Chapitre 48
Chapitre 48
- Leia-
Fin juillet 2020
Malgré le temps passé, j'avais l'impression que ce séjour désastreux en Corse était hier. Pourtant, l'île de Beauté ne rimait pas avec pleurs, disputes, stress et doutes. Non, cela rimait plutôt avec détente, rire, découverte, retrouvailles, famille. Ce voyage me laissait un goût amer dans la bouche. J'avais l'impression que quelque chose s'était brisé, que tout avait changé maintenant. Je n'aimais pas ce sentiment, cette intuition qui traversait mon esprit ces dernières semaines. Alors, je m'étais enfermée dans mon boulot. J'avais aussi énormément conduit, et donc, replacé une date de permis. Malheureusement, avec le stress accumulé, j'avais de nouveau perdu mes moyens. Je l'avais donc de nouveau raté... Je n'aimais vraiment pas cette période. J'en venais à douter de moi-même, à me flageller, alors que j'avais fait tout ce cheminement de développement personnel. J'avais l'impression de régresser.
Au début, je n'avais pas compris la colère de Tarik. D'ailleurs, je croyais bien que je ne la comprenais toujours pas. J'en avais marre de ses sautes d'humeur. D'habitude, j'acceptais tout, je communiquais et je faisais des compromis, mais là, j'avais fui. Après, je l'avais énormément fait dans le passé. Donc ce n'était pas comme si c'était nouveau.
Je n'avais pas donné de nouvelles dans les premiers temps, mais lui non plus. À force, je m'étais dit que j'avais peut-être agi en gamine plutôt que de faire face au problème, et de parler en adulte avec Tarik. Puisque c'était ce que nous étions censés être, des adultes, non ? J'en venais à douter de tout, même de moi-même, de Tarik. Et cela me foutait les boules, car oui, j'avais peur de perdre ce que nous avions créé. Néanmoins, je n'étais pas du genre à abandonner, donc j'avais envoyé plusieurs messages pour m'excuser, pour avoir des nouvelles, pour lui parler, pour se voir. Mais je n'avais obtenu aucune réponse, nada.
Ah ! Si ! Tarik au bout d'un moment m'avait répondu des vieilles excuses. La seule valable que j'avais retenue était le boulot. Ce que je comprenais parfaitement avec tout le travail que j'avais eu ces dernières années. Mais plus de batterie ? Besoin de se ressourcer sans prévenir ? Malade au point de ne rien dire, de ne pas prévenir ? En vrai, si je pouvais comprendre, mais c'était sa façon d'être revenu en mode bat les couilles. Le pire avait été son « Je sais que tu vas m'en vouloir, mais bon ».
Laissez-moi rire.
Oui, j'étais énervée, car même si j'avais merdé, franchement ce n'était pas si grave. Surtout que j'avais tout fait pour me rattraper. Je m'étais même excusée auprès du dégueulasse Yanis. Donc bon. 'Faudrait arrêter les conneries au bout d'un moment. Mais encore là, je prenais sur moi, je n'avais pas envie qu'on reste dans cette situation, qu'on continue de s'embrouiller, ou pire que l'on se sépare. Quand je me lance dans une relation, c'est toujours très sérieux. Je me donne complètement. C'est un véritable dévouement. Donc encore une fois, je faisais un pas vers l'autre. J'essayais d'assumer, de me comporter en adulte responsable.
« Hello :) Ça fait plusieurs semaines que je n'ai pas de nouvelles. Je me doute que tu aiess énormément de boulot. Après, j'ai l'impression que c'est aussi dû au voyage en Corse. Je me suis excusée de nombreuses fois. Et je pense toujours que j'ai bien fait, surtout vu le comportement de ton frère et ses actes envers moi et les filles mineurs. Certes, je n'aurais pas dû éclater ça au milieu du repas, de plus lors de son anniversaire et pas devant tout le monde. Eh oui, j'aurais dû t'en parler avant. Je suis désolée encore pour tout ça. Mais tu ne trouves pas qu'après tout ce temps, tu ne fais pas la gueule pour rien ? »
Pour une fois, son message ne tarda pas. Cela changeait des plusieurs jours d'attente, si ce n'est semaine...
« Solo depuis l'époque du verre pilé, donc toi ne viens pas m'dire que j'fais la gueule pour rien »
Ah, ok.
J'avais envie de tout foutre en l'air, de retourner en entier ma chambre. D'un coup, mes démons revenaient, j'avais alors envie de fumer, d'aller boire avec Mei et Adam. Depuis juin, on sortait régulièrement le soir après être allés à la salle tous les trois. On ne buvait même pas d'alcool, juste on s'amusait, on discutait, sirotant notre verre de jus d'ananas, parlant jusqu'à trois heures du matin. Ils avaient été d'un soutien incroyable pendant cette période.
Addison était parti pendant de nombreuses semaines en colo en tant qu'animatrice, bien évidemment, elle restait présente comme à son habitude par message. Elle vivait son idylle avec Gaspard, un autre moniteur. Je n'avais pas envie de la déranger.
Clément, lui aussi, s'était trouvé un job. J'étais la seule à ne pas bosser cet été, cette année. Si on réfléchissait, j'avais aussi mon film à finir pour septembre. C'était un mal pour un bien.
Avec Mei et Adam, on avait hâte, on devait aller au cinéma le 20 août pour la sortie de My Hero Academia : Heroes Rising, le deuxième film de l'anime My Hero Academia. J'étais déjà sûre de kiffer. Bien évidemment, nous irons à la séance en VOSTFR.
J'étais remontée à Paname depuis une petite semaine, abandonnant ces deux-là pour essayer de voir mon copain et les autres QLF. Ce n'était pas vraiment concluant jusqu'à présent...
Je répondais finalement à Tarik, virulente.
« Tu es sérieux à te citer ? On ne peut pas parler comme des adultes ? Comme on l'a toujours fait. Ça s'est toujours bien passé jusqu'à présent. Tu n'as pas envie que ça continue ? »
Il répondit une nouvelle fois du tac au tac. C'était incroyable. Je rigolais jaune pensant aux conversations que j'avais parfois commencé avec lui et au milieu de celle-ci, il ne répondait plus, ou parfois si, mais plusieurs jours après. C'était très constructif. J'étais bien évidemment remplie d'ironie. Je détestais cela en ce moment : les gens ou actions non-constructifs.
« Tu parles trop, j'suis pas d'humeur. »
Ok. Il voulait que je le détruise ou c'était comment ?
J'étais folle de rage.
« En même temps, c'est mieux de parler dans un couple. La communication, tout ça... » Répondis-je sèchement.
Je balançais mon téléphone sur mon lit comme une furie. Sans grande surprise, j'avais mis trop de force. Énervée, il ricocha sur le matelas avant de rebondir et s'écraser violemment sur le sol.
« - FUCK ! » Criais-je.
Je sortais une valise et commençais à la remplir de mes essentiels. Ça ne servait à rien de rester à Paname. Elizabeth et Tonia étaient en vacances. Et l'autre pas O.P. pour qu'on se voit. Bah, ok, je vais rentrer auprès des miens. Eux au moins sont présents, et même si pas physiquement, le sont par message.
Je rigolais de nouveau jaune. Oui, j'aurais pu aller voir les QLF que j'aimais énormément... Mais sans Tarik, surtout quand on se faisait la gueule comme ça, ça ne rimait à rien. Je récupérais mon téléphone pour voir les trains en direction de ma ville natale. Je vis un message de Tarik reçu il y a une minute.
« Wallah, Smeh Leia. Au fond de moi, je sais que t'as voulu faire au mieux pour Yaya, surtout pour toi et moi. C'est juste mon côté haram pas encore dompté. En ce moment, je me dégoûte d'être tout le temps plus Ademo que Tarik. J'ai vraiment un comportement qui pue la merde. Alors que toi comme d'hab, t'es à l'écoute, patiente et tout. En plus, je sais que de base la patience ce n'est pas ton que-tru. Mais vas-y ce corona ça va me rendre ouf. Je ne pensais pas qu'un jour le rap ça aurait pris autant de place. La scène, c'est devenu limite trop important pour moi. Pourtant, tu sais à quel point je n'aime pas me montrer en public. Mais c'est juste la sensation de tout mettre dans nos mots et de les jeter sur les gens. De se déverser. Vas-y, malgré les soucis avec la tournée, je vais venir en août te voir soit à Paname, soit chez tes rents-pa, comme tu voudras. Je ne veux pas qu'on s'embrouille. Mais t'sais j'suis qu'un hmar. Ça me fait chelou et peur de m'ouvrir à toi. Pourtant, je l'ai déjà fait, mais à chaque fois ça me coûte beaucoup. Je n'ai jamais fait ça. Malgré tout ce temps où je suis avec toi, j'ai peur de t'aimer. Car je t'aime. Ouais, moi, Tarik Andrieu, j'ai peur. »
Là, tout de suite, j'avais envie de me frapper. Puisqu'à la lecture de son message, j'avais envie de tout lui pardonner. J'étais trop faible. Ça n'enlevait pas l'amertume dans ma bouche. Je n'oubliais rien.
Qu'est-ce que j'allais lui répondre ? L'envoyer se faire foutre ? Lui pardonner pour son comportement de merde ?
*
Fin août
Tarik était arrivé tôt ce matin. Nous avions réussi à fixer enfin une date pour se voir. Pour une fois, nous ne la remettions pas à demain. Cela relevait du miracle. En vrai, cela ne m'aurait pas dérangé qu'on ne se voit que très peu souvent étant habituée aux relations à distances. Mais ce qui me posait problème, c'était qu'on ne se parle pratiquement jamais. Plus que deux, trois fois par mois maximum. J'avais beau dire à tout le monde que je m'en fichais, que j'avais l'habitude, que j'avais choisi d'être dans cette relation, que je préférais ça plutôt qu'une personne tout le temps sur mon dos. C'étaient des conneries. Oui, cela me faisait chier de n'avoir quasiment plus aucun contact avec la personne qui partage ma vie. Mais bon, j'évitais de penser à tout ça... Je fuyais. J'évitais le conflit, la confrontation. Et j'essayais de profiter. L'important aujourd'hui, c'était que Tarik soit là.
Il me regardait avec son air bougon, un vrai ours de caverne comme son père. C'était mon nounours, mi lionu. Mon lion, mon roi, je l'aimais si fort. Je ferais tout pour lui. Je crois que des fois, il ne s'en rend pas compte, d'à quel point je lui suis dévouée. Il était là portant un débardeur Adidas gris anthracite plongeant dévoilant sa musculature, ainsi qu'un jogging noir de la même marque. Ses cheveux avaient poussé.
Tarik était beau, vraiment beau.
On avait réservé la salle de sport où j'allais régulièrement avec Mei. Enfin, c'était plutôt lui qui l'avait réservé. J'étais vêtue d'un jogging d'un vieux rose poudré Adidas aussi, avec un débardeur noir de la même marque. Tarik me regardait pendant qu'il faisait de la corde à sauter. Beaucoup trouveraient ça ridicule ou facile, ils oublient souvent que c'est un entraînement de base très répandu et utilisé par des sportifs de haut niveau. Pendant qu'il faisait cela, je courais sur le tapis de course. Cela ne faisait que deux ans que je courrais. Pourtant, avant je détestais ça, mais j'ai persévéré et aujourd'hui, c'est mon sport préféré. Quand je cours, c'est comme si j'oubliais tout autour de moi. Toutes mes pensées négatives s'évaporent. Il ne reste plus que moi, le positif, la motivation et la créativité. J'aime me surpasser. Dans mes oreilles, se trouvaient les meilleurs OST de manga shonen ou seinen tel que : Shingeki no Kyojin, Kimetsu no Yaiba, One Piece, Naruto, Fairy Tail, My Hero Academia et bien d'autres...1 2 J'avais l'impression d'être une héroïne de shonen, que je devais m'entraîner pour devenir plus forte pour battre le méchant. J'adorais ça.
Quand j'eus fini mon entraînement, on décala au niveau des machines de musculation, quittant le cardio. Tarik m'aida plus d'une fois me tenant par les hanches, les bras, les cuisses ou touchant le bas de mon dos.
Grrr.
J'avais déjà, de nouveau, envie de lui. Dès ce matin, nous nous étions jetés l'un sur l'autre.
Il m'avait manqué « le mec que tu as préféré à moi ».
*
Plus tard, on s'était détendu dans la piscine familiale. J'avais surpris Tarik à me mater dans mon maillot de bain deux pièces, constitué d'un haut imprimé aux motifs jungle, ainsi que d'une culotte noire montante, le tout moulant parfaitement mes fesses et mes seins. Après avoir fait une bataille dans l'eau, m'être fait couler quelques fois et avoir fait des longueurs, j'étais remontée me sécher et bronzer sur les transats. J'avais repris mon téléphone et avais vu les cœurs que Tarik m'avait envoyés par sms. Je lui avais alors demandé si c'était à cause de mon boule dans mon bikini ou autre chose avec un smiley pervers. Il était sorti de la piscine m'attrapant pour me refaire couler sous l'eau avec lui. Tarik me montrait encore son amour, à sa manière. Ensuite, on avait mangé et on s'était posés dans ma chambre. Cela ne faisait même pas une journée entière qu'il était là, il m'avait tant manqué. On ne s'était quand même pas vu depuis deux mois...
Quand tout à coup, il reçut un bref coup de fil et commença à faire ses affaires sans un mot pour moi.
« - Tu t'en vas ? Le questionnais-je complètement paumée face à son comportement.
- Oui, je dois rentrer à Paname avant demain matin.
- T'es sérieux ? M'offusquais-je.
- Très, c'est le taf, tu le sais très bien autant que moi.
- Mais ça fait déjà des semaines qu'on ne se voit jamais ! T'es là depuis à peine ce matin !
- Tu savais très bien dans quoi tu t'engageais. Répondit-il froidement.
- Certes. Mais je n'aurais jamais pensé que tu serais aussi absent. Avouais-je avec une toute petite voix.
- C'est le travail.
- Le travail, le travail... tu n'as que ce mot à la bouche. Ton frère lui sait au moins prendre des pauses.
- Bah, t'aurais dû sortir avec Nabil. En plus, tu t'entends si bien avec lui. Dit-il en riant.
- Tu te rends compte de ce que tu dis ? Dis-je outrée.
- Bah, oui, va le retrouver mon re-frè. Ce n'est pas ce que disaient les magazines, que tu vas te taper les deux frères ? Que tu vas aussi te taper Nabil ?
Et sans savoir ce qu'il me prenait, la claque partie toute seule.
- Bah, tu sais quoi, Tarik ? Rentre à Paname, je veux plus te voir ! Je ne veux plus voir ta gueule !!!
- C'est ienb ce que je comptais faire ! »
Le claquement de la porte fit résonner tous les murs de ma chambre. Mes parents n'avaient pas pu le louper.
Je m'effondrais en larmes.
1 shonen : c'est une catégorie de bande dessinée japonaise, de type manga, qui est destinée à un lectorat de sexe masculin et adolescent, qui se décline en plusieurs genres comme le nekketsu ou le pantsu.
2 seinen : c'est une catégorie de bande dessinée japonaise, de type manga, qui est destinée à un lectorat de sexe masculin et jeune adulte, ayant des contenus plus sensibles ou choquants.
Bonsoir
Ça y est, on y est
L'avant dernier chapitre d'Ademo ou Tarik, le premier tome de ma trilogie Ces mots dans ma tête.
Tarik ?
Les sms ?
Leia ?
Le séjour ?
La dispute ?
La claque ?
A vendredi prochain pour l'avant dernier chapitre... 🥺💙
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