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L'éloge du pédiluve

L'éloge du pédiluve

- Yoon?

- Hm?

- Les piscines à vagues, ça me manque.

Yoongi releva les yeux de son dragon mage puissance 3 un instant, surpris. Il jeta un coup d'œil perplexe par la fenêtre. Il avait neigé la semaine dernière et les rues étaient verglaçantes. Simon était fourré sur le radiateur depuis quelques jours déjà et Yoongi avait déplacé sa gamelle dans le salon pour qu'il puisse subvenir à ses besoins physiologiques sans mourir de froid. Il fallait dire que l'appartement était parcouru de courants d'air et que c'était les fesses contre le radiateur qu'on se sentait vraiment bien. Lui-même était emmitouflé dans un plaid imitation fausse fourrure et avait piqué une paire de chaussettes de ski à son amant. Autrement dit, pas un temps à piscine à vagues :

- Tu sais nager ?

Jimin posa son gros bouquin sur son estomac et sembla réfléchir :

- Hmm, pas sûr... Mais ça n'est pas vraiment nécessaire, Yoon. On prendrait des frites. Et puis, on barboterait dans le petit bain et là, on aurait vu sur le bassin des grands, où personne n'a pied.

- Et c'est tout?

- Comment ça "c'est tout ?" ?

- On barbote et on regarde les gens nager ?

- On s'en fout des gens qui nagent, Yoon. On regarde les gens qui ressortent de l'eau pour aller à leur serviette !

- Ah bon ?

- Torses dessinés et poilus à souhait, chevelures dégoulinantes, tétons qui pointent, petits slips moulants... Il t'en faut plus ou tu as compris l'idée?

- Je crois que j'ai compris.

Yoongi n'avait jamais envisagé aller à la piscine pour ça. Il n'envisageait d'ailleurs pas d'aller à la piscine tout court. Jimin l'épatait toujours d'inventivité. Le rose était un esprit vif, il fallait le dire. Il essaya de se figurer l'image que dépeignait Jimin dans sa tête et finit par grimacer. Lui, les torses musclés, vous savez... Ca lui passait au dessus. Tout ce qu'il aimait c'était les cuisses molles de Jimin.

Il posa son stylet et se mordit la lèvre, préoccupé par une réflexion qui venait de s'installer dans son esprit. Il se tourna vers Jimin, allongé sur le canapé, magnifique dans sa polaire blanche et duveteuse, qu'il avait assortis avec goût à ses chaussettes en grosse laine et à son tanga à motif donuts. Il était assez rare que Jimin porte un tanga et Yoongi songea que c'était peut-être le signe qu'ils devaient augmenter le chauffage. Le rose lisait son roman policier pour la troisième fois, cette semaine. C'était Yoongi qui les lui choisissait, méticuleusement, à la bibliothèque municipale, où ils avaient pris un abonnement pour deux. Comment diable l'idée de la piscine publique et des torses velus lui avait traversé l'esprit à ce moment-là ? Les pensées de Jimin avaient toujours été un mystère pour Yoongi. Il osa :

- C'est pas plus tôt une activité pour l'été, la piscine à vagues ?

- Yoongi, sers-toi de ta tête, Chat... En été, je peux en voir partout, des mecs en moule-bites. Ils ne se contentent plus de l'entre-nous des séances de crawl du jeudi matin... Ils sont partout. A chaque pub à la télé', son petit cul bien serré et ses pecs bien durs ! L'été, c'est le triomphe de la sensualité des maîtres nageurs, je peux te le garantir... Ils ont enfin la reconnaissance qu'ils méritent... Pourquoi croyais-tu que j'aimais tant cette saison, dis-moi ?

Yoongi haussa les épaules, beaucoup moins emballé que Jimin par l'esthétisme estivale. Il s'était replongé sur son dragon qui attendait impatiemment d'être mis en couleurs mais il se laissa quelques instants de réflexion pour débattre. Devait-il lui rajouter une armure ? Jimin maugréa :

- L'hiver est bien fadasse...

Il lâcha ensuite un soupir à fendre l'âme. Yoongi releva aussitôt les yeux sur son dulciné, inquiet. S'il y avait une chose qu'il ne supportait dans la vie, c'était de voir Jimin las. Il remarqua que ce dernier lui jetait des petits coups d'œil furtifs, par dessus son bouquin, comme pour s'assurer que le message était passé. Yoongi baissa les yeux vers sa tablette graphique et s'excusa silencieusement auprès du dragon qui allait devoir patienter. Si Jimin était peiné, il fallait qu'il prenne plus au sérieux toute cette histoire de piscines à vagues, il le savait. Il reposa l'appareil sur la table basse, se tourna vers son amant et questionna :

- Tu veux qu'on fasse quelque chose, pour se changer les idées?

Jimin fit semblant d'être surpris par la question, feignant de poursuivre assidûment sa lecture :

- Comme quoi, Chat?

- Je sais pas, on pourrait reg-

- Ca te dit pas qu'on essaie d'y aller ? Coupa Jimin en reposant autoritairement son bouquin par terre, déjà prêt à bondir sur ses jambes: Allez, hop, saute dans ton maillot, moussaillon !

Un quart d'heure plus tard, Jimin chantonnait joyeusement dans l'entrée de l'appartement, un bonnet de bain à pois dernier cri, solidement enfoncé sur le crâne. Yoongi le suivait, d'un pas beaucoup moins vaillant, refermant sa braguette, se répétant mentalement qu'il ferait tout pour que Jimin soit le plus heureux des Hommes du monde. De la galaxie, même. Et que le "tout" comprenait rentrer encore dans ce slip de bain 14 ans, prendre le métro sous la flotte, se retrouvait sous les douches communes, à se savonner entre deux armoires à glace et traverser vaillamment le pédiluve en essayant d'oublier toutes les légendes urbaines circulant à son sujet. Il n'y avait pas de limite à son amour pour Jimin, non.

Jimin zippa joyeusement sa doudoune - qui sentait encore l'usine - à même son maillot de bain une pièce et sauta dans ses bottes de pluies. Yoongi n'osa pas lui faire la réflexion qu'il n'y avait aucune précipitation quant au bonnet de bain et que, ainsi vêtu, il ressemblait à s'y méprendre à un exhibitionniste. Ca aurait sonné comme un compliment, aux yeux de Jimin, de toute manière. Il déchira discrètement l'étiquette du prix qui lui pendait encore dans le dos.

Finalement, ils se retrouvèrent face à la vieille porte écaillée de l'appartement. Yoongi attrapa la main de Jimin pour entrelacer leurs doigts. Ils s'observèrent :

- Prêt, Jim?

Il y eut un silence où le petit rose le fixa, puis se tourna vers le battant avec un air de défi. Il déglutit et hocha la tête. Yoongi attrapa alors doucement la poignée et l'ouvrit lentement, pour ne pas l'affoler. Jimin prit le temps d'observer le pallier, les cloisons glauques de l'escalier tortueux. Il s'approcha avec méfiance, tournant la tête à droit à gauche comme pour s'assurer qu'il n'y avait pas de piège. Pourtant, arrivé sur leur paillasson arc-en-ciel, dernière frontière de son charmant royaume, il se stoppa. Il fronça le nez. Yoongi comprenait cela assez bien. Le monde extérieur n'avait certainement pas l'odeur vanillée des bougies parfumées que Jimin collectionnait en quantité pathologique. Le dessinateur se positionna devant les escaliers et lui tendit les deux mains, comme si les quelques millimètres qui le séparaient du sol nécessitaient une acrobatie dangereuse. Et ça l'était. Les quelques centimètres de ce paillasson kawaii, c'était la frontière entre un monde où Jimin était un roi plein d'extravagances et un... Un autre monde. Un monde qui l'avait oublié.

Jimin ferma les yeux quelques instants, frissonnant. Ses mains étaient devenues gelées dans celles de Yoongi, comme si le sang, apeuré, avait remonté ses membres et s'était réfugié au près de son cœur qui battait follement :

- Je sais pas si je peux le faire, Chat... Ca sent vraiment trop mauvais...

- Prends ton temps... On n'est pas pressés, l'encouragea son compagnon.

Jimin hocha frénétiquement la tête et écrasa les doigts de Yoongi tellement fort que ce dernier se retint difficilement de hurler de douleur. Tout doucement, il approcha la pointe de ses bottes en caoutchouc de la dalle en plastique. Il prit en grande inspiration et finit par aventurer un pied sur le sol. Il tata la structure, du bout des orteils, comme craignant que l'immeuble ne s'effondre sous lui. Finalement, il déposa ses deux pieds juste devant ceux de Yoongi et il releva enfin les yeux sur son compagnon pour lui offrir un sourire timide :

- T'as vu, ça, Chat ? Souffla-t-il, sur le ton de la confidence. Nos orteils se disent bonjour...

- Bien-sûr que j'ai vu, Jimin... C'est génial...

Et ils en avaient les larmes aux yeux. Jimin gonfla le poitrail de fierté. Si le concierge avait passé sa tête dans la cage d'escalier, à cet instant, il aurait pu penser qu'ils s'apprêtaient à valser. Ca ne l'étonne plus. Ils en avaient vu, lui et sa femme, avec ces deux aliens-là. Comme ils disent souvent, ça tourne vraiment pas rond, dans la tête de ces gens-là.

Ils restèrent quelques instants à s'observer. Puis, très lentement, ils s'approchèrent des escaliers. C'était la nouvelle quête qu'ils devaient mener à bien.

Yoongi se tourna vers le profil hiératique de Jimin. Vous savez, dans la tête du rose, il se passe toujours beaucoup de choses. Tellement de choses que parfois, Yoongi, il ne peut pas tout suivre. D'une minute à l'autre, la Terre entière s'est retournée et ils marchent au plafond, avec Jimin. Son sourire est tombé à l'eau et il s'est figé, comme pris dans du marbre. Même ses pupilles ne frémissent plus. Sa respiration est mince, imperceptible. Yoongi a l'impression d'être de nouveau dans un de ces musées, à observer ces sculptures de plâtre qui sont vivantes de réalisme. La main du rose s'est crispée sur la rampe comme si, déséquilibré, ses jambes nues manquaient de se dérober sous lui. C'est comme s'il se noyait sans les flots déchaînés. C'est comme s'il chutait sans avoir perdu l'équilibre. Ce sont des sables mouvants, des visions terribles qui passent dans ses beaux yeux en amande. Jimin voit le monde différemment de tout le monde. Tout se tord. Tout se déforme et tout s'obscurcit pour lui.

Ce n'est pas son élément, tout ça. Yoongi comprend ce qu'il peut ressentir. Rien que de s'imaginer marcher sur la Lune sans l'aide de Jimin lui donne le mal de mer. Il est tellement léger qu'il s'envolerait comme un ballon de baudruche au premier pas et flotterait jusqu'à la fin des temps dans le noir obscure et froid de l'Univers... Quel sort terrible. Heureusement, leurs mains sont solidement accrochées et Jimin ne peut pas glisser des doigts de Yoongi juste comme ça.

Yoongi comprend qu'ils n'iront pas plus loin aujourd'hui. Il prend Jimin par la taille, serrant l'une de ses mains dans la sienne. L'étreinte le fait sursauter, le ramène un peu à lui. Il se laisse conduire jusqu'à l'entrée et Yoongi referme la porte derrière eux:

- Tout va bien, Jimin. Ce n'est pas grave.

Ils sont de nouveau chez eux et rien ne doit plus faire peur. Ca sent bon, de nouveau. Mais l'émotion s'évanouit toujours très doucement. Yoongi retire son blouson et ses chaussures mais sursaute : Jimin s'est écroulé contre la porte et ses joues rebondies se font tout à coup pluvieuses. Il cache son doux visage rougi et mouillé dans le noir de ses doigts charnus. Il retire d'un geste colérique son bonnet de bain, devenu inutile, et le jette au loin. Il se sent stupide d'avoir eu tant de plaisir à enfiler ce costume de fou. Il a parfois l'air d'un enfant capricieux mais il a le cœur bien lourd.

Yoongi le prend dans ses bras spaghetti et il se laisse faire alors qu'il le relève et le tient contre lui. Alors le dessinateur commence à fredonner doucement. Une mélodie douce, un vieux piano lointain que Jimin aperçoit dans l'obscurité de son esprit qui se vide. La voix de Yoon n'est pas belle, ses cordes vocales ronflent grave comme la mécanique d'une vieille machine mal graissée. Mais il y a la poésie des histoires qu'il a plein la tête. Il ne sait pas ce que ça raconte mais il sent la fraîcheur et la sensibilité de Yoon, brûlantes dans ce murmure intime. L'air vibre dans sa poitrine et sa gorge et Jimin aime ça. Il suit ses petites déambulations sur place qui se veulent à la fois être une danse et une berceuse. C'est ce son qui hésite entre deux notes qui sèche toujours les larmes du rose. Et ça dure longtemps...

Alors qu'ils effectuent ce qu'ils pensent être une valse, ils entrent dans leur salon. Peut-être que Jimin se sent un peu moins bête quand son long manteau se change en une traîne majestueuse. Yoongi, il le couronne toujours de dignité, quoiqu'il arrive. Est-il fou de se sentir maître du monde uniquement enfermé dans cette petite boîte ? Est-il légitime d'être élu centre de gravité alors qu'il n'y a que Yoongi - à qui il a complétement retourné la tête - qui a le droit de vote ?

- Ma vie n'a aucun sens, Yoon... Rit-il, bouleversé et encore triste, enfonçant sa dentition dans son épaule. Je suis sans espoir.

Yoon ne répond pas. Il le fait tournoyer un peu entre le canapé et la table basse et esquisse quelques pas de rock avec un déhanché hasardeux avant de proposer :

- On peut toujours se faire couler un bain, histoire qu'on n'ait pas mis nos maillot pour rien. Qu'est-ce que t'en penses ?

Jimin enfouit son visage dans son cou et soupire, vaincu. Il se râcle la gorge pour ravaler ses sanglots :

- J'en penses que c'est le seul moyen qu'il me reste pour inaugurer ce magnifique bonnet de bain, de toute façon...

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