1. T'es un homme ou pas ?
— Bonjour Mam'zelle ! Besoin d'aide avec votre bagnole ?
Je ne prends même pas ma peine de me tourner vers ce... Comment le décrire ? Imbécile ou pervers le défini bien.
Je suis assise sur le capot de ma belle décapotable rouge avec mes valises à mes pieds. On pourrait croire que j'attends l'aide de quelqu'un sauf que ma différence sociale - autrement dit ma popularité et ma richesse - induit en erreur. J'attends juste mon frère qui doit venir me chercher. Ma voiture ne démarre pas. Après maintes minutes à me débattre au volant, j'ai abandonné l'idée de trouver le problème et j'ai appelé mon frère.
Il m'a dit qu'il viendrait d'ici dix minutes or ça fait bien une vingtaine de minutes que j'attends. J'avais oublié à quel point mon frère n'était pas très ponctuel. Je me rappelle nos années lycées, il était toujours en retard et moi en avance. Pour nos professeurs, j'étais la chouchou et l'élève modèle. Ça, c'était en apparence parce que derrière leur dos, c'était moi qui faisait les pires conneries. Je lançais des bouts de gomme à ceux que je n'aimais pas, je coupais les cheveux des filles assises devant moi ou bien je mettais des chewing-gums dans les cheveux des mecs.
Je n'ai jamais été dans la même classe que mon frère mais d'après les rumeurs (et ce qu'il me disait) je me doutais bien qu'il n'était pas un ange. La plupart du temps, il dormais, draguais des meufs et lançais des boulettes de papiers sur le prof quand il avait le dos tourné. J'étais la plus intelligente et maligne : je ne me faisais pas cramer et les profs ne me soupçonnais jamais, contrairement à mon frère.
Même si j'ai pris un avion privé, j'ai dû entrer dans l'aéroport bondé d'humains puants et mal habillés. Je suis bien contente de ne pas avoir pris un avion commun comme Cade et Ethan l'ont fait. Je pense que je ne le supporterai pas.
Un klaxon retenti tout près de moi, me faisant sursauter. Mon frère, enfin. Il a une belle voiture noire. Les fenêtres sont ouvertes et la musique est à fond. Il se gare juste devant moi et il sort de la voiture.
— Ma petite sœur adorée ! Ça faisait longtemps, s'exclame Máel en me prenant dans ses bras.
— Moi aussi je suis contente de te revoir mais là... Tu m'étouffe !
Je le repousse gentiment puis je lui ébouriffe ses cheveux. Je peux clairement dire qu'il a changé. Après tant d'années loin l'un de l'autre, nous sommes enfin réunis. J'avais oublié comment mon frère me manquait tant.
— Ça fait combien de temps que t'es pas allé chez le coiffeur ? critiqué-je heureuse.
— Pas l'time.
— Refais-moi penser pour ton anniversaire de t'offrir une montre, rigolé-je.
— Depuis le temps que j'attends la montre que tu dois m'offrir !
— Je te l'ai offerte ! Mais tu la perdue, soit disant en dormant.
— Pas ma faute alors, sourit-il. C'est la petite souris qui me la volé quand je dormais
— Bien sûr, quand c'est pas la faute du Pape, c'est celui de la petite souris.
Je lui dépose un bisou sur sa joue puis je lui désigne mes valises.
— Tu peux les mettre dans le coffre, confirme Máel en ouvrant son coffre.
Je m'approche de lui pour lui taper dans l'épaule. S'il croit que je vais réussir à porter mes valises jusqu'à sa bagnole avec mes talons aiguilles, il se trompe ! Même dans l'aéroport j'ai dû demander qu'on me les porte.
— Montre-moi comme tu es fort, clamé-je.
— Quoi ? En plus de venir te chercher, je dois porter tes valises qui doivent peser une tonne ?
— T'es un homme ou pas ?
— Oui mais...
— Alors fais le pour ta sœur adorée, décidé-je. Celle qui te couvrait auprès des parents à l'époque du lycée ! Tu ne voudrais pas que je remette tout ça sur le tapis ?
— Inutile, y'a pas de tapis.
Il soupire puis finit par le faire. D'autant plus que j'ai refait ma manucure dans l'avion. Il est hors de question que je l'abîme dès mon arrivé. Je monte dans sa voiture en baissant le son de la musique puis j'attends. Máel me rejoins et démarre la voiture.
— Tu laisses ta décapotable ici ? s'étonne mon frère.
— Un garagiste passe la prendre, demain.
Je chantonne et je pose mon coude sur le bord de la fenêtre. L'Australie n'a pas l'air si différent de mon ancien chez-moi. Il fait beau et l'odeur me rappelle le sable et la mer.
— Alors, c'est officiel ? Tu as définitivement rompu avec l'autre-la ? commence Máel.
Il parle de Cade. À l'évidence, j'ai causé bien trop d'ennuis à Cade et Dakota. Mais c'est du passé. Nous avons mis sous silence mes catastrophes et ils arriveront dans la semaine. Tout va bien qui finit bien. Les choses ont bien changé. Dakota et moi nous appelons souvent. Et puis, il y a les réseaux sociaux qui attirent l'œil des fans.
— Définitivement, dis-je.
— Il était temps.
Máel n'a jamais vraiment apprécié Cade. Il le trouvait trop sûr de lui et pas mon style. Ils ne se sont jamais rencontrés en vrai mais via skype.
— Petite sœur, tu...
— Je te rappelle que j'ai un nom ! le coupé-je.
Je déteste quand on m'appelle comme ça. J'ai l'impression d'être encore une gamine et toujours la deuxième ! C'est ce que nous font remarquer les gens. "Oh, Crystal c'est la deuxième et la dernière ? La petite sœur du grand ?" Pauvres vieux ! Y avait que les voisins pour nous dire ça tous les dimanches en vue de leur mémoire quasi inexistante.
Il glousse en me narguant. Je l'avais dit : il parait adulte mais tellement gamin. Ça m'en rappelle un autre... Nous arrivons à destination et je sors de la voiture. Je m'étire en regardant autour de moi. Le village semble calme.
— Tu m'a tellement manqué microbe ! lâché-je.
— Je le sais bien petite sœur.
Je grogne en le suivant. Il porte mes valises tandis je fais l'effort de lui tenir la porte. Nous arrivons dans le salon où des gens nous fixent. Deux hommes et une fille. Je ne suis pas intimidée mais ils me dévisagent sans gêne, eux.
— J'y crois pas mec ! Tu portes des valises ? dit un mec à la peau bronzé à mon frère.
Ils rigolent tous et même mon frère. Ce doit être des amis à lui. Une fille avec de long cheveux bruns retient mon attention. C'est la seule fille du groupe.
— Vous devriez savoir qu'une fille ne porte jamais ses valises ! intervient celle-ci.
Je lui souris comme pour la remercier. Solidarité féminine, bonjour.
— Vous prenez trop la confiance les filles. Il faut toujours être au petit soin avec vous, se plaint l'autre mec.
Ses cheveux bruns ne semblent ni s'être coiffés et ni connaitre le coiffeur. Ça redevient à la mode les cheveux longs ? Tout d'un coup, ils se mettent à taper dans leurs mains ou sur la table du salon. Ils rigolent et je ne peux m'empêcher de faire de même. Ils ont l'air tellement soudé et joyeux que c'est mignon. Comme une fraternité.
— Bienvenue à la maison, petite sœur de Máel ! crie le noir.
Bon... Il ne me reste plus qu'à survivre face à eux.
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