Avec Màel, nous en sommes venus à la conclusion suivante : dire la vérité. Simple et pur. J'ai pris en photo mon test de grossesse que j'ai ensuite posté sur mon instagram.  

Apprenez à fermer vos bouches.

J'aurais voulu être plus agressive en mettant une autre légende plus violente mais il me fallait rattraper mes petites erreurs et non les aggraver.

Cela fait quelques jours que tout ça s'est déroulé. Et le petit creux vide qui étais en moi ne cesse de s'agrandir. Je ne sais pas exactement comme le refermer mais j'essaye. Du côté de Dakota, cela semble s'être calmer même si on n'a pas beaucoup parler. Du côté du crew de mon frère... eh bien on reste diplomate.

J'imagine que tout le monde aimerait que je parte. Ou alors c'est l'impression qu'ils me donnent. En vérité, c'est moi qui voudrait partir. J'ai l'impression d'avoir laissé entrer une tornade ici et d'avoir embêter tout le monde. Surtout mon frère.

Il faudrait que j'apprenne de mes erreurs. Que je commence à créer mon chemin, mon environnement. Il faudrait que j'arrête de subir ma vie et que je me reprenne en main. Je devrais probablement avoir mon chez moi.

Assise dans le fauteuil, je cherche quelques endroits qui pourraient me convenir. Je pourrais rester en Italie, pas loin de mon frère.

— Quelqu'un veut te parler, direction dehors, m'apprend Donald qui vient d'arriver dans la pièce.

Je ne lui réponds pas et je vais là où il m'indique en laissant mon ordi sur la table.

Dehors, il y a deux transats qui tournent le dos à la maison. Je devine donc que cette fameuse personne m'y attende. Je devine juste. Je fais le tour pour m'allonger sur le transat de libre. Il regarde au loin, les arbres. Il ne semble pas remarquer ma présence. Mais je sais qu'il sait que je suis là.

— Tu as quelque chose à me dire ?

— Ah tu es là, se contente-t-il de dire.

— Tu ne m'avais pas remarqué ?

— Pas vraiment non.

On respire calmement. Rien n'est pire qu'un exposé à faire devant une classe, d'après mes souvenirs du collège. Mais j'ai passé cette époque. Tout comme j'ai survécu au malaise créer il y a quelques jours.

— J'ai tout appris. Donald m'en a fait un bon et gros compte rendu de ce qu'il sait passé.

— Donc tu devrais savoir que c'est faux.

— Là n'est pas le problème, Crystal.

— Où est ton problème alors, Aaron ?

— Tu te caches. Je suis même presque sûr que tu te forces à nous parler et à être sympathique.

Merde, je n'avais pas non plus envisagé une discussion sérieuse et encore moins avec lui.

— Tu n'as rien à répondre ou c'est parce que j'ai raison ?

— J'ai essayé d'être sympathique pour que vous ne pensez pas du mal de moi.

Il rigole nerveusement ce qui me rend nerveuse.

— Tu n'étais pas réellement toi, pas vrai ?

— Bien sûr que si. J'ai juste fais des efforts pour ne pas paraître...

— Égoïste ? Petite star ? Petite fille à sa maman ?

Je me redresse brusquement.

— Tu vois ? C'est exactement pour tes réflexions que je me comportais comme ça. Je voulais juste être normale.

Je commence à me lever, les larmes aux yeux.

— C'est quoi ton problème ?

— Tu m'avait promis de ne pas me mentir, lâche-t-il.

— Et alors ? Nous étions devenus les meilleurs amis qui ne se mentent pas ? Tu es le premier à le faire.

Pourquoi je perds mon temps à me disputer avec lui. Je pourrais très bien passer à autre chose.

— Moi ?

— Toi.

— Moi ?

— Seigneur ! Oui toi ! Pourquoi tu ne parles jamais de toi ? Mon frère m'a raconté comment il avait rencontré les autres mais toi, silence radio.

Bon ok, ce n'est pas exactement ça. Màel m'a promis de me raconter sa rencontre exceptionnelle avec Donald demain. Et je sais qu'il tiendra sa parole.

— C'est tout ?

— Non c'est pas tout !

Petite pause. Je cherche quelque chose à dire mais je ne trouve pas. Probablement parce que je suis énervée et que j'ai peur de ce qu'il va me dire.

Je ne veux pas qu'il pense que je suis superficielle. Je voulais juste trouver quelqu'un pour faire une vie tranquille comme dans les films. Mais rien ne se passe comme dans les films.

— Hm, oui c'est tout, murmuré-je.

Il soupire. Enfin je crois, je ne suis pas sûre qu'il l'est fait.

— Je viens de la campagne. Je n'ai pas mon bac. Je ne suis pas très riche. Et la seule chose que je veux dans ma vie c'est me sentir bien. J'ai rencontré ton frère quand il est tombé en panne dans la ferme de mes parents.

Il s'assoit sur le transat et se tourne vers moi.

— Nous avons passé quelques jours ensemble et c'était cool. Il n'est pas le genre de mec à s'arrêter aux apparences. Lui comme moi voulons juste nous amuser.

— Digne d'un oscar. Très romantique votre rencontre, commenté-je. Je ne vois toujours pas pourquoi vous me le cachiez.

— Ton frère nous a dit qui tu étais. Tu es la fille devant les caméras, celle qui n'avait pas peur et qui est sûre d'elle. Si ton frère ne nous a jamais parlé de toi c'est parce qu'il voulait qu'on le voit comme un gars normal et non un gosse de riche.

Ce qui me blesse le plus est le fait que Màel ne leur ai jamais parlé de moi. Puis je remarque que moi non plus. Je n'ai jamais parlé de lui à Dakota ou des amis mannequins. C'est notre marque de fabrique. Màel et moi sommes fusionnels sans nous montrer exclusifs.

— Tu es hypocrite et jalouse Crystal. Je l'ai remarqué dès que tu es arrivée. Tu te souviens à la soirée au restau ? J'ai cru que tu allais faire une crise de gaminerie. Peut-être que tu ne connais pas le vrai monde : on a pas toujours ce qu'on veut.

Super, c'est ma fête aujourd'hui.

— Tu ne fais que mentir, Crystal.

Je regarde l'horizons sans vraiment le regarder. Tout le monde ment, pourquoi c'est à moi qu'on me fait des reproches ?

— Ce que j'essaye de te dire... C'est que... Mon père aussi avait des problèmes.

Je me rassois sur mon transat.

— Qu'est-ce que ton père vient faire dans l'histoire ?

— Il avait le même problème que toi.

Je le regarde dans les yeux. A présent il ne me juge plus, il cherche à me réconforter et à m'aider.

— J'ai pas besoin de ton aide tu sais.

— J'ai au moins 100 questions, poursuit-il.

— J'ai clairement pas besoin de connaitre ton père ou son histoire pour que tu me fasses la morale. Je sais exactement ce que je fais.

— Ton frère est au courant ? questionne Aaron innocemment.

Je devrais en parler à mon frère de cette foutue histoire mais à chaque fois que je suis avec lui, je ne veux absolument pas gâcher un bon moment.

— Màel est au courant pour ton problème avec l'alcool ?

Je le regarde sans répondre.

— Je me souviens quand il nous a servi des verres avec un peu d'alcool au bar, l'autre fois. Tu as précisément dit « un verre ne peut pas me tuer ». Eh bien tu avais faux. Un verre peu te tuer et tu le sais très bien.

— Je fais attention à moi, dis-je d'une petite voix.

— C'est ce que disais mon père aussi.

— Et il est où ton père aujourd'hui ?

— Je ne sais pas. Probablement avec sa nouvelle meuf en train de finir leur sevrage.

J'ai pris le risque de poser cette question. Ma seule peur était qu'Aaron me réponde que son père était mort.

— Tu devrais lui en parler, continu-t-il.

J'hausse les épaules.

— C'est ma décision ça.

— Non Crystal, tu devrais vraiment lui en parler.

Ce qui est bizarre avec lui c'est qu'on dirait qu'il me supplie. Il sait très bien que je ne finirais pas comme son père.

— Je verrai, finis-je par dire en le laissant sur son transat.

Avant d'entrer dans la maison, je me retourne. Aaron s'est rallongé sur son transat. Je n'ai absolument pas besoin d'une autre figure fraternel, Màel me suivit.

Et c'est à cet instant que je remarque mon oubli de lui poser la question sans réponse. Comment il a su pour ce dérangement d'alcool ?