29.
Minho entra dans l'appartement en se précipitant, manquant de trébucher, et s'avança vers le salon.
Comme ordonné plus tôt, Changbin avait demandé à tous les suspects de se retrouver chez Yang Jeongin, le lieu du crime, et ils attendaient à présent tous dans le salon. Avec beaucoup de questions, de l'incompréhension, et la surprise de voir le lieutenant essoufflé et un sourire satisfait qui déformait ses lèvres.
Ils le virent se pencher vers son collègue, lui montrant rapidement le sac à dos qu'il tenait dans les mains, et ses yeux écarquillés quand il s'éloignait de lui pour s'approcher du groupe de personnes.
— J'peux savoir ce qu'on fout tous chez moi ?
— Eh bien, pour clore l'enquête bien sûr.
Il posa son sac contre le mur, alors que les autres se mettaient naturellement en cercle autour de lui. Il tira légèrement sur ses manches, et respira un bon coup. Puis il regarda toutes les personnes présentes dans la salle.
Son éternel coéquipier Seo Changbin, son patron Bang Chan, celui qu'il aimait Han Jisung, son avocate Seo Soojin, son meilleur ami Lee Felix, son moins bon ami Yang Jeongin, et son autre ami Hwang Hyunjin, le dealer Kim Seungmin, accompagné de son sbire dont le nom n'avait jamais importé, mais qui étaient tout de même venus pour assister au spectacle, et prévoyaient bien sûr de filer en douce après, mais Minho s'en fichait. La témoin clé Choi Jisu, et deux ou trois autres étudiants dont les témoignages avaient été utiles.
— J'ai réalisé quelque chose, commença Minho, brisant le silence. J'ai réalisé que ce crime n'était pas un crime d'intérêt, ou lié à une embrouille de dealers. Mais vous comprendrez tout cela à la fin.
Il prit une grande inspiration, et commença.
— J'ai cru que c'était vous, Jeongin. Vous qui nous avez menti sur l'existence de ce trafic de drogues. Mais vous ne faisiez que protéger la mémoire de votre ami. Il aurait fallu plus de preuves pour vous inculper. Puis j'ai réfléchi, et je me suis dit que si vous aviez voulu tuer votre ami, vous ne l'auriez pas fait chez vous. Plus encore, vous n'aviez aucun mobile.
— Mais alors qui avait un mobile assez solide ?
— Attendez je vais y venir. Cela n'aurait pas pu être une personne autre, un invité parmi les autres, cela n'aurait pas eu de sens. C'était un crime de quelqu'un de son entourage proche, vous allez comprendre.
Il s'avança au milieu de la pièce, les bras croisés, un petit sourire en coin.
— En fait, tout le monde aurait pu croire que Jisung était le coupable, mais il est d'office innocenté puisqu'il était en cellule lorsque le deuxième crime a été commis. De toute façon il était inconscient quand le corps a été retrouvé. Parce que quelqu'un l'avait drogué.
— A mon avis il a pas eu besoin d'aide pour ça, cracha amèrement Jeongin.
— Bon ça va là, c'est pas le moment vraiment, répliqua Jisung.
Minho observa leur dispute futile, puis recommença à marcher lentement dans la pièce, un sourire en coin.
— Pendant les deux heures où personne n'a su ce qu'il s'était passé, Jisung a été drogué à son insu, il a inconsciemment laissé sa boisson sur une table.
Jeongin grommela et se tût pour de bon. Alors Minho se tourna vivement et tapota sa lèvre de son index.
— Nous avons su plus tard que Choi Jisu ici présente, avait vu Hwang Hyunjin verser la drogue dans le verre de Jisung.
— Quoi ?!
Hyunjin sursauta à l'entente de plusieurs voix.
— Car, continua Minho. On l'avait menacé anonymement de révéler qu'il était impliqué dans une histoire de deal si il ne le faisait. Le tueur avait donc réussi à faire faire à quelqu'un le sale boulot.
Il ne s'attarda pas sur la surprise des personnes présentes et le regard honteux de Hyunjin, et continua son récit.
— Ainsi il s'assurait que si quelqu'un était témoin de tout cela, Hyunjin serait inculpé, et d'avoir le champ libre pour commette son meurtre. Revenons à la soirée. Hyunjin aperçoit au loin un Jisung totalement dans les vapes, le perd de vue quelques minutes, supposons, et part à sa recherche pour s'assurer qu'il va bien, car il a mauvaise conscience. Mais quand il ouvre la porte, il tombe sur un Wooyoung giclant de sang et Jisung agenouillé auprès de lui, la voix molle, lui demandant de se réveiller.
Jisung l'écoutait attentivement, assistant à des souvenirs qu'il avait totalement oubliés.
— Puis referme la porte discrètement et s'en va, pour éviter d'avoir des problèmes. Mais Jisu le voit de loin, et décide de s'assurer à son tour que Jisung va bien, pensant sûrement qu'il vient d'être victime d'une agression sexuelle. Et le même scénario recommence. A la différence que Jisu a peur d'être à son tour assassinée, si Hyunjin apprend qu'elle l'a vu sortir. Reste à savoir après tout ça, comment l'assassin a amené Jisung dans la chambre sans se faire voir, un simple coup de chance peut-être, Jisung passant par là.
Minho baissa la tête et continua ses pas lents, silencieux.
— Ensuite, la préméditation. Si le crime était vraiment spontané, le tueur aurait pris un objet, n'importe quoi dans la pièce. Or, l'arme était sans doute un couteau de cuisine. Il serait allé la chercher dans la pièce en question sans doute, et quelqu'un qui prend un immense couteau de boucher, à une fête, cela ne passe pas inaperçu. Donc, la personne avait bien prémédité son crime. Personne ne l'a retrouvée le soir même. D'ailleurs, elle est toujours introuvable. A moins que....
Il fit mine de chercher quelque chose dans son sac à dos noir, jusqu'alors posé dans un coin de la pièce, et revint au centre du cercle. Il attendit quelques secondes, avant de brandir un sachet en plastique, dont le contenu glaça le sang des suspects.
— La voilà, l'arme du crime.
Tous les yeux étaient rivés sur l'objet que tenait Minho. Un grand couteau de cuisine, parfaitement nettoyé, brillant, effacé de toute trace de sang. Et parmi toutes les personnes présentes dans la salle, il savait qu'une seule venait de le reconnaître sans difficulté.
Le tueur, Minho savait très bien qui il était. Il avait compris, il avait cherché et sans surprise il avait démasqué le coupable. Et à ce moment précis, lorsque le policier regarda tour à tour les personnes autour de lui, il le comprit.
Minho épia discrètement ses réactions, son corps tendu et ses gestes maladroits, assez discrets pour que personne ne les remarque.
— Trouvée chez moi.
Toutes les personnes présentes écarquillèrent les yeux, à part Changbin, à qui Minho avait rapidement expliquée la situation avant d'entrer dans la pièce. Mais lui non plus ne savait pas encore qui était le coupable, il écoutait attentivement l'histoire de son collègue.
— Mais comment c'est possible ? s'exclama Jeongin.
— Lorsque quelqu'un a tenté de me tuer, ou de me blesser peu importe, il m'a suivi jusqu'à chez moi. Une fois sur place, il était facile de cacher l'arme quelque part, là où je ne chercherais pas une pièce à conviction. Et c'est une fois le couteau caché qu'il m'a agressé. Très intelligent
— Mais, comment tu as ...? Jisung désigna du doigt le sachet en plastique.
— J'ai réfléchi, et je me suis dit : effectivement, dans cette affaire tout tourne autour de Jisung, de l'importance de son entourage de l'affection ou de la haine que vous entretenez tous les uns à l'égard des autres. Et je rappelle qu'on en était venu à la conclusion que Wooyoung n'a pas été tué parce qu'il est dealer, entre autre.
— Ah, je vois, marmonna le blondinet.
— Donc le soir de mon agression, l'homme n'a pas tenté de me tuer pour ma position de policier. Il est bien plus intelligent que ça, l'enquête l'aura prouvé. Non, il voulait m'atteindre en tant que Lee Minho, ami plus que proche de Han Jisung.
Minho marchait en rond, semblant parler seul. La seule raison pour laquelle il parlait était que personne n'osait ouvrir la bouche. Car effectivement, ils comprenaient comment s'était déroulé le crime. Mais ils ne comprenaient toujours pas qui l'avait prémédité, organisé aussi soigneusement, puis commis.
— Comme je le disais, l'erreur était de chercher du côté du trafic, car c'était le plus gros problème auquel Wooyoung faisait face, c'était l'option la plus probable, et généralement dans ce genre d'affaires, la plus commune. Mais n'oublions pas que ses sentiments le tiraillaient, comme beaucoup d'entre vous ici le savent, il était fou amoureux de Jisung. Et, l'amour, c'est, un mobile suffisant. Et un mobile commun.
Il aperçut Hyunjin écarquiller les yeux et se tourner subtilement vers celui que Minho savait coupable. Il esquissa un léger sourire. Lui aussi avait donc compris.
— Une seule personne parmi vous a établi un plan aussi bien monté, dans un seul et unique but : rendre Han Jisung fou de lui, être son unique pilier pour le posséder.
La tension était à son comble dans la pièce, les respirations fortes s'élevaient à l'unisson dans une cacophonie ouatée et les mines stressées qu'affichaient les personnages de cette mascarade faisaient doucement sourire Minho. Alors il montra l'une des personnes présentes dans la pièce.
— Et cette personne, c'est vous.
:)))
allez, je poste la suite bientôt
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