Chapitre 15
Chapitre 15
-Nabil-
Je rejoignais Tarik sur le balcon. Il était en train de fumer comme à son habitude. Ce grand fou était seulement vêtu d'un t-shirt en plein mois de décembre. Ce ne serait pas moi qui m'occuperait de lui s'il tombait malade. Je me posai sur la chaise à côté de lui, sortis mon briquet et allumai la cigarette que j'avais glissée derrière mon oreille. Dès la première bouffée, je me détendis automatiquement. Je crachais la fumée doucement. Je pris une inspiration tout en regardant notre cité, puis me tournais vers lui.
« - Tu me caches des choses maintenant ? Lui demandais-je avec un petit sourire en coin.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Me demanda-t-il confus.
- Bah, t'sais. Leia qu'est venue ici.
- Alors ça y est ? Ça a fait le tour de la cité ?
- Oui.
- Pff. Souffla Tarik exaspéré.
- Tu l'as quand même ramené ici. Dis-je en désignant l'appartement.
- Et alors ? Me répondit-il froidement.
- T'aurais jamais fait un truc comme aç d'habitude. Affirmais-je.
- Arrête de dire de la D.
- Je ne dis aps de la merde. Tu sais très ienb que tu ramènes jamais sonne-per à l'appart'. Même pas l'une de tes 'tasses. Insistais-je.
- N'imp'. Dit-il en rigolant nerveusement.
- Alors pourquoi t'es resté grave longtemps dans son appart' avant de descendre me retrouver l'autre coup ? Et d'ailleurs pourquoi t'étais chez elle ? »
Il ne répondit pas esquivant la question. J'avais donc vu juste. Il avait perdu son sourire. Se refermant complètement. Je n'allais aps insister sachant très bien qu'il allait se braquer. Puisqu'il avait l'air d'avoir compris, je préférais le laisser avec lui-même. J'éteignais ma cigarette dans le cendrier, puis rentrais au chaud.
-Tarik-
Il n'avait pas tort. J'avais du mal à l'admettre. Oui, j'avais jamais ramené sonne-per à l'appart'. À part la mif' personne n'avait passé le pas de cette porte, encore moins une femme. Surtout pas l'une de ses 'tasses dans lesquelles je me vidais. Alors pourquoi Leia ? Non, mais elle m'avait déstabilisé à pleurer aussi. J'aurais jamais fait aç sinon. 'Fallait pas déconner non plus. Il manquerait plus qu'aç représente quelque chose. Vas-y à cause de la D que me disait Nabil j'allais me monter la tête. T'façon c'est qu'une groupie, au mieux une fan. Elle ne représente rien pour oim. Il manquerait plus qu'aç. Leia était ienb jolie avec toutes ses formes, toute ronde. Mais c'est tout, à part son popotin, ça s'arrête àl. Des fois, j'me demandais s'il ne fallait pas que je la baise. Je verrais ienb après que c'était rien, que je me prenais la tête pour R. Surtout pour une go qui nous écoute quoi. C'était n'imp'. Elle s'était prise pour une Athéna ou quoi ? En plus, elle est grave fragile à pleurer pour si peu. Elle ne supporterait pas une seule seconde notre vie. Leia ne pourrait pas encaisser une seule seconde de nous connaître vraiment. À peine, elle verrait la noirceur de nos âmes qu'elle fuirait loin, comme toutes les autres. On a jamais eu de femmes dans nos vies, ce n'est pas demain qu'aç commencera. Elles sont toujours décevantes. En même temps, et s'il n'avait aps tort ? Qu'est-ce qui m'avait pris l'autre soir ? J'étais complètement ouf. Je lui avais quand même fait des papouilles. Ça, c'était le shit et l'alcool, j'étais sûrement trop khabat. Oui, c'est sûr, c'était aç. Sinon je n'aurais jamais fait aç. 'Fallait que je me calme sur la fumette. Je pris un paquet de céréales, mes cigarettes, une bouteille de coca et m'enfermai dans ma chambre à double tour pour réfléchir.
-Leia-
J'étais tranquille dans mon lit à écouter Jamais de PLK et Mister V tout en dessinant mes personnages, quand je reçus une notification.
Nabil : « Ramène-toi despi. C'est urgent. »
Voyant ce message, je me tendais d'un coup. J'imaginais déjà le pire, me faisant une multitude de scénarios dans ma tête. En une seconde, j'étais devenue une boule de stress. Je lui répondis.
« J'arrive tout de suite. »
Je me levai d'un coup et me changeai en deux-deux. Je pris mes essentiels, mis mon manteau, mes chaussures et partis en courant.
*
Au bout d'un peu plus de trois-quarts d'heure, j'arrivais enfin dans la cité des Tarterêts. J'essayai de me souvenir dans quel bâtiment Tarik m'avait emmené la dernière fois. Impossible de m'en rappeler, le peu de souvenirs que j'avais été troublé de mes larmes.
« - Eh, mais c'est la petite dame de la dernière fois !
Je me retournais et vu un groupe de mecs qui zonaient en bas d'un des bâtiments.
- Mais t'es un ouf ! Tu veux qu'AD, il te démonte ?! Lui parle même aps. Le repris un des gars.
- J'aurais vraiment besoin de vous. Dis-je en me rapprochant d'eux.
Ils reculèrent voulant éviter les problèmes.
- Je cherche le bâtiment de Tarik et Nabil. Vous savez, c'est lequel ? Demandais-je.
- C'est celui-là. Maintenant, tu pourrais partir loin de nous. On ne veut aps de problème avec ton mec, nous. Me répondit un autre des gars en me montrant l'un des bâtiments du doigt.
- Merci, mais ce n'est pas mon mec. Dis-je gênée.
- Ah. Chelou AD n'a jamais agi comme aç pour une go.
- Ah... Dis-je encore plus gênée. C'est quoi le numéro de l'appart' ? Demandais-je.
- C'est E03, au quatorzième étage.
- Merci. » Leur dis-je en souriant.
Je partais en direction du bâtiment en question. Je tapais le nom de famille des deux frères : Andrieu. Nabil me répondit froidement me demandant qui c'était. À peine après avoir dit mon prénom qu'il m'ordonna de monter. En montant les marches, je me disais que j'aurais pu lui demander le bâtiment et le numéro moi-même. Je me sentais conne. Je rigolais de mon cas. Je montais en vitesse avec toujours la boule au ventre. À peine, j'eus la porte en vue qu'elle s'ouvrit sur Nabil complètement paniqué.
« - Ah t'es àl ! Parfait. J'ai tout essayé. Il fallait que j'tente avec oit.
- Euh, de quoi tu parles ? Demandais-je complètement perdue.
Il me tira par le bras, me faisant rentrer dans l'appartement jusque devant une porte.
- Ça fait trois jours que Tarik s'est enfermé dans sa chambre. Je n'arrive aps à le faire sortir. Impossible de le faire entendre raison.
- Mais...
- Bon, bon courage, moi, j'y vais, j'en peux plus.
En deux secondes, je me retrouvais seule dans l'appartement. Je pris une grande inspiration, puis toquai à la porte de ce que je supposais être la chambre de Tarik.
- Si c'est encore oit Bilna. Je t'ai dit de dégager. Je veux voir sonne-per.
- Ce n'est pas Nabil. Affirmais-je.
Le silence se fit entendre quelques secondes. Puis il y eu du bruit derrière la porte.
- Tu veux quoi ? Me demanda Tarik.
- Tu me laisses entrer ? »
Ma question resta dans le vide pendant plusieurs minutes. Tellement que je m'apprêtais à le relancer. Au bout d'un moment, j'entendis enfin du bruit et la porte s'ouvrit. Sa chambre était dans un état catastrophique. Les affaires étaient toutes renversées aux quatre coins de la pièce. On ne se voyait pas marcher. Je remarquais alors un trou dans le mur, sûrement dû à un coup-de-poing. Je pus observer Tarik qui s'était écarté de la porte. Il était dans un piteux état. Il avait le teint pâle, des cernes qui faisaient la moitié de son visage. Sa barbe s'était épaissie. Ses lèvres étaient sèches et craquelées. Il les avait sûrement mordues de stress plusieurs fois ces derniers jours. L'une de ses mains était recouverte de sang séché. Je fis demi-tour. Il m'arrêta me tenant par le bras.
« - Ne m'abandonne aps. Pas comme elle, s'il te plaît, restes. Me dit-il d'une voix tremblante.
- Je ne m'en vais pas. Je vais juste chercher de l'eau, j'arrive. » Lui dis-je en le regardant dans les yeux pour lui montrer ma sincérité.
Il me laissa alors passer le pas de sa porte.
Je pris de l'eau dans un bol, un tissu, ainsi que du désinfectant. Je pris le temps de faire le plus rapidement possible une tartine de pain de mie avec du kiri. Je chopais un verre d'eau, une compote et une cuillère au passage. Puis rentrais dans la chambre les bras chargés. Tarik me regarda surpris. Je déposais le tout au sol et fermais la porte à clef derrière moi, ne voulant pas qu'on soit dérangé. Je pris le temps d'envoyer un message à Nabil pour lui dire que j'étais avec Tarik, que je gérais, et que je voulais qu'il nous laisse seuls. Que je le contacterais quand ça irait mieux. J'ouvris la fenêtre, virai les affaires qui traînaient sur le lit et fis s'installer Tarik au-dessus. Il me regardait, intrigué, prenant le verre d'eau.
« - Bois, ça va te faire du bien.
Il s'exécuta, non sans me jeter des regards méfiants. Puis je lui tendis la tartine de kiri. Il recula dégoûté par la nourriture.
- Mange, ça te redonnera des forces.
Il était réticent.
- Ça te rendra plus fort. Il faut manger. »
Je me retenais de l'appeler par son prénom. Je lui avais dit cela, car je me doutais que Tarik était le genre de personne à croire que les hommes ne devait pas pleurer, manger de la viande pour être fort, faire la fierté et penser des bêtises sur les femmes. Cette société patriarcale m'épuise. Moi-même, parfois, je suis sexiste sans m'en rendre compte.
Mon insistance porta ses fruits. Il prit la tartine et la mangea assez vite. J'avais bien remarqué qu'il avait faim. Car ce n'était pas le pauvre paquet de céréales vide et la bouteille de coca qui traînait dans la pièce qu'il avait pu se nourrir ces derniers jours. Je lui montrais la compote des yeux. Il était toujours aussi réticent. Je lui fis mon regard le plus menaçant. Il s'exécuta alors.
Ensuite, je pris le tissu que j'avais récupéré et le trempais dans le bol d'eau. Il me regarda faire tout en mangeant sa compote. Il sursauta quand je pris sa main, puis se laissa faire. Je nettoyais le sang séché dessus. Même si son visage resta impassible, il fit un grognement quand j'appliquai le désinfectant. Puis, je fouillais dans mes poches. Trouvant ce que je cherchais, je pris le visage de Tarik pour le tourner bien en face de moi. Je croisais son regard perturbé et ouvris mon tube de baume à lèvres, en appliquai sur mon doigt. Puis m'avançai vers la bouche de Tarik pour en déposer dessus. Il fit d'abord un mouvement de recul, ensuite se laissa faire. Je tapotais délicatement sur ses lippes. Je sentais son souffle chaud caresser la pulpe de mes doigts. Au fil du temps, je vins plonger mon regard dans ses yeux. On resta là longuement à se regarder dans les yeux, pendant que j'apposai le baume sur ses lèvres écorchées. Je me sentais comme attirée par sa bouche pulpeuse. Ça m'hypnotisait. En relevant la tête, je remarquais que lui aussi regardait avec insistance mes lèvres. C'était comme si le temps s'était arrêté. Au moment où nous rapprochions un peu plus le bruit de la porte d'entrée se fit retentir. On reprit alors nos esprits et nous nous écartions de l'autre. Je rougissais. Je jurais dans ma tête. Nabil avait dû louper mon message.
« - Je vais prendre une douche. » Me dit-il avec sa voix grave.
Il quitta la pièce.
Je sortis de celle-ci avec toutes les affaires que j'y avais emmenées pour les ranger. Je croisais Nabil dans la cuisine.
« - Il s'est passé un truc avec mon frère ? Il était tout bizarre. Me demande-t-il intrigué.
- Oui. Euuuuh non ! Je veux dire non ! Me repris-je.
- Ok... Vous êtes trop bizarre. Puis il reprit. J'aimerais qu'on se voit tous les deux demain devant un café pour parler d'AD. J'aimerais savoir ce qu'il s'est passé, comment tu as réussi à le faire sortir de là.
- Oh, tu sais, ce n'était pas grand-chose. Dis-je gênée.
- J'insiste. Viens.
- Ok.
- Demain dix heures ?
- Non, j'ai cours à ce moment-là... Lui expliquais-je.
- Bah, dis-moi.
- Dix-huit heures ? Ou c'est trop tard ?
- Non, c'est parfait t'inquiète.
- Bon, bah, je vais y aller.
Je quittais la pièce tout en enfilant mon manteau. Nabil me retient avant que je passe la porte d'entrée.
- Merci. Dit-il. »
J'en fus toute retournée.
Voilà le chapitre 15, j'espère qu'il vous aura plu :)
La conversation entre Nabil et Tarik ?
Les pensées de Tarik sur Leia ?
Nabil qui demande à Leia de se ramener en vitesse ?
Leia et Tarik dans la chambre ?
La scène du baume à lèvre ?
On se retrouve vendredi soir !
Ou sur insta saphirabluesharkwttpd
Prenez soin de vous 🧡
Camille
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