Chapitre 44
Chapitre 44
- Leia-
Je me réveillais dans les bras de mon homme. Je pourrais dire que ça commençait à devenir une habitude, mais ça avait été compliqué d'y arriver, Tarik n'étant pas habitué à la chaleur d'un autre corps dans son lit. Pourtant, aujourd'hui, nous étions dans les bras de l'un et de l'autre : ensemble. Ce qui était une première, c'était de me réveiller à ses côtés dans mon lit d'adolescente. Dans la chambre qui m'avait vu grandir pendant dix-huit ans, puis seulement en coup de vent ces dernières années.
J'aurais bientôt vingt-deux ans. Je n'arrivais pas à réaliser. Ce dont j'avais pleinement conscience, par contre, c'était que notre relation avait passé un cap. J'avais hâte d'être à cet été, mi lionu m'avait dit qu'on irait en Corse avec tous les QLF dans une villa, mais surtout qu'on irait quelques jours chez René et Sarah. J'avais hâte de les revoir. Je m'étais vraiment attachée à cette petite famille. Revoir la petite bouille de Talya et Marouane me tardait.
Je regardais l'homme qui partageait ma vie depuis déjà quatre mois, qu'est-ce qu'il était beau... Je caressais sa joue avec tout l'amour que je lui portais. J'étais bien à ses côtés, malgré sa forte tête, son obsession pour l'argent et le travail. Je l'aimais, c'était tout. Tarik grogna avant de se retourner de l'autre côté. Il était trop tôt pour ce bel endormi. Je me rapprochais de son corps pour venir l'entourer de mes petits bras. Pour une fois, il était brûlant, tel le feu. Lui qui d'habitude était toujours gelé, comme son cœur qui brûle, mais ses sentiments glacés... Je sentis que petit à petit, il se réveillait, puisque sa grosse main chercha la mienne naturellement pour entrelacer nos doigts. Mi lionu se retourna me faisant face d'abord les yeux fermés, puis ouverts me voyant lui sourire.
« - Salam. Dit-il avec sa voix d'homme des cavernes du matin.
- Bonghjornu mi lionu.
- Ma lionne corse a bien dormi ?
- Hm, oui, forcément, j'étais dans tes bras. » Dis-je avec un sourire encore plus grand.
Il ne dit rien comme à son habitude. Tout cela le gênait terriblement. Ce n'était pas son habitude. Avoir une femme dans sa vie de manière volontaire, de l'aimer, et pire, qu'elle l'aime en retour. Tarik en était déboussolé. Nous nous fîmes quelques embrassades avant de nous lever pour déjeuner en compagnie de ma petite famille.
*
« - Alors c'est ça la place de ton village ? Me demanda le « mec que tu as préféré à moi ».
Ça faisait longtemps que je n'avais pas pensé à ça. Mais en même temps, c'est là où tout avait commencé. C'est ici que Nabil avait mis le numéro de Tarik dans mon téléphone. Les mois étaient passés à une vitesse folle. « Comment on a pu en arriver là ? » se demanderait Nekfeu. Je regardais l'homme qui était devenu une extension de moi-même, et moi la sienne.
- Oui, j'aime beaucoup, car elle donne sur l'église du village. Son clocher est magnifique. Elle donne aussi sur la mairie, et plus loin, tu as l'école primaire. » Lui expliquais-je.
On s'assit sur le banc du petit parc, à côté de la place. Je me mis sur les genoux de mon amoureux. Il me fit plein de câlins. Ce qui pouvait être surprenant venant de Tarik. Mais personne n'était là, pour l'instant... Très vite, des familles en balades avec leurs enfants arrivèrent, ainsi que les jeunes du village en mobylettes, en vélo, ou encore BMX. Des couples de personnes âgées se promenaient aussi. Mais les personnes que nous attendions le plus n'étaient pas encore là. Il suffisait de le penser pour voir arriver au loin un groupe de pétasses. Ce genre de meufs, celles qu'on voit de loin. Faussement gentilles, suivant le mouvement, n'hésitant pas à piétiner les faibles. Car oui, dans le passé, j'étais faible, mais plus aujourd'hui. Tarik, en ce jour si particulier n'avait pas cherché à se cacher, ni à être discret. L'inverse de sa personnalité, car mi lionu avait toujours été taiseux, en retrait, analysant les moindres mouvements. Il se préparait en permanence à tout niquer, complètement obsédé par l'argent.
« - Tu sais que je disais ça pour rigoler. On n'est pas obligé de faire ça. Tu n'es pas obligé. Insistais-je, ne voulant pas qu'il se force pour moi.
Surtout que je n'étais pas sérieuse quand j'avais prononcé ces mots, même si j'y avais pensé fortement. Je savais que cela restait puéril et montrait que je n'étais pas forcément passé à autre chose. Que je les laissais gagner dans un sens en leur prêtant toujours de l'attention. Mais une petite vengeance, surtout de ce genre ne ferait pas de mal, non ?
- C'est une promesse à mes yeux. Même si de base, je trouve ça stupide de prouver aux autres qu'on a réussi comme ça. Mais si je peux leur faire fermer leur bocca, avec zizir alors.
- Dac'.
Je le regardais intensément.
- Merci. »
Il savait que ça voulait dire que je l'aimais d'un amour inconditionnel. Enfin, c'est ce que je croyais. En tout cas, mon amour était d'une sincérité incroyable.
Comme je le disais, il n'était pas en retrait aujourd'hui, s'étant habillé de manière voyante. Ayant mis la même tenue qu'il avait lors du défilé des QLF en bus. Portant ce fameux bonnet de la gamme féminine de Sixth June : Parisienne.
De toute façon, les vêtements ne devraient pas avoir de genre.
Il avait mis ses fidèles lunettes de soleil. Mon homme était magnifique.
J'avais mis mon manteau street bleu marine, cyan et rose saturé. Le témoignage que les années quatre-vingt revenait à la mode. J'avais aussi mis un jean qui moulait bien mes fesses, ainsi que mes Nike pastel, que malheureusement tout le monde avait aujourd'hui.
Tout ça, car aujourd'hui Tarik laissait place à Ademo. Les rumeurs en ce jour, on jouait avec le feu et avec elles. On voulait qu'elles paraissent justifiées, fondées. Face aux monstres, nous nous levâmes du banc pour rejoindre la place presque noire de monde. Et comme une évidence devant les yeux de tous, nous nous embrassâmes au milieu de cette fameuse place, devant les démons de mon passé. Devant ces gens qui avaient osé nous balancer des cailloux à Clément et moi, car nous étions différents. Pourtant, aujourd'hui, une autre sexualité ne résonne pas du tout comme une différence. Nous sommes tous pareils. Nous ne sommes qu'un. Nous sommes humains. Même si parfois, j'ai des doutes sur l'humanité de certaines personnes. Par contre, ce dont j'étais persuadée, c'est que je m'embrasais au contact des lèvres, de la bouche et de la langue de Tarik. Non, que dis-je ? Ademo.
Les lèvres, la bouche et la langue d'Ademo.
Je souriais contre ces dernières en entendant les chuchotements et autres réactions des personnes qui nous entouraient.
J'avais gagné.
*
« - Tu reviens quand tu veux Tarik. Tu es le bienvenu ici. Dit ma mamma.
- Merci, c'est gentil madame. Dit l'homme qui partage ma vie.
- Oh ! Je t'ai déjà dit de m'appeler Fiora ou Fio. Ne te gêne pas avec nous.
- Dac' Fio. Dit-il gêné en se grattant la barbe.
- Au revoir. Fit mon père, beaucoup plus formel, tout en serrant fort la main de Tarik.
- Au revoir. Lui répondit mi lionu.
- Bon, on va vous laisser. Dit ma mamma tout en attrapant mon babbu au passage.
Aussi vite dit, aussi vite fait, nous nous retrouvâmes seuls dans l'entrée.
- Bon, bah, c'est le moment où on est censé se dire au revoir... Dis-je gênée.
- Genre, t'es gênée ? Habiba... Pas avec moi.
- Je sais, mais je suis une nouille, que veux-tu ?
- Viens-là. » Dit-il tout en me capturant dans ses gros bras.
J'étais bien, vraiment bien. C'est triste à dire, car bien que je me sentais à l'aise sans Tarik, il m'aidait quand même énormément dans mon estime de moi. J'ai l'impression de dépendre de lui et de notre relation. Comme si sans ces attentions, je ne serais rien. Pourtant, j'étais persuadée que non. Mais parfois, les pensées sombres s'infiltrent dans mon crâne, et la paranoïa m'envahit.
Je chassais ces mots dans ma tête pour me concentrer sur le moment présent. Je me laissais aller, tellement que je laissais couler une larme le long de ma joue. Tarik allait me manquer. Heureusement, que l'on se revoyait bientôt. On avait prévu de partir en vacances en amoureux, rien que tous les deux. C'était la première fois que je faisais ça avec la personne qui partageait ma vie. J'avais hâte.
Son étreinte se desserra. Il mit ses mains des deux côtés de mon visage et me regarda intensément dans les yeux. Il me disait « je t'aime » à sa façon. C'était rare de l'entendre dire ces trois petits mots, mais Tarik me rassurait. Il n'oubliait pas ma peur de l'abandon. Puis avec une douceur qui ne lui était pas habituelle, il m'embrassa. Je me laissais encore plus aller contre lui.
« - À bientôt Bella.
- À bientôt. » Dis-je avec une voix étouffée et tremblante.
Je regardais son dos s'éloigner au loin, puis le voir disparaître dans l'habitacle de son Audi avant de partir en trombe. Mon cœur se serra...
*
Cela faisait plusieurs semaines que j'allais à la salle de sport avec mon amie Mei dans ma ville natale. Mei, c'est mon rayon de soleil. Copine de style, entre elle et moi, on faisait la paire avec nos couleurs de cheveux provocantes, ainsi que nos nombreux tatouages et piercings. Bon, je n'en ai pas autant qu'elle, mais je la suivais de près. Elle était là lors de ma plus grosse trahison au lycée, ainsi que ma période sombre pendant mes études supérieures quand je sortais avec mon ex totalement toxique, Nael. Elle et moi, c'était dans la lumière autant que dans le noir, à la vie à la mort. Je l'espérais...
Malgré nos nombreuses opinions différentes. J'ai toujours été quelqu'un d'engagé, j'ai parfois peur que mes valeurs détruisent des amitiés. Mais quand je vois Mei sourire à mes côtés, je me dis que tout est possible. J'étais contente d'être avec elle à la salle de sport, d'être sortie de ma zone de confort, de repousser mes limites. Je me sentais bien de faire plus de sport.
On y allait, une à deux fois par semaine. Notre programme : cardio, muscu'. J'étais heureuse, car je voyais déjà les résultats de ma nouvelle vie. Mon but n'était pas d'être mince, me sentant mieux dans mon corps plein de rondeurs. Même si je complexais toujours énormément par rapport à mon ventre à cause de tous ces gens qui me demandaient régulièrement si j'étais enceinte, que ce soit des connaissances ou des inconnus. Cela avait commencé au lycée. Mais non, mon but était juste de me sentir bien, de faire travailler mon cœur pour ne plus être essoufflée en montant des marches ou une pente. Mon but était de ne plus être en surpoids. Aucune restriction sur mon alimentation, étant déjà plutôt saine à mes yeux. Je buvais juste plus d'eau. C'était un peu mon souci, je ne pensais jamais à m'hydrater.
Alors, j'étais à la salle sur un vélo avec Mei à un mètre cinquante de distance avec un masque et C'est pas un film du $-Crew dans les oreilles, prête à devenir une nouvelle femme. J'arrêtai de m'empêcher de vivre, au moment où je serais mince. Ma vie, c'était maintenant.
Je savais pertinemment que j'étais une femme, belle, intelligente, forte, bienveillante, ouverte d'esprit, curieuse, mais surtout aimante. J'étais ronde et fière de l'être. Je regardais Mei dans les yeux et lui souris. Elle écoutait les musiques de Miku comme à son habitude. C'était ma deuxième meilleure amie. Une femme incroyable. Je l'aimais beaucoup trop fort. J'avais hâte qu'elle me tatoue Luffy sur mon autre mollet. J'étais bien aussi à ses côtés.
Mes amis sont tout pour moi.
Je continuais ma séance tranquillement avec la certitude que tout irait bien les mois suivants.
Et si je me trompais ?
J'espère que le chapitre vous aura plu 🥰
On s'approche de plus en plus de la fin
A la semaine prochaine
Saphira 💙
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