Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

13. Repos



Au moment de pénétrer dans mon immeuble, Nora me susurre dans l'os temporal : « Tu rentres. Allure décontractée. Tu montes dans l'ascenseur. Tu appuies sur le 32, mais tu descends au 19. On a programmé l'arrêt de la cabine... ».

Merde ! Je suis attendu. Effectivement, arrêt au 19. J'ignore comment ils font, mais ils font... « Appartement 19-27 » m'indique Nora. Je rentre.

Quelques instants plus tard, une explosion fait trembler la tour. « C'est ton appartement : soufflé. Maintenant que t'es mort, tu peux prendre ton bain, puis te coller la fausse barbe qui est sur le lavabo. Ensuite, tu enfiles la djellaba, les babouches et le keffieh qui sont sur le lit. Un tajine t'attend, au chaud ».

Des nouveaux papiers sont prêts. Je dois détruire les autres, avec mes vêtements, dans le poêle qui attend, chauffé à blanc. Je m'appelle désormais Amine Nourad, et je réside 35 rue Sadi Carnot, Bagnolet.


Je m'apprête à sortir, quand on frappe à ma porte. « Police, ouvrez ». Ils ne devaient pas s'attendre à trouver un pieux musulman, prénommé « le croyant », à genoux sur le tapis, psalmodiant sa prière, quand ils ont fait exploser la porte. « La prochaine fois, fais attention à la direction de la Mecque » me précise Nora, qui n'en perd décidément pas une miette.

Je suis suspect, avec le portable de la victime dans la poche en prime ! Direction commissariat du treizième arrondissement, menottes aux poignets, chevilles entravées, cagoule sur la tête.

Histoire de patienter, quelques collègues aux abois me plongent la tête dans les chiottes à coups de bottins pour me faire avouer. Pour un peu, ils m'arracheraient ma fausse barbe.

Un gradé me fait asseoir. Lumière dans les yeux. Interrogatoire :

– Je t'écoute ?

– CID.

– Pardon ?

– CastReuRs Islamiques di DiseRt.

– Hein ?

– Allah AkhbaR !

Si j'essaie de leur expliquer qu'en fait d'Amine, je m'appelle Paul Dumonchelle, me dis-je, bras armé DGSI et DGSE nouvelles formules, mort quelques instants plus tôt, fraîchement reconverti en pieux musulman, en lutte contre les Russes, alliés avec les Chinois, impliquant les partis nationalistes, dans un combat qui a débuté par la mise en quarantaine des services, dont les restes ont été transférés en cachette et en province, époux involontaire d'une nouvelle Mata Hari en blouse blanche, je suis mal barré.

Autant leur inventer un truc bidon, genre « Castreurs Islamiques du Désert » : ça les oblige à me transférer, direction les locaux de l'anti-terrorisme, où j'ai des relations.


Bien m'en a pris. Transfert, toutes sirènes hurlantes. En face, le juge Alban Barrère, un pote, regard froid, barbe patibulaire :

– Le CID vous avez dit ?

– CastReuRs Islamiques di DiseRt.

– Pardon ?

– ORganisation tiRoRiste.

– Je...

– Tout nouveau : RigaRde suR tes listes...

– Mais...

– Ça clignote, sûR di sûR chti dis !

Medhi a compris : il ajoute mes Castreurs sur les listes en question, rouge clignotant. Alban me regarde, lèvres pendantes. Il tente de se reprendre :

– CID, Castreurs Islamiques du désert, vous dites... ça vient d'exister, effectivement... j'ai du mal à comprendre d'ailleurs... et ce portable, vous pouvez m'expliquer ?

– Ji vais ti spliquer, tout ti spliquer.

– Mais ?

– Quand ti sRas seul à seul.

– Seul ?

– Li gReffier, li keufs, dihoRs.

Il doit s'interposer pour que je ne me prenne pas une nouvelle rouste. Et insister pour qu'on nous laisse face à face.

– Maintenant, splique-toi !

– Alban, c'est moi !

– Paul ?

– En personne.

– T'es pas mort ?

– Pas encore !


Pour commencer, je lui suggère d'ouvrir son tiroir, en bas à droite, celui du scotch, et de m'en servir un. J'ai besoin de ressusciter. Il n'a que du Johnnie Walker, dans un ancien verre à moutarde. « Pour un macchabée, c'est déjà pas si mal ! » prétend-il.

« Bien joué me susurre Nora dans l'oreillette. Maintenant, tu dégages au plus vite. Rendez-vous chez toi, 35 avenue Sadi Carnot, Bagnolet ».

Alban est toujours sur son écran qui renvoie obstinément à sa requête : « Organisation nouvelle, top secret, niveau rouge ». Heureusement, avec lui, pas besoin de baratin :

– Je t'écoute ?

– Tu me rends mon portable, et tu me sors de là.

– Bon.

– Par la porte du fond, celle des moribonds.

– Destination ?

– Bagnolet.


Il comprend vite, Alban. Qu'il faut qu'il me conduise en personne par exemple. Que moins de gens seront au courant, mieux ce sera. Qu'il a intérêt à en savoir le moins possible, lui aussi.

Il me fait simplement écouter la radio : « Attentat terroriste dans le treizième arrondissement. L'appartement d'un agent des forces de sécurité, Paul Dumonchelle. Revendication "les Castreurs Islamiques du Désert", nouvel avatar du poulpe islamiste galopant. Une victime au moins. Méconnaissable. Le propriétaire certainement ».

Il m'a lâché devant la mairie de Bagnolet. Sans un mot. Enfilant l'avenue Sadi Carnot, je pense à ma fille. Qui sait, peut-être qu'elle va se faire du mouron ! En marchant, je murmure « Sophie ! ». « On s'en est occupé », me répond Nora dans l'oreillette. La sueur me monte au front. Je crains le pire :

– Comment ?

– Enlevée.

– Par qui ?

– Castreurs Islamiques du Désert.

– Attentats sadiques, mutilations sexuelles ?

– C'est toi qui viens de les inventer, crétin !

– Vous en avez fait quoi ?

– Au vert.

– Où ça ?

– Sœurs Lajoie, ça te va ?

Il y a des fois où je livrerais bien Nora à ces putains de castreurs ! « Continue jusqu'au 35, me dit-elle, les tours ont des noms d'orchidées. Laisse Phalaenopsis sur ta droite. Au fond, Epidendrum, tu rentres. L'ascenseur est en panne. Tu prends l'escalier. Premier. Porte 103. Pas besoin de sonner. Ahmed et Jamal t'attendent. Ils vont prendre soin de toi ».


Je les avais oubliés, ces deux-là : qu'est-ce que je vais foutre avec ces deux délinquants à la sauvette !

Ils m'attendent, comme elle a dit. Deux jumeaux, barbus, tenue djihad bien pétante.

Rien qu'à les voir, je pensais avoir droit à quelque chose du genre : « Amine, mon frère... ça te va si bien, la barbe et la djellaba... avec ce keffieh... on t'a pris un Coran, avec de nouvelles babouches... pour que tu puisses réviser en ayant chaud aux pieds », le tout servi avec du thé à la menthe.

Ben non : ils sortent un scotch du bahut, Islay Port Ellen 1978, 3500 € la bouteille, verre Glencairn :

– Ouaouh... quel arôme mes frères !

– Arrête ton char Popol, qu'ils répliquent... les émotions, ça te perturbe... bois un coup, ça te remettra...

Je tente timidement :

– Mais Nora est ma femme !

– Ta veuve tu veux dire.

– Évidemment !


Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro

Tags: #wattys2017