IX
Marcher. Voiture. Noire. Grand. Peur. Peur. Peur.
J'ai froid... Je ne tiens plus...
Je crois que je perd connaissance et à partir de là je ne me souviens plus de rien.
Je me réveille, doucement, je tâte quelques secondes autour de moi avant d'ouvrir les yeux. Je suis dans un lit. Je me redresse et découvre une chambre qui n'est pas la mienne. Mes derniers souvenirs sont confus et j'ai toujours la tête qui tourne.
Je me redresse doucement, je ne vois pas grand chose, je n'ai pas mes lunettes. Je les cherche autour de moi sans parvenir à les trouver, je décide d'abandonner les lunettes et passe au plan B: sortir le plus vite possible d'ici.
Même si je vois flou j'arrive à distinguer les couleurs et certaines grossières formes. Je me précipite sur la porte et l'ouvre à la volée. De l'autre côté je distingue vaguement une grande personne avec quelque chose dans les mains, je ne m'attarde pas une seule seconde et cours vers ce qui semble être des escaliers. La peur m'envahit d'un seul coup, comme une vague qui me tombe dessus mais je ne perds pas le nord pour autant.
SORTIR. JE DOIS SORTIR. L'adrénaline coule à flot dans mes veines, j'en oublie mon mal de tête ainsi que ma cheville et cours dans les escaliers. J'entends quelque chose derrière moi se briser avec fracas et des pas pressés. Il me suit. VITE. PLUS VITE NINA.
Je dévale les marches à une vitesse étonnante, je me retourne et évite sa main qui tente de m'attraper. Malheureusement mon pied rate une marche et je dévale le reste de l'escalier en roulant. Arrivée en bas j'ai atrocement mal partout. Ma respiration est coupée.
Je me relève à moitié à l'aide de mes bras, je tousse bruyamment pendant quelques secondes avant de réussir à respirer à nouveau. Je ne vois rien devant moi mais mon cerveau me crie qu'il va m'attraper si je ne m'enfuis pas plus vite.
Je me relève aussi vite que mes jambes me le permettent et cours vers la première porte que je vois. Mauvaise pioche ce n'est pas un jardin qui s'étend devant moi mais plutôt une immense salle à manger je dirais. Je referme la porte derrière moi, si je peux gagner une seconde c'est toujours ça.
J'hésite, soit je tente une autre porte soit j'essaie une fenêtre. Il vaut mieux être dehors que dedans. J'opte pour la fenêtre. Je cours vers la première fenêtre que je parviens à distinguer. Elle est au dessus du canapé, mon agresseur est juste derrière moi, après ma chute dans les escaliers il m'a rattrapée. Je saute sur le canapé, c'est d'ailleurs à ce moment là que je me rends compte que je suis pieds nus, tant pis. J'attrape la poignée de la fenêtre et au moment où je tente de la tourner je sens qu'il m'attrape les pieds. Il me tire violemment en arrière et je perds l'équilibre pour venir m'écraser sur la canapé. Désespérément je tente de donner des coups de pieds mais ça n'est pas bien efficace étant donné que je ne vois pas où je frappe.
Il me tire vers lui et m'attrape pour me remettre sur son épaule. Il tient fermement mes jambes pour m'empêcher de lui mettre d'autres coups de pieds. Je frappe son dos de toutes mes forces avec mes poings mais on dirait qu'il ne sent rien du tout.
Un sentiment amer d'impuissance m'envahit. Je me moquait de ces filles dans les films qui se font tués parce qu'elles tombent bêtement ou ne courent pas assez vite, paradoxalement, aujourd'hui je suis à la place de ces filles et je n'ai plus envie de rire du tout.
Je ne sais pas où il m'emmène, je crois que nous nous rapprochons de l'escalier. Il ouvre une petite porte à côté et me jette dans la pièce. Je tombe sur une ou de marches avant de m'arrêter sur le sol et de perdre à nouveau connaissance.
Je me réveille une seconde fois. Je ne distingue rien du tout, et pas parce que je n'ai pas mes lunettes, je crois que je dois être dans la cave. Je me guide en touchant le sol, j'essaie de chercher l'interrupteur d'une quelconque lumière. J'avance doucement à quatre pattes, mon corps entier hurle de douleur mais mon envie de sortir d'ici est bien plus forte que le reste.
Tout à coup je ne parviens plus à avancer, je crois que mon pied est attaché, je m'assois quelques secondes et constate que mon pied droit est dans un anneau de fer lié à une chaîne. J'attrape cette chaîne dans mes mains et la suis. Elle est entourée à une poutre métallique, probablement au centre de la pièce, et est condamnée par un cadenas qui a l'air assez gros.
Mais dans quoi me suis-je fourrée ? Quel genre de psychopathe ferait ça ?!
Je dois m'échapper ! Je dois m'enfuir ! Je ne sais pas où je suis, je ne sais pas l'heure qu'il est. Mes amis doivent s'inquiéter pour moi et je n'ai qu'une envie, les rejoindre.
Je me calme au bout de quelques secondes et reprends mes esprits. Je fais quelques exercices de respiration et décide de réfléchir clairement.
Ce gars est organisé, il avait prévu de m'enlever ou en tout cas d'enlever quelqu'un, sa voiture était juste à côté de l'endroit où il m'a attrapé. Je me suis réveillé dans une chambre au début il me semble, il commençait à peine à faire jour on doit être aux alentour de 7 heures du matin. S'il m'avait mit dans une chambre sans aucune sécurité c'est bien qu'il n'avait pas prévu que je m'enfuis ? Je le connais ? Qui plus est j'étais dans un lit et il avait même pris soin d'enlever mes chaussures et mes chaussettes. Ce n'étais pas un enlèvement au hasard, il doit me connaître. Soit j'ai affaire à une sorte de tueur avec des goûts particulier, soit un pédophile pervers, ou alors je ne sais vraiment pas.
En tout cas il a apprit de ses erreurs parce que je me retrouve enchaînée dans la cave maintenant. Je fourre mes mains dans mes poches, juste pour vérifier, au cas ou, on sait jamais. Malheureusement il les a bien vidées, je n'ai plus rien du tout, ni téléphone, ni sac, ni lunettes.
J'attrape ma chaîne et tente de tirer dessus, c'est une idée stupide mais je n'en ai pas d'autres pour le moment. Je tire mais elle ne bouge pas d'un poil, je suis bel et bien attachée.
Je décide finalement de m'allonger et ne plus bouger. J'ai peur ici, je ne sais pas où je suis, il n'y a aucune fenêtre, je vais perdre la notion du temps et ça m'angoisse mais pire que tout, je ne veux pas mourir sans avoir fais face à l'homme qui m'a détruit et lui prouver que j'ai pu quand même réussir ma vie. Je n'ai aucune idée de comment je vais sortir d'ici, je ne sais même pas si je vais réussir à m'en sortir...
Quelques larmes silencieuses roulent sur mes joues, j'ai peur et personne ne viendra me chercher ici. Je suis perdue et j'ai peur. Je reste allongée sur ce qui semble être du béton froid et par je ne sais quel miracle je tombe finalement de sommeil.
Quand je me réveille je me retrouve dans la petite chambre de la dernière fois, je rêve, encore. Je n'ai pas envie de savoir quel souvenir je vais revivre. Je veux juste oublier. C'est déjà assez dur de vivre avec tout ça, je ne veux pas le revivre une deuxième fois.
Je m'approche de la petite commode et attrape le cadre photo dessus. Dans mes rêves je vois tout clairement, sans lunettes, ça a un côté pratique. Malgré la nuit tombé dehors je parviens à distinguer la photo. Je m'en rappelle, effectivement elle était sur la commode. Je l'y avait mise moi même, et tous les soirs je souhaitais en silence à ma bonne étoile que tout redevienne comme avant. J'étais stupide, aucun foutu bonne étoile n'est venu m'aider, et même aujourd'hui elles continuent de m'ignorer. Pour l'enfant que j'étais c'était un espoir auquel je me raccrochais tant bien que mal.
Sur cette photo, on voit mes deux parents et moi au milieu, elle a été prise quand je devais avoir 5 ou 6 ans, c'est un peu flou dans mes souvenirs. Elle représentait l'époque où j'ai été la plus heureuse, je pense. Devant moi, dans le petit lit, apparaît une petite fille brune, elle a des longs et beaux cheveux. Elle dort paisiblement. Vu sa carrure elle doit avoir un peu plus de douze ans.
Je m'approche doucement, dans tout les cas je pense qu'elle ne peut pas m'entendre, et je m'accroupis juste devant elle. Je passe ma main sur son visage et lui conseille mentalement de rester forte, de ne pas abandonner, un jour tout ira mieux.
La porte s'ouvre doucement sans un bruit et mon père entre. Je sais ce qu'il se passe après. J'ai mis du temps à m'en rendre compte, ce qu'il m'arrivait, beaucoup trop souvent à mon goût. Il s'approche doucement, j'assiste, impuissante, à une scène qui m'est beaucoup trop familière. Je ne peux rien faire pour l'aider, personne n'a rien pu faire pour m'aider.
Je ne sais plus exactement comment il s'y prenait pour me droguer mais ça marchait tellement bien que je ne me souvenais jamais de rien. J'étais consciente pourtant, mais le lendemain matin tout s'effaçait de ma mémoire. J'aimerai crier mais je parviens seulement à geindre. Je le regarde un instant, il sourit, visiblement satisfait de son travail. Le cauchemar recommence, encore et encore. Je commence à geindre de plus en plus, je ne veux pas. J'aimerai lui crier de partir, de me laisser tranquille mais rien ne sors de ma bouche. Il arrache la couette au dessus de moi et je préfère fermer les yeux plutôt qu'assister à la suite de ce spectacle malsain.
Finalement je parviens à crier, alors je crie de toutes mes forces. Je lui crie de partir, de me laisser tranquille. De ne pas me toucher, de ne surtout pas me toucher. Reprenant la mobilité de mes membres je le frappe dans tout les sens, le plus fort possible. Quand j'ouvre les yeux je me rends compte que je suis revenus à la réalité. J'ai mal à la gorge à force d'avoir crié. Aussi étonnant que ça puisses paraître j'ai froid, mais le pire de tout c'est que j'ai peur, je suis terrorisé. J'ai peur de mon père plus que je n'ai peur de n'importe qui d'autre.
Je me rapproche de la barre en fer où est attaché mon pieds et me cache derrière. Je suis là, par terre, toute seule, et je ne sais plus de qui je dois avoir le plus peur : Cet inconnu, ou mes propres terreurs ?
Je pleure, et cette fois-ci bruyamment, j'ai eu tellement peur et j'ai toujours tellement peur. Je suis inconsolable. Mes larmes coulent sans plus s'arrêter et se transforme en une véritable rivière, mes gémissements sont de plus en plus bruyants mais je m'en fiche, maintenant que je suis ici je n'ai plus rien à perdre.
La porte s'ouvre et l'inconnu court vers moi, mon premier réflexe est de m'enfuir mais j'avais oublié la chaîne et celle ci me retient au dernier moment. Alors que je retombe par terre, je décide de faire la seule chose capable de me réconforter, je ramène mes genoux vers moi, les entourent de mes bras et pose ma tête dessus, et je continue de pleurer.
Visiblement surpris, il ne s'approche pas de moi immédiatement mais il finit par s'assoir en tailleur à côté de moi. Il attrape la petite boule que je suis devenu, me pose entre ses jambes et me... berce ?!
Il me berce. Je sers mon emprise autour de mes genoux, je ne comprends pas ce qu'il fait. Malgré tout, mes pleurs se font de plus en plus faible jusqu'à s'arrêter totalement. Je ne comprends pas pourquoi mais il me berce toujours.
Je finis par desserrer mon emprise et je sors ma tête pour essayer de comprendre la situation. Il l'attrape et la pose sur son épaule en disant :
- Chut... Ne pleure plus... Je suis là.
Il chuchote à voix basse ces quelques mots et je comprends encore moins la situation.
Quel genre de kidnappeur viendrait réconforter sa victime après un cauchemar ? Néanmoins je suis trop fatiguée pour réfléchir et je me laissé bercer jusqu'à ce que je me ré-endorme sans m'en rendre compte.
Pourquoi as-tu cherchée à partir ? Je ne comprends pas nous sommes à nouveau réunis. J'ai eu peur. Peur que tu t'enfuis pour de bon et me laisse tout seul. Je ne veux plus jamais être seul. Ne pars plus jamais comme ça. Maintenant que nous sommes ensemble je ne veux plus jamais te laisser partir. J'ai eu très peur quand je t'ai entendu crier, et quand je suis descendu tu essayais de t'enfuir loin de moi. Je sais que tu n'aimes pas être attaché mais c'est juste le temps que tu me reconnaisses. Tu t'es mise en boule, comme quand tu étais petite, et j'étais tellement heureux de te revoir que j'aurais pu pleurer à cet instant.
Mais c'est toi qui pleurais, et cette idée m'est insupportable. Tes pleurs brisent mon cœur et je n'ai pas pu m'empêcher de te prendre dans mes bras pour te réconforter comme je le faisais avant.
Ne pleure plus, ne pleure plus jamais petit ange. Tout ira bien, nous sommes ensemble maintenant. Je te protègerai c'est promis, rien ni personne ne pourra se mettre entre nous. Ne pleure plus.
Calypso
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