Chapitre 4
Chapitre 4
-Leia-
Cela faisait plusieurs jours que j'avais repris l'école. C'était vraiment dur d'être loin de mes proches. Bien sûr, je m'étais fait des potes à Paname. Il n'y avait pas ce feeling. On ne faisait que parler des cours, et de trucs futiles. Les conversations avec mes amis d'enfance me manquaient. Discuter de la vie, nous remettre en question les normes, l'écologique, le féminisme, la sexualité, nos passions et les mangas. J'avais pas à m'en plaindre de ça. Mon groupe de « potes » de Paris ne faisait parler que de ça. À force, c'était épuisant. Surtout que même si ces BD japonaises étaient toujours une énorme partie de ma vie, faisant qui je suis aujourd'hui, j'étais passée à autre chose. Bien évidemment, j'en regardais toujours, mais moins et de façon moins extrême surtout. Alors, j'étais seule. Mais mon isolement était voulu, ne trouvant personne, j'avais préféré ma propre compagnie.
Par contre, les cours étaient vraiment passionnants. J'apprenais enfin l'animation quoi ! C'était fou. La petite Leia de onze ans n'y croirait pas, et je pense aussi qu'elle serait super fière de ce que j'ai accompli. Bon, les profs continuaient de m'appeler Leia en permanence au lieu de Léa. Certes, mon prénom s'écrivait comme la fameuse princesse Leia de Star Wars, mais il se prononçait Léa, c'était son équivalent Corse. Les professeurs se trompaient depuis tellement d'années, si ce n'est depuis toujours, que j'avais fini par abandonner de les reprendre. Mais je ne pensais pas à ça tous les jours en allant à l'école. Non, je réfléchissais plutôt aux cours incroyables que j'allais recevoir. Je sentais chaque jour qui passait mon rêve se rapprocher. Je le touchais du bout des doigts.
Néanmoins, même si j'étais aussi contente d'avoir retrouvé mon petit chez moi, mes petites habitudes. J'étais contrariée. Cela faisait plusieurs jours que je n'avais aucune nouvelle de lui :
« le mec que tu as préféré à moi ».
Si j'étais honnête avec moi-même, j'étais un peu attristée au début de ne recevoir aucun message de sa part. Puis je m'étais inquiétée un peu... Mais là ça commençait à m'énerver. Surtout que j'avais mis ma fierté de côté et lui avais envoyé un message. Mais il ne répondait pas.
Bon, j'essayais de ne pas penser à ces contrariétés. Je profitais du fait que c'était le week-end pour aller au cinéma me changer les idées. En plus, il fallait absolument que je voie J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin. C'était important de continuer de me cultiver sur le cinéma d'animation, de me nourrir de ses nouvelles références pour m'améliorer. De même, que c'était de la culture générale. J'avais un pass illimité pour voir des films, qui me coûtait une quinzaine d'euros tous les mois. Je pris alors le métro pour aller au Gaumont le plus proche de chez moi.
Bien sûr, celui-ci était bondé. J'avais chaud. J'étais comme prise au piège dans cette foule. Je me sentais si seule, pourtant si entourée. Le trajet fut long, très long. En retrouvant la rue, je soufflai, comme soulagée. Je marchais d'un pas vif pour pouvoir m'enfermer le plus vite possible dans le noir des salles de cinéma. Je m'y sentais bien. C'était là-bas que j'ai eu mes premiers rêves. C'est aussi là-bas que j'ai décidé que je ferais la même chose : je deviendrais réalisatrice en animation et je ferais rêver les enfants, leur mettant des étoiles dans les yeux. Je me laissai complètement aller dans le siège rouge, dans lequel je m'étais laissé lourdement tomber. Le film ne tarda pas à commencer. Les lumières s'éteignirent. Je plongeais tout doucement dans ce monde si incroyable de l'animation.
-Tarik-
Cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas quitté le stud'. Avec Nabil, on charbonnait comme des oufs sur le prochain bum-al. On préparait l'annonce de la tournée de Deux frères dans un peu moins d'un mois maintenant. Bref, j'étais bien occupé, je n'avais aps une minute à oim. Mais j'étais content, car même si c'était pour faire du bif et mettre la mif à l'abri, j'aimais la musique, surtout le rap.* En plus, bosser avec mon frère c'était comme un rêve, même si des fois on se prenait la te-tê. Bref, avec tout aç, je n'avais aps eu le temps de trop guetter mon 'phone ces derniers jours. Je le sortis pour voir ce que j'avais loupé depuis.
C'était elle : « la lionne de la liberté ».
« - Hey :) Ça fait longtemps. »
Il y a trois jours. Sachant que la dernière fois qu'on avait parlé, c'était il y a quasiment une semaine. J'avais comme l'impression qu'elle m'en voudrait.
« - Hey Bella :) Désolé, je taffais comme un ouf ces derniers jours. J'étais aps sur mon tel. » Lui répondis-je.
N'empêche malgré le fait que je lui avais quasiment aps parlé et que je sache quasiment rien sur elle, cela ne m'empêchait aps de l'apprécier cette petite lionne. Je me demandais toujours comment elle avait pu avoir mon numéro. Elle avait l'air cool. J'espérais juste vraiment que ce n'était aps une groupie malveillante ou une suceuse. Wallah, faites que ce soit juste une meuf random qui ne sache même aps qui j'suis.*
* - Par Dieu, faites que ce soit juste une meuf random qui ne sache même aps qui j'suis.
Je repensais à tout ce que nous avions vécu avec Nabil depuis PNL. Déjà quatre ans que j'avais arrêtés de bicraver en bas du bat'.* J'avais l'impression que c'était il y a dix ans et en même temps que c'était hier. Aujourd'hui, en étant les numéros un, on avait réussi à mettre assez d'argent de côté, malgré les impôts... On était fiers d'avoir donné nos premiers salaires de rappeurs à la mif et ça allait continuer. On n'était aps QLF pour rien.* C'étaient eux la priorité. Avec Bilna, on s'était dit encore un ou deux bums-al et allez un peu d'air. Comme le disait ce dernier, on prend la couronne, la pose sur la tête du p'tit frère. Après, ce sera à Yanis de voir s'il reprendra le flambeau.
Dire que c'était un pari à la base. Bien sûr, on s'était dit qu'on allait tout niquer et avoir le monde. Et on l'a eu. On avait pensé à tout. Mais je ne pensais aps que aç marcherait autant. 'Fin, j'étais persuadé, mais s'en rendre compte, c'était autre chose. J'avais l'impression de vivre un rêve. Et en même temps, j'avais si peur, peur de me réveiller. Ensuite, le succès nous a amené d'autres problèmes. Des fois, je regretterais presque l'époque des cafards. Au moins, c'était plus simple. De toute façon, j'ai moins peur d'être pauvre que d'être riche. J'ai plus vécu dans la pauvreté que dans la richesse. La misère me rassure. Je la trouve belle. Je m'étais détruit pour construire l'avenir des miens. Alors 'y avait rien à regretter. L'important, c'était la mif.
Tout allait bien... tant que Baba me disait « je suis fier de toi ». 'Fallait pas que je pense à aç. Sinon, j'allais casser des trucs. J'arrivais pas à croire que ce fils de pute de Serge Dassault avait tenté de l'assassiner. J'avais la haine. Cet acharnement qui nous avait inspiré, nous avait donné l'énergie de se lancer dans le rap. Cette même animosité qui nous donnait la force de continuer. Sans elle, je ne serais rien.
Mon tel' m'arrêta dans ma réflexion.
« - Ah ouais, c'est que maintenant que monsieur me répond. Bien, je prends note. »
Wallah, j'avais pas le time, ni l'envie de m'embrouiller avec « la lionne de la liberté ».*
* - Par Dieu, j'avais pas le temps, ni l'envie de m'embrouiller avec « la lionne de la liberté »
Je me roulais un gros teh.* J'avais besoin de me détendre. Je me laissais aller dans mon siège. Nabil qui venait d'arrêter d'écrire les paroles d'un nouveau son, releva la tête me regardant.
« - Il y a heja* ? Me demanda-t-il.
* - Il y a un problème ?/ Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je pense à baba.
- Je comprends.
- Ouais, je sais, il y a bien que toi d'ailleurs. »
On se regarda longuement dans les yeux. Et on savait très bien ce que ça voulait dire.
Je l'aimais, il m'aimait.
On serait toujours là pour l'un ou l'autre.
*bif : argent du mot bifton, l'abréviation de billet de banque en argot
*mif : mifa, famille en argot
*Wallah : par Allah, par Dieu en Arabe
*bicraver : le verbe sur le fait de vendre de la drogue
*QLF : que la famille, expression crée par PNL montrant un état d'esprit familial réservé aux proches du groupe de cloud rap (amis, famille : cercle restreint)
*time : temps en Anglais
*teh : joint, pétard, bédo, spliff, pilon
Voilà le chapitre 4, j'espère qu'il vous aura plu.
Le rêve de Leia ?
Sa réaction face au message de Tarik ?
Sa relation avec Bilna ?
On se retrouve samedi !
Bisous ♥
Saphira
Bon anniversaire à Nabil !
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