Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Rencontres surprises

Alice tendit l'oreille. Plus aucun bruit n'émanait de la chambre voisine, depuis bientôt plus d'une demi heure. La jeune femme se glissa hors de ses draps et, à pas de loup, s'extirpa de sa propre chambre en prenant bien garde à éviter que sa vieille porte ne grince. Dans l'obscurité quasi complète du petit appartement, les lentilles noires sensées camoufler la nuance mauve de ses yeux n'était pas tout à fait efficace, et ses iris luisaient d'une lueur feinte mais bien présente. Elle avait relevé sa longue chevelure de nacre en une haute couette qui laissait entrevoir ses traits ciselés à la perfection. Même dans la pénombre et la solitude du couloir, sa simple présence imposait le respect et l'admiration. Pourtant, elle n'était vêtue que d'un simple t-shirt blanc, et d'un short de sport peu élégant lui descendant à peine au dessus des genoux - pas particulièrement une tenue faite pour marquer les esprits.

Alice poussa doucement la porte de la chambre de sa mère. Il y faisait sombre, mais cela ne l'empêcha pas de déceler deux silhouettes endormies sous les draps, leurs membres entrelacés même dans le sommeil. La jeune femme eut un léger sourire. Cela faisait maintenant presque une semaine que l'inspectrice Lutz dormait là tous les soirs. Et qu'Alice devait faire semblant de ne pas entendre les ébats amoureux des deux femmes depuis sa chambre attenante. Elle n'était plus une enfant, certes, mais cela pouvait rester un peu gênant... elle se demandait si sa mère le faisait exprès pour la taquiner.

Avec une douceur mesurée, Alice referma la porte. Ce qu'elle avait prévu pour cette soirée nécessitait, après tout, qu'elle soit seule. Elle se doutait que sa mère aurait voulu l'y accompagner si elle lui en avait parlé. Mais Alice avait besoin de faire cela seule. Et peut être juste... aussi d'être un peu seule, en général. Pour remettre ses idées en place.

La rencontre avec Sheira pesait encore dans l'esprit de la demi-démone. La dragone n'avait pourtant pas prononcé plus de quelques mots durant leur entrevue, mais il était évident qu'elle avait déjà une certaine influence sur tout le monde... et notamment Jill. Ce qui frustrait beaucoup Alice. Elle ne comprenait pas comment sa tante pouvait faire à ce point confiance à cette créature. A quel point elle ne pouvait imaginer un seul instant qu'elle puisse être un loup en habits d'agneau. Seule Ester Rosson semblait en avoir conscience, et ne pas écouter aveuglément ses mots empoisonnés. 

Enfin... ils étaient peut être empoisonnés, mais Alice n'avait pu s'empêcher de douter. Elle se souvenait encore très clairement des mises en garde de Morgane. Elle ne pensait pas que la fausse infirmière ai pu lui mentir sur toute la ligne. Après tout, elles partageaient la même mère, Satan, et la même haine à son égard... Morgane était quelqu'un qui pouvait la comprendre. Et quelqu'un qui l'avait tenue entre ses mains, au moment où elle était la plus vulnérable... et n'en avait pas profité. Si Sheira prétendait que c'était Morgane qui avait ordonné de poser cette bombe, soit elle mentait... soit quelqu'un lui avait menti. Ou... ou alors, Alice n'avait pas l'esprit assez clair pour parvenir à mettre les choses au clair, et à faire la lumière sur l'identité des coupables qu'elle devait châtier. Peut être que Sheira n'était pas une ennemie, peut être que Morgane ne lui avait pas dit toute la vérité... Alice n'en était plus certaine. Elle était perdue. Et cette colère qui bouillonnait en elle ne demandait qu'à se déverser sur une cible pour être étanchée. 

Peut être que Nokomis avait raison, finalement: la solution était peut être simplement d'arrêter de se poser des questions, et de frapper de manière indistincte. Morgane et Sheira. Le Coven et le Réseau. Tout le monde, sur un pied d'égalité, à subir son courroux. Mais Alice ne pouvait ignorer les remarques très justes qui avaient été soulevées à l'évocation de cette possibilité; attaquer sur tous les fronts était également se rendre vulnérable. Et Alice ne pouvait supporter l'idée de perdre qui que ce soit d'autre. La simple idée de savoir Charlotte en danger hors de sa portée lui donnait des sueurs froides... mais elle ne pouvait pas abandonner sa mère pour aller la chercher. Elle ne faisait confiance ni à Morgane, ni à Sheira pour s'assurer de sa sécurité en son absence. Et l'inspectrice était peut être digne de confiance, mais elle n'était qu'une humaine. Quand bien même elle avait promis de protéger Jenn, elle ne tiendrait pas une seconde face à une créature surnaturelle, quelle qu'elle soit. 

L'air à peine frais de ce début septembre frappa Alice au visage dès qu'elle sortit de la barre d'immeuble. Le long parking sur lequel elle avait passé tant d'heure à jouer plus jeune, avec ses amis et les autres enfants du quartier, était parfaitement désert. Le silence qui y régnait à cette heure avancée de la nuit était presque oppressant, comme un mauvais présage que Alice se hâta d'ignorer. Elle s'enfonça dans les rues de la ville endormie sans se retourner. 

Alice erra un long moment dans le méandre qu'était Lyon. Son esprit était ailleurs. Elle ne prêtait attention ni aux lieux qui l'entouraient, ni aux gens qu'elle croisait. Son attention ne se concentrait qu'en de rares moments, lorsqu'un élément dans son champ de vision attirait son regard, et qu'elle se retrouvait à faire face à l'un des nombreux souvenirs qu'elle avait laissé dans la capitale des Gaules. Un pont sur lequel elle avait embrassé Alexandre. Un boîte de laquelle elle s'était faite jeter avec Roméo pour cause de tapage. Les marches d'une église où elle zonait régulièrement avec Fatimah. Le bar de Jill, lieu de rendez vous hebdomadaire. La fac que Joseph avait fréquentée, au grand dam de ses parents. Le café préféré de Yuu, où toute la petite troupe avait l'habitude de trainer pendant des heures. Le salon où Charlotte s'était faite son premier tatouage. Et l'humeur d'Alice de s'assombrir à chacun de ces souvenirs, chacun étant un rappel plus violent et douloureux que nombre des personnes avec qui elles les avait créés n'étaient plus là. Et ne seraient plus jamais là. 

Le bouillonnement d'Alice finit par atteindre son paroxysme, et, incapable d'en supporter plus, elle hâta le pas pour rentrer, décidant que, finalement, cette solitude était peut être ce qu'elle craignait le plus en cet instant. Elle qui avait toujours été entourée de tant de monde, de tous ceux qui étaient presque comme une famille étendue, le silence qui l'entourait désormais était assourdissant. Le cœur d'Alice saignait abondamment. Et elle ne connaissait d'autre méthode pour le soigner, que de l'abreuver du sang des coupables du crime qui l'avait détruite. 

-Alice? C'est... c'est toi?

La voix tira Alice de ses sombres pensées, et elle resta figée, un instant, ne reconnaissant que trop bien l'endroit où ses pas l'avait menée pour rentrer chez elle. Au pied de son ancien immeuble... là où elle avait vécu les deux plus belles années de sa vie, avec Alexandre, dans cet appartement qu'ils louaient beaucoup trop cher pour tous les problèmes qu'il avait. Elle n'y avait plus jamais remis les pieds depuis qu'elle était partie dans le sud pour fêter l'anniversaire de Joseph... pourtant, c'était là que ses jambes l'avait menée malgré elle. 

La voix qui l'avait interpellée n'était, heureusement, pas celle de M. Michard, leur insupportable propriétaire. Elle ne se serait pas retenue de lui demander ce qu'il avait fait de leurs affaires... et, en fonction de sa réponse, elle l'aurait peut être trainé jusqu'à la Saône pour l'y jeter. Non... la personne qui venait de lui confirmer son identité, affalée contre le mur de l'immeuble, les yeux injectés de sang et les pupilles dilatées, c'était... Sophie. Sophie Viez. Celle qui, si les choses s'étaient passées autrement, et si le monde n'était pas aussi cruel, aurait pu devenir la belle mère d'Alice. La mère de feu son compagnon, Alexandre Viez. 

La cinquantenaire faisait peine à voir. Les cheveux en bataille, une bouteille de vodka à moitié vide posée au sol à côté d'elle, une expression hagarde sur le visage... Elle n'était visiblement même pas en état de marcher. Cependant, tout dans son visage était un rappel douloureux des traits d'Alexandre. Elle avait le même nez, et les mêmes lèvres... sa chevelure avait une couleur très proche de celle de son fils, également. Alice soupira, et s'agenouilla face à Sophie. 

-Qu'est ce que tu fais là, Sophie? Il est 3h du matin...

-Probablement la même chose que toi... grogna la femme, dont l'haleine empestait l'alcool. J'attends un miracle! Peut être qu'il va revenir d'un coup... 

La gorge d'Alice se serra. 

-Je ne pense pas que ce genre de miracles arrive... murmura-t-elle.

Sophie haussa les épaules.

-On sait jamais! Tu es bien apparue, toi, alors peut être que... que lui aussi... 

Et sur ces mots, la femme se tordit sur le côté, et vomit violemment une bonne partie du contenu de son estomac. Alice grimaça. L'odeur était répugnante. Sophie elle même ne semblait pas s'être lavée depuis un moment... La jeune femme ne put s'empêcher de la prendre par le bras.

-Viens, Sophie, je te ramène chez toi.

-Lâche moi... grogna-t-elle. Tu n'es même pas réelle... t'es dans le coma, et mon Alex chéri est six pieds sous terre. Plus rien n'a de sens.

-Nous sommes d'accord là dessus... mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas te ramener chez toi.

Alice n'était pas étrangère au passé alcoolique de la mère d'Alexandre. Entre le problème de Sophie avec l'éthanol, et celui de Jenn avec la drogue, les discussions sur le sujet avaient été un point de rapprochement entre Alice et le jeune homme. Ils avaient eu une enfance similaire, à devoir prendre soin d'une figure maternelle ravagée par un poison insidieux. Pour cette raison, leur appartement n'était pas très loin de celui de Sophie. Au moindre problème, Alexandre avait l'habitude d'accourir voir sa mère, repartant régulièrement avec autant de bouteilles que possible, qui finissaient par s'entasser chez eux. Plusieurs fois, cependant, cela avait failli ne pas suffire. 

Sophie avait déjà fait plusieurs coma éthyliques, dans la jeunesse d'Alexandre. Le jeune homme en avait été traumatisé. Il craignait à chaque fois de voir sa mère définitivement partie, tant son corps inerte sur le sol de leur appartement semblait froid et inamovible. Sophie s'en était sortie à chaque fois... mais difficile de savoir quand serait la fois de trop. C'était ici que les capacités quelque peu particulières d'Alice s'étaient toujours avérées utiles. 

La demi-démone y repensa en allongeant le corps quasiment inerte de Sophie sur son lit. Les draps, comme le reste de l'appartement, étaient dans un état épouvantable. Alice grinça des dents... le grand frère d'Alexandre n'était de toute évidence pas aux petits soin avec sa mère. Mais la jeune femme ne se laissa pas abattre, se dirigeant vers la cuisine en évitant soigneusement les nombreux cadavres de bouteille qui jonchaient le sol. Elle ouvrit le tiroir des couverts, et en tira un couteau qui lui semblait en bon état, et pas trop rouillé. En retournant dans la chambre, elle fit un court arrêt par la salle de bain, pour se fournir une bassine et la trousse de secours. Elle savait où chacun se trouvaient... ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait à faire cela, après tout. De retour auprès de Sophie, Alice l'allongea correctement sur le lit, s'assit sur le rebord, saisit son bras qu'elle étendit, poignet vers le haut, au dessus de la bassine. Puis, d'un geste précis, elle incisa l'une des veines qui y palpitaient. Sophie n'eut qu'un léger frisson, mais l'alcool avait trop engourdi son esprit pour que la douleur la fasse réagir. Le sang commença à perler lentement dans la bassine. Alice reposa le couteau dont elle s'était saisie, et se concentra. Ses sourcils se froncèrent. Ses cheveux semblèrent se mettre à onduler légèrement. La couleur mauve de ses yeux sembla transpercer même la couleur artificielle de ses lentilles noires. Et la température baissa légèrement.

Les gouttelettes de sang qui s'écoulaient dans la bassine s'arrêtèrent en vol, comme si la gravité avait cessé d'avoir un effet sur elle. Puis, elle firent demi tour. Le liquide rouge qui sortait de la veine tranchée commença à s'élever face à Alice, formant une sorte de boucle soumise à sa volonté, retournant se loger dans le réseau sanguin de Sophie une fois que la demi-démone en avait purgé l'éthanol. Plus une seule goutte de sang ne tombait dans la bassine. Seul l'alcool que la magie d'Alice extirpait du sang de Sophie ne s'y retrouvait, s'accumulant lentement, mais surement, en une flaque superficielle au fond du contenant en plastique. 

Ce n'était pas la première fois que Alice purgeait le sang de Sophie ainsi. Evidemment, Alexandre n'était pas au courant. Il n'était pas conscient de la nature démoniaque de sa petite amie, et Alice n'était pas sûre de la réaction qu'il aurait eu en apprenant qu'elle s'amusait à saigner sa mère, même si c'était pour tenter d'exfiltrer les plus de poison possible de son corps. La demi-démone préférait cela que de voir Alexandre se ronger les sangs à l'idée que le prochain coma éthylique de Sophie pourrait être une overdose. Ce n'était pourtant pas une tâche facile que de séparer le sang de ses composants... cela demandait une très grande concentration pendant un long moment, et elle ne pouvait créer une incision trop grande pour traiter plus de sang à la fois, car son pouvoir, aussi utile soit-il pour purger le sang, ne permettait pas de faire directement cicatriser les blessures... pour ça, Alice aurait dû faire boire un peu de son sang à Sophie, et elle se refusait à franchir cette ligne là sans le consentement de sa patiente. Ce pouvoir, Alice en était consciente, était un des dons que Satan lui avait transmis, en plus de la chevelure blanche, des pupilles mauves, et de ce magnétisme qui rendait si aisé d'obtenir ce qu'elle désirait de la part des humains. La demi-démone détestait ces dons, plus jeune. Ils lui rappelaient trop celle qui l'avait abandonnée. Et elle détestait cela. Mais, avec le temps, elle avait fini par apprendre à se les réapproprier. Son magnétisme pour séduire plutôt que pour manipuler. Sa capacité à contrôler le sang pour soigner Jenn, et purger son corps de la drogue qui la rongeait. Même sa chevelure couleur d'albâtre avait fini par lui paraître moins lourde à porter, après que Fatimah se soi teint les cheveux de cette même couleur, une fois, quand elles étaient au lycée. La capacité que pouvait avoir son propre sang à soigner les autres était commune aux autres démons, Jill et Charlotte en étant aussi capables. Il n'y avait que ses yeux mauves qu'elle refusait encore et toujours d'exhiber. Mais ils semblaient impossible à cacher, ressortant quoi qu'il arrive dès que ses pouvoirs s'enclenchaient. Alice devaient accepter qu'elle ne pouvait jamais totalement se réapproprier les dons de Satan...

Le filet de sang continuait de s'écouler, comme tenu dans les airs dans un tube invisible, sous l'attention retenue d'Alice. Elle suait, désormais, autant de l'effort maintenu si longtemps que de la chaleur qu'il faisait dans le petit appartement de Sophie. Finalement, après quelques minutes, elle considéra qu'elle avait fait ce qu'elle pouvait. Elle ne pouvait pas grand chose pour le reste des substances, que l'organisme avait déjà absorbé. Avec adresse, elle laissa le filet de sang rejoindre sa veine d'origine, avant de sceller la petite coupure par un pansement tiré directement de la boîte à pharmacie. Et elle s'épongea le front. Ce n'était pas la manière dont elle s'attendait à finir sa soirée, cela au moins était clair. Mais cela lui avait permis de diluer un peu sa colère. De la réfréner, plutôt. Car quand elle finirait par frapper, mieux valait que ce soit avec force, et sur les vrais coupables. Ceux qui avaient, sans la moindre once d'humanité, choisi de mettre fin à la vie de tant d'innocents, et de détruire tant de familles.

Alice n'oublia pas de laisser un message incendiaire sur le répondeur du frère d'Alexandre, lui ordonnant de s'occuper de l'état de sa mère. Elle savait qu'il avait toujours eu peur d'elle. Et, en ressortant de l'appartement de Sophie, la jeune femme n'oublia pas d'emporter bon nombre de bouteilles. Surtout les pleines. Surtout les alcools forts. Comme le faisait auparavant Alexandre pour soustraire sa mère à la tentation de ces poisons. Mais s'il n'était plus là pour le faire, Alice était prête à reprendre le flambeau.


***


-Allez, on avance! Plus vite, plus vite! 

La voix infantile de Sélène avait le don de taper sur les nerfs de Charlotte, encore plus que son caractère. Elle lui rétorqua donc d'un ton sec.

-Ferme la, on fait ce qu'on peut.

-Ce que vous pouvez n'est visiblement pas assez! S'emporta la petite fille. Si tu n'avais pas été têtue à ce point, et que Cassandre n'avait pas eu à nous accompagner, nous serions déjà arrivées!

Charlotte sentit Cassandre se recroqueviller légèrement derrière elle... et cela ne fit que l'enrager encore plus.

-Va te faire foutre, Sélène. 

-Te peux me dire d'aller où tu veux, les faits sont là. Rétorqua la demi-démone. On marche depuis des jours, contourner Rain nous a fait perdre un temps incommensurable, et je n'ai aucune idée de ce qui a pu se passer à Lyon. S'il est arrivé quelque chose parce que nous avons mis trop de temps à arriver, j'espère que tu prendras tes responsabilités. 

-Je n'allais pas l'abandonner là bas. Et je ne vais pas plus le faire maintenant. Autant te faire à l'idée. Déclara Charlotte d'un ton agressif. 

-Oh, c'est clair que non, tu ne vas pas l'abandonner maintenant! Répondit Sélène. Personne ne va la laisser derrière nous, maintenant, le risque que le Coven lui tombe dessus est bien trop grand! Ce qui ne serait pas arrivé si elle était restée au monastère.

Charlotte eut un rictus qui ne présageait rien de bon, et ses pupilles s'assombrirent. 

-Si tu avais la moindre empathie tu comprendrai, mais tu en es complètement dépourvue. 

-C'est toi qui par un trop plein d'empathie, pourrait mettre en danger l'existence même de cet univers! S'emporta Sélène. Alors le moins que tu puisses faire maintenant, c'est la fermer, et profiter du fait que le rideau de pluie ait disparu à l'horizon pour avancer le plus possible. 

Charlotte roula des yeux, mais la main de Cassandre, posée sur son épaule, parvint à la contenir. Elle ne pouvait tout simplement plus supporter Sélène. Depuis les jours qu'elles marchaient, elle semblait avoir été incapable de la moindre remarque compréhensive envers les difficultés que l'ancienne nonne avait à suivre le rythme qu'elle imposait. Tout ce qu'elle faisait, c'était de se plaindre du temps que cela prenait, et de craindre que le rideau de pluie se rapproche d'elles. Charlotte, au delà de son énervement vis à vis de la demi-démone, qui n'était pas arrangé par le fait que son apparence infantile lui donnait un air particulièrement insolent, ne parvenait pas à comprendre pourquoi il était si important de contourner ce rideau de pluie. Certes, elle l'avait compris, il était causé par la présence de Rain, une membre du Coven, et donc une ennemie. Mais il suffisait de le traverser à couvert, ou même, tout simplement, de prendre le train. Mais non, tout cela devait être trop simple pour la grande Sélène, alors le trio faisait un immense détour pour contourner la grisaille, et prenaient plus de retard, ce qui empirait encore l'humeur de Sélène. 

La culmination avait été le matin même, lorsque le rideau de pluie qu'elles contournaient avait tout simplement disparu, ce qui, de l'avis de Sélène, ne présageait rien de bon, et elle avait fait presser le pas. Mais Cassandre était déjà épuisée... ses pieds étaient ensanglantés, et Charlotte faisait de son mieux, chaque soir, pour panser ses plaies. Elle lui avait même proposé de boire quelques gouttes de son sang; la fille de Jill avait appris depuis longtemps que le sang démoniaque, bu à petite dose, tendait à renforcer l'énergie vitale et permettait de soigner certaines plaies. Mais Cassandre avait refusé. Ce que Charlotte pouvait comprendre - boire du sang, même en quantité homéopathique, n'avait pas grand chose de ragoutant... mais cela avait peut être aussi un rapport avec la foi de l'ex nonne. Le sacrement disait après tout aux croyants qu'ils buvaient le Sang du Christ. Boire le sang d'une démone était sûrement une ligne que Cassandre ne se voyait pas franchir. En conséquence, elle se trainait comme elle pouvait derrière Charlotte, acceptant par moment de se faire porter, mais exigeant tout de même de marcher elle même de temps à autre, pour ne "pas fatiguer" la demi-démone, comme elle le lui avait fait comprendre par ses signes. Charlotte était loin de se fatiguer aussi vite... mais Cassandre était un peu têtue. Et le comportement de Sélène ne donnait de toute manière aucune envie aux deux femmes de se plier à ses exigences. 

Se retournant vers la blonde, Charlotte lui proposa de monter sur son dos de nouveau. Elle hésita, avant de se résigner. Sa longue robe monastique avait été troquée contre quelque chose de plus léger, lui permettant de supporter le soleil de plomb qui s'abattait sur le trio. Sa peau autrefois si pâle était désormais hâlée par ses rayons meurtriers.

-Bon, vous avancez? S'égosilla de nouveau Sélène.

-Je te jure que celle là, je vais te me la...

Charlotte s'interrompit. Sur le bord du chemin qu'elles empruntaient, entre Sélène, qui avait une cinquantaine de mètres d'avance, et elles, se tenait une silhouette encapuchonnée dans un long manteau noir, complètement en décalage avec la température étouffante du milieu d'après midi. La jeune femme n'eut même pas à réfléchir un instant. Un frisson la parcourut de part en part. Le même frisson qu'elle avait ressenti quand elle avait pressenti l'explosion du Véloce. Cette personne... non, cette chose...

-SELENE! S'écria-t-elle en faisant barrage de son corps devant Cassandre. 

La silhouette portait un étrange baluchon sur l'épaule, qu'elle tenait en place d'une seule main malgré l'évident volume imposant qu'il représentait par rapport à la taille de son propre corps. Elle projeta son paquetage au sol. Ce dernier émit alors un gémissement. Le soleil disparut instantanément derrière une épaisse couche nuageuse, qui semblait s'être matérialisée de nulle part. Les premières gouttes commencèrent à frapper le sol désséché avant que Sélène ne réagisse.

-Non... impossible! S'écria-t-elle. 

Elle s'élança vers Charlotte et Cassandre, mais les deux membres du Coven étaient maintenant entre elles. Car c'était bien d'elles qu'il s'agissait. Émergeant du baluchon, qui s'avéra en réalité être son long manteau noir dans lequel elle était enroulée, Rain s'étira longuement, ses longs cheveux blonds parfaitement raides s'humidifiant peu à peu sous le battement des gouttes. De son côté, Sticks fit face à Cassandre et Charlotte. Sa capuche était toujours rabattue. Charlotte déglutit. Elle se remit en mémoire ce que Sélène leur avait appris sur le Coven. La malédiction de Rain était une chose. Mais si elle se souvenait bien... il fallait surtout ne pas regarder Sticks dans les yeux.

-Bon... grommela la demi-démone. Au moins, comme ça, on a juste à régler ça ici et maintenant, et on pourra tracer jusqu'à Lyon sans se soucier de cette fichue pluie après. 

-Plutôt comique, la gamine que tu t'es dégottée, Sélène. Ricana Rain en se levant, dos à Sticks, pour faire face à la petite fille. 

-Charlotte! S'exclama cette dernière. Ne tente rien! Tu ne fais pas le poids! 

-Elle a raison, tu sais. Commenta de nouveau Rain, ses paupières fermées ne la rendant pas moins impressionnante. Mais du coup... dis moi, Sélène, si la gamine ne fait pas le poids, comment allez vous vous en sortir? Car dans ta forme actuelle... tu ne pourrai même pas me vaincre moi. 

Sélène ne répondit pas. Un frisson de terreur parcourut Charlotte. Mais... elles étaient occupées à parler... s'il y avait une chance de frapper, c'était maintenant. Il lui suffisait de ne pas regarder Sticks. Ou du moins, d'éviter ses yeux. Ses yeux. Oui. C'était simple. Si simple.

Les pupilles de Charlotte s'assombrirent. Le noir d'encre qui s'en écoulait commença à se répandre en veinules le long de son globe oculaire, puis de la peau de son visage. La température diminua. L'étrange liquide noir commença à la recouvrir entièrement. Cassandre eut crié de surprise, si sa voix eut put émettre le moindre son. C'était comme ce soir fatidique... celui où elle avait compris que Charlotte n'était pas tout à fait humaine. Et elle était terrifiante ainsi. Tellement terrifiante qu'il lui semblait impossible que quoi que ce soit en ce monde puisse lui faire face. 

Charlotte grognait. La puissance la submergeait, mais elle n'avait pas non plus l'habitude de se battre ainsi. Et surtout... la peur lui nouait les entrailles. Mais elle ne céda pas. Banda ses muscles, renforcés par sa puissance démoniaque, pour bondir sur Sticks. Une seule attaque. C'est ce à quoi elle avait le droit. Autrement, elles étaient toutes les trois foutues. Charlotte releva les yeux pour estimer la distance.

La capuche de Sticks était relevée. 

Une masse hirsute de cheveux gris la surplombait. Un tissu en camouflait le bas. Vraiment, tout ce qu'il y avait à voir, c'étaient... 

Ces yeux. 

Noirs comme la nuit. Noir comme l'encre. Et percés, en leur centre, non pas d'une pupille ronde et noire, mais d'une croix d'un rouge flamboyant. 

Charlotte eut à peine le temps de saisir son erreur. 

Soudain, elle s'effondra au sol en hurlant. Dans son dos, Cassandre, qui avait fait la même erreur, en fit autant, mais dans un silence de mort.

-NON! S'écria Sélène.

Rain ricana, et passa une main appréciatrice dans la chevelure de Sticks, avant de remonter son capuchon pour que la pluie ne les trempe pas plus qu'elle n'avait déjà eu le temps de le faire. 

-Regarde comme les rôles se sont inversés, Sélène... soupira Rain avec une joie qu'elle avait du mal à contenir. Tu étais toujours celle qui nous prenait de haut. Nous considérait comme de simples sous fifres. Regardes toi, maintenant! Ah! Tu n'es plus qu'une enfant... tu n'as même pas été capable de contrôler ton propre pouvoir, dont tu étais pourtant si fière. Ooooh, que j'aimerai avoir encore mes yeux pour apprécier à sa juste valeur ton apparence ridicule. 

Sélène n'attendit pas. D'un bond, elle se jeta sur le côté, tentant de contourner les deux agents du Coven pour rejoindre Charlotte et Cassandre qui convulsaient au sol, immobiles. 

-Tu continues à me sous estimer! S'écria Rain.

Son coup de pied intercepta Sélène, et l'envoya voler quelques mètres plus loin. 

-Je n'ai peut être pas la force de vous autres demi-démons. Railla Rain. Mais ton corps d'enfant est aussi mou que du beurre. Qu'il me sera doux de le trancher... 

La pluie commença à s'intensifier violemment. Les gouttes chutaient avec une telle force qu'elles semblaient être une armée d'aiguilles venant s'enfoncer dans la chair de Sélène, et brouillant sa vision. 

-Tu ne gagneras absolument rien à me tuer... murmura Sélène en se relevant.

-Tu plaisantes? Tant que tu restes en vie, aucun des plans du Cheshire ne pourront être mis en place!

-Et c'est pour le mieux! Cette créature ne peut pas être crue! C'est un démon! 

-Et il faut bien un démon pour en vaincre un autre, non? Rétorqua Rain. Il n'y a pas de meilleur allié que lui pour réduire en cendre Satan... mais ça, tu t'en fiches bien, puisque tu es devenue sa servante, son petit chien, sa gardienne... et regarde ou cela t'as menée, Sélène. On dirait que tu n'as pas choisi le camp des gagnants. 

-Ça... c'est un peu tôt pour le dire... grommela-t-elle.

Sélène se saisit d'un couteau, et s'entailla une veine du bras. Un large filet de sang commença à s'en écouler, immédiatement noyé dans les gouttes de pluie. Néanmoins, l'hémoglobine s'éleva légèrement dans l'air, manipulée par Sélène, qui en modela un fouet.

-Impressionnant que tu ai encore un peu de tes pouvoirs. Railla Rain. Mais je crains qu'ils ne soient pas suffisants. Tu as même eu la gentillesse de nous livrer la Cassandre sur un plateau d'argent... cette journée aura été une triple réussite. 

Les mauve des yeux de Sélène s'intensifia. Le fouet ensanglanté claqua, faisant échapper un léger cri de surprise à Rain, qui sauta pour se mettre hors de sa portée.

-Ne la laisse pas te faire saigner... prévint-elle Sticks, qui vint se placer à ses côté.

Cette dernière retira de nouveau sa capuche, mais Sélène ne fit pas la même erreur que Charlotte et Cassandre. Son arme alla claquer, frappant le bras gauche de Sticks sous sa cape, avec un bruit métallique. Sélène eut un rictus. Sa position était mauvaise, elle ne pouvait pas défendre Charlotte et Cassandre depuis là où elle se trouvait. Et Rain sembla en être bien consciente.

-Sticks? Prononça-t-elle avec un sourire.

Sa compagne de voyage se tourna vers les corps toujours inanimés d'un air résolu. Sélène réagit au quart de tour. Mais au lieu de se jeter entre Sticks et les deux corps de Cassandre et Charlotte, elle se lança directement sur Rain. Cette dernière poussa un cri de surprise, et tenta de se jeter sur le côté pour éviter l'attaque, mais échoua, le fouet de Sélène éraflant son flanc gauche qui si mit à saigner. Immédiatement, Sticks percuta Sélène, qui en eut le souffle coupé, avant de rattraper Rain en vol et de s'éloigner avec une agilité de chat. La petite fille se releva difficilement. Le coup qu'elle venait de recevoir n'avait rien à voir avec le coup de pied de Rain, plus tôt. Une entaille profonde était apparue sur son épaule qui saignait abondamment. Sélène prit contrôle du sang qui s'écoulait de cette nouvelle blessure, celle qu'elle s'était elle même infligée au bras s'étant déjà refermée. Ses capacités de régénérations étaient altérées, mais elle parvenait toujours à se soigner assez vite. Mais elle ne pouvait pas faire durer le combat pour autant. Elle tendit la main pour tenter de s'emparer du sang qui s'écoulait de la blessure de Rain, mais Sticks l'avait emmenée hors de portée, et commençait déjà à la panser.

-Arrête! Tu t'occuperas de moi après! S'énervait Rain. Tue les d'abord! 

Sélène en profita pour venir se porter au secours de Charlotte et Cassandre. Les deux femmes étaient toujours en train de convulser au sol, les yeux écarquillés fixant une horreur indicible que Sélène ne pouvait qu'imaginer. Elle posa sa main sur le front de Charlotte, et lui insuffla un peu de son énergie pour tenter de la tirer des visions qui l'assaillaient. Cela ne suffit pas. 

-On dirait que la gamine n'est pas assez puissante pour résister d'elle même à Sticks. Railla Rain en se relevant avec difficulté. 

-Je préfère quand tu saignes en silence. Rétorqua Sélène. Remarque, je peux arranger ça.

Sticks s'interposa, sa petite taille comparée à celle de Rain ne lui permettant pas de la cacher... mais Sélène savait que ce n'était pas une raison pour la sous estimer. Elle était étonnée d'avoir autant résisté à son coup précédent. Le prochain... ne serait peut être pas aussi clément.


***


Encore. Et encore. Et encore. Charlotte avait beau la retenir de toute ses forces la serrer dans ses bras, rien n'y faisait. Sous son regard horrifié, le corps de Yuu se décomposait, se déchirait, se répandait en lambeaux de chair sanguinolents. Et le pire, c'est qu'elle semblait ne même pas être morte. Sa voix autrefois si joyeuse et emplie de vie ne cessait de répéter, encore, et encore, et encore...

-Cha... aide... moi... Cha, j'ai... si mal... Cha... où... es tu...

-Je suis là! S'exclama Charlotte, en pleurs. Je suis là! Je ne vais nulle part... je ne vais nulle part, je suis toujours là avec toi.

Le vendre de Yuu sembla se dissoudre sous le regard horrifié de Charlotte, révélant os et organes dans un festival sanguinolent.

-Non... non, non, non! Stop! B-bois mon sang! Yuu! Vite!

Mais le corps de Yuu semblait continuer à se décomposer entre les bras de Charlotte, sans que celle-ci ne puisse rien y faire. Et la lancinante plainte de la jeune femme continuait de la supplier de l'aider. Encore. Et encore. Et encore. Et-et-et au point où Charlotte voulait juste s'arracher les tympans pour ne plus l'entendre, s'arracher les yeux pour ne plus voir, fuir, à jamais, loin, loin, et... et peut être que seule la mort était la solution, finalement, peut être que seule la mort pouvait la soustraire à la terreur indicible qui lui tordait le ventre, alors que la sensation du sang de Yuu sur ses mains, sur ses genoux, s'infiltrant sous ses vêtements et sur sa peau, lui donnait envie de s'écorcher vive. Ce n'était pas la réalité. C'était impossible. C'était...

C'était, en effet... une illusion. Charlotte le savait. Charlotte s'en doutait. Et pourtant... la peur était trop grande... la peur de lâcher Yuu ne serait-ce qu'une seule seconde, ou de regarder son corps partir en lambeaux, ou d'entendre ses complaintes... mais tout ça n'était... ne pouvait être vrai. 

L'esprit de Charlotte parvint à s'extraire de la peur qui lui enserrait la gorge. Le Coven. L'attaque. Sticks. Sélène. Et Cassandre. Et Cassandre...


La bouffée d'air frais que prit Charlotte lui brûla les poumons. Elle suffoqua quelques instants, le visage couvert de larmes autant que trempé de pluie, le cœur battant à 100 à l'heures, et l'impression d'avoir été ailleurs pendant de longues heures interminables. La sensation du sang de Yuu sur sa peau se mélangeait avec celle de la pluie qui la détrempait. Elle aurait pu vomir toute l'eau de son corps. La terreur la prenait encore aux entrailles. Elle ne pensait pas qu'il était possible de vivre quelque chose pareil. Elle ne pensait pas... pas...

Un bruit mat de chute la ramena à la réalité. Le corps de Sélène vint s'écraser à côté d'elle. Couvert de sang. L'un de ses bras semblait ne presque plus tenir au reste de son corps. A vrai dire, le fait qu'elle parvienne à partiellement se relever tenait du miracle.

-Tiens? On dirait qu'une des deux belles au bois dormant s'est réveillée. Railla Rain. 

Avec lenteur, Charlotte tourna la tête vers ses adversaires. Elle avait été stupide. Stupide de croire qu'elle pouvait leur tenir tête. Stupide de croire qu'elle avait la moindre chance, même avec un effet de surprise. Ces deux là n'étaient juste pas... elles... elles n'étaient pas humaines...

-Ne la regarde pas! S'exclama Sélène alors que le visage de Charlotte se tournait, tremblant, vers Sticks qui s'avançait, menaçante. La première fois ne t'a rien appris?

-Si, si, regarde ses magnifiques yeux... l'encouragea Rain. Regardes dans les tréfonds de tes plus grandes terreurs. Ta mort sera moins douloureuse, tu ne la verras même pas venir.

-Non... murmura Charlotte. Non!

Son regard croisa celui de Sticks. Elle ferma les yeux et poussa un cri. Et soudain...


Plus rien.


Rain resta immobile quelques secondes, son sourire figé sur le visage, avant de froncer les sourcils. 

-Je ne les sens plus. Où sont-elles passées? Qu'est ce que tu as vu, Sticks? 

La terreur incarnée s'approcha avec prudence de l'endroit où s'étaient tenus une seconde avant les trois corps entremêlés. Le sang de Sélène était encore bien visible, bien que déjà en train d'être lavé par la violente pluie. Sticks haussa un sourcil, avant d'effectuer quelques signes de sa main droite qui se retrouva trempée dès l'instant où elle se retrouva sous les traits implacables de l'averse battante. 

-Comment ça, disparues? S'énerva Rain. Elles ne sont quand même pas volatilisées!

Nouvelles séries de signes de Sticks. Rain se mordit la lèvre. 

-C'est une possibilité, oui... Abysse, pourquoi n'y avais-je pas pensé! Et pourquoi maintenant? Aaaaah! J'en ai assez! Cette traitresse de Sélène parvient toujours à s'en sortir à un rien!

Elle tapa du pied à plusieurs reprises sur le sol détrempé, avant de soudain déclarer:

-On reste! Si ta théorie est correcte, alors elles finiront forcément par réapparaître. Et je n'ai aucune envie de rentrer pour entendre les jérémiades de Morgane. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro