Le froid pique mes joues, s'insinue dans mon cou et dans mon corps, et les perles de glace se figent entre mes cils.

Larme.

De tristesse, de bonheur, de trop plein, de tout ce qui m'entoure.

Mais maintenant je suis seule.

Le petit cristal roule le long de ma joue, et, avant de passer sur mon menton et de se perdre à mes pieds, contourne mes lèvres, ouvertes un sourire ténu, mais sincère.

Loin.

Enfin débarrassée de ces conversation à rallonge pour ne rien dire, de ces messages incessants, je ne peux pas les ignorer indéfiniment. Si?

Enfin débarrassée de cette autorité injuste, de cette fausseté continue.

Pour l'instant je m'en fiche, je suis seule enfin, le blanc infini à mes pieds, au loin la brume dans la vallée, un petit banc de pierre à mes côtés.

Seule.

Sans personne pour me voir, me juger. Sans aucune norme à laquelle me conformer.

Je ne pense plus au passé, au futur, un jour je devrais rentrer, je le sais. Mais je suis là, maintenant, c'est tout ce qui compte. C'est ce soleil, qui commence lentement à baisser, entouré de son auréole dorée, de ces couleurs mélangées, ces roses et ces violets.

La neige m'entoure, scintillante, son éclat est cru, elle reflète le soleil et m'éblouit.

Le froid est vif, mordant, éclaircit mon esprit.

Libre.

J'ouvre les bras, tourne sur moi-même, de plus en plus vite, ma vision se brouille, le monde devient flou, mes pensées tourbillonnent comme je le fais.

Je m'effondre dans la neige, dans cet océan de froid si revigorant. Les bras en croix, un sourire béat, je contemple le ciel.

Clair, sans nuage, limpide et pur, comme mon esprit maintenant. Le froid remet tout en ordre, éclaircit mes pensées, chasse la brume.

Le soleil suit sa course, le bleu du ciel rosit de plus en plus, s'assombrit, et l'astre se camoufle derrière un pic.

"Iris!"

Mon nom résonne à travers la montagne.

Je me redresse, constate qu'il fait presque nuit, je m'étais assoupie. Mes joues me brûlent, mon nez menace de finir en glaçon.

"Iris! Iris! "

Dommage. Finit la liberté. Toute bonne chose est éphémère. Je dois rentrer, je le sais, plus le temps de rêvasser.

"Iris! Bon sang où et tu à la fin?'

Iris. Arc-en-ciel. Je hais ce prénom qu'il m'ont donné.

"Iris!"

Une fleur fragile, aux reflets irisée, parfaite.

Mais je ne suis pas parfaite, bordel! Ils m'enferment dans cette image, jeune fille superficielle, toujours belle, colorée, joyeuse, une personnification du soleil, du printemps, de la chaleur estivale.

"Iris!"

Mais je ne suis pas ce qu'il souhaitent. Je ne suis pas cette poupée qu'ils exposent à leurs amis. Je ne suis pas cette fleur au nom d'arc en ciel.

Si je suis une fleur, je suis une fleur de glace.

"Iris!"

Je me relève et tourne sur moi-même, afin de tourner le dos à cette voix incessante.

Pas encore. Plus tard, quand je serais prête à jouer de nouveau cette comédie incessante.

"Iris! Iris! Iris! Iris! "

Je cours. Les appels faiblissent. Mes jambes me brûlent, ainsi que ma gorge, mes joues, mon souffle est erratique.

Je cours, loin de cette mascarade, loin de cette pièce de théâtre.

Je cours, me rapproche de ma réalité.

Je cours, toujours dans ce froid glacial.

Je cours, mes jambes me font mal, un point de côté se fait ressentir.

Je cours, je cours sans jamais m'arrêter.

Et la course me fait croire de nouveau, me rappelle cette réalité, que je savoure tant:

Je suis vivante.

Une histoire se passant au lieu de mes dernières vacances.