Plus il a de gardiens, moins bien il est gardé.

Il fait du mal ou il protège, souvent les deux.

Comme un coffre aux trésors enterré sur une île, qui contiendrait des choses belles, mais terrifiantes.

Un coffre dont on ferait mieux d'égarer la carte, mais qui finit toujours par être déterré par accident.

Un coffre fort, mais jamais aussi fort qu'on ne le pense. Jamais aussi fort qu'on ne l'espère.

Parfois inoffensif, partant souvent d'une bonne intention, jamais sans risque.

Précieux, si précieux, pourtant si fragile. Si délicat, comme un papillon de cristal, prêt à s'envoler à tout moment. Puis il échappe à tout contrôle, part en vrille, se dévoile petit à petit.

D'abord une, puis deux, puis dix s'en emparent. Il n'est plus à nous, il est à eux. Il n'est plus à nous, il n'est plus, tout simplement.

Il perd sa raison d'être, disparaît dans la nuit pour éclater au grand jour.

Le papillon de cristal sors enfin de sa chrysalide et vole sous le soleil. Et se brûle les ailes.

Certains nous en voudront de l'avoir gardé si jalousement. Pourquoi ne pas partager?

Mais il était à nous, pas à eux, ils n'étaient pas en droit de le posséder.

C'était notre bien personnel, intime, et il n'était pas prêt pour être partagé.

Même si certains devraient l'être, appartenir à tous, tandis que certains devraient demeurer avec leur unique gardien.

Plus il a de gardiens, moins bien il est gardé.

Ce secret qu'on chérit, serré contre notre coeur.

Ce secret que le vent souffle à des oreilles inopportunes.

Partagé, divulgué, balloté par les flots de parole, de tous côtés attaqués.

Il se désagrège, petit à petit, les filaments restants s'envolent dans les airs.

Éphémère, évanescent, se disloquant dans la brume matinale, le secret vexe, soigne, fait parler ou apaise.

Le secret