Première impression : ils sont fous. Je ne pensais pas qu'il y avait plus fous que Cade et Dakota.

Le grand noir rigolo, c'est Donald. Ses cheveux en bataille lui donnent un air enfantin et ses yeux marrons me rappellent ceux de Cade. Il y a aussi Nora qui semble avoir des affinités avec mon frère. Je craque pour ses longs cheveux bruns. Elle est naturelle et charmante. Mais j'ai aussi appris qu'elle a un caractère en fer. Aaron est remarquablement drôle. Il n'est pas trop lourd et forme un magnifique couple avec Donald. Deux clowns pour le prix d'un.

— J'ai faim ! miaule Donald.

— Je fais le tirage au sort, annonce fièrement Nora.

— Je propose que ma petite sœur adorée nous montre ses talents, s'impose mon frère.

Je dois être la seule qui ne comprend rien à la situation. Les autres approuvent et Donald lèvent ses bras en l'air en signe de victoire.

— De quoi vous parlez ? interviens-je.

— Qui le fait avec elle ? continue mon frère en me pointant.

— Moi je l'ai fait hier ! Pas moi, s'écrie Nora.

— Je vote pour Aaron, décide Donald.

— Ça ne me dérange pas, dit le concerné.

Il se lève et croise ses bras en me regardant.

— Que tu as le cerveau lent ! rigole le noir. Tu es de corvée pour faire à manger.

— Quand nous dînons ensemble, ce qui est le cas pour la plupart des soirs, nous tirons au sort pour qui fera à dîner, m'explique la fille souriante.

Tout s'explique. On dirait une vraie fraternité ici !

— Donc, je n'ai pas le choix ? prononcé-je.

Mon frère n'a même pas l'air désolé tandis que les autres secouent leurs têtes de droite à gauche. J'aurais dû m'en douter.

— D'accord. Je veux bien. Je vais vous prouver que je suis une bonne cuisinière, clamé-je.

Je me lève à mon tour et je suis le brun.

— D'après mes souvenirs, c'était assez passable comme repas, hurle Máel en rigolant.

— Crétin ! Qui t'as dit que je n'ai pas progressé ?

Aaron me lance un regard amusé. Comment dire que je suis dans la merde ? Je ne sais pas cuisiner. Je déteste ça et ma mère ne m'a pas appris. J'avais toujours quelqu'un pour me faire à bouffer : une servante, des amis, Cade ou alors les restau (qui sont payé pour ça !)

— Bon, on fait quoi ?

Il me regarde comme si j'aurais une merveilleuse idée en tête. Niveau cuisine, je sais juste ouvrir les boites de conserves ou les pots de glace.

— Je ne sais faire que des pâtes, avoué-je en regardant mes ongles vernis.

Je l'entends rire gentiment. Quand je lève les yeux vers lui, ses fossettes lui donnent un air plus adulte.

— C'est...pas mal, me répond-il. Tu pourras me faire des pâtes plus tard.

J'hausse un sourcil.

— Comment ça "plus tard" ?

— Quand nous aurons un petit appartement, tous les deux. Avec vue sur la mer. Ou non, une maison, c'est mieux ! réfléchis Aaron.

— Je rêve... Tu te projette déjà dans l'avenir avec moi ?

— Ouais.

C'est à mon tour de rire. Je ne savais pas que je produisais cet effet ! À peine qu'on vient de se rencontrer et j'ai l'impression de le connaitre.

— Tu n'es pas mon type, dis-je sans y penser.

— Je le deviendrai dans ce cas.

— Tu ne penses pas un mot de ce que tu viens de dire !

— Oh si ! ricane-t-il. Tu ne sens pas cette attirance entre nous ? Je me sens envoûté par ta voix et charmé...

J'explose de rire suivie de lui. Ce n'est pas croyable !

— Je l'avoue, ce sont mes pouvoirs, m'esclaffé-je en entrant dans son jeu.

— Je le savais ! Les rousses sont des sorcières. Vas-y, montre-moi un sort.

Je roule des yeux en souriant. Charmé et envoûté par ma voix et il pense à une sorcière ? Tout le monde aurait pensé à une sirène.

— Abracadabra, tu vas te transformer en crapaud !

Je le pointe du doigt comme si je tenais une baguette magique et je fais des grimaces...bizarres.

— Il faut que tu m'embrasse maintenant. Je suis un crapaud et je vais devenir ton prince charmant, s'amuse Aaron.

— Où est ton cheval blanc ?

— Où est ta robe de Princesse ?

On se menace du regard en s'amusant. Bon Dieu ! Je ne me suis jamais comporté comme ça avec quelqu'un ! On va dire que c'est le décalage horaire et l'avion. Je n'ai pas d'autres excuses.

— Bon, on essaye de faire une quiche ? questionné-je en reprenant mon sérieux.

— Ça me va, sourit-il.

Il regarde la recette sur son portable et nous nous mettons à la faire.

— Je cuisine avec Crystal ! C'est un scoop, tu ne crois pas ? Une photo sur instagram avec #jesuisavecunestars ! balance Aaron en cassant les oeufs.

— Une stars ? Carrément ? Je suis juste, enfin j'étais juste mannequin. Pleins de gens ne me connaissent pas.

J'exagère un peu, mais je ne veux pas me sentir trop supérieure. Bien sûr que je sais que je suis une star ! J'ai pleins d'abonnés sur mes réseaux sociaux. Même si je ne croise pas des paparazzis à tous les coins de rues, je sais que je suis photographiée en cachette.

— Et pleins de gens te connaissent, complète-t-il. En vérité, je ne te connaissais pas avant que ton frère nous parle de toi. Comment ça se fait que peu de personnes savent que tu as un frère ?

— Après le lycée, nous nous sommes perdus de vue mais on gardait contact. Je préfère être sur le devant des caméras ce qui ne plait pas trop à Máel. C'est pour ça que je n'ai jamais parlé de lui aux médias.

Un doux silence vient s'installer. Je me sens un peu gênée de ne parler que de moi. D'un côté, je ne voudrais pas parler que de lui. S'il trouve que je m'intéresse trop à lui, il va croire des choses et c'est dangereux. J'espère juste ne pas faire trop mauvaise impression.

— Je ne mentionnerait pas là où on est, ni que je suis avec des imbéciles amis à mon frère, ni que j'ai un frère ou autre sur les réseaux, le rassuré-je.

— Des imbéciles amis ? C'est comme ça que tu nous vois ? Je suis horriblement vexé Crystal ! rit-il.

Je glousse discrètement comme on me la appris à faire devant les caméras. Lors des interviews, tous mes gestes étaient contrôlés à l'avance. Je devais être parfaite et donner le meilleur de moi-même.

— Et toi, des frères et sœurs ? osé-je enfin demander.

Il sourit comme s'il attendait que je pose la question. Je crois que je suis trop prévisible et ce n'est pas bon.

— Non. Je suis fils unique. J'ai connu la solitude.

Que suis-je censée répondre à ça ? S'il avait des frères ou sœurs, j'aurais enchaînée sur ça, mais là...

— Tu as dû t'ennuier seul.

— Je ne te le fais pas dire.

Je me pince les lèvres. Pourquoi on ne m'a pas appris à connaitre les gens ? J'ai l'impression de manqué de...tacts.

— Ton frère nous a raconté pleins d'anecdotes sur toi quand tu étais petite.

Mes yeux se reporte sur le brun et je sens des rides se former sur mon front.

— Oh Mon Dieu ! C'est l'inconvénient d'avoir des frères. Je suis presque sûre qu'il a raconté des choses fausses.

— Tu ne veux pas savoir ce qu'il a dit ?

— Je suis curieuse, avoué-je. Mais non. Je serais probablement gênée et honteuse.

— Donc tu avoues d'avoir été une garce avec lui ?

— Quoi ? Non !

— Il nous a dit que tu étais celle qui faisait le plus de conneries, m'informe-t-il.

— C'est faux ! J'étais juste plus maligne que lui et je faisais des choses derrière le dos des parents ou des profs.

— C'est vrai que, quand tu n'étais qu'une gamine, tu as déjà mangé de la nourriture pour chat ?

Je fais semblant de me boucher les oreilles.

— Je ne veux pas entendre la suite. Je n'étais qu'une gamine ! Et c'était Máel qui m'avais dit de le faire.

— Ne jamais écouter son grand frère ! rigole Aaron.

— Exactement.

Après que nous ayons suivi à la mette la recette, Aaron met la quiche dans le four.

— Reste la question : est-ce que ça sera bon ? ose-t-il dire.

Je le tape avec une serviette en prenant un air strict.

— Bien sûr que ça le sera ! Car c'est moi qui t'ai aidé.

— Dois-je te rappeler que tu ne sais faire que des pâtes ? Je te soupçonne même de manger des boites de conserves quand tu es seule chez toi.

— J'ai un mec qui me fais des délicieux repas. Il est resté chez moi. J'avais besoin de changer d'air et lui, il doit continuer son travail. Une grande entreprise qui lui rapporte gros, énoncé-je.

Quand on rencontre un inconnu : toujours inventer une vie qui fait rêver. Aaron hoche la tête comme s'il me croyait.

— Qu'elle genre d'entreprise ? s'intéresse-t-il.

Anticiper à toutes les questions !

— Dans le commerce. Il vend des innovations. Il ne m'a pas expliqué en détail car c'est trop compliqué, souris-je.

J'ai toujours rêvé de rencontrer un mec par hasard. Dans une boutique ou dans la rue. C'est pour ça que je suis prête à chaque occasion. Toujours la bonne position, bien coiffée et maquillée.

Je n'ai jamais vu un héro surveillé sa belle aimée quand elle était moche ou en mauvaise position du genre au toilette, avec des nœuds pleins les cheveux... Elle est toujours à son avantage. C'est pour ça que je me suis déjà répété des "dialogues" avec un inconnu où je mens sur ma vie pour me mettre en valeur. Ça marche presque qu'à tous les coups.

— Quel beau mensonge, rit-il.

Enfin, j'ai dit presque.

— Pas du tout, tenté-je.

— Ton frère nous a clairement expliqué que tu viens de rompre avec ce Cade et que nous ne devons pas "t'approcher de trop près".

— Sérieusement ?

Je balance ma tête en arrière. Pourquoi les frères doivent-ils jouer le rôle de protecteur ?

— Yep. J'ai repris exactement ses mots.

Je souris timidement. C'est bien la première fois que mon plan échoue.

— Mais c'était bien tenté Crystal, rigole ce dernier.