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Je suis au chaud, sur un matelas, sous une couette. J'essaie doucement de me relever mais j'ai mal un peu partout. Je prends quelques secondes pour essayer de me remémorer les derniers évènements. Je pose mes doigts sur mon front, j'ai une horrible migraine et j'ai mal à ma gorge.
Petit à petit des flash me reviennent. J'ai été enlevé, je rentrais chez moi...
Je me suis réveillé, pas dans ma chambre, j'ai couru et je suis tombé. Il m'a rattrapé, m'a jeté ici, et j'ai rêvé. Les détails de mon rêve ne me reviennent pas vraiment en mémoire et je compte bien ne pas chercher plus que ça. Si j'ai si mal à la gorge et au crâne c'est parce que j'ai du pleurer et crier. Et puis il est venu, mon agresseur, et il m'a réconforté ? J'avoue ne pas être sûre de ce derniers souvenir, c'est beaucoup trop bizarre.
Je décide de commencer par vérifier où j'ai mal. Malgré la petite lumière qui éclaire la pièce je vois toujours rien du tout à plus de 30 cm de moi. Mon pieds est toujours enchaîné, à l'endroit où se trouve l'anneau plusieurs bleus sont en train de naître, j'ai du tirer un peu trop. Ma cheville gauche quand à elle à l'air d'avoir enflé, je n'en suis pas vraiment sûre puisque je ne peux pas y toucher sans avoir mal. J'ai toujours mon jean et mon sweat ce qui est une très bonne chose, je ne suis pas coincé chez un violeur, sinon il aurait largement eu le temps de me « faire ma fête ».
Ma main gauche est un peu douloureuse mais ça a toujours été comme ça, rien d'inhabituel.
Sur mon ventre au niveau des hanches plusieurs bleus sont déjà présents, je ne peux pas voir ou toucher mon dos mais je crois pouvoir affirmer avec certitude qu'il y a des bleus ici aussi. En dehors de tout ça, j'ai l'air plutôt intacte.
Je suis bel et bien dans un lit, sous une couette. Dans un coin de la pièce je crois apercevoir des toilettes, qui met des toilettes dans une cave ?
La faible lumière qui éclaire la pièce est proche de l'entrée, autour de moi aucune trace de mes lunettes.
J'entends un bruit de craquement qui vient de l'entrée, je distingue quelqu'un qui descend, par réflexe je remets mon corps sous la couette et j'attends assise. Qu'est ce que je peux bien faire d'autre ? Même si je ne le distingue pas clairement il ne faut pas être devin pour comprendre qu'il est bien plus grand et bien plus fort que moi. Il s'approche de moi avec une sorte de plateau dans les mains.
Il vient s'assoir de l'autre côté du matelas, face à moi. Je ne distingue ni son visage, ni ses expressions, je n'ai aucune idée de ce qu'il va faire mais s'il faut je me battrai bec et ongles.
- Laissez moi partir...
Ce sont les seuls mots que je parviens à articuler. Je pense que c'est peine perdue mais ça ne coutait rien d'essayer. Il rigole doucement et me répond
- Pourquoi veux tu partir ?
- Je dois rentrer chez moi, mes amis vont s'inquiéter, s'il vous plait...
- C'est ici chez toi.
Son ton se durcit. Il pose le plateau devant lui et m'ordonne :
- Soulève ton sweat.
Une peur panique s'empare de moi, mon cœur rate un battement, je rapproche mes mains de moi, comme si ça pouvait me protéger. Sans m'en rendre compte je m'éloigne machinalement de lui, de vieux réflexes je suppose.
- Tu dois avoir des bleus non ? Soulève ton sweat.
Je me retourne et m'exécute, la peur me tord les trippes et je fais de mon mieux pour ne pas l'écouter, je dois absolument restée concentrée. Je sens un substance froide parcourir mon dos. Je me retiens de bouger quand il passe sur mes bleus, on dirait qu'il me masse, c'est un genre de crème qu'il étale sur mon dos ? Je n'y comprends rien du tout...
Cependant je ne bouge pas d'un poil. Une fois qu'il a finit je laisse retomber mon sweat et il examine ma tête et mes mains. Je ne sais pas quoi faire sinon de le laisser faire.
Une fois son inspection finie il passe sur mes chevilles, il met de la crème sur celle avec l'anneau. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir un mouvement de recul quand il passe sur mes bleus mais heureusement pour moi il termine vite.
Quand il examine ma seconde cheville il ne la touche pas, il a du voir quelle était enflée. Il sort des poches transparentes et les posent dessus. C'est des glaçons en poche. Le contact du froid me fait frissonner mais je ne bouge pas. Il tient les poches sur ma cheville pendant plusieurs longues minutes et finit par les retirer. Il sort alors une sorte de rouleau et l'enroule autour de ma cheville et de la base de mon pieds. Cette opération est nettement plus douloureuse que la dernière mais je me fais violence pour ne pas bouger au risque de l'énerver. Je me sens tellement perdue, je ne peux pas savoir ce qu'il pense, je ne vois même pas son visage. J'ai besoin de savoir ce qu'il a en tête et j'ai besoin de m'enfuir d'ici le plus tôt possible.
Une fois qu'il a terminé ma cheville est bandée et immobilisé.
- Voilà, tu auras moins mal comme ça.
Il se relève et continue :
- Je te laisse, tu as tout ce qu'il te faut sur le plateau.
Il se retourne et s'apprête à partir quand je l'arrête en disant :
- JE ! Je ne vois rien sans mes lunettes ...
- Tu les auras bientôt, pas tout de suite, tu as voulu t'enfuir.
Je baisse la tête et attend qu'il s'en aille avant d'analyser le reste du plateau. D'un côté il y a des grands trucs en couleurs, de l'autre on dirait des pâtes, avec un couvert.
Je ne sais pas si je peux avoir confiance en sa nourriture mais au point où j'en suis, foutu pour foutu. Je prends ce qui ressemble à une fourchette et commence à manger calmement. C'est bon, c'est vraiment bon. Il est bon cuistot pour un kidnappeur. Je finis l'assiette, je suis déjà assez contente d'avoir pu manger un bout, je commençais à avoir vraiment faim.
Les grands trucs en couleur à côté de l'assiette se révèlent être des habits, je les déplient et les enfilent. J'ai un t-shirt à manches longues blancs, c'est pas une couleur que je mets souvent mais pourquoi pas. Ces vêtements sont plus près du corps que ce que j'ai l'habitude de mettre, on va voir que je suis plus mince que j'en ai l'air.
Ne sachant que faire d'autre je décide de me recoucher et essayer de dormir un peu. Je suis fatiguée et perdue, j'aurai peut-être un peu plus les idées claires après un peu de sommeil.
Au moment où je pose ma tête sur l'oreiller je l'entends qui entre, je n'ose pas ouvrir l'oeil je décide de juste écouter en faisant semblant de dormir. Si j'y voyais quelque chose je pourrai essayer de trouver les clés du cadenas ou celle de l'anneau mais la vérité est que même si un éléphant rose passait dans la pièce je ne le distinguerai pas.
Je l'entends s'approcher doucement, un bruit de tintement m'informe qu'il a bel et bien et des clés avec lui, il s'accroupie en face de moi. Il retire les mèches de cheveux qui tombait sur mon visage. Je sens l'adrénaline qui tente de secouer mon corps mais je ne dois surtout pas lui sauter dessus tout de suite, je n'aurai qu'une seule chance. J'ouvre à peine les yeux de manière à ce qu'il ne le remarque pas et je suis le bruit de tintement. Je crois qu'elles sont dans sa poche de jean.
Je n'aurai pas de deuxième essais, si je veux réussir je dois l'assommer, le prendre par surprise, je dois être plus rapide. Je décide de l'assommer d'abord et prendre les clés après.
Sans qu'il s'y attende je lui saute dessus, il tombe à la renverse. J'essaie de le maintenir au sol avec mon maigre poids ce qui n'est pas simple. Il est surpris et ne réagit pas immédiatement, je profite de ce laps de temps pour le cogner, j'envoie un premier coup de poing dans sa mâchoire et un deuxième dans la tempe. Directement je plonge mes mains dans ses poches et attrape un trousseau de clé. Je suis ma chaîne jusqu'au cadenas et essaie la première clé dessus. Ce n'est pas la bonne, j'enchaîne avec la deuxième qui n'est pas la bonne non plus. Finalement le cadenas s'ouvre à la troisième clés, j'entends à côté de moi qu'il grogne, je cours vers les marches pour remonter au rez-de-chaussée. Une fois en haut mon pied droit est tirée en arrière et je tombe avec fracas sur le haut des marches.
Je m'accroche tant bien que mal à l'encadrement de la porte.Des échardes du bois s'enfoncent dans mes doigts mais j'ignore la douleur, c'est pas ça qui va me faire lâcher, certainement pas. Des petites larmes naissent dans le coin de mes yeux. Je ne suis pas vraiment du genre sensible mais je ne suis pas stupide non plus et je sais déjà que les représailles seront terribles. Je tourne la tête et remarque qu'il est en train de monter les marches derrière moi. Je lui donne un bon coup de pied avant qu'il n'arrive à m'attraper et reprends ma course. Je l'entends juste tomber des marches et crier :
- LÉA !
Je n'y prête pas attention et je récupère ma chaîne. Je me retrouve dans le couloir de la dernière fois, la porte d'entrée n'est pas celle de gauche, c'est la salle à manger, il me reste à droite ou devant moi. Je ne réfléchis pas et fonce devant moi. Quand j'enclenche la poignée la porte n'ouvre pas, il l'a fermée, c'est la bonne, j'en suis certaine ça ne peut être que celle la.
Je l'entends qui monte les marches, furieux, dans la panique je fais tomber le trousseau. Je m'empresse de le ramasser mais l'homme est à ma hauteur et il n'a pas l'air de vouloir me laisser sortir.
Il m'attrape les jambes et me remets sur ses épaules, je me débats mais tout comme la dernière fois ça n'a l'air de servir strictement à rien. Derrière nous la chaîne traine et sonne comme un bruit de défaite à mon goût. Une idée me vient en tête et en ultime recours je dis :
- Je ne sais pas qui est Léa.
Ma voix se brise vers la fin, j'ai du mal à respirer, je suis en train d'angoisser. Le grand malabar s'arrête de marcher et me répond :
- Arrête de dire des bêtises Léa, tu me fatigues.
- Mais je ne suis pas Léa !
Il continue sa route comme s'il n'avait rien entendu.
- Je pensais que tu serais heureuse que je te retrouves.
- Mais je ne vous connais pas...
- Qu'est ce que tu racontes ?
Il s'arrête à nouveau, il me pose assise sur les escaliers et relie ma chaine à un des barreaux de la rambarde. Il m'observe attentivement, du moins je pense. Il à l'air de s'énerver et il me fais de plus en plus peur.
- Si tu n'es pas Léa, tu es qui au juste ?
- Je m'appelle Nina.
Ma voix tremble. J'ai l'impression qu'il s'énerve de plus en plus. Il se relève comme une furie. Il faut qu'il me laisse partir.
- Je ne vous connais pas et je ne connais pas de Léa non plus.
- TAIS-TOI !
- S'il vous plait je dois rentrer chez moi.
Il cogne dans un guéridon sur le côté, je crois qu'une vase en tombe et s'écrase par terre.
- Si c'est ce que vous voulez je n'en parlerai à personne je le jure, je suis juste une fille sans problèmes...
Je mets mes mains devant moi grande ouverte, en signe d'innocence, et j'espère que ça pourra le convaincre même si je me doute déjà de l'issue de ce combat.
- Tais toi ! Répète-t-il
Sur ces mots, il accompagne le geste à la parole et m'assène un coup de poing dans la joue qui me projette vers le mur. Je suis d'abord surprise puis je ressens une vive douleur sur la partie gauche de mon visage. Il est bien plus fort que moi, à côté de lui mes coups de poings c'est de la rigolade. Je suis surprise par le coup je ne m'y attendais pas du tout. Ce n'est pas souvent qu'un homme frappe une femme, du moins c'est ce que je pensais.
- Ne dis pas n'importe quoi !
Il part dans une autre pièce, furieux.
Inconsciemment mes yeux commencent à pleurer, de douleur et de désespoir. Ma joue me fait mal, et je crache un petit filet de sang. J'ai du m'ouvrir une gencive ou quelque chose comme ça.
Les larmes ne s'arrêtent plus de couler sur mes joues. Je tire sur ma chaîne pour vérifier mais elle est bien attaché à la rambarde et à moins de l'emmener avec moi toutes mes perspectives de fuites tombent à l'eau. Il revient finalement, dans un calme mortelle et me ré-attache dans la cave d'où je m'étais enfuie. Il me laisse là, éteint la lumière et s'en va. Je reviens dans cette ambiance froide et humide qui ne me dit rien qui vaille. Trop de mauvais souvenirs menace de remonter et je ne sais pas si j'ai la force de les noyer à nouveau, mes chagrins savent nager.
Calypso
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