Chapitre 40
Chapitre 40
- Leia-
Cela faisait quelque temps que j'étais remontée sur Paname. Je dirais un jour ou deux, tout au plus. J'avais eu tellement de choses à faire, dont le film qui avait été repoussé en septembre que je n'avais pas encore pu voir Tarik.
Je n'arrivais presque plus à bosser sur mon court-métrage. Ça faisait trop longtemps que je travaillais sur ce projet. La pression, le jugement de mes camarades de classe... tout cela me dégoûtait petit à petit de mon propre court métrage. Quand je voyais les 3D qui étaient en groupe dont des gens qui s'accaparaient tout le travail, ou qui étaient tout le temps dans le mépris, je m'estimais chanceuse de bosser toute seule. Je devais rendre de compte qu'à ma propre personne.
Devoir m'y mettre tous les jours était compliqué. J'avais quand même gardé un rythme régulier. Je travaillais quelques heures sur le film tous les jours. Mais ces derniers temps ça ressemblait plus à des quelques heures par semaine.
En plus, Tarik n'arrêtait pas avec la tournée qui devrait être repoussée. Heureusement qu'il avait Nabil et tous les autres de QLF records avec lui, sinon je ne sais pas comment il aurait pu gérer la crise. Avec tout ça, nous n'avions pas eu le temps de beaucoup nous voir. Je voulais lui faire la surprise de venir le retrouver ce soir. Nab' m'avait dit qu'il serait normalement aux Tarterêts, et pas à son appartement en plein Paris.
À peine arrivée sur place, je me dirigeais automatiquement vers leur immeuble, le badge vert en main. Je montais tranquillement les marches. Devant sa porte, je toquais une première fois, puis une seconde fois, sans réponses. Je finis par sonner tout cela entrecoupé de plusieurs longues minutes.
Personne ? Bizarre.
Puis, je finis par me rappeler des paroles de Nabil :
« - Quand AD a besoin de réfléchir ou n'est pas bien, il est soit en bas du bat' à réfléchir sur notre ancienne chaise de bicraveur. Sinon il est sur le toit, surtout la nuit. Après, c'est l'appart' ou le stud'. Je sais que tu feras bon usage de ces informations. » M'expliqua-t-il.
Tout à l'heure, il n'était pas en bas sur sa chaise. J'avais eu un message de Taktak me disant qu'il partirait du stud' tard, et qu'il n'y avait plus que lui et Samy. Il ne restait qu'une seule option : le toit. Je montais alors les marches pour rejoindre Tarik, enfin, je l'espérais. Je ne pus m'empêcher de lâcher un soupir de soulagement en voyant sa carrure.
Mon soulagement fut de courte durée quand j'entendis ses cris de douleur et ses pleurs.
« - ON A NIQUÉ LE MONDE ! ALORS POURQUOI J'AI TOUJOURS AUTANT MAL ?! POURQUOI JE NE SUIS PAS HEUREUX ! »
Automatiquement, je m'étais mise à pleurer. Je ne pouvais plus m'arrêter.
Tarik...
Ça me déchirait le cœur. Je courais le prendre dans mes bras. De peur, il me poussa. Je m'explosais par terre.
« - Leia ?! Merde ! Je suis désolé ! Dit-il en m'aidant à me relever.
Il me prit dans ses bras, puis s'effondra. Il tremblait comme un fou. J'entrepris de lui donner de douces caresses le long de son dos immense.
- Chuuut. Tout va bien. C'est normal, tu as eu peur. Je t'ai prise par surprise. Tout va bien. C'est normal de craquer avec tout ce que tu gères en ce moment. Je sais que tu as mal. Je sais que tu saignes. Mais un jour, toutes tes plaies seront refermées. Elles seront devenues des cicatrices, traces, témoignages de ton passé. Un jour, tu seras heureux Tarik. Je serai là, dans les pires moments, comme dans les meilleurs. Même si un jour, c'est fini. Ma porte te sera toujours ouverte. Ce n'est pas de la D. Je t'aime. Essayais-je de le consoler.
- Je suis désolé. Je suis désolé. Je suis désolé.
- Arrête de t'excuser. C'est moi qui suis désolée de ne pas avoir vu que tu allais si mal. Dis-je impactée par sa tristesse.
- Tu ne pouvais pas savoir. Je t'avais dit R. Et, je ne laissais rien paraître. Je ne voulais pas t'inquiéter.
- Je préfère porter tes problèmes sur mon dos, pour te soulager un peu. Tu ne dois pas tout garder pour toi. Je suis là pour t'écouter, te soutenir. »
Il tremblait toujours contre moi. J'avais l'impression qu'à mes côtés Tarik se laissait enfin aller. Qu'il pouvait s'autoriser à faire tomber le masque, de ne pas jouer H 24 au dur. Il relâcha la pression, et il craqua. Ce qui était tellement normal. J'avais l'impression que dans mes bras ce jour-là, il déversait le long de son visage toutes les séquelles qu'il accumulait depuis des années.
Je frissonnais, il faisait froid. Les larmes de mon homme avaient trempé mes vêtements. Je lui proposais alors de rentrer au chaud dans son appart'. Tarik pria pour qu'on ne croise personne. Il ne voulait pas expliquer son état, surtout pas à l'un de ses reufs.
Une fois chez lui, Tarik avait repris un peu du poil de la bête. Il ne tremblait plus. Ses larmes avaient séché. Il avait presque remis son masque. Néanmoins, il avait toujours cette envie de se confier. Il me faisait confiance.
« - Tout ça a commencé quand elle est partie. Elle nous a laissés, mon père, mon frère et moi...
- Prends ton temps. Tu n'es même pas obligé de me dire tout ça. Le rassurais-je.
Je pouvais attendre. Je savais qu'il me faisait confiance, et qu'il m'aimait. C'était le plus important.
- Mais je le veux. J'ai envie de te montrer vraiment qui je suis. Leia, t'as tout gé-chan. Tu es l'une des premières femmes, si ce n'est la première à qui je fais confiance. Je sais que tu es fidèle, bienveillante, attentionnée, tu n'abandonnes pas facilement. Tu ne me lâcheras pas comme ça, pas comme elle.
- Je ne peux rien te promettre. J'aurais trop peur de te décevoir, de te faire du mal. Je ne promets pas ce genre de chose, car c'est toujours ce genre de personnes qui partent. Toujours.
- Comme elle... Dit-il avec une voix tremblante, pleine de douleur.
- Voilà. C'est pour ça.
- T'inquiètes, je le sais, Bella. Dit-il en remettant l'une de mes mèches derrière mon oreille.
Les larmes menacèrent de recouler de ses yeux marron-verts.
- Elle nous a pourtant promis le soir en nous bordant Bilna et moi qu'elle ne partirait pas, qu'elle se serait toujours là, qu'elle nous verrait grandir, devenir des hommes et qu'elle serait toujours fière de nous.
Il reprit sa respiration.
- On parle tout le temps des pères qui abandonnent, mais pas assez des mères.
J'acquiesçais.
- Elle nous a portés tous les deux pendant neuf mois, on est sa propre chair, son propre sang, mais elle nous a abandonnés.
Je posais ma main sur son gros bras. Il me regarda intensément avant de reprendre.
- Bilna a repris contact avec elle. Elle est revenue quand on est devenu connu. Il n'arrive pas à avoir autant de haine que moi. En même temps, il ne l'a quasiment pas connu. Pour lui, ce retour ,c'était l'espoir d'avoir une explication, d'avoir une mère. On s'était grave brisé après ça. Je n'étais pas comme lui, je me méfiais d'elle.
- Elle était revenue pour l'argent ? Mais vous vous êtes réconcilié Nabil et toi pourtant ? Demandais-je paumée.
- Non, finalement, elle voulait vraiment relier avec nous. Elle était vraiment fière de nous, de ce qu'on était devenus. Son excuse, c'était que notre père la rendait folle, elle ne supportait plus qu'il trempe dans toutes ces merdes. Pourtant, elle savait pourquoi elle signait. Et puis au pire, elle aurait pu partir avec nous. Mais elle a dit qu'elle n'aurait jamais pu nous enlever à notre père. Que ses fils étaient trop précieux pour lui.
Ses sourcils étaient froncés, il serrait ses poings, ses veines ressortaient de ses bras. Mon homme était bouillant de haine.
- Je ne pourrais jamais lui pardonner. Je ne pourrais jamais oublier le jour où elle est partie. Jamais. Non, jamais. Dit-il, limite en crachant de colère.
- Pour Bilna, ça a été très dur. Mais rien ne nous séparera, surtout pas cette démone. Certes, il lui parle. Mais pour lui, c'est plus cile-fa, car il ne l'a jamais vraiment connu. Soupira-t-il.
- Parfois, je me dis que c'est mieux comme ça.
- Tant qu'aujourd'hui, c'est ta force. Tu as survécu à l'une des plus grosses souffrances, être arraché à l'un de ses parents. Comme moi, tu as peur de l'abandon et ça se comprend. Je comprends que tu sois méfiant. Tu es un survivant. Tu peux être fier d'être debout et chanter devant des milliers de personnes, si ce n'est millions. Tu peux être fière Tarik. Tu as élevé ton frère tout seul avec ton père, ainsi que tes autres demi-frères et sœurs. La responsabilité n'était pas des moindres. Et si tu ne l'es pas, je le suis. Je suis fière de toi.
- Dis pas de la D. C'est normal. Je n'allais pas laisser ma famille comme ça. J'ai assumé. Je ne suis pas un putain de tahane.
Je mis de nouveau ma main sur son bras, pour finir de caresser avec douceur son dos. Je le sentais petit à petit se détendre.
- C'est ce que je viens de dire idiot. Pas tout le monde l'aurait fait. Mais toi si.
Je le regardais pleinement dans les yeux.
- Peut-être qu'aujourd'hui tes séquelles sont toujours trop lourdes t'empêchant de respirer, d'être heureux, mais un jour tout sera plus léger. Toi aussi, tu as le droit au bonheur, malgré ce que tu crois.
- Leia... Dit-il ému.
Je le pris dans mes petits bras. Je l'aimais si fort.
- Ça va aller. Je suis là mon amour. »
Je sentis ses larmes rouler le long de ma gorge. J'avais envie de nouveau de pleurer. Voir l'homme que j'aime brisé, me rendait folle, oui, complètement folle.
Ce soir-là, Tarik se laissa aller comme jamais dans mes bras. La nuit fut agitée. La lune brillait fort. Sa lueur était réconfortante. Ce fut la première nuit où Tarik s'endormit en premier, épuisé par son chagrin. Maintenant, il dormait paisiblement. Le seul bruit dans l'appartement était sa respiration régulière. Je me laissais aller peu à peu.
- Nabil-
Je rentrais les clefs dans la porte d'entrée. Le silence m'accueillit. Tarik, était-il sorti ? Je déposais mes affaires dans ma bre-cham. J'avançais doucement dans l'appartement. Un regard vers la porte entrouverte de la chambre de mon reuf. Qu'elle ne fut pas ma surprise quand je vis le couple assoupi dans les bras de l'autre. Je souriais à cette vision. C'était ce que j'avais toujours voulu pour eux. Pourvu que ça dure pour toujours.
Je fermais doucement la porte les laissant tranquilles.
Voilà le chapitre 40
J'espère qu'il vous aura plu 😌
Tarik en pleurs sur le toit?
Sa confession à propos de l'abandon de sa mère ?
Leia ?
Nabil qui les trouve dans les bras de l'un l'autre ?
On se retrouve vendredi soir !
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Prenez soin de vous 🤍
Saphira
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