J'ai au moins mille et une questions à poser à mon frère. Mais il est toujours entouré. Depuis mon retour, je ne l'ai pas vu une seule fois tout seul.

Alors que nous nous dirigeons vers un coin sympa pour manger, je repense à la conversation avec Donald de ce matin. Mon frère est-il au courant de tout ça ? Impossible de me souvenir des visages rencontrés au lycée. Je décide de mettre ces nouvelles dans un coin de ma tête et de me concentrer sur le groupe.

Si les autres font le tirage au sort pour dîner, je suis presque sûre qu'ils le font aussi pour le midi. Je pense qu'ils doivent être habitués aux livreurs de pizzas ou de chinois.

Toujours pas de nouvelles de Dakota et Destiny qui m'avaient dit qu'elles essayeraient de se joindre à nous. Non pas que les amis de mon frère m'intimident mais je ne sais toujours pas qu'elle attitude prendre. Je réfléchie toujours à mes paroles.

Ils sont plus dans la banalité alors que Dakota et Destiny sont plus dans l'intimité. Ou bien c'est moi qui en fait toute une histoire. Tout de même, Nora et compagnie n'ont pas la valeur des choses et la chance qu'ils ont de m'avoir. Comme Aaron la insinué lors de notre première rencontre :

"C'est un scoop, tu ne crois pas ?"

Mais c'est tout. Pas de réel enthousiasme. À moins que je confonde encore les fans et les gens normaux.

Nous entrons dans un restaurant normal. Il n'est pas luxueux et il semble y avoir beaucoup de monde. Je me retiens de soupirer et je suis les autres. Le serveur désigne notre table et nous y installons. Je voulais m'asseoir à côté de mon frère mais Aaron a pris ma place.

— Je peux...

— Tu ne t'assois pas diamant ? me coupe ce dernier.

Alors c'est ça la banalité ? Être hypocrite en faisant mine de rien ? Autant l'être en face, cela revient presqu'au même au final. Non non non. Je vais être une bonne personne et lui parler calmement.

— Je sais que tu es un gentleman donc pourrais-tu me laisser ta place ? Je dois rattraper le temps perdu avec mon frère, souligné-je.

Celui-ci me regarde sans intervenir. Aaron pèse le pour et le contre puis finit par me laisser la place. Je le remercie. Bien choisie ses mots peut être utile.

Voilà, pas besoin de s'énerver même si j'en avais une grande envie. J'aime que les choses soit faites comme je le veux. Je trouve cela désagréable quand quelqu'un d'autre fait l'inverse de ce que je veux. Tout comme ma patience qui est proche de zéro. Cependant, je me suis promis d'être tolérante et de faire bonne figure. Máel me touche doucement l'épaule, geste réconfortant.

C'est à l'heure de l'apéro que je reçois un message de Dakota.

"On a un imprévu : Cade et Ethan ont ramené des hot-dog. Je suis désolée mais promis à la prochaine occas' on vient."

Puis un deuxième :

"Ethan mange son hot-dog avec des couverts, tu le crois ça ?!"

Je réponds un rapide message neutre.

Ils restent toujours ensemble. Je remarque que je me suis trompée : Dakota et Destiny ne sont pas dans l'intimité avec moi. On est juste du même monde : autour des caméras et/ou appareils photos. Au contraire, les potes de Màel qui sont les spectateurs.

Et moi, je suis à quel rang dans cette histoire ? J'ai cette impression d'être coincée entre deux groupes où je dois faire un choix. Aucun des deux ne me correspond vraiment. Je dois juste y faire semblant.

— Donald ta parlé de Séréna ? commence mon frangin.

— Yep. On va la revoir. Je t'avoue que je ne me souviens pas beaucoup de sa tête. J'en garde un vague souvenir.

— Facebook m'a remis les souvenirs en mémoire. Tu as vu son facebook ?

Je devais le faire mais j'ai oublié. Tant mieux, comme ça je ne passe pas pour la fille qui fait des recherches sur tout et n'importe quoi.

— Non.

S'attendant à cette réponse, il sort son portable et me le fait voir. J'aperçois Nora qui s'est redressée un court instant en voyant l'écran du portable.

Séréna me parait inconnue. Il y a bien les traits caractéristiques qui me rappellent cette fille. La photo semble être professionnelle. Ce n'est certainement pas une photo que je mettrais en photo de profil.

— Elle a changé, me contenté-je de dire.

— Oui. Ça va faire bizarre, nous n'avons pas vraiment passé le lycée ensemble. Je ne connaissais pas Donald ni Séréna, juste de nom, explique Màel.

— Comment tu as rencontré Donald ?

— Il ne te la pas dis ?

Il semble surpris. On dirait bien que cette rencontre est exceptionnelle mais comme un secret.

— Confirmation : Séréna se joint à nous dans deux semaines. Elle a été retarder, intervient l'ami.

Le serveur arrive et j'oublie aussitôt mes préoccupations. Un deuxième serveur arrive de mon côté de la table.

— Vous voulez du champagne spécial amoureux ? dit-il enjoué.

— Du champagne normal, réponds-je.

— Mais vous voulez l'édition spécial amoureux ?

À l'évidence, le serveur parle du porc à côté de moi et de moi-même.

— Non, on est amis.

— Elle l'est. Pas moi, intervient Aaron avec son sourire en coin. Votre champagne spécial couple sera parfait.

Est-ce que je suis censée comprendre un sous-entendu ? Ce petit con ne me quitte pas des yeux. J'en conclus que oui.

— Du champagne normal serait parfait ! insisté-je pour les contredire.

Le serveur nous regarde tour à tour puis gribouille sur son carnet avant de partir vers le buffet.

— Vous écrivez quoi ? questioné-je sans être indiscrète.

Le serveur lève un sourcil mais ne prends même pas la peine de me répondre. Foutu spectateur.

Il repart et aucun de nous deux ne parlent jusqu'à ce que je le fasse.

— Tu l'a mis mal à l'aise.

Que ce soit clair : avec moi, ça ne sera jamais ma faute ! Mais je ne peux pas lui dire à voix haute sinon il risque d'avoir une fausse opinion de moi.

— Non c'est toi ! Il te propose gentiment du champagne spécial et tu refuses !

— C'était du champagne pour des amoureux ! justifié-je.

— Qu'elle différence ?

Ne jamais se laisser marcher sur les pieds.

— Peut-être qu'il y a des trucs chimiques qui influencent les hormones dans son "champagne spéciale", supposé-je ne croyant même pas à mon excuse.

Il me regarde une seconde s'attendant à ce que je plaisante. Je me pince les lèvres et reporte mon attention sur les autres quand je l'entends rire gentiment.

— Tu en as beaucoup des excuses comme celle-ci ? dit-il en se penchant vers moi.

Je m'incline un petit peu vers l'arrière trouvant son rapprochement trop...proche. Je lui souris. Je ne me laisserai pas intimider.

— Plus que tu ne l'imagine.

Il se redresse sur son siège.

J'ai voulu jouer la fille insensible et j'ai sorti une réponse complètement naze.

Note à moi-même : être plus réaliste et moins... bizarre.