Chapitre 24
Chapitre 24
-Leia-
Cela faisait quelques jours que j'étais rentrée sur Paname. Tarik était pas mal occupé, mais il avait trouvé du temps pour que l'on se voie vendredi, il viendrait me chercher à l'appart. Je devais avouer que j'étais extrêmement contente à cette idée. Surtout que la reprise n'avait pas été des plus faciles. Je voyais le temps s'écouler beaucoup trop vite et malgré mon avancée tout à fait raisonnable sur le film, j'avais toujours la peur d'être en retard. On serait vite en avril, on passerait vite notre diplôme. J'avais la pression quand je pensais au jury qui serait constitué de grands professionnels du milieu de l'animation 2D. Ces mots dans ma tête étaient remplis de « et si ? ».
Et puis, il fallait dire que le climat de l'école, dont la classe en particulier, n'était pas du plus amical. Je ne pouvais que penser aux paroles d'AD :
« Leurs faux sourires, je les vois. Je pense que tu sais de quoi je parle, ces sourires que tu croises, et qui changent quand on tourne le dos ».
Zoulou Tchaing, cette chanson me faisait toujours plein de frissons.
Un coup de fil vint me troubler dans ma tranquillité. C'était Addie. J'avais aussi plusieurs messages non lu de Rose. Tout cela d'un coup. C'était très étrange. Je me tendais d'un coup et décrochais.
« - Allô ?
- Oui, Leia ?!
- Oui ? Demandais-je complètement perdue face à l'agitation d'Addison.
- Tu as vu ?!
- De quoi ?
- T'es partout sur les réseaux et les magazines !
- Quoi ?! Mais pourquoi ?!
- Des paparazzi en Corse quand tu étais avec Nabil et une fan à la gare quand tu étais avec Tarik. »
Quoi ?! Mais... Merda !
Très vite, la chaleur envahit mon corps. Je sentais mon cœur battre à cent à l'heure dans ma poitrine. Mes mains, tenant mon portable, tremblaient. Heureusement que mes meilleurs amis étaient au courant, sinon Addie ne m'aurait jamais prévenu. J'avais peur d'aller voir ce qu'on disait de moi...
Bien évidemment, Addison, Clément et ma mère étaient les seuls au courant de ma réelle relation avec les deux rappeurs. N'ayant pas encore trouvé la manière d'annoncer que j'étais plus au moins proche d'Ademo, ainsi que maintenant, je faisais apparemment partie des QLF, ne me faisant toujours pas à cette idée. Rose quant à elle, était tout simplement fan du groupe. Elle avait dû être choquée me voyant aux côtés des deux frères.
J'avais halluciné en entendant la phrase d'Addie. Elle m'envoya les articles après m'avoir rassuré au téléphone et me demandant de la rappeler si cela n'allait pas après ma lecture. Elle sera là. C'était ma meilleure amie, ma sœur, ma mère, et cela depuis bientôt vingt ans.
J'ouvrais ces pièces-jointes avec d'abord les articles.
La petite amie du rappeur de N.O.S.
Amie ou soutireuse d'argent du groupe PNL
Une fan devient l'amie ou amante des deux frères du groupe de rap PNL
Ademo et sa petite amie
Trahison entre frères, l'un couche avec la copine de l'autre
Qui est la mystérieuse fille proche du groupe au clip AU DD à la Tour Eiffel ?
Sur Twitter, ce n'était pas mieux. Au contraire, étant un réseau très toxique, j'avais eu le droit à d'autres réflexions.
C ki cet pute qui ce tape les deux frère mdrr
Vas y l'autre bouffonne jvais la taper à vouloir me prendre mon mec
C'est qui encore cette connasse ? Mdrr
Pire que le FBI cette meuf elle a réussi à s'infiltrer chez PNL
Meurs sale pute 🔪🩸
Ademo il est à moi 🤬
Touche pas à Nabil salope
Chui sur les deux ils sla tape car c'est une grosse pute
Genre c'est la meuf de Tarik, elle, laissez moi rire 🙄
Je fondis en larmes. Je n'avais rien demandé. Je me tapais personne en soit. À cause de ces filles, car c'est ce qu'elles l'étaient pour la plupart, je me sentais sale, honteuse d'être proche des QLF. J'avais appris que des fans harcelaient l'ex de Nabil et que quand elle était tombée enceinte de son nouveau copain, ce que ne savaient pas ces groupies complètement tarées, elles avaient souhaité la mort de l'enfant ne pouvant supporter qu'une autre femme soit enceinte de Nabil. Elles avaient aussi retrouvé la mère biologique des deux rappeurs et l'avaient elle aussi harcelée, elle et sa famille.
« Parfois, j'ai envie de sauver la terre, parfois, j'ai envie de la voir brûler. »
Je reprenais les paroles de Nab', c'était un peu une évidence. J'avais parfois plus du tout foi en l'humanité, d'autres fois, j'étais remplie d'espoir. Cette dualité en moi, je la ressentais en permanence. Cette hésitation, c'était un trait immense de ma personnalité. Est-ce que j'étais une personne indécise ? Totalement. Le reflet de mon signe astrologique, le cliché de moi-même. Différente, unique, tout en étant semblable, et rentrant dans pas mal de cases, c'était ma personne. Des fois, je me demandais si je n'étais pas un tout petit peu semblable à Tarik. Je parle de la dualité qui est en lui aussi : Ademo ou Tarik, qui était-il au final ? François ? Tarik ? Ademo ? Qui était-il ? Qui suis-je ? Cette question, même si je pensais savoir qui j'étais avant mes dix-huit ans, j'étais un peu dans le faux, mais aussi un peu dans le juste. Aujourd'hui du haut de mes vingt et un an, je pense savoir qui je suis. En tout cas, ce qui était sûr, c'était que je savais la femme que je voudrais être. Comme évidence.
Tous les jours, je bossais sur moi, je travaillais pour être quelqu'un dans le futur qui me ressemble : une femme cultivée, sachant parler plusieurs langues, qui sait se lâcher quand il le faut, une femme qui ne prête pas attention aux regards et remarques des autres, une femme forte, sûre d'elle, une femme faisant le métier de ses rêves. Cette femme, ce rêve, je suis persuadée que je le serais. À cet instant, je m'impressionnais, j'étais au plus bas plus tôt, mais j'ai su relativiser. Je me relève toujours.
La sonnerie stridente de mon téléphone me coupa et me fit sursauter comme jamais.
« - Allô ?
- C'est AD. Sa voix rauque me réconforta, me plongeant tout de suite en transe.
- Oui, je viens de voir.
- C'est réglé.
- De quoi ? Demandais-je interloquée.
- Les magazines, les réseaux. Avec Nab', on a fait le maximum.
- Oh.
Je comprenais enfin.
- Voilà, c'est réglé, Bella.
- D'accord, grazie. Je ne sais pas quoi dire... Dis-je soulagée ?
- Ça va ? Demanda-t-il avec une voix inquiète.
- Pas vraiment...
- J'arrive.
- Mais... »
Il m'avait raccroché au nez. Je ne me ferais jamais à ce caractère. Cet homme était une grosse blague. Mais je croyais bien que ça me plaisait.
Bon, je me changeais et rangeais mon appart en despi. Une demi-heure plus tard, j'entendis quelqu'un toquer à ma porte. C'était bien évidemment lui. Il portait un jean bleu clair troué, un pull gris en laine et un bonnet gris lui aussi. Ses lunettes de soleil dans ses mains, mais aucun signe de 'teille ou d'yeux dilatés. C'était bien un Tarik sobre que j'avais devant moi. Tarik rentra et me prit dans ses bras. Je ne sus pas comment réagir les premières minutes tellement ce fut soudain et imprévisible. Je ne m'y attendais pas du tout, surtout venant de sa part.
« - Ça va ? Tu trembles comme une feuille.
Il avait raison. Je ne m'étais même pas rendu compte que je chevrotais. Je tenais à peine debout.
- Je suis désolé. C'est de ma faute. J'aurais dû faire plus attention. Me dit-il.
- Mais ne dis pas de bêtises. Ce n'est pas de ta faute. J'aurais dû m'en douter, vu ta popularité.
Il acquiesça, puis resserra sa prise. Il sentait l'homme. J'aimais énormément son odeur. Je me sentais en sécurité dans ses grands bras. Je profitais de ce contact, car j'avais comme le pressentiment qu'il serait bref. Alors je renforçai ma prise. Ma poitrine contre son torse, je sentais son cœur battre. Il me lâcha quelques secondes plus tard.
On décida de se poser une nouvelle fois sur mon clic-clac. Je nous fis deux thés verts à la menthe. Puis, je me mise à bosser derrière mon PC. Je sentais sa présence derrière moi. En effet, il était en train de regarder ce que je faisais tenant dans sa main ma tasse Naruto.
- Tu m'expliques ? Sa question me prit de court, mais néanmoins, je m'exécutais.
- Alors là, je suis en train de faire les poses clef. C'est-à-dire les dessins principaux de mon personnage. Ensuite, je vais devoir faire plus ou moins d'intervalles pour fluidifier l'animation. Regarde, je te montre avec et sans les intervalles pour le plan où Mélannia trouve un bébé parmi les décombres.
- Ah ouais. C'est trop stylé.
- Tu trouves ? Demandais-je flattée.
- Ben, bien sûr. Et tu as des plans finis ?
- Je n'en ai qu'un. C'est celui qui introduit le décor après qu'on ait vu la planète.
Je lui montrai le plan en question.
- Franchement GG à toi. Tu peux être fière, tu gères de ouf.
Je rougissais face à ses compliments.
- Tu veux que je t'emmène en cours demain ?
- Oh.
J'étais bouche bée devant sa proposition.
- Ce ne serait pas une mauvaise idée avec ce qu'il s'est passée ? Demandais-je.
- Je resterai dans la caisse et avec les vitres teintées, ce sera carré. Ne t'inquiète pas Bella. Me dit-il tout en remettant une de mes mèches rebelles derrière mon oreille.
- Je te fais confiance. »
Je vis une lueur d'émotion face à mon aveu. Tarik avait beau être un homme taiseux avec une sacrée carapace, je réussissais de plus en plus à le percer à jour. Je pensais que ma phrase l'avait touchée. Après son air de méfiance me disait qu'il attendait de réels actes et pas de disquettes. J'étais persuadée que sa proposition voulait dire bien plus que le sens même de ces mots. C'était le début d'un tout entre nous. De toute façon depuis le voyage en Corse tout avait changé. Je me sentais moins seule.
Depuis l'anniversaire de Tarik, j'avais l'espoir et l'envie, même si je ne l'assumais pas encore, le désir qu'il se passe quelque chose entre nous. En même temps, j'avais peur. Je ne voulais pas finir comme toutes ces putes qu'il jetait après s'être vidé. Je ne voulais pas être une conquête de plus, encore moins juste un trou. Alors est-ce que j'avais réellement confiance à cent pour cent en Tarik ? Non. Sûrement pas encore. Mais une partie de moi avait juste envie de se laisser faire, de se laisser porter par tout ça. Et si je passais à côté de la plus belle histoire d'amour ? Même si je n'étais qu'un plan-cul, ça ne ferait pas de mal. En ce moment, il fallait dire que le contact peaux nues me manquait énormément.
Et merda !
Cela faisait combien de temps que je n'avais pas goûté au plaisir de la chair ? Longtemps, trop longtemps. M'envoyer en l'air me ferait du bien. Tarik depuis tout à l'heure m'observait voyant que dans mon crâne ça bouillonnait. Je ne pouvais stopper ces mots dans ma tête. Toujours à penser en permanence.
« - Viens là Bella. » Me dit-il en me faisant basculer contre lui sur le clic-clac.
Je rougissais me retrouvant à califourchon sur Tarik. Il me prit dans ses bras me faisant un câlin. Je ne faisais toujours pas à ce Tarik doux et attentionné. Je trouvais même cela extrêmement bizarre. Je préférais limite qu'il soit froid. J'étais extrêmement perturbée face à son comportement. Son souffle dans mon cou me faisait des frissons dans tout le corps. Ma tête au creux de son cou se déplaça sans le vouloir plus haut. Lui-même entraîné par le même courant étrange qui nous traversait descendit sa tête. Si bien que nos nez se touchèrent. La minute d'après nous nous échangions des baisers enflammés. Sa langue, caressant la mienne, me rendait toute chaude. Je pensais au fait que ce n'était absolument pas prévu. Mon corps glissant contre le sien, ses mains s'étaient posées sur mes fesses pour me remonter à sa hauteur. Je ne sais pas combien de temps, on est resté comme ça à se bouffer. Mais ce qui était sûr, c'était que je n'avais plus de souffle après ça.
Mais d'un coup, il se redressa.
« - Je dois y aller. Annonça-t-il.
Il était beaucoup plus froid d'un coup. Je ne savais pas ce qui lui prenait. Mais en même temps, je n'étais pas surprise face à son changement de comportement. Après, cela ne m'empêchait pas d'être vexée ou même déçue.
En même temps, tu croyais quoi, Leia ?
Il croisa mon regard mélangé de détresse, de colère et d'espoir.
- Désolé Bella. Mais je dois vraiment y aller. Ce n'était pas prévu que je vienne.
Face à sa phrase, j'étais encore plus pleine de rage. Il voulait me faire culpabiliser ou quoi ? Non, parce que c'était lui qui avait décidé de venir, pas moi qui lui avait demandé.
- J'ai passé un excellent moment avec toi, Leia. J'espère qu'au moins j'aurais pu te faire penser à autre chose qu'aux articles et aux commentaires sur les réseaux.
Je ne savais pas quoi dire.
- J'ai beaucoup à faire avec Nab'. On va vérifier ces prochains jours qu'aucun magazine ou réseau ne laissent les gens publier ces horreurs.
Il prit mon visage en coupe et me regarda. On aurait pu croire que ses yeux pénétraient mon âme. On pouvait y voir mes plus grandes peurs et rêves.
- Je ne laisserai jamais personne te faire du mal. T'entends Leia ?
Abasourdie, je ne répondis pas tout de suite. Puis je hochais la tête face à ses propos.
- Demain huit heures devant chez toi ?
- Oui. »
Il me fit un baiser sur le front avant de totalement disparaître de mon appartement.
Voilà le chapitre 24, j'espère qu'il vous aura plu.
Les articles du aux paparazzi et les insultes sur les réseaux ?
L'appel de Tarik ?
Le moment où Leia lui montre l'avancé de son court-métrage ?
La proposition de Tarik ?
Leurs baisers enflammés ?
Le changement de comportement de Tarik ?
Les dernières paroles de Tarik avant de partir ?
On se retrouve vendredi soir !
Ou sur insta : saphirabluesharkwttpd
Bisous 💜
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