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𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 2- 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑒 𝐼

 « On commence par se tromper soi-même ; et ensuite on trompe les autres.» Oscar Wilde

Le ciel s'était assombri depuis plusieurs heures déjà. Le Café Chic était propre. S'essuyant le front, sous l'effort, Milanca attendit que Kirsten revienne des vestiaires pour pouvoir sortir. Le restaurant fermé, la gérante la remercia encore une fois pour son travail. La jeune femme lui offrit un hochement de tête en réponse. Lorsque le bruit du verrou résonna dans la nuit noire, Milanca leva les yeux pour contempler les étoiles. On ne voyait presque rien. Trop de pollution. Elle soupira. S'apprêtant à tourner le dos à sa patronne pour lui souhaiter bonne soirée, Kirsten la devança.

— Tu veux que je te ramène ? Il est vraiment tard et je serais plus rassurée si je te savais dans ma voiture au lieu de marcher dans le noir pour rentrer chez toi.

— Ça ira, lui assura-t-elle. Je n'en ai pas pour longtemps et j'aime bien courir le soir.

Kirsten ne put retenir une moue désapprobatrice, mais Milanca l'ignora et d'un mouvement de la main, lui fit au revoir. Lorsque la chevelure blonde de sa patronne disparut derrière le parking, elle s'autorisa à regarder autour d'elle. Elle était méfiante, c'était dans sa nature profonde, mais elle ne craignait plus d'être seule et dans le noir en pleine ruelle. Elle avait réchappé à son destin plusieurs fois et elle continuerait ainsi.

Les paroles de Martha la frappèrent de nouveau, résonnant avec un pouvoir de décision sans équivoque. Elle détestait cette sensation d'impuissance qui remontait le long de son échine jusqu'à annihiler la moindre émotion intérieure. Les odeurs ne persistaient plus comme elles l'étaient avant, sa vision s'obscurcissait et ses pensées se perdaient dans un nuage d'incertitudes broussailleuses.

« Ce n'est pas le temps qui régira l'avenir, car il est déjà tracé. »

La fatalité à son apogée. Mais Milanca n'en voulait pas de ce destin qui lui tendait toujours les mains dans une demande inconsciente de sacrifice et de rédemption. Elle voulait enterrer son passé, fuir les problèmes et bâtir un nouvel avenir, dans l'ailleurs. C'était lâche, mais le destin se fichait bien des raisons et du cœur. Il n'y avait que ses aléas et les obstacles qu'il ravivait inconditionnellement la faisait flancher. Les paroles de Martha, il s'agissait d'un signe. Allait-elle répondre à l'appel du destin ou continuer de fermer les yeux et de repousser le temps jusqu'à ce que la chute soit inévitable ? Elle ne savait dire.

Secouant la tête pour se reprendre, la jeune femme enfonça ses écouteurs noirs dans ses oreilles, monta le son et se laissa emporter par Eleventh hour de Immediate, puis força ses jambes à avancer toujours plus rapidement. En un instant, Milanca s'enfonça dans les profondeurs de la nuit, là où était sa place. 

Trente-cinq heures la séparaient de son ancienne vie, de son bourreau et de l'Alpha qui avait détruit sa vie. Et ça ne semblait pas assez pour Milanca. Elle voudrait changer de planète, se retrouver sur une autre sphère dimensionnelle, si cela lui empêchait d'affronter les funestes vérités et responsabilités qu'elle incombait. Pourtant, elle se retrouvait là, les yeux plissés. Coincée dans un amphithéâtre, le cerveau en ébullition de pensées contraires à ce que son professeur de psychologie de la motivation et des émotions tentait de colporter à ses élèves.

Aujourd'hui, M. Olson faisait référence au caractère des émotions dans la communication et comment l'interaction et divergence des tactiques de manipulation étaient aussi imperceptibles que lourdes dans la vie des gens. Il accueillait ses paroles saccadées par de grands gestes et ses expressions faciales étaient plus apparentes que jamais. Les humains avaient cette manie de laisser entrevoir des messages subliminaux juste par les gestes du quotidien. Milanca les trouvait fascinants. Peut-être que c'était cette conclusion qui l'avait fait intégrer la prestigieuse Université de Chicago ?

Non.

Si elle n'était pas dans l'obligation de se fondre dans cette fourmilière pour paraître normale, elle se serait déjà plongée dans son quotidien d'autrefois. Son ancienne vie qui semblait remonter à une décennie. Là où les études des créatures magiques remplaçaient les cours de politique si mortellement ennuyants des humains. Et où le sang n'avait pas encore entaché le tableau. Cette ère de paix qui proclamait l'illusion prometteuse d'un avenir scintillant et rayonnant de mille feux.

Un soupir fendit ses lèvres pulpeuses. Le visage posé contre la paume de sa main, ses verres de contact caramel contemplaient ce qui se trouvait plus loin, dans l'assemblée. Les étudiants par centaine dans l'amphi vaquaient à leur occupation. Certains portaient leur attention sur leur ordinateur, continuant des travaux pour différents cours, et d'autres conversaient électroniquement à leur voisin de droite. Lorsqu'une blague écrite sur le net devenait trop contagieuse, ils se penchaient pour en faire part à leur groupe de camarades, qui s'esclaffaient en silence. Milanca restait silencieuse et ce malgré la tonitruante anxiété de sa collègue de cours, Molly, qui tentait par-dessus tout d'attirer son attention. Elle l'ignora, mais l'odeur plus que désagréable de son excitation accentua son froncement de sourcils.

Molly était le style d'étudiante populaire, qui adorait incommoder les introvertis pour les pervertir et les entraîner dans ses soirées faramineuses. Milanca ne voulait pas en faire partie. Elle appréciait l'énergie saccadée de Molly, mais son ton mielleux lui tombait sur les nerfs la majorité du temps. La jeune femme prenait alors le soin de ne pas la côtoyer en dehors des heures de cours, comme tout le monde. Elle était solitaire. Et c'était mieux ainsi.

Une tâche blanche apparut sur la planche qui faisait office de bureau. Milanca se surprit à fixer le bout de papier, un sentiment d'irritation lui montant dans la gorge. Il ne lui était pas destiné, car il avait atterri par mégarde suite à la fanfaronnade des étudiants une rangée plus loin. Le professeur les interpella après un échange trop bruyant et le silence revint.

La blonde surprit le regard perçant d'un de ses camarades, dont elle ne connaissait pas le prénom. Il lui lança un clin d'œil avant de se détourner et de porter son attention sur le reste du cours.

Surprise, elle déplia le message, puis le repoussa avec brusquerie en découvrant son contenu. Un dessin des plus innocents pour certains. Pas pour Milanca. Les signes se chevauchaient jusqu'à la rendre malade. Elle n'avait qu'une hâte, sortir de cette fichue pièce. Elle commençait réellement à étouffer. Rester cloîtrer pendant des heures dans un endroit aussi morbide qu'une salle de cours avait de quoi lui donner la nausée.

Alors, sous la teneur du message, elle ne se retint plus et gravit les escaliers de la salle, jusqu'à s'enfuir. Ses talons martelaient le sol sous ses foulées. Les œillades de certains étudiants, agités pour leurs prochains examens ou à la suite de nouvelles loufoques, ne lui laissaient qu'un sentiment poisseux contre la peau. Elle cligna des yeux pour chasser les pensées dérangeantes qui prenaient forme dans son esprit.

Le papier, maintenant transformé en bout de chiffon dans sa main, tremblait entre ses doigts, comme pour la prévenir d'une mauvaise prémonition. Elle déglutit. Bordel ! Dans l'encadré de la note était fiché un loup suivit d'un serpent qui dévorait le cou de celui-ci. Ses dents avaient laissé deux trou béants ensanglantés qui étaient contaminés d'encre noir et de résidus rouges. Du sang de démon.

Elle inspira pour se reprendre en main et se passa les ongles contre ses cheveux pour les dégager. En rejoignant son casier, un bip sonore la tira de son tiraillement intérieur. Personne ne lui écrivait. Elle n'avait que trois contacts. Molly, qu'elle avait mis en sourdine, Daisy, qui ne lui passait que les mots de sa patronne et ... Était-ce ? Le palpitant au bord des lèvres, Milanca déverrouilla son téléphone.

— Impossible, hoqueta-t-elle, horrifiée.

Une boule lui noua douloureusement la gorge lorsqu'elle prit le temps de relire une troisième fois le texto qu'elle venait de recevoir. Ses cauchemars venaient la tourmenter même éveillée. Milanca ferma les yeux forts, une migraine défaillante lui soutirant sa force physique. Elle appuya contre sa tempe gauche, tentant en vain de canaliser la douleur de cette nouvelle. Les quelques mots tournaient en boucle dans sa tête, martelant sa boîte crânienne d'appréhensions horripilantes.

Numéro inconnu :

« Ils arrivent. Fuis. Tu as un pas d'avance, maintenant, mais plus pour très longtemps. Ils savent où tu te caches. »

Les cloches annonçant une fin proche retentirent, lui arrachant une faible plainte. Le temps s'éternisa au ralenti, et figés, les yeux de la jeune femme contemplèrent ses ongles. Cette fois-ci, elle en était certaine. Le temps la rattrapait et elle devrait bientôt faire face à son dernier jugement. Ses doigts ruisselaient d'un liquide rougeoyant épais et l'odeur qui s'en dégageait était infecte. Le sang. Elle le détectait dans les moindres recoins de son esprit. Il était omniprésent dans son passé et continuait d'entacher son avenir.

Par instinct, ses doigts enserrèrent son cellulaire avec force pour calmer l'illusion. Bryan. Il lui avait écrit de nouveau, alors qu'il avait promis ne plus le refaire. Il était un ami d'enfance de son père et l'avait aidée à plier bagage lors de cette atroce nuit. Pour ne pas éveiller les soupçons et pour protéger son jeune fils, Milos, il était resté dans la meute où suprématie rimait avec sortilège ensanglanté. Milanca ne devait plus communiquer avec Bryan pour la survie de son petit garçon.

Un petit cri s'étouffa dans sa gorge et elle plaqua sa main contre ses lèvres. Étaient-ils en danger ? Les ongles enfoncés dans la chair tendre de ses menottes, elle se força à reprendre contenance.

Elle en était encore là. À courir pour sa survie et à ne plus réfléchir au lendemain. Ses tempes cognaient par à-coup dans sa boîte crânienne. Elle voulait éradiquer la douleur. Radier l'enchevêtrement de problèmes qui submergeait sa vie.

Quittant l'école à grands pas, les yeux écarquillés d'horreur, elle se força à avancer. Ses genoux fléchirent et elle s'écroula contre l'herbe fraîche. Les regards inquiets se tournèrent vers sa personne. Mais rien n'arriverait à transpercer la carapace que Milanca venait de revêtir. Une évidence jaillissait dans son esprit. Tout était fini. Elle était finie. Personne ne pouvait l'aider. La chasse venait de reprendre. Non, en fait... Elle ne s'était jamais arrêtée. 

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