3.
De toutes les personnes au monde, il avait fallu que ce soit lui. Sept milliards d'êtres humains mais le sort sembla s'acharner sur lui à cet instant. De tous les interrogatoires qu'il avait fait, il sut directement que celui-ci serait le plus pénible.
— Tu dis plus bonjour maintenant ?
Un sourire malveillant fendant le visage du suspect. Minho le regarda droit dans les yeux, à la fois effrayé par cet échange et en colère pour une raison obscure.
Il n'avait pas changé. Toujours aussi sûr de lui et arrogant, fier de déstabiliser le policier, et peu soucieux de ce qu'il ressentait. Ses cheveux étaient devenus plus longs, tombant sur son front, une vieille décoloration leur donnait des reflets blond foncé, tirant sur un roux peu flatteur.
Mais une chose déstabilisa Minho plus que tout.
Son visage. Il avait gardé ses traits fins et ses joues rebondies, malgré la puberté. Sa peau caramel encore barbouillée lui rappelait leurs étés passés à flâner ensemble, un temps révolu de rires, d'amour et d'eau fraîche. Ses petits yeux autrefois brillants d'admiration pour le monde qui l'entourait semblaient éteints, à l'affût du moindre danger. D'où l'arrogance, un système de protection souvent développé par les suspects usuels, non pas à cause de leurs potentiels crimes, mais plutôt de leurs remords.
Et dieu qu'il en avait des remords, ou du moins devait. Beaucoup de regrets sûrement, mais qu'est-ce qu'il pouvait en savoir lui ? Qui ne l'avait pas vu depuis six longues années ? De toute façon, ce n'est pas comme si il en avait quelque chose à faire.
Minho toussota et fit mine de rien, et décida de s'adresser à lui comme à un parfait inconnu.
— Bonjour monsieur, j'espère que vous savez pourquoi vous êtes ici. Vous êtes fortement suspecté d'avoir assassiné Wooyoung J-
— Laisse tomber le vouvoiement avec moi, Minho, susurra le menotté, faisant frissonner le susnommé de dégoût.
— Quels sont vos liens avec la victime ?
Le jeune homme interrogé se radossa contre sa chaise, les mains toujours liées sur la table, et regarda le brun entre deux mèches emmêlées. Évidemment qu'il n'allait pas lâcher l'affaire, évidemment qu'il n'allait pas s'adresser à lui comme à un ancien ami. Il le savait, mais espérait malgré tout un peu plus de réactions de la part de Minho. Après tout, lui aussi avait été surpris de le voir entrer dans la salle fraîche où on l'avait amené de force. Un peu de compassion aurait été la bienvenue.
— Répondez à la question, réitéra Minho.
— Je sais même pas ce que je fais là, il souffla, et observa la salle d'un air désintéressé.
— Dans ce cas dites-moi ce que vous faisiez avant que le corps ne soit retrouvé.
Le policier attendait une réaction de la part du décoloré, et ce fut une réussite. Il perdit son sourire à la vague mention du mort.
— J'étais dans la cuisine.
— Ah ? Pourtant les personnes présentes dans la cuisine ne témoignent pas de votre passage, Minho s'étonna faussement, le regard rivé vers son dossier.
Il savait très bien que jamais il n'obtiendrait son alibi, peu importe sa véridicité. Pourquoi ? Ça, il l'ignorait. Sa fierté mal placée en serait sûrement la cause, mais un autre élément lui échappait encore.
— Eh bien dans ce cas j'étais dans une des salles de bain.
— Un témoin ?
Le silence qui suivit fit office de réponse. Un sourire moqueur prit place sur le visage du policier, et il griffonna quelques détails sur son carnet, que l'autre n'arriva pas à lire en diagonale.
Il sentit les vibrations de sa jambe agitée contre la table. Le blond commençait à craquer. Il en aura fallu peu pensa Minho.
— On n'a pas retrouvé vos papiers, une explication ?
— C'est un crime ? aboya le plus jeune des deux. Vous allez m'enfermer parce que j'avais pas ma carte banquaire aussi ?
— Non, mais pour les quatorze coups de couteau peut-être.
— Mais putain vous avez AUCUNE PREUVE !
La table trembla sous le poing encore un peu sale du blond. Minho vira au rouge et se releva, plaquant ses paumes sur la table pour lui faire face.
— Alors dans ce cas PARLE AU LIEU DE ME FAIRE PERDRE MON TEMPS !
— Mais je ne sais RIEN ! Il faut te le dire en quelle langue ?
Minho balaya sa chaise d'un geste et l'écarta. Les mains jointes et les yeux fermés, il fit quelques pas dans la pièce, histoire de calmer son agacement. Il était sûr et certain que le joufflu mentait.
C'était fou. Son enquête n'avait débuté que depuis une demi-journée à peine, et déjà elle se corsait. En même temps si le suspect principal ne daignait même pas se défendre, il se demandait où tout ça allait bien pouvoir le mener.
Il tourna la tête et fut surpris du fait que son vis-à-vis ne l'avait pas quitté du regard. Il cala son dos contre l'un des murs, les bras croisés sur son torse, et à peine éclairé par l'unique luminaire de la pièce.
— Bon, c'est très simple. Si tu ne parles pas, d'ici une semaine tu seras considéré comme un coupable. Alors d'ici là t'as intérêt à cracher tout ce que tu sais. Je sais pas pourquoi tu dis rien, je sais pas grand chose d'ailleurs pour l'instant, mais si tu freines l'enquête, tu vas prendre cher.
Cette menace le fit déglutir difficilement. Minho venait de le tutoyer, mais ces mots crachés avec du venin et une haine à demi-cachée lui avait glacé le sang. Jamais il n'aurait pensé que leurs retrouvailles se passeraient ainsi. Aussi mal. L'agressivité dans ses paroles et dans son regard lui avait presque fait un pincement au cœur. Mais il ne le montra pas. Il ne voulait pas céder devant ce visage aussi beau qu'effrayant. Ses narines dilatées et ses sourcils plissés le dissuader de lancer une pique.
Et quelques secondes, ou quelques minutes qui sait, s'écoulèrent, où pas un seul mot fut échangé. Une bataille de regards s'était installée, c'était à celui qui tiendrait le plus longtemps inflexible. Et le suspect se sentit presque craquer en plongeant plus en profondeur dans les prunelles chocolat de son vis-à-vis.
Le brun sembla retrouvé son état normal et son visage impassible. Il respira un bon coup et voilà court à leur échange de regards ridicule. Ses quelques affaires furent récupérées rapidement et il se dirigea vers la sortie. Alors l'arrogant lança une dernière moquerie :
— Tu, enfin .... vous, ne me connaissez pas et vous ne me demandez même pas mon nom.
Minho eut un rictus presque imperceptible, et se retourna brièvement vers le blond.
— Pas besoin, vous me l'avez dit.
— Quoi ? Mais je-
Il n'eut pas le temps d'apercevoir les sourcils froncés du suspect qu'il avait déjà refermé la porte. Et actuellement, il avait besoin d'air frais, d'eau, n'importe quoi qui pourrait faire passer son angoisse montante.
Il resta quelques instants dos à la porte, la respiration coupée, fit signe à un agent de venir pour ramener le jeune homme en cellule, et puis se dirigea en vitesse vers les toilettes.
La porte s'ouvrît brusquement, il balança presque les dossiers dans le lavabo dans l'empressement. L'eau qu'il s'aspergea sur l'ensemble du visage lui fit du bien, sa respiration néanmoins difficile et anormalement forte.
Il posa ses mains aux extrémités de la cuve éclaboussée, le regard toujours rivé dessus. Quelques-unes de ses mèches n'avaient pas été épargnées et s'égouttaient dans un rythme régulier.
Seul le souffle court de Minho résonnait dans l'endroit clos et puant la pisse, ce qui ne l'aidait pas vraiment à aller mieux. Au moins, il était seul. Il n'était plus en compagnie de Jisung.
Ce foutu Han Jisung.
Bien sûr qu'il connaissait son nom, il le connaissait même trop bien. Il l'avait répété des centaines et des centaines de fois, pendant deux longues années.
— Ressaisis-toi bordel....
Au grand jamais Minho ne se laisserait dominer par ses sentiments pendant une enquête. Ça, il le refusait catégoriquement.
La lumière jaunâtre n'arrangeait pas son teint déjà pâle. Il se regarda dans le miroir mais son reflet lui fit peur et il préféra tourner la tête vers ses dossiers. Ceux-ci avaient eu le temps de s'imbiber légèrement d'eau sur le coin du lavabo. Un juron s'échappa d'entre ses lèvres, et au même moment, quelqu'un entra dans les toilettes
— Euh, ça va Minho ?
Ce n'était nul autre que Changbin, qui avait vu son coéquipier passer en coup de vent devant le bureau, apparemment mal en point. Il ne s'en était pas plus préoccupé, mais ne le voyant pas ressortir au bout d'une dizaine de minutes, il s'était inquiété.
— Ouais, t'inquiète ça va .... Minho cacha du mieux possible son visage marqué par le stress, essuyant les grosses gouttes encore présentes sur son dossier.
— Ça s'est mal passé avec le suspect ?
Sa voix douce aurait presque pu le faire parler, mais honnêtement, il avait peur de la réaction de son collègue si il lui racontait.
— Il est .... difficile, on va dire, Minho hocha la tête.
Le petit brun préféra se taire malgré ses doutes et lui proposa de lui faire un café chaud après être sortis des toilettes. Il fallait vraiment que Minho prenne une pause. Trop d'événements perturbants s'enchaînaient à la suite en l'espace de quelques mois. Et à ce rythme là, il allait bientôt craquer.
j'ai écrit vite ce chapitre parce que c'est l'anniversaire de mon âme soeur 😔 dans exactement 3 minutes d'ailleurs
j'ai pas corrigé j'ai pas relu mais oklm
bon c'était un peu nul mais prochain chapitre eNqUeTe wEsH et ryujin le s reviendra sûrement
sur ce je vais rattraper une bonne nuit de sommeil ciaoooooo✌🏼✌🏼
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