- Bonjour.

Hermione se redressa vivement, se retrouvant sur ses deux pieds en un rien de temps.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda t-elle immédiatement, le cœur battant à toute allure.

Elle traversa la pièce pour attraper un journal, qui était posé sur la commode, et soupira, sans vraiment savoir si c'était de déception ou de soulagement en y lisant la date. 2 février 1979.

Quelques secondes plus tard, pourtant, elle se tourna vers Harry, effrayée.

- Tu n'as quand même pas voyagé dans le temps, Harry James Potter ?!

Le jeune homme rit doucement, l'observant avec un petit sourire, puis finit par secouer la tête.

- Non, je te le promets. Pas tout à fait, du moins. Tu pourrais arrêter de me menacer avec un journal, maintenant ?

La lionne observa l'objet dans sa main, ne s'étant même pas rendu compte qu'elle le brandissait comme pour le taper avec.

- Hum... Pardon.

Son bras retomba à son côté, et elle se gratta la tête, tout en regardant son meilleur ami.

Ils s'observèrent durant quelques instants, dans le silence le plus complet.

- Tu as changé, dit-il doucement.

Hermione baissa le regard vers ce qu'elle portait, avant de remarquer qu'il ne s'agissait que d'un vieux T-shirt de Sirius qu'il avait dû lui mettre la nuit dernière, quand elle somnolait déjà à moitié.

- Je ne trouve pas beaucoup. Enfin, je suis d'accord, c'est la mode des 70's et j'ai un peu coupé mes cheveux, mais-

- Je ne parlais pas de ce genre de changement. Ça te va très bien, tout ça.

Il marqua une courte pause.

- Je parlais de ton comportement et de ta façon de réfléchir.

La voyageuse du temps ouvrit la bouche, cherchant à rétorquer quelque chose, mais aucun son ne parvint à s'échapper de la gorge serrée.

En étant seule à cette époque, elle ne pouvait pas avoir de comparaison avec ce qu'elle était avant, ou pour être plus exact, celle qu'elle était avant. Personne ne l'avait connue à ce moment là.

Lorsque l'on parle de soi-même, on cesse d'être objectif.

Il était beaucoup trop dur de se comparer à son soi du passé, encore plus dans les circonstances d'Hermione. Penser à son avant était une source de souvenirs trop désagréables de ce qu'elle avait perdu au fil des années pour qu'elle puisse s'autoriser à y faire arrêt sur image et penser dans le détail à ce qu'elle disait, ou encore ce qu'elle faisait.

- Je ne dis pas que ce que tu es devenue n'est pas quelqu'un de bien. Je dis juste que ces derniers temps... Ce n'est plus vraiment toi.

Elle continua de rester muette comme une carpe, ne sachant quoi dire.

- Où est passé la Hermione qui ne lâchait jamais une idée, qui était tellement entêtée qu'elle ne laissait jamais personne lui dire qu'elle avait parfois tord ? Où est passé la Hermione qui s'inquiète de briser les règles ? Celle qui pourtant n'hésitait jamais face à l'interdit lorsqu'il fallait sauver l'un d'entre nous ? Tu ne recules devant rien, et tu ne te décourage jamais. Qu'est-ce qu'il s'est passé, alors ?

Un éclat de colère fit son apparition dans l'esprit d'Hermione, et des mots amers sortirent de sa boucha avant qu'elle ne puisse tenter quoi que ce soit pour les retenir.

- Tu veux savoir ce qu'il s'est produit ? Vraiment ? Je n'y crois pas ! Les Mangemorts, voilà ce qu'il m'est arrivé ! Quand j'ai débarqué à cette époque, je faisais encore de mauvais rêves du manoir Malfoy, j'avais peur de m'endormir dans le noir et je regardais sans arrêt à droite à gauche dans chaque pièce où je mettais les pieds. Sais-tu combien de temps nous sommes restés là bas ? Moins de vingt-quatre heures, cingla t-elle en détachant chaque mot. Un peu moins d'une journée complète.

Sa respiration s'accéléra.

- Cette fois-ci, ils m'ont eu à leur merci pendant presque six mois complets. Tu n'as aucune idée de ce qu'ils m'ont fait. C'était moi, là-bas, et personne d'autre. Tout le monde fait de cette histoire leur petit drame personnel, mais au fond, c'est moi qui suis la plus à plaindre. C'est moi qui se sent obligée de faire le tour de chez elle dès qu'elle y met un pied, qui menace les visiteurs qui ne s'annoncent pas, qui ne supporte plus de regarder son propre corps, et c'est moi qui doit faire semblant d'aller bien. Je ne suis plus la même Hermione ? Encore heureux ! La Hermione dont tu parles, celle d'avant le manoir Malfoy, n'aurait jamais trouvé la force de survivre à tout ça. Il y a certaines batailles qui n'en valent pas la peine, Harry. Tenter de faire revenir une version de moi qui n'est aucunement adaptée à ce que je suis en train de vivre n'est pas une solution.

Il l'observa quelques secondes.

- Tu ne te rends pas vraiment compte, hein ?

Harry s'était doucement approché, puis avait posé sa main sur son épaule.

- Tu ne dois pas la ramener, ce n'est pas ce que je te demande. Il faut que tu réussisse à la faire cohabiter avec cette Hermione là. Certaines batailles ne valent pas le coup ? D'accord. Mais alors, pour celles qui sont importantes, il faut se battre. Pas les ignorer en pensant que l'on est déjà perdant. Ça ne sert à rien.

Elle baissa la tête.

- Tu cherches les horcruxes à tout prix, mais toi, dans tout ça ? Les autres sont là parce qu'ils l'ont décidé. Ils se battent avec toi parce qu'ils l'ont décidé. Toi, tu as perdu le droit de décider de tes actions le jour où Dumbledore t'as fait part de son plan. Tu te bats parce que ça en fait partie.

Il sourit un instant en voyant son expression de concentration intense.

- Arrête de sauver les autres en permanence, Hermione. Sauve toi. Bats toi. Cherche les horcruxes, d'accord, mais parce que tu as envie de faire quelque chose de bien pour tout le monde plutôt que parce que tu respecte la volonté de Dumbledore.

Hermione ferma les yeux puis enroula ses bras autour d'Harry, profitant de l'instant court qu'il leur restait.

- Qu'est-ce que tu fais ?

Elle sourit.

- Je capture le souvenir.

Tout doucement, elle sentit le contact se faire de moins en moins réel, avant qu'il ne disparaisse complètement, les derniers mots d'Harry résonnant dans sa boîte crânienne.

- On ne se souvient jamais des rêves.

Lorsque ses yeux s'ouvrirent, Hermione tourna vivement la tête, se retrouva nez-à-nez avec un Sirius encore endormi.

On ne se souvient jamais des rêves, d'accord.

Mais de celui-ci peut-être.

*. *. *

- Je dois trouver le dernier horcruxe.

James s'étouffa en l'entendant parler, et toussa pendant quelques instants, attirant sur lui l'attention de Remus qui était assis un peu plus loin, sur le canapé.

- Pardon ?

Il semblait assez choqué par son regain d'énergie si rapide et si soudain: depuis la mort d'Emmeline, deux semaines plus tôt, elle n'avait strictement rien fait d'autre que de lire et de préparer diverses potions. Jamais encore il n'avait été question de se remettre à la chasse.

Je dois me débarrasser de celui-ci.

Hermione tirait un grand confort du fait qu'il s'agisse du dernier de tous, et du fait qu'il marquerait donc la fin de sa quête.

Je le trouve, on détruit tous ceux qu'on a amassé jusqu'ici puis on tue Voldemort: simple comme bonjour.

La lionne frissonna à l'idée que la fin de son périple puisse être si proche.

Il s'agissait seulement d'avoir un bon plan bien huilé et que rien ne vienne le perturber.

Et quelques plans de secours. Juste au cas où.

Harry et Ron lui avaient montré qu'il était impossible que quoi que ce soit dans sa vie se passe correctement de A à Z: il s'agissait donc de contourner cela et de se préparer au chaos.

- Je sais de quelle personne il est entre les mains, le seul problème restant de l'approcher. Je ne compte pas me lever et aller le chercher, enfin, j'ai besoin d'un plan quoi ! Ne me regardez pas comme si c'était ce que vous pensiez qui allait se produire !

Ses amis échangèrent un regard qui en disait très très long.

- D'accord... fit James au bout d'un long moment. Donc tu veux qu'on t'aide à trouver un plan pour aller récupérer un anneau maléfique qui se trouve au doigt de Bellatrix Lestrange ?

Il la regarda dans les yeux, une lueur qu'elle connaissait bien prenant place dans ses yeux.

- Je suis de la partie.

*. *. *

Ils avaient réfléchi pendant longtemps, ce jour-là, à la marche à suivre. Le temps était même passé plus vite que ce qu'ils ne le pensaient puisqu'ils avaient fini par être découverts, les trois autour de la table, penchés sur différents livres ouverts, par Lily et Sirius qui revenaient de mission.

Dégoulinants d'eau.

- Alerte au chien mouillé ! Ironisa Remus. On dirait que l'heure de la toilette a sonné !

Un éclat de rire secoua Lily, qui venait de se laisser tomber aux côtés de James, souriante.

- Qu'est-ce que vous faites de beau ?

- On cherche un sortilège qui nous permettra de voler une bague, commença James avant de reprendre, voyant le regard noir et réprobateur que sa femme portait sur lui. Un horcruxe en la possession de Bellatrix Lestrange, pas le bijou de famille de madame tout le monde !

Hermione sentit la main de Sirius se poser sur son épaule, lui jetant un regard interrogateur... et inquiet.

- Je vais refaire du thé, lança t-elle avant de se déplacer vers la cuisine, la théière vide entre les mains.

Elle la rinça à l'eau dans l'évier avant de la remplir à nouveau puis de la poser sur le feu.

- Ça va ? Demanda son petit-ami en arrivant vers elle.

Elle haussa les épaules.

- Je suppose que oui. Ça fait beaucoup d'un seul coup, et ça fait tôt pour se remettre à travailler là dessus mais je pense d'Emmeline aurait voulu qu'on en finisse.

Un frisson la parcourut, sans qu'elle ne puisse se contrôler.

Ce sentiment... Je ne m'y ferai jamais.

- Et, de penser à Bellatrix, aux Mangemorts, tout ça, ça ne te-

- Non, ça va, mentit-elle avec un sourire forcé.

Il étudia son visage quelques secondes, avant de déposer un baiser sur son front et de s'éloigner pour retourner vers le salon, où l'on entendait leur groupe d'amis rire allégrement.

Il sait que je lui ai menti.

A chaque fois qu'elle pensait au fait qu'elle aurait à confronter Bellatrix pour trouver la bague, la lionne ne pouvait empêcher les images de se jouer devant ses yeux et son corps de se pétrifier.

Elle posa les deux mains à plat sur le plan de travail, et soupira.

Il faut que je sois forte.

Il n'était pas sûr que l'énergie nécessaire soit restante, pourtant.

*.  *.  *

"let it hurt then let it go"

- r.h Sin

*. *.  *

Mais c'est que je serais presque régulière, dites moi ? 😂

Je sais que beaucoup d'entre vous vont être déçus qu'il ne s'agisse que d'un rêve, mais j'en avais besoin pour la suite parce que ça permet de faire disons avancer le personnage d'Hermione :)

(Même si je n'aime pas vraiment la scène que j'ai écrite mais bon, on ne peut pas tout avoir I guess 😭😂)

Vos vacances se sont bien passées ? Contents de retourner en cours ?

La bise,

A.