Chapitre 35

-Leia-

Ça y est, on y était enfin : les vacances ! Comme nous finissions les cours le jeudi midi exceptionnellement, j'avais alors décidé de passer trois jours chez Elizabeth comme promis, juste avant de revenir chez mes parents. J'avais fait mon sac d'avance qui était avec moi, ma valise, quant à elle, était finie dans mon appartement attendant mon retour. Je regardais l'horloge sur l'écran de mon PC. L'heure de cours était interminable. Plus que sept minutes. Ce n'était rien. Pourtant, le temps soluble et son aspect de grain de café ou de sable s'écoulaient doucement dans le sablier de la vie. J'attendais alors la sonnerie, qui ne viendrait jamais, étant inexistante dans mon établissement. C'était le prof' qui donnait le signal de notre départ. Elizabeth avait déjà fini depuis une bonne demi-heure. Elle devait m'attendre en bas de l'école avec sa fidèle 206 verte-pomme.

Je voyais certains regards de mes camarades me juger étant donné que je ne suivais plus trop le cours. J'avais envie de rire. Et vous en me jugeant, vous ne suivez pas non plus la fin des explications, donc allez bien vous faire foutre. De toute façon, quoi que l'on fasse dans la vie, on finit par se faire critiquer, puisqu'il y aura toujours des gens pour être en désaccord avec nos agissements. Alors, certes, je ne bossais plus depuis une quinzaine de minutes, mais chez moi, je n'arrêtais pas. Et puis merde, je faisais bien ce que je voulais. J'en avais marre de me justifier en permanence.

Un brouhaha de plus en plus fort envahit la classe, comme le bruit de la future liberté : les vacances. Le prof' comprenant que plus personne ne suivait abandonna.

« - Bon, je vois que vous êtes impatient de partir. On attend l'heure, car je n'ai pas le droit de vous laisser sortir maintenant. En attendant, vous pouvez faire ce que vous voulez. Et n'oubliez qu'à la rentrée votre court-métrage doit être quasiment fini, idéalement à l'étape des FX, sinon à la fin de l'animation de tous les plans. Bonnes vacances à vous. »

Certains s'habillèrent de leur manteau et attendirent derrière la porte que cela « sonne ». D'autres discutèrent entre eux après avoir éteint leur PC et récupérer leurs affaires. Moi, je restais seule comme d'habitude. Je m'étais mise à dessiner mes personnages machinalement sur Photoshop. C'étaient mes enfants, je leur avais donné la vie, une personnalité, un passé, des envies, des peurs. Cela me détendait.

Puis le signal se fit. J'éteignais moi aussi mon ordinateur, prenant mes deux sacs : l'un pour les cours, l'autre pour mon séjour dans la banlieue parisienne. Elizabeth habitait loin de Paris, assez pour être à la campagne, mais aussi, assez proche pour y étudier. Néanmoins, elle avait beaucoup de route tous les matins et soirs. J'avais hâte de retrouver toutes ses poules, coqs et chats. J'aimais y passer du temps. C'était reposant.

Je sortis de la salle sans un regard pour mes camarades de classe qui me méprisaient. Je croisais dans les couloirs des amis d'Elizabeth que je saluais chaleureusement. Après avoir descendu les escaliers et passé la porte d'entrée imposante, j'étais enfin dehors. Je respirais. Le soleil du mois de février caressa ma peau. Un peu de vitamine D ne me fera pas de mal. Il m'aveugla aussi. Je mis ma main sur mon front et vis Elizabeth au loin devant sa fidèle voiture. Elle me souriait, je souris à mon tour.

Les vacances pouvaient enfin commencer.

À peine installées qu'Elizabeth commença à parler sans arrêt. Nous sommes de vraies pipelettes, pas une pour rattraper l'autre. Rapidement, nous mîmes sa playlist fétiche, passant d'Eminem à Die Antwoord en passant par California Dreamin' et les OST de Life Is Strange. J'étais bien.

Très vite, nous partîmes dans nos histoires communes et individuelles. C'était une excellente scénariste, ainsi qu'une incroyable dessinatrice. Je mourrais d'envie d'acheter ses futures BD dans les librairies de Paris ou de ma ville natale.

Après notre arrêt à mon appartement pour récupérer ma valise, le trajet passa à une vitesse folle. À ses côtés, je me sentais toujours bien.

Mon téléphone vibra peu de temps avant d'arriver. C'était Addison. Je souriais voyant son nom affiché sur mon écran.

« - T'es déjà arrivée ? »

Puis dans la foulée un second message d'elle.

« - Désolée, j'ai pas été très présente ces derniers temps avec mes partiels :( »

Je répondis aussi vite.

« - Non pas encore, on arrive dans 10 minutes. »

« - Ne t'inquiète pas, je sais que tu as énormément de boulot. Je ne t'en veux pas du tout <3 »

« - Ça va toi ? »

Elle me répondit avec le même rythme que nous entretenions depuis le début de la conversation.

« - Ça va, je me sens bien en ce moment. J'ai l'impression de m'accepter plus que d'habitude. Je me trouve jolie quand je me regarde dans le miroir et je suis moins dure avec moi. »

« - Et toi ? <3 »

Elizabeth me regarda taper sur mon téléphone.

« - Je parle avec Addie. Répondis-je à sa question silencieuse.

Elle me sourit.

- Tu lui passeras le bonjour de ma part. Elle va bien ?

- Justement, elle me disait qu'en ce moment, elle se sentait bien. Je suis contente.

- C'est cool ça. Et Clément ?

- Clément, ça va. Comme d'habitude, il est toujours stressé, mais faire du dessin, de la calligraphie et du journalisme l'aide énormément.

- Ça doit être passionnant !

- Oui ! Et toi, Christopher et Édith ?

- Ils vont super bien. Édith continue ses études, et Chris son travail se passe bien.

- Parfait tout ça.

- Oui. » Me dit-elle en me souriant.

Je répondais à Addie.

« - J'ai la même sensation en ce moment. Je me trouve belle et m'accepte de plus en plus. C'est dur, mais j'essaye de devenir la meilleure version de moi-même jour après jour <3 »

« - Elizabeth te passe le bonjour :* »

Elizabeth, qui d'ailleurs découvrait de plus en plus le rap grâce à son copain actuel, mit notre chanson du moment : Roxanne, d'Arizona Zervas. Je la regardais et chantais avec elle.

« - Roxanne ! Roxanne ! All she wanna do is party all night ! »

À la fin de la chanson, je vis qu'Addison m'avait répondu.

« - Passe lui aussi le bonjour :* »

« - Passe un bon séjour avec elle <3 »

Ce serait parfait.

*

À peine arrivée, qu'Elizabeth me prépara ma chambre pour le séjour. Sa maison me faisait penser aux vieilles maisons victoriennes. Les draps sentaient bon.

Après avoir déposé mes affaires dans ladite chambre, je suis allée dire bonjour à ses parents. Elizabeth avait une relation complexe avec ses parents notamment avec sa maman, qu'elle trouvait toxique. Je la croyais, même si elle avait toujours été adorable avec moi. Sa maman était assez immature pour son âge. Mais bon, cela pouvait être drôle, et j'aimais beaucoup rire, ainsi que danser sur George Michael avec elle. Son papa était plus réservé, un peu comme moi, mais adorable.

Ce soir avec Elizabeth, on regardera Dracula de Coppola. J'avais hâte, ne l'ayant jamais vu, alors que c'est un grand classique. Mais avant, cet après-midi, nous regarderons Handmaiden : un film sur une relation entre deux femmes filmé par un homme, mais bien mieux réussi que La vie d'Adèle, cette grosse blague pas du tout réaliste sur les relations lesbiennes, bisexuelles ou pan. C'était d'une vulgarité digne d'un porno, enlevant tout l'aspect d'amour. Handmaiden d'après elle était bien plus raccord avec la réalité. Je la croyais étant elle-même bisexuelle et moi pansexuelle. J'avais hâte.

*

Après les trois jours passés chez Elizabeth, je me sentais calme, apaisée. Il avait été rythmé de thé, dessin, scénario, films, danse, musique, poules, chats et d'amour, surtout d'amour. J'étais prête pour attaquer ces vacances. Bien évidemment, Tarik allait me manquer. Mais j'étais habituée aux relations à distance, ainsi qu'à la solitude que j'avais vécue pendant ces quatre années.

J'étais prête.

Le seul gros changement était que Tarik était une personnalité publique. C'était Ademo de PNL. Ce n'était vraiment pas rien. L'un des deux seuls rappeurs à être monté tout en haut de la Tour Eiffel. Le groupe de rap qui avait mis le monde à leurs pieds. Ils avaient tout niqué. J'étais si fière d'eux. J'étais fière de mon homme.

« Mon homme ». Je répétais cela dans ma tête comme pour m'en convaincre. Car je n'en revenais pas. Je sortais avec une star. Ça n'a jamais été un aboutissement, un achèvement, une finalité. Je n'avais pas calculé tout ça. Même si j'avoue que quand j'ai su que « le mec que tu as préféré à moi » était Tarik, j'étais loin d'être déçue, au contraire. Je n'allais pas cacher que cet homme m'a toujours énormément attiré. Mais cela n'a jamais été dans le but de lui voler sa notoriété ou son argent, loin de là. Je déteste ça.

Je ne comprenais pas tous ces gens dont le rêve était d'être riche. Mon rêve à moi est d'être heureuse. Le mieux, ce serait de vivre dans une vieille maison rénovée autonome au milieu de la forêt. Une maison écolo avec tous mes animaux : chats, lapins, chiens. Fonder une famille avec l'homme, la femme ou la personne non-binaire de ma vie. C'était simple, mais cela me suffirait, tant que ma famille, mes amis et moi sommes en bonne santé et heureux, je ne vois pas ce que je pourrais vouloir de plus.

Certes, l'argent contribue au bonheur. J'en ai parfaitement conscience. Surtout avec mon prêt à rembourser. Mais ce n'était pas mon but.

Mon but est de vivre, et le reste, on verra...

Bonsoiiiiiiir ❤️

J'espère que vous allez bien ☺️

Et que le chapitre vous aura plu 🥰

La fin du dernier cours avant les vacances ?

Les retrouvailles avec Elizabeth ?

La conversation avec Addison ?

Le séjour chez Elizabeth ?

Et enfin ses pensées par rapport à Tarik ?

A la semaine prochaine pour le chapitre 36 😘

Prenez soin de vous 🤍

Saphira 💙