Le contexte
Alors ça me semble sincèrement important. Vous me connaissez, vous savez la place que je donne à la mémoire des événements, aux ressentis. Il se trouve que l'attentat du Bataclan a été, avec Charlie Hebdo, un des événements qui m'a le plus marqué ces dernières années. Alors je vais blablater un peu avant de vous offrir le texte en temps que tel.
Qu'est-ce qui c'est passé pour moi ce jour là ? Alors ce 13 Novembre 2015, j'étais à table avec mes parents et des cousins de la famille (un couple âgé dont le monsieur était fan de foot avec mon père et moi, ainsi que le parrain de ma sœur). Et il se trouvait qu'on fêtait l'anniversaire de ma sœur survenu deux semaines plus tôt, ainsi que celui de mon père qui arrivait le lendemain. Moment festif, tranquille. Et en plus un beau match de l'équipe de France de foot contre l'Allemagne. Que demande le peuple?
La France gagne. Un but de Gignac, je crois. Peut-être deux? Avec le reste j'ai oublié. Je suis assise en bout de table, j'ai l'œil sur la télé, toute euphorique de cette victoire sur une grande nation, parfois présentée comme notre bête noire.
Et là, boom. Je suis la première à le voir : le passage radicale du match aux éclats de balles sur les vitres et les grands titres "SCENE DE GUERRE DANS PARIS".
Alors on se précipite. Et on comprend. Pendant la mi-temps, un pétard avait éclaté, faisait sursauté Evra. C'était des kamikazes. Plusieurs bombes ont explosé autour du stade. Et surtout, une prise d'otage est en cours au Bataclan.
Sincèrement, ça douche. Je n'ai pas dormi de la nuit, je suis restée les yeux rivés sur ma télé. Quelques mois plus tôt, on avait subi Charlie Hebdo, le premier gros attentat depuis une éternité et c'était frai dans nos têtes. Mais là c'était pire. Et le nombre de mort qui s'élevait, d'heure en heure ... et au milieu de ça, on a pris le temps de souffler les bougies de mon père. Un goût de cendre.
Surtout que le lendemain, le 14, jour de l'anniversaire de mon père, la vie continue. Ma famille aime les fêtes : on s'est retrouvé à trente, quarante dans ma maison avec la musique, les éclats de rire, les bougies et le gâteau. De l'horreur, des morts, des balles, plus aucune trace.
Je ne sais pas, j'étouffais au milieu de cette fête. Bon c'est souvent le cas, mais là il y avait trop de décalage. Je ne sais pas, je dois avoir quelque chose de l'ordre de l'hypersensibilité : je n'arrivais pas à m'enlever les images de la tête. J'étais vide à l'intérieur, il y avait une grosse déconnexion. Personne ne parlait des événements de la veille et moi je ne pensais qu'à ça.
A un moment, je suis ni plus ni moins que monter dans ma chambre et sans réfléchir, je me suis mise à mon ordinateur. Les images qui me trottait dans la tête depuis des heures, il fallait que je les concrétise.
Alors ça a donné ce texte de même pas mille mots, à peine deux pages mais qui m'a réellement servi de catharsis. C'est sans prétention : vraiment un besoin d'écrire, de codifier, traduire ce que je ressentais, ce que je voulais tirer de ça.
Je ne saurais même pas le caractériser alors je vous laisse découvrir ! Il n'a pas été modifié depuis, c'est vraiment le premier jet. J'avais 19 ans à l'époque, en classe prépa BL.
ça n'appelle pas forcément à des commentaires : je ne partage pas pour avoir des avis. C'est ma façon à moi de me rappeler, me souvenir. Et surtout, ma façon à moi de rendre hommage aux victimes, pas seulement du Bataclan mais toutes celles qui ont été victimes du terrorisme ou de l'ignorance. De Charlie Hebdo à Samuel Paty, en passant à tous les actes dont on ne parle pas ou peu parce qu'on a une vision très occidentalisée et que seul notre malheur compte. On n'oublie pas les autres.
Mais bon, là c'était centré sur la France. Vous allez vite comprendre. Petite minute de silence ... et je vous laisse lire.
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