Chapitre 6
Chapitre 6
-Leia-
Cela faisait deux jours que je n'arrêtais pas de parler au « mec que tu as préféré à moi ». On s'était pas mal rapproché. C'était loin de me déplaire, au contraire même. Ça avait ajouté un peu de bonheur dans ma vie.
J'allais être au summum de la joie dans une demi-heure. Mes meilleurs amis arrivaient dans la capitale. J'étais fine excitée. Je les considérais comme ma deuxième famille. J'avais hâte de les serrer dans mes bras, de les entendre parler de leurs vies. Bien évidemment, ce serait surtout Clément qui parlera. Qu'est-ce qu'il pouvait être bavard celui-là. Je pouffais, puisque je n'avais rien à dire de ce côté-là, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre. Avec Addison, on allait saouler Clément en écoutant du rap tout le week-end. Il détestait ça. Nos discussions interminables agaçaient Addie, comme les musiques que nous imposions à Clém. Mais au final, ces défauts que nous avions tous les trois, c'est ce qui nous rendait humains et attachants. Alors vive ces petites choses !
Ce qui m'impatientait le plus était de leur parler du « mec que tu as préféré à moi ». Cela comptait. Je crois que malgré moi, comme à mon habitude, je m'étais attaché trop vite à un parfait inconnu.
Je m'étais installée sur un banc de la Gare de Lyon, les écouteurs dans les oreilles comme à mon habitude. On pourrait croire qu'ils sont greffés à moi, à force. Être humain de Nekfeu résonnait. J'avais emmené mon carnet de croquis, ayant encore à attendre une vingtaine de minutes. Je m'étais mise à dessiner les passants. Je m'amusais à les regarder, ces voyageurs, ces accompagnateurs, ces couples qui se faisaient des aux revoirs déchirants, ces mères qui pleuraient de voir leur enfant partir loin d'elles. Je figeais leurs visages sur mes pages blanches. Ces pages, qui au fil des minutes défilaient, devinrent grises. Maintenant, elles étaient remplies de dessins.
Mon téléphone vibra me stoppant dans Humanoïde du Fennek.
C'était lui.
« - Holà Bella ! Tu vas bien depuis la dernière fois ? »
Je souris à son message.
« - Holà bellu omu ! Oui, ça va on ne peut mieux, et toi ? »
J'eus à peine le temps de relever la tête que deux tornades arrivèrent comme des furies contre moi. Je rigolais et pris mes deux meilleurs amis dans mes bras.
« - Tu nous avais manqués ! Dit Clément.
Il portait à son habitude des vêtements chics. Il avait ses fidèles boucles d'oreilles. Entre anneaux, croix, clous, il avait un peu de tout. Ses cheveux ébène étaient très bien coupés. Clément avait dû aller chez le coiffeur ces derniers jours.
- Vous aussi. Répondis-je.
- Joyeux anniversaire en retard ! » Me dirent-ils, les deux en chœur avec un grand sourire.
On prit le métro jusque chez moi. On se raconta tout ce qu'on avait manqué dans la vie de chacun. Je me sentais bien avec eux. Je n'avais même pas pensé à regarder mon portable. En arrivant sur place, je m'étais empressée de je tout leur raconter à propos du « mec que tu as préféré à moi ».
Mais bien évidemment, mon portable vibra à ce moment-là.
« - C'est lui ? » Me demanda Addison.
Je regardais mon téléphone et vis que oui. Je hochais la tête devant le regard de mes meilleurs amis. Addie me fixait toujours aussi intensément. Ses cheveux châtains clairs avaient encore blondi malgré l'été étant terminé. Elle avait de beaux yeux bleus gris. Elle avait comme moi des taches de rousseur réchauffant son visage pâle.
« - Je vais finir par m'habituer à ces compliments. C'est de me parler qui te rend si heureuse ? ;) »
Je leur montrai le message avec un petit sourire gêné sur mon visage. Ils sourirent, contents pour moi. Addie me rappela de quand même me méfier. C'était un inconnu, il ne fallait pas l'oublier, ce mec pourrait être dangereux. Clément se demandait s'il était vraiment beau. Ils me faisaient rire. Ils étaient fidèles à eux-mêmes protecteurs, surtout Addison. Bien évidemment, ils étaient aussi toujours là pour moi.
Je lui répondis enfin.
« - Non, il ne faudrait pas trop. Sinon tu ne sauras plus les apprécier. Oui et non x) Bien sûr que ça me fait plaisir de te parler. Mais c'est surtout que mes meilleurs amis sont sur la capitale :D Ça lui redonne des couleurs. »
On se mit devant un film. C'était une comédie romantique, pour nous faire plaisir à Clément et moi. Addison faisait la tête, mais après, on mettrait un film d'action ou d'horreur pour lui faire plaisir. On avait fait du pop-corn et on s'était installés sur mon clic-clac avec un plaid sur nous pour nous réchauffer. Hop ! Nous étions partis !
*
Après les deux films, Clément s'était endormi. Avec Addison, on décida de le laisser tranquille. On s'installa à mon bureau pour faire nos devoirs. Elle, comme moi, avions beaucoup de boulot. Addie faisait une double licence maths et biologie, ce qui lui rajoutait le double de travail. Mon école, quant à elle, me demandait énormément de rigueur. Au moindre retard, tu es viré de cours. Au moindre travail non rendu ou rendu après la deadline : c'est un zéro. La moindre absence injustifiée impacte ta moyenne. Si on faisait la moindre tâche, même minime sur nos rendus : c'est moins cinq points. Au bout de plusieurs sanctions, tu es viré. C'est une police d'entreprise. Cela me provoquait énormément de stress, surtout les premières années.
Cette situation scolaire en plus de la douleur d'être loin des miens, m'avait fait tomber en dépression la première année. Aujourd'hui, j'avais remonté la pente. C'était toujours dur, mais j'étais bien plus solide et sûre de moi.
Néanmoins, j'étais contente de cette école, car en seulement trois ans, je m'étais beaucoup améliorée. Mon école m'avait aussi appris la patience ; la rigueur ; le travail, le vrai ; l'autonomie ; et les bases du dessin. Cet établissement parisien nous offrait une formation très complète et polyvalente dans la spécialisation de notre choix. Parfois, j'ai bien cru que j'allais baisser les bras. Mais non, je me suis accrochée. À chaque échec, je me suis relevée, plus forte. Je revenais de loin. Surtout quand on regardait mes anciens dessins...
*
Après deux bonnes heures à continuer mes décors pour mon film, je fis une pause. J'allais mettre de l'eau à chauffer pour préparer du thé. Je consultais mon téléphone en même temps. J'avais reçu deux messages non lus.
« - C'est vrai. Ah ouais ? :D C'est ienb aç. Bah, profite Bella :) »
« - Eh ! Tu as avoué qu'aç te faisait plaisir de me parler ;) »
Je m'empressai de lui répondre.
« - T'inquiète, c'est ce que je fais :) Oui, j'ai avoué. »
Écrivais-je avec un sourire trônant sur mon visage. Addie me crama, fière d'elle. Je rigolais.
« - Tu l'aimes beaucoup, hein ? Demanda-t-elle.
- Non pas du tout, je ne vois pas de quoi tu parles. Dis-je en rigolant.
- Mais méfies toi, vraiment. Tu ne sais pas qui c'est. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur.
- Oui, oui, je sais, t'inquiète. Je ne suis pas bête.
- Je le sais très bien. Mais vraiment, fais attention à toi.
- Oui maman. Dis-je en levant les yeux au ciel.
- Non, mais vraiment Leia.
Je la regardais sérieusement dans ses yeux couleur océan orageux.
- Oui, je ferais attention. Je te le jure.
Elle acquiesça à mes dires.
- Tu as réussi à bien avancer dans ton film ? Me demanda-t-elle après un moment.
- Oui, oui. Et toi pour tes partiels ?
- Ça va. Même si je sens que je ne suis pas encore au point et ça m'énerve.
- Tu vas y arriver. La rassurais-je.
Je tournais ma tête vers Clément qui dormait toujours.
- Il est vraiment mignon quand il est comme ça. Me dit-elle en tournant la tête aussi dans sa direction.
- Oui. Dis-je en souriant. Je suis vraiment heureuse que vous soyez là. Je vous aime fort.
- Nous aussi, on t'aime fort. »
Je nous servis deux tasses de thé et mis la réédition de Feu en fond. On se posa à côté de Clément qui dormait toujours sur le clic-clac. On était bien là, tous les trois. J'étais détendue. Les mots dans ma tête s'étaient tus. Je profitais de ce bonheur éphémère.
*deadline : date limite, date butoir, échéance
Voilà le chapitre 6, j'espère qu'il vous aura plu.
Clément ?
Chloé ?
Les messages de Tarik ?
On se retrouve samedi !
Bisous ♥
Saphira
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