Chapitre 39
Chapitre 39
- Leia-
Cela faisait des mois que le confinement avait commencé, ou du moins j'en avais l'impression. Peut-être qu'on allait déconfiner le onze mai. J'avais peur que Macron rajoute encore deux semaines, puis deux semaines, etc. Ce qui me frustrait le plus c'était de savoir qu'Addison et Clément étaient à cinq minutes à pied de chez moi, mais que je ne pouvais pas les voir. Autant au bout de quatre ans d'études loin de tout, j'avais l'habitude de ne pas voir souvent mes amis et ma famille, mais là, ça commence à être très long et éprouvant. Je dirais même frustrant, car oui, je suis frustrée. Après, je fais ça aussi pour protéger ma famille et les autres, ainsi que ma propre santé. Je n'étais pas une sale égoïste.
Les semaines passant, cela faisait bientôt trois mois et demi que je n'avais pas vu Tarik. Ça commençait à être interminable. J'avais envie des bras de mon copain. J'espérais qu'on pourrait se voir au déconfinement. Il était toujours bien occupé. Après, je savais dans quoi je m'embarquais. Ce n'était pas un glandeur, un chômeur.
Non, c'était plutôt un charbonneur. Il bossait toujours sur le reste du plan, sur un nouvel album, une nouvelle collection, des idées de com', des placements immobiliers : la suite. Il pensait à tout. Tarik était silencieux, car il analysait tout en permanence. Je suis sûre qu'il serait excellent aux échecs. Il a une logique implacable. Je l'admire.
Oui, vraiment, il m'impressionne.
Le ramadan a commencé aujourd'hui. J'envoyais un message sur le groupeWhatsApp pour le leur souhaiter.
« - Joyeux Ramadan à tous ❤️ J'espère que vos prières seront entendues 🙏🏼 »
Amine « - Awn. T'es trop mignonne !!! Merci d'être si ouverte ! Des meufs comme toi y en pas des tonnes 🥺 ❤»
Kemil « - Merci Leia ! Aïd Muburak à tous 🤲 »
Leurs réponses m'avaient plaisir de fou. Mais pour moi, c'était normal de souhaiter cette fête à mes proches, et même des inconnus. C'était important pour beaucoup de personnes. J'essayais toujours d'être la plus ouverte, curieuse, à l'écoute, bienveillante et attentionnée. C'est qui je suis aujourd'hui.
Un appel FaceTime de Clément m'arrêta dans mes pensées.
« - Allô ?
- Allô ma Lélé.
- Salut mon Clém. Ça va ?
- Ça va et toi ? Me demanda-t-il d'une voix enjouée.
- Ça va bien. Après, je t'avoue que tu me manques de fou.
- Toi aussi, trooop. Le pire, c'est qu'on habite quasi à côté et on ne peut pas se voir. Dit-il avec une mine toute triste.
- Ça se passe bien tes cours de journalisme ?
- Grave bien ! C'était ultra intéressant !
Il était surexcité comme d'hab'. Ses boucles d'oreilles et ses piercings tressautaient en fonction des mouvements de sa tête. Il s'était aussi maquillé les yeux avec un noir charbonneux. J'adorais. Il était trop sex' comme ça. Il allait faire tomber des cœurs. Je ne comprenais toujours pas pourquoi Clément était toujours célibataire. Pourtant, il avait une personnalité si rayonnante, un grand cœur et un physique à tomber.
- Tant mieux, alors. Dis-je toute souriante.
- Et toi ? Tu as finalement trouvé un stage ?!
- Oui. Dans la boîte de réalisation : messfilm, de Mess, le pote de Tarik. C'est lui qui a fait tous les clips des garçons.
- Oooh stylé ! Tu commences quand ?
- La semaine prochaine normalement. » Lui expliquais-je.
J'avais si hâte.
Car, d'un, cela voulait dire retour à Paris. J'allais retrouver Elizabeth, Tonia et tous les QLF. Mais surtout, j'allais retrouver mon homme : mi lionu.
De deux, ce stage était une opportunité de malade. En plus, les trois-quart des gens de mon école n'avaient pas trouvé d'entreprise. Les temps avaient été durs avec la covid.
Car oui, apparemment, on devait plus dire le covid, mais la covid.
Bref...
J'étais sûre que j'allais en ressentir aussi grandie que le stage que j'avais fait à TF1 l'année passée. J'avais fait pas mal de petites animations pendant mon stage. Elles avaient même été diffusées à la télé', j'en étais si fière. Je le suis toujours d'ailleurs.
Et puis même, j'avais hâte de travailler avec Mess et toute son équipe, de découvrir ce milieu différent des studios d'animation, de jeux vidéo ou de la télévision.
Bref, j'avais hâte.
« - Tu me diras ce que tu feras là-bas ! Et t'as intérêt de me dire s'il y a des mecs canons !
- Oui, je te dirais sale nouille. Tu me fumes. Dis-je en rigolant.
- Avec plaisir ma Lélé. Dit-il en me souriant. Bon, je dois te laisser ma maman m'appelle, je dois m'occuper de mes deux petits frères. Tu connais. Dit-il cette fois-ci en soupirant.
- Oui, je connais. Rigolais-je. Bon à plus tard sweetheart.1 Je t'aime.
- Moi aussi, je t'aime honey.2
- Bye.
- Bye.»
Je raccrochais le sourire aux lèvres. Finalement, tout allait bien. Ça irait, j'avais confiance en l'avenir.
Pourtant, j'avais tort. Je n'étais pas prête pour la suite. Non, pas du tout prête.
-Tarik-
On était là dans le stud' avec tous les gars : Nab', Taktak, Rtmax, Casper, Tony, Moha, Lazer, Jet, Sensei et tous les autres. Aujourd'hui, on avait laissé Tarik, Nabil et tout, pour laisser place à Ademo et N.O.S. Pourtant Tarik au fond de moi survivait. Il ne se laissait pas faire. Il en avait gros sur le cœur. Il avait toutes sortes de sentiments forts pour une dame même si Ademo ne voulait pas le reconnaître.
Ademo ou Tarik, tel est le dilemme, surtout quand j'écris. J'essaye toujours de mettre de la distance entre notre public et nous. Nos lunettes de soleil ne sont pas là pour R. Dans le regard y paraît qu'on y voit une âme. C'était notre façon de se protéger. Toujours fidèles à notre méfiance : QLF. On chante en public, mais nos larmes sont privées.
Mais voilà quand Amine a.k.a. Lazer lança La meilleure d'Hatik toute sortes de sentiments refirent surface.
J'avais honte.
Oui, honte de ressentir tout cela pour elle. Je me voyais comme un zemel. Un putain de canard. Car oui, comme ce que disait le putain de rappeur dans ses sons de sales loveurs, je pensais la même. J'ai l'impression de la connaître par cœur, comme si je l'avais toujours connue. C'est comme le jour où je l'ai rencontré, tout était si facile. J'avais jamais eu autant envie d'être tactile avec une inconnue. Leia provoquait des que-tru incontrôlés en moi. Je comprenais R. C'était comme ma meilleure amie, mon âme-sœur.
Ouais, j'osais l'imaginer. Mais peut-être que baba avait raison. Peut-être que je devais la marier. En plus, pour qu'il dise ça, c'est que c'était probable. Leia n'a beau pas être une hlel aux yeux de ma religion et des gens, à mes yeux, c'est de plus en plus ma hlel.3
Habiba.
Entre nous, c'est physique, elle m'attire comme la street, comme un aimant.4 J'avais beau pas aimé ce mec-là, Hatiyo. Ça me faisait iech de le reconnaître, mais il m'enlevait les mots de la bocca.
Je rêvais parfois la nuit que c'était la plus belle de mes siques-mu. Peut-être qu'un jour, je parlerais d'amour, et ce sera pour elle. ? Peut-être, qui sait ?
Y a qu'Allah qui sait ce qui nous est prédestiné.
Aujourd'hui à mes yeux et aux yeux de mes gars, de mes frères, mes kheys, c'est la meilleure.
C'est elle, en fait.
Ça ne peut pas en être autrement.
Non ?
1 sweetheart : chéri.e en anglais
2 honey : mon chéri.e en anglais
3 hlel : "fille à marier", une fille sérieuse, chaste en arabe
4 street : la rue en anglais
Voilà le chapitre 39, j'espère qu'il vous aura plu 😌
Leia et son ressenti face au confinement ?
Le message de Leia pour le Ramadan et ceux des des QLF ?
L'appel de Clément ?
Tarik qui rage car Hatik a raison avec ses sons de loveurs ?
On se retrouve vendredi soir !
saphirabluesharkwttpd sur insta
Prenez soin de vous 🤍
Saphira
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