22/10/2020

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Les écailles raclent doucement le bois de la branche. Il s'avance, s'enroule autour de ce fin support et impose une atmosphère lente, fascinante, mais dangereuse. Un sifflement s'échappe de sa large mâchoire, deux canines pointues et acérées font leur apparition et une langue rougeâtre et fourchue s'agite rapidement avant de disparaître à nouveau.

De son long corps verdâtre et de sa peau rugueuse, il attire les foules curieuses, avides d'admirer de si près un animal si mortel. Lui n'en a que faire de ce désir des Hommes et Lucien, qui ne souhaite que vivre une autre vie que celle-ci, se pavane lentement au plaisir des spectateurs.

Soudain, un petit garçon âgé de trois ans, Hugo, attire son regard de reptile. Celui-ci tape sur la vitre, la fait vibrer, crie des mots incompréhensible, dérange son peu de tranquillité. Alors Lucien se rapproche petit à petit de la vitre. il glisse sur les copeaux de bois, sous les regards émerveillés des touristes, mais Lucien n'a d'yeux que pour Hugo, Hugo qu'il souhaite faire taire, Hugo qu'il souhaite calmer, Hugo qu'il souhaite déchiqueter pour que jamais il ne puisse à nouveau entendre sa voix, pour que Lucien soit à nouveau paisible au fond de sa cage de verre.

Et plus Lucien se rapproche, plus Hugo est excité. Puis soudain, à quelques dizaines de centimètres d'Hugo, même si Lucien sait qu'il n'a aucune chance de pouvoir le frapper, un regard soutenu entre le serpent et le garçon est échangé. Un regard qui en dit long sur les intentions de Lucien. Un regard jaune et noir qui vire au rouge, soif de sang, hypnotisant, fascinant.

Lucien, rapide et exaspéré, se jette sur la vitre en direction du petit Hugo, il ouvre grand sa gueule pour que le garçonnet puisse admirer l'immensité de ses crocs, l'immensité de sa langue, l'immensité de sa dangerosité.

Hugo crie et recule. Lucien, qui avait calculé sa trajectoire, se fond dans les hautes herbes sans blessures. Hugo ne reviendra jamais dans un vivarium.

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Le mot de la semaine : snake