyez pas ? La rembarrais-je. 

- Lâchez-moi ! S'énerva-t-elle en secouant la tête. Vous ne pouvez pas mettre votre garde en avant dès que cela vous arrange, colonel ! Un coup, vous ne voulez être que l'homme derrière l'uniforme puis le coup suivant, vous êtes l'implacable colonel Jäger ?! 

- Non, claquais-je. Et je n'ai jamais dit que je ne voulais pas être... 

- Je vous demande pardon ? S'offusqua-t-elle sans me laisser finir. 

- Vous allez cesser de m'interrompre, oui ?! M'énervais-je à mon tour.

- Vous m'avez dit ces propres mots ! Continua-t-elle sans relever. Ici même !

- Nous étions dans une conversation privée ! Me rebiffais-je. Bon sang, Madeleine ! Je suis un officier allemand, que vous le vouliez ou non ! 

- Et je n'ai jamais prétendu que vous ne l'étiez pas ! C'est vous qui... 

- J'ai seulement dit qu'avec vous, je ne voulais être que Wilhem ! Pas que je n'étais pas cet officier pour les autres. Votre ami... 

- Mon frère ! Me reprit-elle avec véhémence. 

- Peu importe ! Criais-je plus fort. Votre frère, soit ! Cet effronté aurait fini avec une balle entre les yeux s'il avait eu ce comportement ne serait-ce qu'avec Hoffman ! J'ai été plus conciliant que n'importe qui d'autre parce que je ne voulais pas que la fragile confiance que vous m'avez accordé ne se brise, sombre idiote ! 

Les larmes lui brûlèrent les cils, lui faisant baisser la tête. Ses doigts se crispèrent sur ma peau, me faisant me contracter. Je repris plus calmement en resserrant encore mon emprise sur son corps frêle. 

- Mais ne me demandez pas l'impossible, Madeleine... Je ne peux pas simplement laisser passer ses actes et paroles. Ne plus vous voir a été la seule sanction qui me paraissait juste et appropriée. Il tient à vous, c'est évident. Il s'est mis en danger pour vous..., admis-je amèrement. Regardez-moi...

Ma supplique eut raison d'elle. Ses yeux humides revinrent trouver les miens. Je sentis ses mains glisser lentement le long de mon torse, se figeant sur ma taille sans que je ne sache si son geste était conscient. Elle semblait perdue et perplexe à la fois. 

- Mais vous aussi, vous l'avez fait...

- C'est vrai, murmurais-je en glissant mes doigts dans ses cheveux. Mit que bei... (Restez avec moi). 

Elle papillonna des cils et s'accrocha désespérément à moi sans savoir quoi faire. 

- Vous ne le trahirez pas, Madeleine, murmurais-je encore. Pas plus que Louis.

Quelque chose sembla céder, laissant libre court à ses sentiments. Une fraction - voire un millième - de seconde. Je crus l'avoir imaginé jusqu'à ce que je sente son corps s'alanguir contre le mien. Mon souffle s'accéléra alors que je remontais mes mains au niveau de son visage pour le prendre en coupe. 

- Fais-moi confiance... 

Mon souffle balaya ses lèvres, la faisant frissonner. J'avais mis en garde mes hommes contre les dangers que représentaient les femmes des pays assiégés... et voilà que je franchissais toutes les limites que je leur avais fixé. J'étais obnubilé par ses lèvres. Par son visage. J'avais envie de l'embrasser. J'en avais besoin. Et sa bouche ne demandait qu'à être couverte de baisers... Et lorsque je réduisis le peu de distance qu'il restait entre nous, je me sentis perdre pied, terrassé par un désir trop longtemps oublié. 

~ Et voilà pour le chapitre 10 ! 

La suite arrive très prochainement mais en attendant, à vos claviers et vos souris pour me donner vos impressions ! Est-ce enfin le moment pour eux de s'abandonner à leur désir mutuel ? Ou est-ce encore trop tôt ? 

Que va-t-il pouvoir se passer pour notre couple que tout semble opposé et en même temps rapproché ? Madeleine acceptera-t-elle de ne plus revoir Louis ? Pourra-t-elle accepter de trahir Paul ? Et le verra-t-elle réellement comme une trahison ? A vous de me le dire ! 

Des bisouuuuuuuus ! ~ 

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