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L'odyssée d'un sélénite sur Terre


L'odyssée d'un sélénite sur Terre


"Maman, bonjour,

Ca fait quelques temps, je sais, que je ne t'ai pas écrit. J'ai été très occupé, ces dernières semaines... En fait, pour être tout à fait sincère, j'ai été très amoureux, ces dernières semaines. Tu sais combien je suis déjà distrait, en temps normal. Alors là, c'est pire. C'est à peine si je ne me prends pas les murs en marchant.

Tu sais bien, petit, on ne me remarquait pas beaucoup. Pas vraiment sociable, timide à bégayer aux moindres mots, je préférais m'asseoir face à une feuille et mettre toutes les couleurs que je voulais à mon univers. Aussi je n'avais jamais eu d'ami. Pour autant, les autres élèves n'ont jamais été méchants avec moi. Ils ne m'avaient tout simplement pas remarquer, encore.

Je n'ai eu de problème avec eux qu'une seule fois. C'était avec Joe, si tu te souviens. C'était un enfant bien plus imposant que la moyenne. Je le trouvais vraiment impressionnant. Les chaises de la maternelle semblaient tellement petites pour lui, il était comme un géant dans une maison de poupée. C'était charmant. Je l'admirais beaucoup. Alors je l'ai dessiné en ogre de feu, je trouvais que ça lui allait bien, comme créature. Il n'était pas vraiment de cet avis. J'ai bien essayé de lui expliquer que les ogres de feu étaient des créatures vraiment intéressantes et très puissantes mais rien n'y a fait. C'est la première et dernière fois que j'ai fini la tête dans la cuvette des chiottes. Après j'ai simplement évité de montrer mes dessins à des gens qui avaient plus de muscle que moi. C'était devenu trop dangereux.

La maîtresse ne s'inquiétait pas non plus pour moi. Ou plutôt, si, de temps en temps. Mais quand elle avait vingt autres singes hurlants qui faisaient bien plus de bruits que moi, elle m'oubliait souvent. Pourtant on passait souvent du temps tous les deux. Elle était vraiment gentille. Tous les soirs, nous attendions patiemment que tu viennes me chercher, assis sur le muret en pierre, à la grille de l'école. Elle riait beaucoup quand je lui expliquais mes illustrations. Elle disait qu'il y avait du monde dans ma petite cervelle. Ca comblait le silence de l'école vidée de tout ses élèves, nos conversations. Et puis, les soirs où tu ne te décidais vraiment pas à montrer le bout de ton nez, elle me caressait les cheveux et me demandait d'attendre sagement qu'elle te passe un coup de téléphone. Ca t'échappait parfois, le fait que tu avais un fils. Franchement, je crois que je te comprenais mieux qui quiconque sur ce point. Parce que moi aussi je t'oubliais quand je dessinais. Je ne songe plus à rien dès l'instant que j'ai un crayon à la main. Qui de l'oeuf (ça, c'est moi) ou la poule (ça, c'est toi) à commencer à s'oublier, maman? Le mystère reste complet.

Bref, s'il t'arrive de te demander ce que le petit garçon que tu as laissé est devenu par la suite, sache qu'il n'a pas beaucoup évolué. Une quantité très réduite et affligeante de centimètres me sépare de lui. Ca vaut à peine le coup de les mentionner.

Comme je ne savais rien faire d'autres que de dessiner, j'ai fait des études dans l'illustration. C'est durant ces années-là que j'ai fait la connaissance de Simon. Je me souviens, on s'est rencontré au détour d'une rue, alors que je rentrais chez moi, ma grande pochette de dessin sous le bras. C'était un tout petit chaton, terré contre gouttière. Il miaulait, apeuré. Je ne sais pas, ça m'a fait quelque chose, cet animal perdu, loin de sa mère. Il avait un regard perdu et effrayé, quand les voitures passaient. Un peu le même regard que moi, le premier jour à la maternelle, quand j'ai compris avec stupeur que je n'étais pas le seul "machin qui braille" sur Terre, comme tu me surnommais tendrement. Je me suis dit qu'on allait se comprendre, lui et moi. Je n'ai pas hésité longtemps. Je suis rentré avec lui dans les bras et on ne s'est jamais plus quittés. Je n'avais jamais eu un ami pareil. On dormait toujours ensemble, on se tenait chaud l'hiver, on se comprenait sur absolument tout. J'avais vraiment l'impression que Simon était la plus grande rencontre de ma vie, à ce moment-là. Mais je me trompais.

C'était un jour comme un autre pourtant. Enfin, je crois. Si on m'a envoyé des signes pour me dire que ce jour-là serait différent des autres, de là-haut, et bien je n'ai rien remarqué. Tu sais, moi, je suis tête en l'air alors un Dieu qui me parle ou quoi, ça me passait au dessus de la tête. Je me suis levé, j'ai nourris Simon, j'ai pris un café. On a mangé tranquillement tous les deux. Et puis, je me suis dit qu'un documentaire animalier en replay serait pas mal pour démarrer efficacement la journée. Simon était du même avis car il s'est installé sur mon ventre et on apprit beaucoup de choses sur la grande barrière de corail. J'ai imaginé une super héroïne aquatique que j'avais très envie de dessiner, en observant les poissons clowns voltiger entre les rochers. J'ai bâillé, j'étais bien.

Et puis, tout à coup, quelqu'un a sonné à ma porte. Ce fait, en soit, était étonnant. Personne, dans cette ville, ne me connaît et ne sait où j'habite. Mais ce qui m'a encore plus étonné, c'était la façon insupportable dont la personne derrière la porte sonnait. Elle gardait le doigt profondément enfoncé sur le bouton, comme si elle voulait être sûr que tout l'immeuble sache qu'elle attendait que j'ouvre et qu'elle ne partirait pas avant que je lui ai obéis. La sonnerie était stridente. Simon a vite déguerpis dans la chambre pour se cacher sous mes draps. Il déteste les étrangers.

Bref, je me suis retrouvé seul face à une situation de crise à gérer. Je me suis décidé à aller ouvrir parce que je ne veux pas d'ennuis avec le voisinage. Le concierge me regarde déjà avec assez d'animosité, moi et ma pochette à dessin, quand je rentre et sors de l'immeuble. Je n'avais vraiment pas besoin d'en rajouter.

Et là, maman, il s'est passé quelque chose que tu ne croirais pas possible. Pourtant voilà : je me suis fait coloniser par un sélénite.

Tu sais comment je suis, je n'ose rien dire et c'est pas mes bras spaghettis qui vont m'aider à défendre ma peau. Je me suis fais piétiner dès l'instant où j'ai déverrouillé la porte. Il est entré comme ça et il a décidé que c'était chez lui, maintenant. Il a commencé à ouvrir tous les placards de ma cuisine, vidé mes paquets de biscuits. Tu verrais ce que ça mange bien, un sélénite... J'ai toujours eu un faible pour les gens avec un bon appétit. Il n'y a qu'à voir avec Simon. Alors j'avoue que je n'ai pas trop grogner face à ça.

Ensuite, il a commencé à vouloir regarder des trucs sur ma télévision. Je l'ai suivis, pensant reprendre le documentaire sur la grande barrière de corail... Penses-tu! Il m'a arraché la télécommande des mains et a dégotté une série policière très glauque. Satisfait, il s'est allongé sur mon canapé et m'a invité à faire de même. Il prenait toute la place et me donnait des coups de pieds à chaque fois qu'il sursautait. Et il n'a pas arrêté de parler durant toute l'enquête pour me faire part de ses suppositions. C'était assez insupportable, il faut bien l'avouer mais en même temps, il était d'une perspicacité remarquable.

Après, c'est devenu pire. Il a voulu dormir dans mon lit. Je n'ai pas su dire non. Il ronflait énormément, prenait toute la couette mais surtout... Quelle pipelette! S'il n'avait plus sommeil au beau milieu de la nuit, il considérait également que j'avais bien assez dormir comme ça et me secouait comme un prunier, pour me faire part d'une réflexion qui flottait dans son esprit. Et sache qu'il a souvent beaucoup de choses dans la caboche des sélénites. J'avoue faire souvent semblant d'écouter, même si je trouve ça un peu moche de ma part. Mais de toute façon, il monologue joyeusement et n'a pas réellement besoin de ma participation.

Ensuite il a commencé à inonder l'appartement de tout un tas de choses, notamment des plantes vertes et des guirlandes lumineuses, en quantité déraisonnable, qu'il s'offrait avec ma propre carte bleue. Je ne suis pas dépensier et j'avais, sans y prêter vraiment attention, économisé quelques sous qui prenaient la poussière sur mon compte en banque. Je me suis dit que de toute manière, il fallait bien que ça profite à quelqu'un. Du moment que j'avais de quoi acheter des croquettes pour Simon et du matériel pour mon travail, ça m'allait.

Finalement, il est entré dans mes dessins. Je passais des heures et des heures à essayer de faire un personnage nouveau, une héroïne aquatique ou un ogre de feu, que j'avais soigneusement prémédité, dans mon esprit. Mais à chaque fois, ça n'y manquait pas. Le sélénite balayait tous mes plans en l'air et s'installait nonchalamment au milieu de mon travail. Il prenait contrôle de mes coups de crayons, de mes couleurs et les détourner pour vivre toutes mes quêtes. C'était lui qui dressait les dragons, qui voyageait au milieu du royaume des elfes, qui combattait les trolls, qui sauvait la princesse et qui était la princesse à sauver, à la fois. Ca n'avait plus aucun sens. Mais j'aimais cette absurdité. Je commençais à sérieusement me demander s'il ne profitait de mon sommeil pour triturer ma cervelle, tu vois. Je tournais plus rond. Qui sait de quoi les sélénites sont capables ?

Simon, mon ami de toujours, a fini par tomber sous le charme du sélénite. Ca a creusé un fossé entre nous, il faut bien le dire. Ils se montaient contre moi, parfois, quand je n'étais pas d'accord avec eux. Mais il fallait bien l'avouer : moi aussi, j'avais un faible pour l'envahisseur.

Tu vois, c'est une histoire étrange et tu dois sûrement te dire que ce n'est pas facile tous les jours, d'être colonisé par un habitant de la lune. Je sais que tu souffles très fort en songeant que c'est bien moi, ça, me faire marcher sur les pieds par un extraterrestre. Avec toi, il aurait déguerpit, un coup de pied au cul. C'est sans doute vrai mais... Mais, bizarrement, je n'ai plus jamais eu envie qu'il reparte de chez moi. Ce n'est plus vraiment exclusivement chez moi, tu vois. C'est devenu chez nous, en quelque sorte. Chez lui, même, à l'occasion.

"Et toi ?", me diras-tu. Les gens se demanderaient sans doute pourquoi j'ai accepté de me faire envahir ainsi. Premièrement, sache que je n'ai toujours pas la force physique pour me rebeller contre tout ça. Mais ce n'est pas l'unique raison. Oui, c'est vrai que ce sélénite est vraiment sans gêne et caractériel, maman. Je l'admets volontiers. Mais, je crois que c'est lui, la rencontre de ma vie. C'est étrange, me diras-tu, pour un humain, de se sentir aussi bien en compagnie d'un sélénite. Je n'ai pas vraiment d'explication à te fournir à ce propos. Simplement te dire que j'ai toujours eu un peu du mal avec les terriens. Même si c'est absurde, je crois mieux le comprendre. Et lui, il aime quand je le dessine en nymphe des bois. Il ne m'a jamais mis la tête dans la cuvette, en tout cas.

Et puis, rappelle-toi, tu le disais toi-même que j'ai toujours été un petit garçon lunaire. Je devais être prédestiné, quelque chose comme ça.

Je n'aurais plus autant de temps pour t'écrire à l'avenir, maman. Je suis très pris à partir de maintenant, tu comprends? Je crois que nous avons un long voyage qui nous attend, lui et moi, à présent. Bien-sûr, tu seras toujours là, dans un petit coin de mon esprit, sois en sûre. Je t'enverrai des cartes postales pour te dire qu'on va bien, moi et le sélénite.

Je t'aime très fort.

Yoongi."

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