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Un deuxième lit dans la chambre

-Bonjour, Mikayla. 

-Bonjour, Madame Lutz. Salua la jeune infirmière. Toujours à l'heure, à ce que je vois?

-Toujours! Répondit la femme avec un haussement d'épaule modeste. C'est un rendez vous que je ne peux pas rater. 

-Bien sûr. J'aimerai que tous les parents aient la même régularité que vous, cependant. Déclara l'infirmière brune, avec une petite moue de jugement. 

-Pour ma part, j'aimerai qu'aucun parent n'ait à devoir rendre visite à leur enfant à l'hôpital. Soupira Lutz avec un sourire triste. 

-C'est certain. Répondit la jeune femme, avec un long soupire. Allez y donc, Madame Lutz. 

Alors que Lutz commençait à s'éloigner, la jeune infirmière brune sembla se rappeler de quelque chose et l'interpella.

-Au fait, Madame Lutz! Le deuxième lit de sa chambre est occupé depuis mardi. Je préfère vous prévenir. 

-Encore une famille frappée par la tragédie, j'imagine. Rétorqua tristement la femme.

-Vous n'avez pas idée, madame.

-Je pense avoir une petite idée, pourtant. A plus tard, Mikayla. 

Isabelle Lutz commença à s'avancer dans le couloir. Elle connaissait par cœur chaque centimètre carré de ce long corridor, au sol gris et parfaitement ciré, et aux murs d'un blanc éblouissant éclairés par les néons qui flanquaient le plafond à intervalle régulier. S'alignaient le long des murs les portes des chambres successives, autant de portails menant à un monde de souffrance, de peur et d'espoir tous particuliers. Lutz détestait les hôpitaux. Durant sa longue carrière au sein des forces de l'ordre, elle avait eut, à de maintes reprises, l'occasion de les visiter, et c'était rarement pour de bonnes raisons. Que ce soit reconnaître un cadavre, prendre le témoignage d'une victime, ou entendre les conclusions du médecin légiste, il n'y avait jamais rien de positif qui ne ressorte de l'alliance de son métier avec ce lieu.

Lutz n'était déjà plus toute jeune. Ses cheveux autrefois parfaitement roux étaient désormais parsemés de touffes grisonnantes, que se collègues lui intimaient pourtant d'aller faire teindre. La femme avait une mâchoire carrée, un nez épais mais peu long, des sourcils arqués lui donnant, disait on, un air particulièrement sévère, et, surtout, des joues creusées autant par les années que par le stress. Malgré le temps qui ne l'épargnait pas, il n'était pas possible d'ignorer le charisme certain que l'inspectrice dégageait. Cela provenait-il de sa démarche? De son apparence de femme forte sur le tard? De son long imperméable dont elle ne se séparait jamais, et qui lui donnait un air de détective privé sorti directement d'un roman noir? Difficile à dire. D'aucun prétendaient qu'il s'agissait de ses yeux, des yeux d'un vert perçant et marquant qui étaient difficiles à ignorer une fois qu'on s'y était plongé. Pourtant, même ce vert qui avait fait le succès de Lutz dans sa jeunesse, se ternissait avec l'âge et les épreuves de la vie. Car, des épreuves, elle en avait rencontré. Elle aimait à se vanter, auparavant, que sa vie était plus une course de haie qu'un marathon. Désormais, cette métaphore lui donnait la nausée. De toutes les difficultés qu'elle avait rencontré, aucune n'arrivait à la cheville de celle dans laquelle elle pataugeait depuis trois longues années déjà. 

L'inspectrice arriva devant la porte. Elle prit une grande inspiration. Le temps ne rendait pas cet instant plus facile. A vrai dire, il avait même tendance à l'empirer. Lutz posa sa main sur la clenche et entra dans la petite chambre d'hôpital. Comme toujours, il y régnait un silence pesant, uniquement percé par le bruit régulier des électrocardiogrammes, rappel constant de la proximité de ce lieu avec la mort. A pas lent, la femme s'approcha du premier lit, dans lequel dormait, paisiblement, un jeune homme. Il avait de longs cheveux roux qu'on avait pas pris le temps de lui couper depuis qu'il était là, les même que ceux de sa mère. Et, s'il avait pu les ouvrir, on aurait également pu voir que ses yeux avaient la même teinte émeraude que ceux de Lutz. Mais ses paupières restaient obstinément scellées, insensibles à la lumière des néons. Cette dernière n'épargnait cependant pas la vue de l'imposante cicatrice qui balafrait le visage du jeune homme, ni la transparence plastique des tubes qui lui permettaient de respirer et du cathéter qui le nourrissait en intraveineuse. Le cœur de Lutz se serra, tout autant que toutes les fois précédentes, et autant, elle le savait, que toutes celles qui suivraient. C'était un spectacle auquel une mère ne pouvait s'habituer.

L'inspectrice n'avait même pas besoin de voir la petite chaise à côté du lit pour savoir où elle se trouvait et s'y asseoir. C'était devenu un automatisme, pour ainsi dire. Elle contempla un long moment le visage immobile de son fils. 

-Hey. Salut, mon grand. Commença-t-elle. Comment ça va, par ici? Enfin... je demande chaque semaine, mais j'ai l'impression que pas grand chose ne change par ici. Toujours les mêmes têtes, les mêmes visiteurs, les mêmes... tuyaux, j'imagine. J'ai vu l'infirmière Mikayla, en arrivant. Toujours autant en beauté, elle aussi. Je suis sûr qu'elle t'aurai tapé dans l'œil. Elle a un petit air de Aileen. Je ne sais pas si c'est les yeux, ou le nez... tu saurai mieux dire que moi, évidemment. 

Lutz souriait. C'était plus fort qu'elle. Elle ne savait pas si son fils l'entendait, depuis l'endroit où il se trouvait. Mais la mère qu'elle était aimait à croire que c'était le cas. Cela la rassurait, en quelque sorte. C'était un exutoire très efficace, malgré la tristesse qui lui enserrait le cœur à chaque fois qu'elle venait. 

-Enfin... reprit-elle. La procédure de divorce est quasiment achevée. Ton père est... eh bien, ton père. Têtu, intransigeant, et aveugle sur tout ce qui compte. Il persiste à croire que tu ne te réveilleras pas. Mais moi je connais mon grand champion. Je sais que tu m'entends, je sais que tu essaies de revenir nous faire un petit coucou. Je doute que ton réveil ne parvienne à réparer notre mariage, cependant. Enfin, tu es grand... tu comprends que c'est comme ça, l'amour. Quoi de neuf, à part cela... Ah oui. Au bureau-

Un bruit attira l'attention de l'inspectrice. Dans cette salle où jamais rien d'autre que le son de sa voix et le bip répété des machines ne résonnait jamais, le son de l'ouverture de la porte était assez rare. Lutz se retourna, s'attendant à voir l'infirmière Mikayla, ou peut être le docteur Roman. Mais ce n'était aucun des deux. C'était une femme.

Elle était assez grande, et fine. Elle devait avoir la quarantaine à peine passée, et pourtant, son visage était déjà marqué de profondes rides aux commissures de ses lèvres et aux coins de ses yeux. Elle marchait en traînant les pieds, presque comme un zombie, ses longs cheveux noirs en bataille se balançant paresseusement dans son sillage. Ses yeux étaient rougis. Il était évident qu'elle avait beaucoup pleuré. Elle semblait ne pas avoir remarqué Lutz, qui s'éclaircit donc la gorge pour signaler sa présence. L'inconnue sursauta, et sembla, pendant quelques instants, ne pas savoir où elle se trouvait, avant de retrouver ses marques. 

-Excusez moi. Dit-elle en se prenant la tête d'une main. Je ne vous avais pas vu. Je suis un peu... 

-Je comprends. L'assura Lutz avec un regard compatissant. Vous êtes là pour...

-Pour elle. 

D'un geste de la tête, la femme montra le deuxième lit de la chambre. Lutz avait l'habitude de le voir vide, mais, comme l'avait prévenu Mikayla, il était désormais occupé par le corps inerte d'une jeune femme aux cheveux presque aussi blancs que les draps dans lesquels elle semblait dormir paisiblement. Son visage semblait seulement endormi, dépourvu de la moindre trace de blessure ou de commotion. Mais Lutz savait que les blessures n'étaient que rarement visibles dans ce service. 

-Alice. Précisa la femme, comme si cela était censé éclairer Lutz. 

-Je vois... fit Lutz. Oh, la surprise me fait oublier les bonne manière. Isabelle Lutz. Enchantée. 

-Jenn. Répondit la visiteuse, en répondant à la main tendue de l'inspecteur. Vous êtes la mère?

-Oui, c'est mon petit Tom. Enfin, petit... ça lui fait vingt-cinq ans, maintenant. 

-Comment est-ce arrivé? Demanda Jenn, en observant le visage inconscient du jeune homme à distance respectueuse. 

-Accident de moto. Soupira Lutz. Il adorait ça. Mais un conducteur trop alcoolisé, un mauvais croisement... au moins, s'en est-il sorti. Sa petite copine était accrochée à lui. Aileen, qu'elle s'appelait. Elle ne s'en est pas tirée. 

Jenn resta silencieuse, continuant à détailler le visage de Tom. 

-Pardonnez moi, je raconte ma vie. S'excusa Lutz. J'ai juste rarement l'occasion d'en parler avec... avec des gens qui comprennent.

-Ne vous en faites pas. Rétorqua Jenn. Vous ne m'ennuyez pas. L'accident... c'était il y a combien de temps, si ce n'est pas indiscret?

-Il y a trois ans.

Les yeux de Jenn s'écarquillèrent. Cela ne fit que renforcer la visibilité de ses orbites rougis par les pleurs, et des immenses cernes qui les ornaient. 

-Et... il ne s'est jamais réveillé depuis? Pas un seul mot? Un mouvement?

Lutz secoua négativement la tête. Jenn absorba l'information. Elle tâtonna jusqu'à la chaise se trouvant du côté du lit d'Alice, et s'y assit lourdement. Lutz se revit, trois ans plus tôt, dans la même situation que cette femme. Incapable de croire que son petit champion pouvait dormir ainsi, sans se réveiller. Incapable d'accepter qu'il soit si proche, et pourtant si loin, si inaccessible. Les médecins avaient énuméré le nombre de lésions que son cerveau avait subi, mais tout cela n'avait pas de sens aux oreilles de la mère. Tout cela était invisible à l'œil, après tout. 

-Le début est difficile. Tenta Lutz, se voulant rassurant. Mais on finit par s'y faire. 

-Mais je n'ai plus qu'elle... murmura Jenn. Comment faire, si... elle ne se réveille pas...

Le cœur de Lutz se serra. Dans son esprit, flashèrent les visages détruits des parents d'Aileen, lorsqu'on leur avait annoncé la mort de leur fille adorée. 

-Elle... ne peut pas partir. Continua Jenn, en frissonnant légèrement. Pas juste comme ça. Elle a bien trop la rage de vivre. Comme sa mère. 

Lutz ne répondit rien. Elle ne pouvait annoncer à cette femme que, quoi qu'il arrive, ce serait probablement long, et difficile. Le simple fait de s'imaginer revivre ces mois de torture la faisaient frissonner, et pourtant, elle avait vu des choses terribles durant sa vie, du fait de son métier. Mais elle ignorait les circonstances qui avaient amené Alice sur ce lit d'hôpital. Il serait hypocrite de sa part de prétendre savoir quoi que ce soit, sous prétexte que son enfant était lui aussi dans le coma. La femme tenta alors de changer de sujet. 

-C'est difficile, comme je vous l'ai dit. C'est un peu honteux à dire, mais ce qui m'a fait tenir au départ, c'est l'alcool. Je peux vous payer un verre. Peut être que ça vous aidera également.

Le visage fermé de Jenn se tordit d'un léger rictus.

-Elle refuse.

La voix qui venait de claquer tel un fouet glacial n'appartenait pas à Jenn. Lutz tourna la tête, et réalisa pour la première fois la présence d'une autre femme, à l'entrée de la chambre. Avait-elle était trop occupée par la discussion pour l'entendre entrer? La nouvelle venue la toisait. Elle avait de long cheveux couleur de geais, réunis en une queue de cheval haute qui lui donnait un air sévère. Elle était assez petite, semblait avoir à peine plus de la vingtaine, et pourtant, son regard si sombre et pénétrant avait quelque chose de dangereux, comme si une lueur étrange, dont Lutz n'était pas sûre de la nature, y brillait. 

-Jill... commença Jenn.

-Tu n'es pas en état de sortir boire. Grinça la voix de celle qui semblait être nommée Jill. Et encore moins avec des inconnues.

Lutz se sentit quelque peu irritée par ce nouveau personnage, mais décida de prendre sur elle. Après tout, elle avait elle même été particulièrement difficile à vivre après l'accident, elle s'en rendait compte avec le recul. En vouloir à d'autres qui traversaient le même genre d'épreuve aurait été hypocrite. 

-Eh bien, tant pis. Déclara-t-elle en se levant. Je vous laisse un peu de temps seule à seule avec Alice, Jenn. 

-Oh, vous n'avez pas besoin de partir... s'exclama la concernée.

-Moi, non, mais vous, si. Rétorqua Lutz. Je vois mon petit champion toutes les semaines depuis trois ans... il ne m'en voudra pas de lui faire faux bon une fois, ne vous en faites pas.

Jenn acquiesça en silence. Lorsque Lutz passa proche de Jill, qui restait immobile près de la porte tel un chien de garde, elle pencha légèrement la tête pour lui dire au revoir, sans pour autant avoir à lui adresser la parole. Le regard que la jeune femme lui rendit ne recelait aucune des émotions qu'elle avait pu lire dans ceux de Jenn, où dans son propre cœur lorsqu'elle avait découvert l'accident de son fils. Elle n'y perçut qu'une étrange lueur, une lueur de colère, de rage. Cette lueur, Lutz la reconnut à cet instant. Elle l'avait déjà souvent croisée dans sa carrière. C'était le regard d'une personne prête à tuer sans le moindre regret. Celui de ces victimes ayant tant souffert de leur bourreaux, que, même après avoir été emmenées au commissariat suite à leur meurtre, elles gardaient cet air placide de colère et de haine, dépourvue de la moindre once de pitié ou de regret.

Lutz frissonna. Elle ignorait tout de l'histoire de cette famille, et ne voulait pas s'avancer. Elle espérait cependant grandement qu'elle n'aurait pas à devoir ouvrir une enquête sur Jenn et Jill pour une vengeance qui ne sortirait pas sa Alice du coma. L'inspectrice décida qu'elle demanderait des précisions à l'infirmière Mikayla sur l'affaire ayant mené Alice à ce lit d'hôpital. Si l'exécution prompte de la justice pouvait éviter un règlement de compte sanglant, alors Lutz était prête à faire ce qui lui semblait nécessaire. 


Bonsoir! Réécriture partielle du premier chapitre! Comme je l'avais annoncé, je n'étais pas totalement satisfaite de la manière dont l'histoire démarrait, et j'ai donc remanié un certain nombre de choses, ainsi que défini plus clairement les axes du récit (qui risque d'être assez long, mais bon, si vous me lisez, vous commencez à avoir l'habitude). Quoi qu'il en soit, je rappelle que 1000 mètres sous la surface est une suite de NIRVANA, et que, même si l'histoire sera compréhensible sans avoir lu cette première partie, vous vous ferez spoil NIRVANA en continuant (vous l'avez d'ailleurs déjà un peu été). J'ai écrit NIRVANA il y a longtemps, et le style y est donc beaucoup moins abouti, je préfère prévenir! Sur ce, bonne lecture...

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